Dossier: Vivre en disciple
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La généalogie du mot disciple Pour comprendre notre vocabulaire…

Les mots disciple et discipline appartiennent au vocabulaire courant. Leur ressemblance révèle une origine commune, ils sont donc de la même famille ; mais la relation entre eux n’est pas claire.
De plus discipline désigne ou bien une matière étudiée (l’histoire, la biolo-gie…) ou bien une règlementation très cadrante des comportements, ap-puyée sur des mesures… disciplinaires. Notre recherche généalogique porte sur deux lignées de cette grande fa-mille : la lignée du français et la lignée de la langue du N.T.

La famille française

1. L’ancêtre (discere) est un verbe latin qui signifie apprendre, étudier, s’instruire.
2. Son premier enfant (discipulus-disciple) est un nom qui désigne celui qui apprend, étudie, s’instruit.
3. Son deuxième enfant (disciplina-discipline) a une histoire riche en rebondissements :
→ action d’apprendre, étudier (sans descendant en français) ;
→ contenu de cet apprentissage (d’où le sens de matière, branche) ;
→ méthode et organisation pour acquérir cet apprentissage, éducation (d’où le sens de discipline personnelle, informelle) ;
→ règle de vie et de travail codifiant la méthode (d’où le sens de règlement plus ou moins rigou-reux dans une collectivité) ;
→ sanction appliquée en cas de non-respect des règles (d’où le sens de punition).
4. Un petit dernier très récent serait « discipulat » (ou : « discipolat »). Il n’est pas encore enregistré dans l’état-civil des dictionnaires courants. Mais il a une identité bien affirmée : il désigne une formation intentionnelle et structurée de disciples.

La famille du Nouveau Testament

L’ancêtre (manthano) est aussi un verbe qui signifie apprendre. Les croyants apprennent Christ (Éph 4.20) ; Paul encourage les Philippiens à pratiquer ce qu’ils ont appris de lui ; il fixe un objectif à Tite pour les croyants de Crète : « Il faut que les nôtres aussi apprennent à exceller dans les belles œuvres » (Tite 3.14 – NBS).
Le descendant le plus connu (mathétès­) de cet ancêtre désigne celui qui apprend, qui est en formation ou en apprentissage. Ce mot est traduit par « disciple » dans nos bibles. Le mot est employé surtout pour l’entourage du Seigneur ; mais il peut aussi désigner l’entourage de Jean Baptiste ou celui des Pharisiens (Marc 2.18), qui eux-mêmes se considèrent disciples de Moïse (Jean 9.28).
Un descendant moins connu est un verbe (mathèteuo). Employé à la voix active, il signifie « faire disciple » (Mat 28.19;  Act 14.21), ou bien « être activement disciple » (Joseph d’Arimathée, Mat 27.57). Employé à la voix passive, il semble indiquer le fait qu’une personne a été enseignée (Mat 13.52).
Notons que cette famille du Nouveau Testament ne comprend aucun membre évoquant les notions de méthode, règle ou sanction ; bien entendu ces notions existent mais elles sont exprimées par des mots appartenant à d’autres familles. Nous avons sans doute tendance à associer disciple et discipline car nous sommes influencés par l’usage du français. Mais le Nouveau Testament insiste seulement sur le fait que la conversion est le début de toute une vie d’apprentissage, de formation, de croissance.

Une famille inégalement répartie inégalement répartie dans le territoire du N.T.

Le verdict des concordances est catégorique : le mot disciple n’apparaît que dans les Évangiles et dans le livre des Actes. Paul faisait des disciples (Act 14.21) et pourtant il n’emploie jamais ce mot dans ses lettres. C’est surprenant et même un peu déroutant : ce terme « disciple » a été fortement validé par « la grande mission » exprimée par le Seigneur (Mat 28.20) ; pourquoi est-il totalement absent dans les lettres du N.T. ?
À défaut d’explication forte, voici une remarque. Les mots employés dans les lettres (frères, bien-aimés, enfants de Dieu, fils de Dieu, saints) mettent en évidence le résultat de l’œuvre et de la grâce de Dieu : la nouvelle identité du croyant, sa relation étroite avec le Père, son intégration dans le corps de Christ (l’Église) et ses liens avec ses frères et sœurs. Cette identité est garantie par l’œuvre de Christ. Comment passer de l’état de nouveau-né spirituel à l’état adulte ? (Éph 4.13, NBS) C’est un processus de croissance, d’apprentissage, c’est la vie de disciple ! Mais Paul et les autres auteurs de lettres n’utilisent pas le mot disciple qui rappelle notre statut d’apprentis. Ils emploient les termes qui définissent notre nouvelle identité, ce que nous sommes déjà pleinement pour Dieu !

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Dossier : Vivre en disciple
 

Lacombe Jean
Jean Lacombe a été pendant de nombreuses années missionnaire en République Démocratique du Congo, puis au Burkina-Faso. Il est depuis quelques années en Suisse, où il a rejoint une équipe qui coordonne l’activité de centres bibliques dans divers pays d’Afrique. Il est marié et père de quatre fils. Il est ancien de son église locale et s’implique également dans l’enseignement biblique.