Dossier: Galates
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La Grande Chartre de la liberté chrétienne

« C’est pour la liberté que Christ nous a délivrés. Demeurez donc fermes et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude » (5.1).

Si votre religion se fait routine creuse et sans communion avec Dieu.
Si votre image de bon ou de mauvais chrétien vous inquiète.
Si vous êtes découragé par vos échecs ou par les divisions d’églises.
Si la foi, l’amour, et l’espérance ne veulent plus dire grand chose.
Si les symptômes persistent.
Consultez l’épître aux Galates !

Quel prodigieux réconfort cette épître apporte-t-elle à ceux qui échouent dans leurs efforts de maintenir un standard religieux ou une pureté morale ! Dieu promet une sainteté inconditionnelle et la vie éternelle à tous ceux qui se confient dans le sacrifice du Christ en croix ! Dans cette épître, surnommée « Magna Carta », le croyant déroule la « Grande Charte » de sa liberté en Christ : aucune obligation morale, aucune pression religieuse ne sauraient imposer leurs critères de façade au fidèle qui appartient à Christ.

1. La croix et l’Esprit : l’esprit de la croix

Comme souvent dans la correspondance apostolique, ces sublimes éclairs de vérité nous parviennent dans un contexte d’échec. Fraîchement convertis, les Galates se laissent influencer par des Juifs venus leur apporter un soi-disant Évangile supérieur qui fera d’eux des « superchrétiens ». Croire ne suffirait pas, il faudrait aussi, selon eux, observer une série de préceptes religieux précis pour s’élever à un stade ultime de spiritualité.

Si nous comprenions l’engrenage diabolique qui les éloigne de Dieu, nous déjouerions bien des pièges. En effet, la déviance galate exprime encore nos tragédies modernes. Inspirés par une sorte d’instinct religieux, nous adhérons promptement à des recettes spirituelles du bien-être, à des guides du bon chrétien : fais ceci, Dieu te bénira. Nous nous concentrons tellement sur les moyens de parvenir au bonheur – fût-il « spirituel » – que nous en oublions de « vivre pour Dieu » (2.19) !

« « Le secret de Dieu est avec ceux qui ont eu le cour brisé par la croix, mais guéri par l’Esprit. » (P.T. Forsythe) [Voilà] deux pans essentiels du christianisme. La croix en tant qu’unique chemin par lequel une personne peut devenir juste aux yeux de Dieu, et l’Esprit de Christ en tant qu’unique chemin par lequel une personne peut obéir à Dieu […] Et si nous voyons tant de rage de la part de Paul à défendre sa personne et son Évangile, c’est que des hommes ont aveuglé, fasciné, les Galates en les persuadant d’agir à la place de l’Esprit et d’ouvrer en vertu de la loi là où la foi devait accepter la croix. » (John Piper, www.desiringgod.com).

2. Une salutation qui met les points sur les « i » (1.1-5)

Dès l’adresse de sa lettre, Paul clame haut et fort son autorité et son Évangile (1.1-5).

Aux v. 1-2, il affirme avoir reçu mandat de Dieu directement et non d’une institution ecclésiastique ou d’un autre apôtre. Mépriser l’enseignement apostolique, c’est comme se moquer de Dieu (6.7) !

Au v. 3, la salutation de Paul résume ce dont les Galates ont besoin et que l’Évangile annonce : la grâce et la paix. La grâce me rappelle que Christ a tout accompli : aucun mérite personnel ne contribuera jamais à ma sainteté. La paix, qui vient en second, en est le prolongement naturel : la réconciliation avec Dieu, avec les hommes, et avec soi : « Ces deux termes, grâce et paix, constituent le christianisme » (Martin Luther).

Au v. 4, Paul rappelle dans un modèle de concision le cour de l’Évangile que les Galates oublient : la corruption de ce monde (« le présent siècle »), la réalité du péché, le besoin d’en être délivré, et le sacrifice volontaire de Jésus qui nous en délivre, accomplissant ainsi le plan souverain du Père. L’Évangile a un cour, prenons-en soin : la santé de notre être tout entier en dépend !

Au v. 5, Paul exalte alors la gloire de Dieu. Et quoi de plus normal pour un chrétien que de poursuivre l’ouvre de la grâce de Dieu ainsi : en lui rendant toute la gloire. Combien de fois utilisons-nous la grâce de Dieu pour un plaisir individuel ? Nous la dévions de sa fonction initiale. Pas étonnant que la paix et la joie disparaissent. Je ne suis pas sauvé pour savourer égoïstement mon salut, mais pour être rendu capable d’adorer Dieu seul et de faire connaître sa gloire.

Suggestion : lorsque la Parole de Dieu n’est plus source principale de vérité (v. 1-2), que la grâce et la paix s’éloignent (v. 3) , réajustons notre Évangile (v. 4) et nos perspectives (v. 5).

3. À bas les contrefaçons ! (1.6-10)

Consternation ! Au v. 6, Paul exprime son effroi : les Galates « retournent leur veste » (sens du verbe « se détourner »). Ils tournent le dos à leur vocation spirituelle, l’appel de la grâce. Ils « désertent » Dieu lui-même.

Contradiction ! Au v. 7, Paul démontre que cet « évangile d’un autre genre » est un faux : il n’y a pas d’alternative au seul Évangile de la grâce. Quand le trouble domine une assemblée ou un croyant, la cause en est souvent l’influence d’un faux évangile (cf. 5.8).

Confrontation ! Aux v. 8-9, confrontés à Dieu, ces faux raisonnements et leurs docteurs ne subsistent pas. Séparons-nous vite d’eux avant qu’ils ne nous séparent de Christ (cf. 5.4) ! Confrontons aussi notre pratique à celle de Paul, qui cherche à satisfaire Dieu avant tout, sans se laisser influencer par la peur du qu’en dira-t-on.

Suggestion : il n’existe qu’un seul Évangile. L’altérer serait le pervertir dans son essence… et vivre une piété chrétienne sans vie, ayant renié Celui qui en fait la force : « Christ qui vit en moi » (2.20).

4. Mouvement de l’épitre

Nous venons de parcourir brièvement la salutation et l’introduction de Paul, dans lesquelles se trouvent en germe les arguments de sa lettre. La grande question tourne autour de notre liberté en Christ.

Tout d’abord, Paul défend ce en quoi il est un homme libre (ch. 1-2). L’expérience d’un apôtre n’est pas normative, mais Paul doit affirmer que, libre de toute autorité humaine, il ne dépend que de Dieu (1.11-12). Tout le prouve : – sa conversion miraculeuse grâce à l’intervention directe de Christ (1.13-16) ;
– son ministère hors de la sphère d’influence des autres apôtres (1.16-21), quoique reconnu par les églises juives où il n’a pas travaillé (1.22-24) ;
– son autonomie reconnue par ces apôtres (2.1-10) ;
– son impartialité en faveur de l’Évangile, quand celui-ci est menacé, y compris par un ténor de l’Église (2.11-21).

Ensuite, il démontre en doctrine de quoi nous sommes libérés (ch. 3-4). L’Évangile est supérieur en tout sur la loi. Les judaïsants font tenir à la loi un rôle destiné à la foi. Paul fera appel à leur expérience (3.1-5), à l’Écriture (3.6-4.17), encore à leur expérience (4.8-20), puis à l’Écriture (4.21-31).

. Dieu envoie son Esprit, gage du salut, à ceux qui le reçoivent par la foi, non par leurs mérites (3.1-5). Les croyants appartiennent à la famille de Dieu dont l’archétype est Abraham en tant qu’homme de foi, non en tant qu’icône du judaïsme (3.6-9). La loi exige la perfection. S’y attacher, c’est s’attirer sa malédiction (3.10-12). Le seul moyen d’en échapper, c’est d’accepter que Christ a porté cette malédiction pour nous en libérer (3.13-14).

. La promesse donnée à Abraham est supérieure à l’alliance contractée avec Moïse. La loi n’était que secondaire et temporaire, en attendant que Christ accomplisse la promesse (3.15-18). Bonne, la loi montre le chemin de la perfection, mais ne permet pas de le suivre. Au contraire, elle conduit l’homme à reconnaître son besoin d’être sauvé par un autre que lui-même. En acceptant par la foi que Christ a porté sur lui la malédiction qui lui était destinée, l’homme en est libéré inconditionnellement (3.19-24).

. L’Évangile unit là où les préceptes séparaient (3.25-28). Le croyant n’est plus dominé par la crainte de mal faire, par la pression religieuse ou morale, mais Christ lui a acquis un statut d’héritier (3.29).

. La foi chrétienne rend caduque la nécessité de vivre sous la pression de règles (4.1-11). Il s’agit maintenant de retrouver l’unité brisée par un légalisme importé par des hommes perfides (4.12-20). Les Galates doivent donc chasser ces agitateurs qui dénaturent leur liberté en Christ (4.21-5.1).

Il explique enfin en pratique pour quoi nous sommes libérés (ch. 5-6). Qui comprend combien il a été gracié peut gracier à son tour et commencer à vivre l’unité promise en Christ.

. Christ affranchit le croyant de la loi comme guide de sainteté. Accepter le rite religieux de la circoncision annulerait les bénéfices de la grâce acquis par Christ. Ces faux docteurs n’ont rien à faire là ; ils troublent les Galates en calomniant l’enseignement de Paul (5.1-12). Paul précise : liberté n’est pas licence. Laisser la chair dominer, c’est risquer l’autodestruction des églises. Nous ne sommes plus esclaves de la chair ou de la loi, mais nous devenons les obligés du Corps de Christ, par amour (5.13-15).

. En prenant position dans le conflit interne entre chair et Esprit, nous pouvons laisser Dieu nous diriger (5.16-18). Lui seul sanctifie. Nous nous démarquons progressivement de l’immoralité et de l’idolâtrie ambiantes, Dieu nous transformant peu à peu à l’image du caractère de Christ (5.19-25).

. Notre nouvelle identité se manifeste par toutes sortes de bonnes ouvres, affranchies d’une vision égocentrique et d’ambitions vaines et néfastes. La communion fraternelle se développe, y compris en temps de crise, chacun ayant trouvé sa valeur en Christ et non en se comparant aux autres (5.26-6.5). Elle se développe aussi en partageant généreusement les biens spirituels et matériels. C’est ainsi que l’on sème dès ici-bas pour le salut que Dieu a promis (5.16-6.10).

. Paul conclut en relevant le contraste entre les faux docteurs et lui. Eux se glorifient dans une piété de façade, mais Paul le fait dans la croix de Christ et ses marques d’appartenance au Seigneur Jésus (6.11-15). Il achève sa lettre par un encouragement à vivre dans la grâce de Christ, seul moyen de préserver l’unité. Une assemblée qui vit pleinement la grâce qu’elle a reçue connaîtra la paix et la miséricorde. Qu’on se le dise (6.16-18) !

Conclusion : pour une foi en action

Comme les Galates, beaucoup de chrétiens et d’assemblées ne vivent pas la paix de Christ (1.7 ; 5.15). Pourquoi ? Ils se sont détournés de leur vocation spirituelle, de l’appel de la grâce divine (1.6). Ils tentent d’assurer leur spiritualité par toutes sortes de règles auxquelles ils s’asservissent ou bien ils se « laissent vivre » par une foi passive, tout en assurant un service religieux minimum pour leur bonne conscience. Ils pensent ainsi suivre un Évangile, quoiqu’il n’y ait pas d’autre règle que la grâce de Dieu, par laquelle nous vivons et grandissons.

Quand le christianisme tourne autour d’interrogations narcissiques ou humanistes, il court le risque de minimiser le rôle du sacrifice de Christ à la croix et la puissance du Saint-Esprit dans les vies.

« Je ne rejette pas la grâce de Christ,
car si la justice s’obtient par la loi,
Christ est donc mort en vain. »(2.21).

Lorsqu’il y a péril en « la demeure de la foi » (6.10), ne nous lassons pas de nous rappeler les uns aux autres que « toutes nos sources sont en lui » (Ps 87.7). Puis agissons… ensemble !

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Mondin Frédéric
Frédéric Mondin travaille pour les éditions BLF. Il vit actuellement en Bolivie avec sa femme. Il est membre du comité de rédaction de Promesses.