Dossier: La justice
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La justice économique et sociale De l’Ancien Testament au Nouveau

Dans la Loi donnée à Moïse, Dieu a inclus des prescriptions étonnamment précises et modernes pour maintenir la justice sociale et économique parmi son peuple, les fils d’Israël.1

La loi de Dieu pour la justice sociale et économique

Les fêtes : de grands moments de partage

Dieu avait institué pour son peuple plusieurs moments de rencontre annuels : les fêtes à l’Éternel (Lév 23, Deut 16). Elles réunissaient généralement les Israélites de naissance et les étrangers, les serviteurs et les servantes, les personnes en situation précaire (orphelins et veuves).

Ces fêtes étaient l’occasion pour toutes les classes sociales de se rencontrer dans un même lieu choisi par Dieu pour :
• adorer Dieu, lui exprimer fidélité et reconnaissance ;
• raviver la relation avec Dieu et le souvenir de ses actes puissants ;
• entretenir les relations avec les autres tribus du peuple ;
• se réjouir ensemble (Deut 16.11)

Une aide qui préserve la dignité

De manière surprenante, au milieu de Lévitique 23 qui décrit les fêtes à l’Éternel, Dieu prescrit des pratiques simples pour aider les plus démunis. Voici un exemple :« Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu laisseras un coin de ton champ sans le moissonner, et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner 2. Tu abandonneras cela au pauvre et à l’étranger. Je suis l’Éternel,
otre Dieu. » (Lév 23.22).
Remarquons la sagesse divine : le glanage procure de la nourriture au pauvre et favorise l’insertion de l’étranger par le travail, tout en leur évitant l’indignité de la mendicité.

Une volonté de préserver l’équité et la durabilité

Dieu révèle un plan d’envergure (Lév 25) concernant son peuple et le pays dont il vient de prendre possession.
• Le repos de la terre (v. 4-5). Une année sabbatique tous les sept ans permet le repos pour la terre et les personnes ainsi que la préservation des ressources du sol.
• Un jubilé tous les cinquante ans (v. 8-24) annule toutes les ventes de terres. Cette « remise à zéro » foncière rétablit la répartition initiale des terres distribuées par Dieu (Jos 14.9) « Les terres ne se vendront point à perpétuité ; car le pays est à moi, car vous êtes chez moi comme étrangers et comme habitants. » (v. 23)
• Ce jubilé rend aussi une pleine liberté et la jouissance de ses possessions à chaque famille que des difficultés auraient conduite à se priver de sa liberté et de ses biens : « Si ton frère devient pauvre près de toi et se vend à toi, tu ne lui imposeras pas le travail d’un esclave. Il sera chez toi comme un salarié, comme un immigré ; il sera à ton service jusqu’à l’année du jubilé. […] il sortira l’année du jubilé, lui et ses enfants avec lui. » (v. 39-40,54; S21)
• La générosité et la bienveillance envers le démuni : « Si ton frère devient pauvre, et que sa main fléchisse près de toi, tu le soutiendras ; tu feras de même pour celui qui est étranger et qui demeure dans le pays, afin qu’il vive avec toi. » (v. 35)
• L’interdiction du prêt avec intérêt : « Tu ne tireras de lui ni intérêt ni usure, tu craindras ton Dieu, et ton frère vivra avec toi. Tu ne lui prêteras point ton argent à intérêt, et tu ne lui prêteras point tes vivres à usure. » (v. 36-37).

Dieu anticipe les accidents de la vie qui mènent à la précarité sociale. Il ne veut pas que des inégalités plongent les uns dans une pauvreté de plus en plus grande et que d’autres en profitent pour s’enrichir.
Il prévoit une solidarité sociale bienveillante envers les démunis, une aide qui préserve la dignité et évite la spirale du surendettement.

Au-delà de la bienveillance pour son prochain, la motivation profonde de ces instructions apparaît dans les expressions « en l’honneur de l’Éternel » (v. 2,4), « tu craindras ton Dieu » (v. 36,43). Et tous les Israélites, riches ou pauvres, ont une égale valeur pour Dieu : « C’est de moi que les enfants d’Israël sont esclaves ; ce sont mes esclaves, que j’ai fait sortir du pays d’Egypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu. » (v. 55)

Comment le peuple a-t-il mis en œuvre cette loi ?

Un exemple de justice sociale et économique intentionnelle

Au temps des Juges, Boaz nous donne un bel exemple d’application de Lévitique 23, avec cette bienveillance qui évite l’indignité de la mendicité au pauvre et à l’étranger. Le glanage qu’il offre à Ruth est un vrai programme de réinsertion dans le monde du travail et dans la société. Même dans un temps sombre où chacun fait ce qui est bon à ses yeux, l’homme de foi connaît la loi de Dieu et la met en œuvre. Boaz ira plus loin en recouvrant les droits de Naomi sur l’héritage de son mari Élimélec, assurant ainsi la pleine réinsertion dans la société de cette veuve qui avait tout perdu.

Un exemple d’injustice sociale et économique

Salomon a hérité de David un royaume libéré des guerres, Son règne est marqué par la paix : « Juda et Israël habitèrent en sécurité, […] chacun sous sa vigne et sous son figuier. » (1 Rois 4.24-25) Ce cadre permet une prospérité inimaginable : « Le roi rendit l’argent aussi commun à Jérusalem que les pierres, et les cèdres aussi nombreux que les sycomores qui croissent dans la plaine. » (1 Rois 10.27)

Mais, peu à peu, Salomon s’éloigne de Dieu, il devient dur et exigeant. Quand il meurt, le peuple supplie son successeur, Roboam, de rétablir une certaine justice sociale et économique : « Ton père a rendu notre joug dur ; maintenant allège cette rude servitude et le joug pesant que nous a imposé ton père. Et nous te servirons. » (2 Chr 10.4)

Roboam écarte les conseillers qui lui recommandent une réponse bienveillante. Il répond avec mépris qu’il sera encore plus dur et exigeant que son père.
En fait il ne craint pas Dieu ; il ne cherche pas à rétablir la justice sociale, il affiche une attitude arrogante et indifférente à la souffrance du peuple.
Cette décision entraîne alors la division définitive du peuple en deux royaumes, l’un constitué de deux tribus et l’autre de dix tribus. Plus tard, le prophète Ésaïe appelle la malédiction sur ceux qui accumulent les biens immobiliers, oubliant ainsi le jubilé qui devait rétablir l’égalité. « Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, et qui joignent champ à champ, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace, et qu’ils habitent seuls au milieu du pays ! » (És 5.8)

Que doit-il en être maintenant dans l’Église ?

L’apôtre Paul confirme que les barrières sociales et économiques ne doivent plus avoir cours dans l’église (Col 3.11). Sans suggérer à un esclave de se révolter ou de fuir, il lui propose de chercher à s’affranchir (1 Cor 7.21). Il s’adresse aussi aux employeurs : « Maîtres, accordez à vos serviteurs ce qui est juste et équitable, sachant que vous aussi vous avez un maître dans le ciel. » (Col 4.1) Paul rappelle aussi la « règle d’égalité » (2 Cor 8.13-14) qui motive la solidarité.

Les enseignements du Nouveau Testament reprennent ainsi des détails très pratiques de la loi :
• Paul ne cite pas le comportement de Boaz envers Ruth autrefois, mais il recommande la même attitude : une aide bienveillante mais pas un assistanat qui favorise la passivité : « si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. » (2 Thes 3.10)
• nos relations fraternelles : elles ne dépendent pas du statut social (Jac 2.1-9) ;
• nos relations séculières : le salaire du travailleur doit être juste et payé en temps voulu (Lév. 19.13 ; Jac 5.4) ;
• la motivation profonde de la solidarité et de la justice est de plaire à Dieu (Héb 13.16).

Conclusion

Dieu est un Dieu de justice. Il a donné dans l’A.T. de remarquables instructions pour que des mesures de justice sociale et économique soient mises en œuvre par son peuple. Aujourd’hui encore il nous appelle à être « remplis du fruit de justice qui est par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu. »
(Phil 1.11)

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  1. ) Cet article est écrit avec la collaboration rédactionnelle de Jean Lacombe.
  2. Glaner : ramasser les épis de blé restés dans un champ après le passage des moissonneurs.
Méchin Jean-Philippe
Jean-Philippe Méchin travaille comme fonctionnaire dans le domaine de la mobilité durable. Lui et son épouse Anne-Marie sont engagés dans l’Assemblée chrétienne en Pays d'Aix-en-Provence. Ils ont trois filles adultes et un gendre, tous les quatre engagés dans la foi.