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La loi de la liberté

Celui qui a plongé ses regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui persévère… en la pratiquant activement, celui-là sera heureux dans son action même. Jac 1.25

La loi de la liberté: Cela vous étonne? Il semble difficile de concilier loi et liberté. N’y a-t-il pas contradiction dans les termes?

Peut-être faudrait-il commencer par définir ce qu’on entend par liberté. L’idée prévalant, c’est de pouvoir faire exactement ce qu’on veut, comme on veut et quand on veut. Mais cela existe-t-il 7 Dieu lui-même est-il libre de cette manière-là? Vu que Dieu est amour et justice, comme la Bible nous le révèle, est-il libre d’agir injustement 7 Je sais que, sur le plan de la philosophie, on peut contester ce que je viens de dire. Mais je ne veux pas philosopher sur la liberté. J’aimerais comprendre ce que la Bible dit de la liberté et cerner de plus près quel est le contenu de la loi de la liberté dont elle parle.

Quand Dieu créa l’homme, il le créa à son image. Cela implique, entre autres, que l’homme est libre de choisir. Mais une fois qu’on a fait un choix, on a du même coup mis une limite à sa liberté. Les époux qui ont choisi de se promettre une fidélité à vie ne sont pas libres de chercher ailleurs une satisfaction qui ne peut être qu’aléatoire. Liberté n’est jamais licence.

Revenons à la création. Qui dit jardin d’Eden pense arbre défendu. Pourtant, il y avait une quantité d’arbres portant une variété multiple de fruits dont aucun n’était défendu – sauf un seul! La liberté était quasi totale: un seul fruit défendu parmi des milliers d’autres! Une seule limitation: un seul fruit à ne pas choisir. Adam et Eve, les deux créés à l’image de Dieu, je le rappelle, avaient une liberté de choix pratiquement totale, sauf sur un seul point. La loi que Dieu leur avait donnée peut se résumer ainsi: Tout est permis, sauf une seule chose. C’était une loi de liberté.

Or, Eve et Adam, c’est-à-dire l’homme a choisi de passer outre à l’unique restriction proposée par Dieu. En faisant cela, il a passé à côté du but, ce qui est le sens du mot « pécher ». Il a passé outre à sa destination, qui consistait en une entière liberté de faire le bien. Il a ainsi entraîné toute la race humaine dans le péché, dans le mal. Dès lors, l’homme n’a plus respecté le domaine de la liberté que Dieu lui avait donné. Il se sent libre dans le domaine du mal, qui se trouvait en dehors du libre choix que Dieu lui avait accordé. En conséquence, l’homme perd la notion de ce qui est permis et fait des choix qui lui enlèvent sa liberté. Il devient l’esclave de ses instincts.

L’adage de la Révolution française: « Liberté, égalité, fraternité », n’a aucune chance d’être jamais réalisé. D’une part, l’homme a perdu la liberté de faire même le bien qu’il voudrait faire (relisez Rom 7.14-25); d’autre part, l’égalité n’existe même pas dans la divinité, où le Fils est soumis au Père (1 Cor 15.28). Quelque idéologie qu’on ait voulu appliquer sur le plan politique et sociologique, dans la pratique il n’y a ni liberté ni égalité. Quant à une authentique fraternité, vous ne la trouverez que parmi les hommes de la nouvelle race, celle des fils de Dieu en Jésus-Christ.
L’homme pécheur – et tout homme l’est dès sa naissance (Rom 3.9-12) – ne sait plus choisir ce qui est inclus dans le cadre de la liberté que Dieu lui a donné. C’est pourquoi Dieu a dû donner une loi détaillée à l’homme, pour délimiter ce qui tombe dans la possibilité des bons choix, en interdisant ce qui constitue les mauvais choix. C’est la loi de Moïse (donnée par Dieu), résumée dans les dix commandements: « Fais ceci, mais ne fais pas cela! » L’homme peut choisir ce qui est bien et rejeter ce qui est mal, simplement en suivant la loi de Dieu. Mais peut-il le faire? Non, nous dit la Parole. Il n’y a pas un seul qui fasse le bien, même celui qui aimerait le faire!

Comment s’en sortir? La solution vient de Dieu. Il a décidé de ne pas compter les faux choix, mais de gracier le pécheur. Cependant, comme Dieu est juste, le châtiment du péché doit être subi par quelqu’un, et quelqu’un d’innocent, pour satisfaire à la justice de Dieu. Et comme Dieu est aussi amour, il a lui-même donné la possibilité de faire grâce en donnant son Fils comme sacrifice expiatoire.

Nous avons l’habitude de dire que « nous ne sommes plus sous la loi, mais sous la grâce ». Alors comment comprendre que nous devons écouter et pratiquer la loi de la liberté dont parle Jacques (2.12-13)? La loi, dont Paul dît qu’elle est sainte, juste et bonne (Rom 7.12), nous permet de connaître Dieu. La loi nous dit quelles sont les actions et les attitudes qui s’accommodent avec le caractère de Dieu. La personne de Dieu (Père, Fils et Saint-Esprit) est au centre de toute réalité. Tout existe parce que Dieu existe. Sa loi exprime donc le caractère de Dieu. Et la loi se trouve aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament. Ecoutons plutôt:
Jésus dit: N’agissez pas comme les Pharisiens, soyez sincères.
Paul dit aux Ephésiens: Imitez Dieu ; aimez-vous.
Pierre dit: Soumettez-vous aux autorités à cause du Seigneur.
Ces commandements du Seigneur et des apôtres sont adressés à des croyants régénérés.

Pourtant, Paul fait remarquer que la loi ne nous rendra pas libres, car elle est sans puissance (Rom 8.3). Il va plus loin: Nous sommes dégagés de la loi (Rom 7.6). Christ est la fin de la loi, en vue de la justice pour tout croyant (Rom 10.4). Et c’est cette dernière phrase qui nous donne la clé.

Le chrétien se trouve sous le régime de la grâce. La question est posée:
La loi n’est-elle plus valable pour le chrétien?
La réponse est: oui et non.

Non, parce que la loi ne justifie personne devant Dieu. Christ a mis fin à la loi en tant que moyen de justification. Même en tant que chrétien, je ne saurais observer toute la loi. Donc, dit Paul, si Dieu m’accepte, c est en dehors des exigences de la loi ; c’est en acceptant que Jésus-Christ a tout fait pour que Dieu puisse me gracier. Tout ce que j’ai à faire si je veux bénéficier de cette grâce, c’est dire oui et merci. C’est ce que la Bible appelle la foi. Aussitôt que j’observe la loi dans l’idée de me justifier devant Dieu, j’oublie que seule l’oeuvre de Christ peut me justifier et donc me sauver de la condamnation que je mérite en tant que pécheur. Je dois être libéré de l’idée que de garder la loi (aussi celle exprimée dans le NT) soit tant soit peu méritoire. C’est cette liberté-là que Paul vise quand il écrit aux Galates: C’est pour la liberté que Christ nous a libérés (5.1).

Je repose ma question en ces termes:
La loi est-elle encore valable pour le chrétien vivant sous le régime de la grâce?
Et la deuxième réponse est: oui.

Comme la loi décrit le caractère de Dieu, elle nous montre comment agir pour lui ressembler. Si je veux donc savoir comment vivre, je dois méditer la loi de Dieu. Si vous suivez mon enseignement…, vous connaîtrez la vérité, et elle vous rendra libres (Jean 8.31-32). C’est de cette loi parfaite de la liberté qu’écrivait Jacques.

Mettons que j’aie acheté un appareil au mécanisme compliqué. Si je ne lis pas soigneusement le mode d’emploi qui l’accompagne, il y a bien des chances que je n’arrive pas à le faire fonctionner comme il faut. De même, l’homme a été conçu d’une certaine manière, aussi bien physiquement que spirituellement. Plus près il vit du mode d’emploi divin, plus libre il sera.

Mais comment cela se passe-t-il en pratique? La réponse est très simple: Nous devons aimer la loi de Dieu. Nous devons la recevoir comme Paul: Le commandement est saint, juste et bon. Mais toujours en nous rappelant sans cesse: Dieu nous pardonnera tout échec que nous subirons en essayant de garder son commandement. Oui, vous avez bien lu: Jamais plus Dieu ne nous condamnera quand nous enfreindrons sa loi. Là où le péché s’est amplifié, la grâce a surabondé (Rom 5.20).

« Ah bon! Alors, on peut pécher tant qu’on veut! » C’est ce qu’on reprochait à Paul d’enseigner. Mais cela contredit tout l’enseignement de Paul, et tout ce que j’ai essayé de dire ici.

En fait, Jésus-Christ nous a placés dans un nouveau jardin d’Eden. Quand Dieu a créé Adam et Eve, il a créé l’amour. Le péché l’a détruit: La femme que tu m’as donnée… Quel reproche envers Dieu, et quel mépris pour Eve! Ce n’est plus le langage de l’amour… Or, quand Dieu nous a recréés par la nouvelle naissance, donc par le Saint-Esprit, il a créé des créatures d’amour. Le Saint-Esprit répand l’amour de Dieu dans nos coeurs (Rom 5.5). Toute la loi est résumée par le seul commandement d’aimer (Mat 22.36-40). Cet amour concerne l’être humain tout entier, comme Jésus le rappelle aux Pharisiens en citant Deut 6.5:
Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur: cela implique la volonté ;
de toute ton âme: cela implique les sentiments ;
de toute ta pensée: cela implique la raison.
Tu aimeras ton prochain comme toi-même: donc toute sa personne, malgré tous ses défauts.

C’est de nouveau la liberté totale dans le jardin, c’est-à-dire dans les limites de la volonté morale de Dieu. Cela sous-entend que j’aime Dieu, donc aussi que j’aime sa loi. La loi d’amour, nommée loi royale par Jacques (2.8), commence par Dieu. Et son observance n’est pas à bien plaire c’est un commandement! Si vous l’observez, vous faites bien, dit Jacques. Sinon – logiquement – vous faites mal. C’est une loi de liberté parce que seul l’amour nous rend libres, libres envers nous-mêmes en nous libérant de notre égocentrisme, et libres envers le prochain en nous libérant de toute mauvaise intention à son égard.

Cet amour est centré sur Christ. Mieux je connais Jésus-Christ, et par lui le Père, mieux je peux l’aimer. Et mieux j’aime Jésus-Christ, mieux je peux aimer mon prochain: mes parents, mon conjoint, mes enfants, mes frères et soeurs à la maison et à l’église, mes collègues, les personnes que je côtoie…

Mais comment faire pour mieux connaître Jésus-Christ? La parole a été faite chair (Jean 1.14): Jésus s’identifie avec la Parole. Mieux je connais la Bible, mieux je connais Jésus-Christ, mieux je connais Dieu. Jacques parle de la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver vos âmes (1.21). Sauver mon âme, ma personnalité – de quoi, sinon de mon égoïsme, de ma fierté (« Je suis quelqu’un! »), de mes rancunes (« Je ne peux pas lui pardonner cela! »)… Je puis être libéré de tout cela. Il nous a engendrés… par la parole divine (Jac 1.18): Nous sommes nés de sa Parole, qui est une parole de grâce et d’amour.

De quelle qualité est-il, cet amour? Ne lisez pas trop vite, arrêtez-vous à chaque trait: Cet amour est

 patient, serviable,
 il pardonne tout, il croit tout, 
il espère tout, il supporte tout, il ne succombe jamais!


Et il y a bien davantage encore dans 1 Cor 13. En Christ, c’est possible, une fois que je sais que mon MOI a été crucifié avec lui à la croix et que ce n’est plus moi qui vis, mais Christ qui vit en moi (GaI 2.20). Dès lors, quelle liberté! Quel paradis!
Aimer Dieu mène forcément à aimer son prochain, et aussi à aimer sa Parole. Quand on aime quelqu’un, ce qu’il dit a de l’importance. Pour l’enfant de Dieu, la loi de Dieu n’est plus son juge (Jésus a été jugé à sa place) elle est son guide. Elle lui dit comment vivre pour accomplir la loi de la liberté, la loi royale de l’amour.
Nous devons être réalistes. Cela ne vient pas tout seul. Notre volonté est enjeu. Nous avons à nous évertuer à accomplir cette loi. Le NT est plein d’ordres que nous avons à prendre à coeur. Relisez Eph 5.9-20: Faites ceci, ne faites pas cela! Veillez – rachetez le temps – comprenez la loi du Seigneur – ne vous enivrez pas – soyez remplis de l’Esprit -remerciez continuellement Dieu. Ce sont des ordres, et ils s’adressent à notre volonté. Pierre écrit: Faites tous vos efforts pour connaître, pour vous maîtriser, pour persévérer, pour vous aimer (2 Pi 1 .5-7).
La loi de Dieu, exprimée par Jésus et les apôtres, nous rend libres d’aimer. Nous avons une totale liberté dans le jardin de l’amour de Dieu dans lequel Dieu nous a réintégrés par la foi en Jésus-Christ. Mais comment décider pratiquement ce que je peux faire, ce que je ne dois pas faire ? Je crois pouvoir dire ceci: J’ai le choix de faire tout ce qui est compris dans la loi morale de Dieu, qui est résumée par la loi de l’amour. Je peux choisir de me marier ou de rester célibataire, veuf ou veuve. Je peux choisir de manger de la viande ou d’être végétarien. Je peux choisir de boire du vin ou de m’en abstenir. L’un n’est pas meilleur que l’autre.
Dans le cadre du mariage, la sexualité peut s’épanouir librement. Par contre, vivre sa sexualité ailleurs ou autrement que dans le mariage, c est sortir de la loi de l’amour, c’est enlever la liberté qui n’existe que dans le cadre du couple marié. Non pas que l’adultère soit irrémédiable: repentance et pardon sont toujours possibles. Mais tout adultère enlèvera la liberté dans le couple, pendant qu’il dure et pendant un certain temps après la réconciliation, parce que la loi de la liberté, et donc de l’amour a été enfreinte.
La liberté d’aimer est liée à l’observation de l’exclusivisme de Dieu. Tu es libre d’aimer ton conjoint tant que tu veux, mais pas quelqu’un d’autre. Tu es libre d’aimer Dieu totalement, mais aucun autre seigneur.
Dans ce jardin de l’amour de Dieu, tout est permis. C’est la loi de la liberté, la loi royale de l’amour, selon l’Ecriture. Lisons-la, étudions-la, imprégnons-nous de la Bible!

Maintenant donc, trois choses demeurent: la foi, l’espérance, l’amour; mais la plus grande, c’est l’amour.

Jean-Pierre SCHNEIDER
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