Dossier: Jonas
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La Providence de Dieu

Cinq passages dans le livre de Jonas mettent en évidence la providence divine :
« L’Éternel fit souffler un grand vent sur la mer » (1.4)
« L’Éternel fit intervenir un grand poisson pour engloutir Jonas » (2.1)
« Alors Dieu regretta le mal qu’il avait résolu de leur faire, et il ne le fit pas »
« L’Éternel fit intervenir un ricin qui s’éleva au dessus de Jonas » (4.6)
« Le lendemain, Dieu fit intervenir un ver pour s’attaquer au ricin. » (4.7)

En méditant le livre de Jonas, on est frappé par le fait que dans chaque chapitre ce thème ressorte d’une façon évidente. Il y a une cause première dans tous ces événements et circonstances : DIEU. Quant aux causes secondaires, ce sont les moyens par lesquels il intervient par sa divine providence : le vent, un grand poisson, une prédication, un ricin et un ver.

Une définition du terme « providence » est donnée par les dictionnaires Quillet et Le Petit Robert : « Sagesse divine qui gouverne tout » (Quillet) ou « sage gouvernement de Dieu sur la création, et par extension, Dieu gouvernant la création » (Le Petit Robert 1, 1986). Le terme vient du latin providentia (prévoyance) et providere (pourvoir). Il se réfère à la prescience et à la préconnaissance de Dieu. Dans la Bible, ce terme n’est pas directement employé. Il n’y a pas de mot équivalent en hébreu mais en grec deux mots s’en rapprochent : le nom pronoia : Act 24.2 (administration, prévoyance) ; Rom 13.14 (préoccupation, souci), et le verbe pro-noeo : Rom 12.17 (viser, avoir souci de) ; 2 Cor 8.21 (se préoccuper de, avoir souci de).

C’est un sujet dont on ne parle plus guère. Les avancées de la science et de la technologie ont contribué en partie à rendre l’homme totalement autonome face à un Dieu évacué dans notre monde occidental. Il y a à peine 100 ans, on parlait encore de la Providence comme désignant Dieu. On croyait en un Dieu souverain qui règne et domine sur l’univers.

Le sécularisme a fermé l’accès au transcendant, au surnaturel, parce que dans ce monde désacralisé, la vie se meut dans un système mécaniste où les évènements sont dûs à des lois fixes et impersonnelles, de force ou de chance. L’évolutionnisme, ayant totalement imprégné la science et la technologie humanistes, constitue un des principaux éléments du rejet de la Providence.

D’autre part, le Nouvel Âge, élément important du postmodernisme, est fasciné par l’irrationnel, qui, de son côté, attaque la providence de Dieu en propageant l’ésotérisme, l’occultisme, l’animisme moderne. Ce sont les armes de l’ennemi de Dieu, Satan, qui désire remplacer la Providence de Dieu par un retour à un paganisme moderne de superstition, dominé par lui.

La Création constitue l’œuvre originelle de Dieu (Gen 1). La Providence constitue la continuation de l’œuvre de Dieu en vue de l’achèvement de ses plans. Elle a deux aspects :
– celui de la préservation de la création en la maintenant et la soutenant pour qu’elle subsiste ;
– celui de son gouvernement, de sa direction du cours des événements pour accomplir ses desseins.

A. La Providence par la préservation de la création de Dieur.

Tout subsiste par Christ. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui ; il soutient toutes choses afin d’accomplir ses desseins (Col 1.17 ; Héb 1.3)

Toute la création dépend de lui : la nature, les hommes, son peuple, tous les siens.

Sa création : Dieu maintient la terre (Ps 104.5). Il envoie de l’eau pour abreuver les animaux (Ps 104.10-13). Il fait pousser fruits et herbes pour nourrir les animaux (Ps 104.13-14). Il envoie les ténèbres pour permettre à certains animaux de se nourrir (Ps 104.20-21). Tous les animaux reçoivent leur nourriture de Dieu (Ps 104.27). Il a affermi les œuvres de sa création pour toujours et a donné des lois à la nature, lois qu’il ne violera pas (Ps 148.6).

Les siens : Joseph fut déporté en Egypte pour donner plus tard du pain aux siens. La vie de Moïse fut épargnée afin qu’il délivre ensuite son peuple. Tout au long de l’histoire d’Israël dans l’A.T., l’on constate les soins providentiels de Dieu envers son peuple à travers l’action d’hommes de Dieu. Il suscite Daniel et ses trois compagnons pour glorifier son nom et préserver son peuple. Il suscite aussi Esther, à un moment crucial de l’histoire de son peuple déporté (Est 4.14). Dans Mat 6.25-34, nous avons un exemple de sa divine providence qui pourvoit aux besoins des hommes et en particulier des croyants ; il donne la nourriture (v. 26) ; il fait pousser les lis des champs (v 28-29), et il sait ce dont nous avons besoin (v. 32). Tout cela touche la faune, la flore et les hommes. Dieu prend soin des siens et ils n’ont rien à craindre (Mat 10.27-32 ; Jean 10.27-30 ; Rom 8.35 ; 1 Pi 1.5-6).

B. La Providence par le gouvernement de Dieu

Dieu contrôle tout l’univers et ses activités se déroulent de telle manière que tous les événements convergent vers un but final qu’il s’est proposé.

– Il gouverne les forces de la nature (Ps 135.5-7). Il fait pleuvoir sur les justes et les injustes (Mat 5.45). Jésus contrôlait et dominait le vent et la mer (Mat 4.39 ; Luc 8.25).

– Il gouverne les peuples, en faisant leur histoire et leur destinée (Dan 2.21 ; 4.22 ; Job 12.13-25 ; Ps 66.7 ; Act 17.26).

– Il a gouverné de telle façon que tout a convergé vers la « plénitude des temps accomplis » (Gal 4.4), quand, par l’incarnation, Dieu s’est manifesté en chair par Jésus-Christ (Luc 2.1-7 ; 1 Tim 3.16).

– Il gouverne les individus en restant le Souverain dans toutes leurs circonstances. C’est lui qui fait mourir et qui fait vivre, qui appauvrit et qui enrichit (Anne, 1 Sam 2.6-7) ; il abaisse les puissants de leurs trônes et élève ceux qui sont abaissés (Marie, Luc 1.52). C’est encore lui qui a mis à part l’apôtre Paul avant sa naissance (Gal 1.15-16). Pleins de confiance en l’Éternel, nous disons avec le psalmiste : « Mes temps sont dans tes mains. » (31.14-15) Donc, ma propre histoire est parfaitement sous son contrôle.

– Il contrôle et dirige toutes les circonstances pour arriver à ses desseins éternels. « Le sort est jeté… mais toute décision vient de l’Éternel. » (Pr 16.33) Rien ne peut se passer sans que Dieu ne l’ait permis ou n’ait agi selon ses propres desseins et décisions. Et tout le livre de Jonas en est un exemple parfait. Même la folie d’un Nebucadnetsar a été dirigée par Dieu pour qu’il reconnaisse la souveraineté absolue de Dieu (Dan 4.32-34).

– Il dirige les actions libres des humains. Les Israélites, à la sortie d’Égypte, ne sont pas sortis du pays « les mains vides », parce que Dieu le leur avait promis et avait guidé les circonstances et les cœurs des Égyptiens pour qu’ils leur donnent leurs bijoux (Ex 3.21 et 12.35-36). Nos dispositions nous appartiennent, mais c’est le dessein de Dieu qui s’accomplira toujours (Ps 38.15 ; Pr 16.1 ; 19.21).

– Il peut permettre (ou empêcher) le péché pour faire éclater notre incapacité naturelle à ne pas commettre de péché. Ceci manifeste aussi la corruption totale de l’homme et la grâce de Dieu qui vient à son secours. Ceci dit, « Dieu ne peut être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. » (Jac 1.14) Quand un homme ou une société persistent dans le mal et le péché, Dieu peut les « livrer à la passion des hommes… à une mentalité réprouvée, pour commettre des choses indignes. » (Rom 1.24-28) Dans l’exemple de Joseph, Dieu l’avait préservé de la tentation venant de la femme de Potiphar, parce que Joseph aimait l’Éternel et désirait le suivre en toute pureté (Gen 39.7-23). En même temps, Dieu s’est servi de cette circonstance qui avait jeté Joseph en prison à cause de sa fidélité à Dieu et de sa résistance au péché, pour faire entrer Joseph à la cour royale d’Égypte (Gen 40-50). La conclusion que donne Joseph à la fin de toutes ses péripéties — depuis sa vente à un marchand d’esclaves jusqu’à son arrivée à l’apogée du pouvoir — est touchante : « Ce n’est pas vous, mais Dieu qui m’a envoyé ici. » (Gen 45.8 ; 50.20)

– Il peut aussi simplement limiter des actes de péché ou de mal. Dans le cas de Job, c’est Dieu qui avait permis à Satan de l’attaquer par la maladie, mais il lui avait interdit de le faire mourir : « Il est entre tes mains, seulement épargne sa vie. » (Job 1.12) Job est sorti victorieux finalement, et l’épreuve lui a appris à connaître Dieu.

C. Caractéristiques du gouvernement de Dieu en activité

1. Cette activité est universelle

– Elle s’opère envers les croyants : « Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu. » (Rom 8.28) C’est la doctrine des convergences : toutes les circonstances dans notre vie mènent au bien que Dieu s’est proposé pour moi. L’exhortation : « Ne crains rien » prend ici tout son poids, car elle se dresse contre nos peurs, nos soucis, nos incertitudes, que l’on peut comparer à une hydre à têtes multiples qui se régénèrent rapidement sitôt coupées. Rien ne pourra jamais séparer le racheté de son Sauveur Jésus-Christ. Dans ce sens, aucun mal ne lui arrivera dans la perspective de l’éternité. Toutes les épreuves servent à notre sanctification pour affiner notre foi (1 Pi 1.6-7), même les mauvaises actions des hommes, y compris les nôtres parfois. Le but est notre « transformation à l’image de son Fils » (Rom 8.29 ; Héb 12.6-11). « Le bien », c’est d’être finalement avec Christ dans nos corps glorifiés lors de son glorieux retour. La mort atteint tout homme (Héb 9.27), mais le croyant reste en sécurité absolue face à l’éternité. Soyons rassurés, car Dieu s’occupe personnellement de tous les siens (Luc 15.3-7 ; Jean 10.3-6, 14, 27 ; Mat 10.30), alors que la modernité fait de l’humain un être impersonnel, sans âme. Oui, notre Dieu est personnel et en même temps infini. Il prend soin de nous dans toutes les circonstances.

Quelle tragédie, en revanche, pour le non-croyant (Rom 1.18-21 ; Act 17.30-31) ! Saisissons les opportunités pour faire « du bien » en témoignant de l’amour du Sauveur à notre prochain non-croyant pour qu’il se repente de ses péchés et croie au Seigneur Jésus.

Elle s’opère envers tous les hommes : « Il fait lever le soleil sur les méchants et sur les bon et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Mat 5.45) La bonté de Dieu se manifeste envers tous les hommes.

2. Dieu absolument souverain dans toutes ses actions

– Nous n’avons pas à lui dicter sa volonté, mais demandons-lui en revanche de nous révéler ses pensées en nous éclairant à travers sa Parole.

3. Dieu est bon

– La bonté de Dieu est infinie, car il est bonté. Mais il est aussi juste, et jamais ces deux attributs divins ne sont séparés l’un de l’autre.

4. L’activité de Dieu et la nôtre

– Elles ne s’excluent pas mutuellement, parce que sa Providence inclut les actions humaines.

– En conséquence, il n’y a pas de place pour le laxisme, l’indifférence, la résignation, le fatalisme.

– Parfois les humains sont conscients d’accomplir les intentions divines. L’exemple par excellence nous est donné en Jésus-Christ qui savait qu’il devait boire la coupe des souffrances pour notre salut (Mat 26.42).

– Parfois les humains ne le savent pas, comme dans le cas de l’empereur César Auguste lorsqu’il a décrété le recensement de la terre. Il fallait que cela se passe ainsi pour accomplir les desseins de Dieu (Luc 2.1)

5. La providence et la prière

La question peut se poser : si Dieu a fixé ses desseins d’avance, la prière change-t-elle encore quelque chose ?

– Dieu ne change pas ses plans, mais, dans ses plans, la prière et la foi sont incluses. Il y une parfaite relation entre l’effort humain, moyen providentiel que Dieu a voulu donner au croyant, et l’activité providentielle de Dieu. L’Écriture affirme que les desseins de Dieu sont fixes et définis, donc sans révision. Mais il désire que nous priions pour qu’il puisse agir avec efficacité (Jac 5.16).

– Dans beaucoup de cas, Dieu agit en association avec l’homme par le moyen de la foi. Ne citons que deux exemples : la foi du centurion : « Va, qu’il te soit fait selon ta foi » (Mat 8.5-13) et la foi de la femme qui avait une perte de sang : « Va, ta foi t’a guérie » (Mat 9.18-22). C’est une interpellation à nos cœurs : faut-il vraiment que « Jésus s’étonne de notre incrédulité » (Marc 6.6) ou saisissons-nous sa main en lui confessant notre petitesse dans la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à ma petite foi ! » ? Ne restons pas passifs, mais marchons par la foi, car elle franchit des montagnes.

– Oui, la prière et la foi sont vraiment les moyens providentiels par lesquels Dieu désire opérer.

D. Prudence et modestie dans nos affirmations au sujet de la Providence

– Restons sages et prudents dans nos affirmations quant à nos évaluations des actes souverains et providentiels de Dieu. Seule l’éternité manifestera réellement la pleine révélation des mystères de la providence du Dieu juste, bon et sage.

– Tout cela doit nous amener à une attitude d’humilité et de confiance en lui : redisons, avec la prière du Notre Père : « Que ta volonté soit faite », avant de demander : « Donne-nous notre pain quotidien ».

– Qu’il est bienfaisant de se répéter dans toutes les circonstances ce que le Seigneur affirmait à Paul : « Ma grâce te suffit.» Quoi qu’il nous arrive, Dieu « ne refuse pas le bonheur à ceux qui marchent dans l’intégrité. » (Ps 84.12) Ce vrai bonheur, c’est de posséder Jésus-Christ : personne ne pourra jamais nous le ravir. Gloire à notre bien-aimé Sauveur ! Gloire à Dieu dont la parfaite providence dirige toutes choses pour notre bien et pour sa gloire ! Et cela Jonas a dû l’apprendre. Mais la patience de Dieu est grande et nous encourage à l’aimer et le suivre de tout notre cœur.

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.