Edito
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La raison à sa place

Nous allons réfléchir dans ce numéro à une idole familière de l’Occident: la raison humaine devenue autonome Claude-Alain Pfenniger nous présente le labyrinthe de la philosophie humaine menant vers une impasse complète. La sagesse humaine a voulu s’ériger en dieu, mais elle mènera l’humanité à sa propre ruine si elle persiste dans cette voie de folie. En quête de la Vérité, le cour si tortueux de l’homme (Jér 17.9) a toujours voulu fixer lui-même ses propres lois dictées par la raison autonome.

Je suis frappé par l’évolution de la pensée humaine et ses conséquences désastreuses ces derniers siècles. Le dernier système complet de pensée issu de Hegel (1770-1831) a particulièrement marqué le monde occidental. Ce penseur avait réduit Dieu à .l’Esprit du monde.. trouvé dans les profondeurs de tout processus naturel. Pour lui, le développement de ce processus devait se faire entre des entités positives et négatives qui se seraient équilibrées par une synthèse. Et de cette synthèse se développeraient de nouvelles thèse et antithèse trouvant leur nouvel équilibre dans une autre synthèse, et ainsi de suite. Résultat: le relativisme a fait son apparition, et la vérité précédemment absolue et objective est devenue plutôt un concept: celui d’un Devenir constant d’où on extrait une nouvelle vérité subjective. Ce raisonnement humaniste a aussi été repris par Wellhausen (1844-1918), à l’origine de la .Haute Critique.. de la Bible, et fondateur de la fameuse méthode historico-critique enseignée aujourd’hui dans la plupart des facultés de théologie libérales. Hegel avait enseigné que .tout ce qui est réel est rationnel et tout ce qui est rationnel est réel». Le monde surnaturel était donc exclu. Le concept de la triade hégélienne « thèse – antithèse – synthèse », appelé aussi « dialectique », a eu des prolongements à longue portée dans la plupart des disciplines. Ainsi, Darwin avec sa théorie évolutionniste a su profiter de ce courant philosophique en vogue. Cela lui valut une diffusion rapide et abondante de ses écrits, et de ce fait une pénétration plus rapide dans les cercles des hommes érudits. Maison peut citer aussi le marxisme, la sociologie, l’existentialisme, la dialectique existentialiste de Karl Barth, la psychanalyse de Freud, par exemple, qui plongent tous leurs racines dans cette philosophie, base de l’humanisme séculier moderne.

Il est frappant de voir avec quelle clarté Paul résume cette sagesse humaine dans Rom 1. Oui, l’humanisme retient injustement la vérité captive (v. 18). Un peu plus loin, il dit: ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cour sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous (v. 21-22).ils ont changé la vérité de Dieu en mensonge (v.25). Puis, l’apôtre nous montre le produit terrible de la raison autonome et hostile à Dieu (v. 26-32). Parce que ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voyant comme à 1’oil nu, depuis la création du monde quand on les considère dans ses ouvrages, ils sont tous inexcusables (v. 19-20). Pourquoi ? Car, ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces (v. 21) Ils ont refusé de voir la main de Dieu dans la Création (v. 20). Ce refus est l’âme du concept humaniste qui aboutira au pinacle de la glorification de l’Homme-dieu avec son nouvel ordre mondial, mais sera frappé par le jugement divin lors de la venue du Seigneur Jésus-Christ (Apoc 19.11-20).

Mais dans ce même chapitre 1 aux Romains, Paul parle aussi de cette puissance de Dieu qu’est l’Evangile. La grâce de Dieu nous offre cette révélation de la justice de Dieu par la foi et pour la foi,. selon ce qu’il est écrit: Le juste vivra par la foi (v. 16-17). C’est par la Parole de Dieu, révélation divine spéciale, que nous vivons par la foi. La raison humaine, faisant partie de l’homme (corps – âme – esprit), est donc elle aussi totalement corrompue et ne peut recevoir aucune lumière en dehors de la révélation de Dieu par sa Parole, éclairée par le Saint-Esprit (2 Cor 4.3-6). Cette sagesse divine manifestée à la Croix du Calvaire détruit la sagesse des sages et rend nulle l’intelligence des intelligents. Le Christ crucifié annoncé, puissance de Dieu et sagesse de Dieu, est le cour de l’Evangile (1 Cor 1.18-25). L’homme qui se repent et croit de tout son cour au Seigneur Jésus, est régénéré par le Saint- Esprit. Sa raison est maintenant sous le contrôle de Dieu au même titre que son être tout entier. Nous sommes dès lors appelés à être transformés par le renouvellement de l’intelligence afin de discerner la volonté de Dieu: ce qui est bon, et agréable (Rom 12.1-2).

L’article de Frank Horton «Inspiration et autorité de la Bible. va mettre l’accent sur le moyen de notre vie de foi dans tous les domaines de la réalité: la Parole de Dieu par laquelle Dieu se révèle à l’homme en lui offrant le salut éternel par la foi en Jésus-Christ mort et ressuscité. Cette Parole est divinement inspirée, inerrante et infaillible, vérité objective et absolue, authenticité et autorité.

Cette Parole de Dieu nous révèle aussi le plan de salut pour les hommes à travers les âges, aboutissant au point culminant de l’Histoire, le retour de Christ pour établir son royaume après le jugement des nations. C’est ce que Daniel Arnold nous présente dans son article «Quatre empires pour résumer l’histoire du monde». Avec lui, nous sommes aux antipodes du système philosophique cité plus haut avec ses successions d’événements et de faits qui se superposent et d’où naissent de nouvelles synthèses relativistes pour atteindre finalement le point du désespoir. Non, avec le Dieu de la Bible, c’est l’espérance extraordinaire en Christ, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance (Col 2.3), qui s’achèvera pour le chrétien en la présence éternelle de Dieu, autour du trône de l’Agneau (Apoc 5).

Oui, la raison a sa place quand elle est à sa place, quand elle est restaurée et soumise au Seigneur, donc sanctifiée par la Parole. Elle n’a pas démissionné et ne tombe pas dans l’irrationnel; au contraire, elle reste active, de cour, en amenant toute pensée captive à l’obéissance de Christ. ..pour renverser les forteresses. ..les raisonnements (humanistes, charnels) et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu. Quel honneur que le Dieu personnel et infini, omniscient et rationnel, qui nous a créés à son image, nous ait donné une intelligence et un cour par lesquels nous pouvons raisonner et agir à la gloire de Dieu. Levons-nous donc, repentons-nous de nos lacunes et oeuvrons en toute sagesse et intelligence spirituelle (Col 1.9).

Notice

On lira avec profit:

  • «Démission de la raison» de Francis A. Schaeffer.
  • «Remarques sur la méthode historico-critique», par Bertrand Rickenbach dans «Contrepoisons», Cahiers de la Renaissance vaudoise no5, Lausanne.
  • «L’Europe philosophe» de Jean Brun (pages 268-276). @
  • «In the Minds of Men» de Jan T. Taylor, chap. 14.
  • «The Road to Atheism» (p. 365-395),1984, TFE Publishing, Toronto, Canada.
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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.