Dossier: 500 ans de la Réforme et 50 ans de Promesses
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La Réforme, un événement du passé ?

 

« La réforme protestante, est-elle terminée ? » : tel est le titre du manifeste international rédigé et signé par des théologiens de renom, des pasteurs et des dirigeants d’organisations évangéliques du monde entier[1].

La Réforme n’est pas seulement un événement vieux de 500 ans qui se célèbre chaque année. Luther, ses précurseurs et ses contemporains, ont surtout initié un mouvement qui perdure aujourd’hui. C’est peut-être l’un des plus grands héritages de la Réforme : « Les objets du litige qui ont déclenché la réforme protestante il y a cinq cents ans sont toujours d’actualité au XXIe siècle pour l’Église dans son entier ».

1. Un mouvement en danger

Le manifeste a été rédigé dans le contexte de rapprochements œcuméniques entre le Vatican et certaines entités évangéliques et protestantes, rapprochements qui menacent l’intégrité de cet héritage. Les arguments humains ne manquent pas, souvent motivés par de belles intentions :

– La division lance le mauvais message aux non-chrétiens ;

– Les défis contemporains sont si écrasants que nous n’avons pas d’autre solution que de nous unir ;

– Nos différences ne sont pas si grandes, ce ne sont que des détails tout à fait acceptables entre différentes dénominations.

Malgré un adoucissement de surface dans son discours, l’église catholique n’a pas modifié sa position doctrinale. Alors que fin octobre 2016, le pape prenait part à une rencontre œcuménique à Lund (Suède) pour inaugurer les commémorations du 500e anniversaire de la Réforme avec certains protestants, sur la place Saint-Pierre du Vatican, des écrans géants invitaient les croyants à se rassembler autour de la statue de Saint Pierre et à réciter le rosaire, deux repères catholiques fondamentaux du culte marial et d’un fort engagement dans la vénération pétrinienne. Coïncidence ?

2.Deux principes fondamentaux

Les dogmes catholiques restent inconciliables avec le mouvement de la Réforme, notamment sous deux axes fondamentaux que le manifeste se propose de défendre :

2.1. La Parole écrite est la norme suprême

Elle a autorité sur l’Église : toute tradition dite chrétienne doit accepter d’être soumise au jugement de la Parole (le sola scriptura est moins un sujet d’herméneutique que d’autorité). Des dogmes, apparus bien après la Réforme, montrent que le Vatican n’a pas cherché la réconciliation, au contraire. Les dogmes de l’immaculée conception (1854), de l’infaillibilité papale (1870) et de l’ascension corporelle de Marie au ciel (1950), intercédant pour les croyants, ne bénéficient d’aucun soutien biblique et continuent de provoquer l’autorité des Écritures : « Et parce que l’Écriture n’a pas le dernier mot, la doctrine catholique avec ses pratiques reste ouverte, et donc confuse à sa base » dénonce le manifeste.

2.2. Le salut est un don de Dieu, du début à la fin de la vie nouvelle du croyant.

Malgré certaines tentatives de rapprochements, l’église catholique continue de définir « la justification [comme] un processus qui est promulgué par un sacrement de l’Église (le baptême) ; elle n’est pas reçue par la foi seule ».

3. Une coopération est-elle possible ?

S’il apparaît impossible de se compromettre théologiquement avec l’institution catholique, des pistes de coopération sont toutefois ouvertes (« avec le plus grand soin et beaucoup de prudence ») avec les individus eux-mêmes. En effet, bien souvent, et contrairement aux dogmes catholiques, certains d’entre eux reçoivent la grâce de Dieu et montrent le fruit de vies transformées.

« En revanche, quand il s’agit de remplir la tâche missionnaire de vivre et de proclamer l’Évangile de Jésus-Christ au monde, les évangéliques devraient faire preuve de vigilance en maintenant clairement les principes de l’Évangile lors de la formation de coalitions et de partenariats. »

Malgré la position clairement affichée par le manifeste, il est difficile d’envisager des collaborations dans le cadre inter-communautaire, même autres que d’ordre missionnaire ou d’évangélisation. Les dogmes enseignés dans l’église catholique seront toujours des points de divergences s’ils gardent leur primauté sur l’Écriture et donc sur la vérité, chose sur laquelle se porte le débat depuis 500 ans. Une conciliation menant au partage de la communion fraternelle n’est envisageable qu’à la condition du renoncement définitif aux faux dogmes par l’église catholique.

4.Héritiers actuels d’un mouvement toujours en marche

Lorsque nous défendons la Réforme, nous ne défendons pas une théologie vieille de 500 ans, cloîtrés dans nos murs dogmatiques et ignorants des convictions réelles de nos rivaux doctrinaux. Il s’agit avant tout de permettre à un mouvement de réforme permanent de perdurer, face aux attaques contre l’autorité de la Parole et le salut par la grâce seule, reçu par la foi seule. Lorsque nous protestons, nous ne réagissons pas contre une doctrine opposée, mais nous affirmons positivement la fermeté de notre foi[2].

[1]    Ce manifeste se fonde sur le point de vue évangélique traditionnel, motivé par des entités historiques comme le Mouvement de Lausanne et l’Alliance Évangélique Mondiale. Il a été préparé par la « Reformanda Initiative », dirigée par les théologiens Leonardo De Chirico, Michael Reeves et Greg Allison. Il est consultable en ligne : <http://isthereformationover.com>. Toutes les citations sont tirées du manifeste.

[2] Pro-testare, c’est aussi témoigner la véracité de l’Évangile. La Réforme fut une affirmation positive de ce que l’Église avait besoin de récupérer : l’autorité de la Parole (sur la tradition) et le salut par la foi seule (sans médiation sacramentelle).

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Dossier : 500 ans de la Réforme et 50 ans de Promesses
 

Mondin Frédéric
Frédéric Mondin travaille pour les éditions BLF. Il vit actuellement en Bolivie avec sa femme. Il est membre du comité de rédaction de Promesses.