Etude biblique
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La sévérité de Dieu

2 Rois 2 23-25

  « Elisée monta de là à Béthel. Comme il cheminait à la montée, des adolescents (jeunes gens) sortirent de la ville, et se moquèrent de lui. Ils lui disaient: Monte, chauve. Monte, chauve !

  Il se retourna pour les regarder, et il les maudit au nom de l’Eternel. Alors deux ours sortirent de la forêt, et déchirèrent quarante-deux de ces adolescents ».

  Comment comprendre Elisée qui maudit cette jeunesse au nom de l’Eternel ? Comment comprendre la justice de Dieu en cette occasion ?
  Dieu, par définition, est juste. Il fait régner la justice. Proverbes enseigne que « l’Eternel a tout fait pour un but, même le méchant pour le jour du malheur ». Dieu est souverain ; il a ses critères pour juger les hommes et les peuples (Ge. 18:25). Lorsque l’iniquité d’un peuple arrive à son comble, Dieu le juge selon sa justice (Ge. 15:16). Lui seul est maître du moment et de la sévérité de son jugement.

  Citons quelques exemples. La destruction totale de Sodome et de Gomorrhe, celle de Jéricho (Jos. 6:21), celle des différents peuples de Canaan selon l’ordre de Dieu. Samuel donna l’ordre de frapper toute la population amalécite (I S. 15:3) et mit lui-même en pièces Agag (v. 33). En effet, la Bible et l’archéologie démontrent à quel point ces anciens peuples étaient tombés dans la dégradation, l’idolâtrie et la méchanceté. On allait même jusqu’à sacrifier des enfants aux divinités païennes (Ps. 106:34-40).

  Israël, au lieu de déposséder ces nations selon l’ordre que Dieu lui avait donné, a, au contraire, subi l’influence néfaste de leur corruption totale. Le prophète Elisée vivait à une époque où le mal avait déjà atteint le peuple d’Israël tout entier. Jéroboam, premier roi des 10 tribus séparées du royaume de Juda, y installa un veau d’or, des hauts lieux et des pseudo-sacrificateurs. Ainsi, le peuple fut incité à ne plus monter à Jérusalem pour apporter son offrande. Il y avait Béthel en remplacement. « Ce fut une occasion de péché », nous est-il rapporté dans 1 Rois 12:30. L’atmosphère était moralement polluée, comme au temps de Sodome et de Gomorrhe.

  C’est dans ce contexte qu’il nous faut situer I’histoire de ces moqueurs de Béthel. Il existait certainement une grande tension entre les « fils des prophètes » et les prêtres de Baal, surtout après l’enlèvement d’Elie vers le ciel, qui fit beaucoup de bruit parmi le peuple.

  Elisée, chauve, était l’objet de raillerie de ces adolescents. Il est intéressant de lire dans Lv. 21:5 et Dt. 14:1 qu’un sacrificateur ne devait pas se raser la tête, alors que les prêtres de Baal étaient tonsurés. Elisée n’était pas sacrificateur. Mais ces jeunes gens faisaient un rapprochement intentionnel entre lui et les prophètes de Baal pour le provoquer. Il ne serait pas surprenant qu ils aient crié : « Monte, chauve, tu ressembles à un prêtre de Baal monte et manifeste la puissance de ton Dieu, si tu en es capable ! »

  Ajoutons en passant que le mot « na’ar » veut dire « jeune » ou « adolescent », sans désigner une limite d’âge précise. Roboam, fils de Salomon, était « jeune » quand il reprit le royaume de son père. Pourtant il était âgé de 41 ans (2 Ch. 12:13 et 13:7). En revanche, Joseph avait 17 ans lorsque la Bible l’appelle « adolescent » (Gn. 37:2). Dans les deux cas le mot est le même.

  Sans doute, ces jeunes gens étaient-ils conscients de ce qu’ils faisaient. Il est probable qu’ils voulaient faire du mal à Elisée. Voulaient-ils même l’assassiner ? Il fallait que Dieu intervienne.

  Nous ne savons pas exactement dans quelle mesure ces adolescents furent châtiés. Les notes de la Bible C. I. Scofield sont intéressantes à ce sujet. Le verbe « baga » traduit par « déchirer » implique de sérieuses blessures, mais ne signifie pas nécessairement « tuer » ou « détruire ».

  L’anathème prononcé contre ces jeunes gens nous semble excessif. Percevoir les choses dans l’optique du Dieu d’amour et de justice est difficile.

  En effet, la Bible est pleine d’avertissements aboutissant irréversiblement au malheur pour qui se rebelle obstinément contre Dieu. Lisez les malédictions prononcées contre Ninive (Na. 1:2-8 et 3:1-10), contre Babylone (Es. 13:9 ; Ps. 137:9), contre Israël (Dt. 27:11-26). Il en est de même des « Psaumes d’imprécations » dont je citerai quelques-uns : Ps. 58, 68, 69, 79, 109, 139. Jérémie, par exemple, crie vengeance contre ses ennemis qui se révoltent contre l’Eternel (11:18-23 ; 18:19 19:9 20:6 28:16 ; 29:30-32; 36:30, etc.) Le Seigneur aussi avait prononcé des menaces contre les récalcitrants (Lc. 10:13; 9:5; 11:39-52 ; 17:1-2 22:22; 19:44). Le NT contient également des anathèmes (Gal. 1:8-9; 1 Co. 16:22; 2 Tm. 4:14; 1 Co. 5:3-5 ; 2 Co. 2:5-11 Tt. 3:10; 2 Jn 10; Ap. 6:10 ; 16:5-7; 18-20; 19:1-16). Et que de nombreuses autres paroles d’avertissement !

  Pourtant, Dieu dans sa nature ne se complaît pas du tout dans le châtiment (Dt. 28:63 ; Ez. 33:11 ; Mi. 7:18; Le 13:34 et 19:41-44). D’ailleurs, l’éthique de l’AT est d’aider son ennemi et de ne pas se réjouir de sa chute (Ex. 23:4; Lv. 19:17-18; Prov. 24:17-18 et 25:21-25).

  Dieu a manifesté son amour infini et sa justice à la Croix. Donc l’amour et la justice sont parfaitement conciliables pour Dieu, puisque ce sont là deux de ses qualités. Ces contradictions apparentes dans la Bible sont toujours difficiles à saisir, car elles sont à la fois claires comme du cristal et mystérieuses. Dieu, par exemple, est transcendant et immanent; il est un et tri-un ; il est Sainteté et Amour. Christ est Dieu parfait et homme parfait. Il y a la prédestination divine et la liberté humaine. Dieu aime infiniment le pécheur et hait le péché.

  La Bible est inspirée de Dieu et sans erreur. Nous devons donc prendre au sérieux l’avertissement qu’apportent ces jugements. Cela fait partie de l’Evangile prêché par Jésus et par tous les apôtres. Nous ne comprenons pas « tout le conseil de Dieu », mais cela nous incite à avoir de la compassion pour les pécheurs perdus. L’amour et la justice de Dieu sont deux facettes de sa gloire.

  Que le Seigneur nous aide, par la lecture de sa précieuse Parole, à toujours mieux Le connaître et à Lui donner toute la gloire.

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.