Dossier: L'autorité
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La soumission dans le couple : comment la vivre ?

Parler de soumission oblige à mentionner que ce concept peut être compris de manières très variées et être sujet à polémique.

De plus, son interprétation, surtout dans le cadre du couple, a des conséquences pratiques importantes, pouvant se traduire par des relations malsaines, parfois même dangereusement violentes. Parler de soumission oblige à mentionner que ce concept peut être compris de manières très variées et être sujet à polémique. De plus, son interprétation, surtout dans le cadre du couple, a des conséquences pratiques importantes, pouvant se traduire par des relations malsaines, parfois même dangereusement violentes. 

Nous allons toutefois tenter d’aborder ce sujet, en essayant de comprendre le modèle biblique de soumission (en général et dans le couple), en cherchant ce qu’il induit (pour l’épouse et pour le mari), et en mentionnant quelques risques d’une incompréhension de ce concept1 .

La soumission pour tous !

Étymologiquement, « se soumettre » signifie se mettre au-dessous. Suivant les cas, ce sera plus ou moins volontaire. La soumission n’est donc pas une sujétion, une subordination, une oppression, une obéissance servile. Et, comme le dit John Stott, « nous devons tout faire pour purifier [ce terme] de ces connotations [négatives] pour retrouver son sens spécifiquement biblique.2 »

Dans la Parole de Dieu, il n’est jamais demandé de soumettre quelqu’un. La soumission est un choix librement décidé (pour nous chrétiens, devant Dieu). Être soumis revêt le sens de respecter, craindre (dans le sens biblique du terme), reconnaître la position d’autorité (de Dieu ou de quelqu’un), tenir l’avis de l’autre pour important.

Rappelons-nous que, pour Dieu, une différence de position n’équivaut pas à une différence de valeur (Gal 3.27-29). La personne qui se soumet à une autre n’a donc pas moins de valeur que cette dernière aux yeux de Dieu. Et par là, la soumission n’est pas l’acceptation d’un rôle inférieur.

Tous les êtres humains sont appelés à se soumettre : un enfant se soumet à ses parents, un employé à son chef, tous les habitants d’un pays aux lois en vigueur dans ce pays. Il en est de même dans la famille de Dieu. Chaque chrétien, homme ou femme, est appelé à se soumettre à Christ (1 Cor 11.3).

Il y a également une soumission réciproque à vivre entre chrétiens : « Étant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ » (Éph 5.213). Elle se vit dans l’humilité réciproque : « Que, dans l’humilité, l’un estime l’autre supérieur à lui-même, chacun ne regardant pas à ce qui est à lui, mais chacun aussi à ce qui est aux autres » (Phil 2.3). La notion même de soumission n’est pas infâmante : même Jésus, en tant que Fils de Dieu, s’est soumis à son Père, alors qu’il était Dieu lui-même (Phil 2.5-8).

Soumission et autorité

Tous ceux qui détiennent une autorité la détiennent de Dieu, qu’ils en aient conscience ou non (Rom 13.1). Cette autorité devrait toujours s’exercer dans l’intérêt de ceux pour lesquels elle a été donnée, et non de manière égoïste — qu’il s’agisse d’un mari, d’un père ou d’une mère, d’un chef dans le travail, etc.
L’autorité n’a donc rien à voir avec l’autoritarisme, la tyrannie, l’oppression, ni même la domination (Luc 22.26-27).

La soumission dans le couple

« Femmes, que chacune soit soumise à son mari, comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Église est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leur mari en toutes choses » (Éph 5.22-24).
Même en cherchant des objections, on ne peut guère échapper à ce verset. Pourquoi est-il difficile à admettre ? Voici quelques raisons : l’influence du monde environnant, les différences de caractère (de la femme et de l’homme), les différences de modèles parentaux, les différences de contextes sociaux et culturels, et, bien sûr, notre esprit naturel d’indépendance.
Remarquons que le verset précédent exhorte à la soumission mutuelle 4 (v. 21). Et si la soumission de la femme est clairement dite, celle de l’homme est contenue dans l’amour qu’il doit porter à sa femme. En effet, dans les versets suivants (v. 25, 28, 29), Paul présente le modèle d’un mari qui aime sa femme, non pas d’un amour égoïste, pour défendre ses propres intérêts, mais d’un amour qui se donne (dont le modèle est Christ lui-même, qui aimé l’Église jusqu’à donner sa vie pour elle). Ainsi, la soumission au sens où Dieu l’entend est certainement un élément clé d’une relation saine, marquée par l’amour, la confiance et le respect.

Le rôle de chacun

Le rôle du mari vis-à-vis de sa femme consiste donc à chercher son bien-être, à répondre à ses besoins, à la valoriser, à l’encourager dans tous les domaines de sa vie, à l’aider à développer sa personnalité, à l’accompagner pour qu’elle progresse, à lui faire confiance, à lui déléguer, à la protéger quand elle en a besoin, à la rassurer quand elle s’inquiète… pour la voir finalement « sans tache ni ride » !
Et pour une épouse, se soumettre à son mari consiste à reconnaître l’ordre établi par Dieu : à voir son mari comme grand à ses yeux (comme l’assemblée voit Christ !), à reconnaître sa place de chef (pas dans le sens de dominateur, mais plutôt dans le sens de détenteur d’une responsabilité supplémentaire), à valoriser ses projets, à ne pas se concentrer sur ses défauts, etc.

Et dans la réalité ?

Le modèle est très beau et nous devons y tendre mais nous sommes des êtres imparfaits (le mariage, c’est l’union de deux pécheurs !). Et le mariage va justement nous aider dans notre chemin de sanctification, et l’un et l’autre, dans le but de progresser ensemble.
Ce modèle est à vivre en fonction de nos caractères. Une femme très dynamique qui a un mari plus nonchalant va peut-être prendre plus de décisions dans le quotidien, mais elle peut très bien lui reconnaître son rôle de chef. À l’inverse, un mari avec un caractère de leader devra faire attention de ne pas écraser sa femme, mais devra, au contraire, la valoriser, l’encourager, la responsabiliser.
C’est aussi un modèle à vivre d’abord en couple et devant Dieu, avant de le vivre devant les autres : attention à ne pas vouloir donner une image qui ne correspond pas à la réalité (cela s’appelle de l’hypocrisie).
Attention aux risques réels de mauvaise compréhension de la notion de soumission. Une soumission trop importante pourra se marquer par de la docilité et conduire à un effacement de la personnalité. La femme peut aussi vivre « dans l’ombre » de son mari, avec comme conséquence un gâchis de ses propres dons. À l’inverse, en refusant de se soumettre, l’épouse manque une occasion de montrer une image de Christ et de l’Église ; elle risque de décrédibiliser son mari, devant ses enfants, devant les membres de l’église (en particulier si son mari y a une place d’autorité).
Enfin, vivre la soumission réciproque au sein du couple nous aidera à la vivre dans les autres cercles de notre vie (par ex. le travail).

Et pratiquement ?

Pour une épouse, se soumettre, est-ce ne jamais contredire son mari ? — ou bien lui dire avec honnêteté et délicatesse, quand elle pense qu’il se trompe ? Lui laisser prendre toutes les décisions importantes, sans lui donner son avis ? — ou bien prendre les décisions à deux, et lui laisser décider en dernier recours, si on n’arrive pas à se mettre d’accord ? Ne pas donner son avis sur des sujets spirituels ? ¬— ou bien échanger librement avec son mari sur tous les sujets, mais sans forcément imposer son point de vue ?

Et quand mon mari ne m’aime pas « comme Christ » ?

 Parce qu’il n’est pas chrétien : Même si mon mari est incrédule, il détient toujours une autorité lui venant de Dieu. La règle « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » ne doit pas s’appliquer à tous les détails de la vie quotidienne. Je me dois de prendre en compte son avis. Bien sûr, c’est beaucoup moins facile que de se soumettre à un mari, partageant la même foi, et donc se soumettant lui-même à Dieu, mais c’est peut-être ainsi que je le « gagnerai » (1 Pi 3.1-2 ; 1 Cor 7.16).
 Parce qu’il vit encore centré sur lui ou n’a pas envie de tenir ce rôle de chef : Certes, cette situation est difficile…, Mais si mon mari se sent respecté, reconnu comme chef de famille, valorisé, si je m’efface parfois devant lui (même si ce n’est pas dans ma nature), est-ce que l’Esprit ne va pas agir aussi en lui pour le changer et lui donner de prendre sa vraie place ?
 Parce qu’il fait preuve d’autoritarisme, voire qu’il est violent : Je chercherai peut-être à le « gagner » sans le provoquer, en partageant ma situation à des amis fidèles, en consultant un conseiller conjugal. Mais si la situation devient intenable, que je suis en danger, je devrai peut-être fuir pour me protéger et protéger mes enfants — et je ne suivrai pas des chrétiens qui utiliseraient ce verset « ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » pour m’inciter à rester coûte que coûte, au risque d’une atteinte à mon intégrité physique ou psychologique.

Conclusion

« Si les hommes et les femmes sont égaux en dignité, pourquoi l’homme est-il le chef ? Et pourquoi les femmes sont-elles appelées à la soumission ? La réponse à cette question est une autre question : Pourquoi est-ce Jésus, le Fils, qui s’est soumis et a servi ? Pourquoi a-t-il abandonné son autorité au Père ? Nous n’en savons rien, mais nous savons que c’était un signe de sa grandeur et non de sa faiblesse.  Les femmes sont appelées à suivre Jésus sur ce point. Mais n’oubliez pas qu’exercer son autorité correctement est aussi difficile que de s’en dépouiller.5 »

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  1. Cet article émane d’une femme mariée à un homme chrétien et craignant Dieu. Pour l’écrire, je me suis inspirée en partie de plusieurs lectures ainsi que de ma vie de couple, depuis 26 ans, même si cet article ne se veut pas un témoignage.
  2. John Stott, Éphésiens, Vers une nouvelle société, Éditions Grâce et Vérité, 2010, p. 221.
  3. Version Darby
  4. « La soumission est un devoir chrétien universel. Dans l’Église chrétienne, y compris dans chaque foyer chrétien, la soumission devrait être mutuelle. » (John Stott, op. cit., p. 230)
  5. Timothy Keller et Kathy Keller, Le mariage, Éditions CLE, 2014, p. 244.
Prohin Anne
Anne Prohin, mariée et mère de deux filles adultes, est collaboratrice de la revue Promesses. Orthophoniste de forma- tion, elle a interrompu son activité professionnelle il y a 20 ans pour s’im- pliquer bénévolement auprès des immigrés dans une association locale ainsi qu’à la Gerbe (association humanitaire chrétienne) où elle donne des cours de français langue étrangère.