Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

La Technique du regard

Dans l’émotion de leur foi, des chrétiens voient LE SAUVEUR, pour le monde comme pour eux-mêmes. Tel Jean-Baptiste qui « vit Jésus venir à lui » et dit : « Voilà l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde! » .D’autres, parmi les tièdes, devront avouer avec gêne leur défaut de vision, l’étroitesse ou même l’atrophie de leur vue mystique, tel Job: « Voici, il passera près de moi, et je ne le verrai point ; Il repassera et je ne l’apercevrai point ». (Job 9, 11).

La convoitise des yeux. « N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde », nous exhorte Jean l’évangéliste. Dans ce monde, à côté de la convoitise charnelle et de l’orgueil de la vie, trône aussi la convoitise des yeux (I Jean 2, 15-16) . Or, à cause de cette convoitise, la perception intime de l’âme tombe malade, sans exception, et détériore la vision du coeur. Elle provoque fréquemment l’aveuglement, la cécité morale et le chaos.
Si nous regardons ce qui se passe près de nous, ou plus loin, dans les coulisses de ce monde, à la fin de ce siècle misérable et fornicateur, si nous considérons, comme dit l’Ecclésiaste « Tout ce qui se fait sous le soleil » dans la perspective de l’éternité, nous serons alors convaincus que « tout est vanité et poursuite du vent » (Eccl. 1, 14). Il ne nous faut donc pas regarder « aux choses visibles, mais aux invisibles, car les choses visibles ne sont que pour un temps, mais les invisibles sont éternelles » (II Cor. 4, 18) .Ainsi, logiquement et sainement, il vaut mieux regarder « l’oeuvre de Dieu » sur la terre que de participer aux oeuvres infructueuses des ténèbres (Eph. 5, 11) .Avec le psalmiste, nous tirons alors la conclusion enthousiaste: « Ceux qui tournent leurs regards vers lui ont le visage rayonnant, et ils n’ont pas à rougir de honte » (Ps. 34, 6).
En revanche, si nous cédons à la convoitise des yeux, regardant les lumières déroutantes du monde, les royaumes du péché avec leur éclat trompeur, nous laissant aller dans ce monde houleux des convoitises, nous désobéirons comme le premier couple humain. Cela nous vaudra la perte du paradis, à cause de la culpabilité de notre regard: « La femme VIT que le fruit de l’arbre était bon à manger, agréable à la vue, et qu’il était désirable… »
Nous péchons par le regard. « Chacun est tenté, quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise ayant conçu, donne naissance au péché » (Jacq. 1, 14-15) .Elle allume l’instinct, anticipant l’acte sexuel, comme le dit Matt. 5, 28 : « Mais moi, je vous dis: Quiconque jette sur une femme un regard de convoitise a déjà commis dans son coeur un adultère avec elle » Au regard vicieux suit sans retard la réalisation abominable, inqualifiable. « Samson se rendit à Gaza où IL VIT une courtisane, ET IL ENTRA chez elle » (Juges 16, 1). Sans doute, le regard peut conduire au péché; il le prépare quand sa durée augmente, quand il se penche avec appétit sur un excitant extérieur. Conscient du danger d’un tel regard, Job se confesse: « J’avais fait un pacte avec mes yeux : Je n’aurais pas porté mes regards sur une vierge » (Job 31, 1).
Les reflets de péchés cachés jaillissent et SE RÉVÈLENT par le regard: « Ils ont les yeux pleins d’ADULTÈRE » (II Pi. 2, 14) « Moi-même, dit l’Eternel, j’exercerai mes jugements contre le roi d’Assyrie pour l’arrogance de ses REGARDS HAUTAINS » (Esaïe 10, 12) .D’autres ont des regards AVIDES: « J’ai porté envie aux orgueilleux, quand j’ai vu la prospérité des méchants » (Ps. 73, 3) .Des regards INDIFFÉRENTS ou DÉDAIGNEUX: « Un lévite aussi vint en cet endroit, s’approcha, vit le blessé et passa outre» (Luc 10, 32) . « Le Philistin regarda David, et, le voyant tout jeune, blond et beau de visage, il LE MÉPRISA » (I Sam. 17,42). .

Du bon emploi de nos yeux.
Regarder, c’est contrôler, vérifier une donnée, une réalité, un fait. L’expérience du regard fortifia Job dans sa conviction que « c’est la main de l’Eternel qui a fait cela » Job 12, 9) .C’est elle encore qui détermina Jean à témoigner, à attester la divinité de Jésus: « Je l’ai vu, et j’ai rendu ce témoignage : C’est lui qui est le Fils de Dieu » (Jean 1 , 34) .Le Sauveur lui-même recommande à ses disciples l’expérience du regard: « Voyez mes mains et mes pieds: c’est moi-même. Touchez et regardez » (Luc 24, 39). Sans cette expérience, sans la constatation faite de mes propres yeux et non par celle des autres, le subtil processus de transformation ne peut avoir lieu dans mon âme humaine. Le regard expérimental de tout individu détermine son repentir, son troublant réveil: « Mes oreilles avaient entendu parler de toi; mais maintenant mon oeil t’a vu. C’est pourquoi je me condamne et je me repens, en me couvrant de poussière et de cendre » (Job 42.6).
En cette première phase de l’expérience par le regard, nous apercevons Dieu, Le découvrons, Le connaissons; nous constatons son existence, nous Le touchons du regard. En Le contemplant, nous entrons dans une deuxième étape, où il est possible de discerner, avec effroi, au-dedans de nous-mêmes. Nous nous voyons tels que nous sommes, avec tous les sacrilèges, l’immoralité, le mal commis en cours de la vie. Ce que l’homme pense en son coeur, tel il est. Ce regard vers les pensées intimes, vers les sentiments profonds du coeur suscitera chez l’homme, par degrés, la curiosité, l’aspiration à connaître davantage, puis le besoin impérieux de la recherche de Jésus, tel Zachée, le péager, qui « tâchait de voir Jésus; mais il ne le pouvait, à cause de la foule, car il était petit » (Luc 19, 3) .Immanquablement, le regard spirituel de l’homme, lors de la merveilleuse aventure de la connaissance de Jésus, se heurtera à deux obstacles décisifs :
LA FOULE, c’est-à-dire, le milieu ambiant, la société, avec tout un tissu d’opinions contradictoires, de préjugés obscurs et de conceptions chrétiennes approximatives ou même antagonistes ;
LA PETITE TAILLE de Zachée, soit le manque d’envergure, de développement de l’esprit, la paresse de l’évolution intime, plus exactement l’état d’enfance spirituelle.
« L’oeil est la lampe du corps. Si ton oeil est sain, tout ton corps sera dans la lumière; mais si ton oeil est malade, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc ta lumière intérieure n’est que ténèbres, quelles ténèbres pour toi! » (Matt. 6, 22-23). Si notre oeil est sain, si toutes entraves, si tout élément étranger sont éliminés, alors nous serons capables de « porter les yeux sur Jésus, qui est l’initiateur de la foi et qui la porte à la perfection .(Héb. 12, 2).



Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page