L’action de la foi
L’histoire du jeune David faisant face au géant Goliath, dans 1 Sa.: 17, nous offre un enseignement particulièrement riche et pratique sur la foi victorieuse. Elle est fondée sur la parole et la puissance de Dieu, anticipe la victoire divine et va plus loin que les mots. La foi authentique agit, obéit, prend Dieu au mot, mettant Sa fidélité à l’épreuve. Nombreux sont les exemptes dans la Bible: par la foi, Noé construit (Hé. 11 : 7), Abraham obéit et part (Hé. 11 : 8), les sacrificateurs portant l’arche de l’alliance posent la plante des pieds dans les eaux du Jourdain (Jos. 3: 13), Jérémie achète un champ à Anathoth (Jé. 32 : 6-15), etc… L’apôtre Paul introduit et conclut sa lettre aux croyants de Rome en mentionnant l’obéissance de la foi (Ro. 1 : 5, 16: 26). Il écrit aux Eglises de la Galatie que la foi produit des oeuvres d’amour (Ga. 5: 6). Enfin Jacques souligne avec insistance le fait que la foi qui ne se traduit pas par des oeuvres est morte (Ja. 2 : 14-26). C’est le philosophe danois Soeren Kierkegaard qui a dit qu’ « il est difficile de croire, non parce qu’il est difficile de comprendre, mais parce qu’il est difficile d’obéir ».
Penchons-nous sur les versets 38 à 40 de 1 Sa. 17 pour en dégager au moins cinq lignes de réflexion destinées à nous aider dans l’action de la foi. Nous les appellerons « les cinq doigts indissociables de la main de la foi ».
1. Le mode d’action de la foi est personnel.
David s’est rapidement rendu compte que l’armure de Saül n’était pas faite pour lui. Ce qui était habituellement une protection efficace pour le roi aurait été un sérieux handicap pour le jeune berger. Bien sûr, David pouvait être tenté de partir au combat revêtu de l’armure royale; n’y avait-il pas de quoi l’honorer et flatter son orgueil ? Une telle attitude l’aurait conduit à l’échec et à la mort. Heureusement, il a préféré sagement se battre « dans sa peau de berger » et a renoncé à ce que je nommerai ici l’emprunt ou l’imitation servile de la foi. Si les grands principes de la foi demeurent immuables, ses modes d’action sont variés à l’infini. Ces versets ne nous invitent-ils pas à veiller, pour ne pas tomber dans l’ornière du plagiat systématique et facile, de l’emprunt irréfléchi et inadapté du mode d’action de la foi d’autrui ? Bien sûr, nous pouvons être richement édifiés par la foi agissante de nos frères, en tirer des leçons et nous en inspirer Lorsque nous avons la certitude que dans telle ou telle situation, Dieu nous y invite. Quelques exemples nous aideront à saisir la portée de cette première affirmation dans la vie quotidienne :
Nous mentionnerons tout d’abord le double tranchant des biographies d’hommes et de femmes de Dieu qui ont marqué leur époque et leur environnement. Qui d’en tre nous n’a pas été édifié, encouragé ou repris à la lecture du récit de leur vie ? N’avons-nous pas plus d’une fois essayé de faire comme eux, d’utiliser « leur armure » en pensant que nous serions automatiquement bénis nous aussi, si nous utilisions « la même technique », le même « mode d’emploi » ? I1 est si facile de faire comme le serviteur d’Elisée qui travaillait avec un outil emprunté, une hache qu’il connaissait mal et qui n’était pas à sa main (2 Rois 6 : 4-7).
N’y a-t-il pas également une mise en garde à ceux qui parmi nous sont appelés à proposer et présenter à d’autres des méthodes de travail au niveau de l’évangélisation, de l’étude de la Bible, de la cure d’âme ? etc… Ce service est certes très utile et nécessaire. Dieu est un Dieu d’ordre, d’harmonie, et ne méconnaît pas la stratégie, bien au contraire! Toutefois la manière et l’esprit dans lequel ces méthodes sont présentées peuvent parfois laisser croire qu’il suffit d’appliquer. certaines recettes » à la lettre pour que « ça morde à tous les coups ». Le mode d’action de la foi ne doit jamais être dissocié de la vie de la foi, dont il est le prolongement visible. Par « vie de la foi », nous voulons parler de la relation intime permanente entre le disciple et son Maître.
Ces versets s’adressent encore au jeune grandissant au sein d’une famille de croyants authentiques, qui se contente de vivoter de la foi de ses parents, sans colonne vertébrale propre, et dont le réveil risque d’être brutal à l’aube de la vie adulte. Je pense aussi à telle épouse qui s’était appuyée durant de longues années sur la foi de son mari et qui connut une détresse spirituelle très profonde lorsque celui-ci lui fut brusquement enlevé. Elle me confia bien souvent par la suite comment il lui avait fallu alors développer une foi personnelle pour devenir à son tour une adulte en Christ. Et que dire du membre d’église qui emprunte sa foi à la communauté dont il fait partie ? Il dépose sa piété, comme une armure empruntée, à la sortie du culte pour la reprendre le dimanche suivant. Quant aux bergers du troupeau, qu’ils soient pionniers, évangélistes, pasteurs ou docteurs, ils ne sont pas pour autant à l’abri du danger! Le prétexte du manque de temps ne les conduit-il pas trop souvent à n’emprunter qu’aux Livres, commentaires théologiques et revues spécialisées, passant ainsi à côté de la recherche personnelle difficile, mais formatrice, du combat intérieur crucifiant lorsque la feuille reste vierge de notes et qu’approche l’heure de transmettre le message de Dieu ? Bien sûr, les écrits de frères compétents sont bien utiles dans la mesure où, tout en les consultant, nous ne faisons pas l’économie du coeur à coeur avec Dieu qui engendrera non sans larmes parfois, la parole et l’action de la foi appropriées. Tous sans exception, parents et enfants, disciples engagés, responsables de communautés et d’oeuvres, animateurs de clubs d’enfants et de jeunesse, nous courons le risque d’être défaits par l’ennemi comme l’aurait été David sans sa décision pleine de bon sens.
D’autres illustrations bibliques sont Là pour nous prouver l’importance de ce premier doigt de la main de la foi. Actes 19: 13-16 nous présente quelques exorcistes juifs qui tentaient de travailler en se servant d’une puissance empruntée à Paul, mais inconnue dans leur expérience propre. Eux aussi avaient revêtu une armure qui n’établit pas du tout à leur taille, pour s’attaquer aux « Goliath » dont un homme était possédé. Vous connaissez la suite tragique du récit. Elisée, serviteur expérimenté, ne tomba-t-il pas dans un piège de même nature lorsqu’il envoya Guéhazi muni de son bâton et de quelques recommandations vers le fils de la Sunamite mort depuis peu (2 Rois 4: 29-37) ? l’action de la foi « par procuration » amena l’échec. Le geste était insuffisant! Elisée avait surestimé Guéhazi et sous-estimé l’intensité du combat à livrer, la spiritualité de l’élève n’était pas à la hauteur de la difficulté, et le maître lui-même ne put passer à côté d’une bataille difficile, de l’exercice persévérant de la foi personnelle, d’une recherche de la solution dans la présence de Dieu. Il n’y avait pas de raccourci possible, pas de perte de temps évitable ». Or la mentalité de notre époque est celle de la superficialité, des raccourcis, des recettes « cuisine vite faite », de la rentabilité à tout prix, du travail en séries, de l’absence de réflexion personnelle. Elle déteint de plus en plus sur notre christianisme et nous pousse dans la direction d’une certaine « magie » de la foi, du « truc » pour aller plus vite, de la « recette rapide », là où Dieu attend de nous la recherche patiente de Ses méthodes dans un face à face permanent avec lui.
Quelles conclusion tirer à partir de cette première affirmation ?
– David était berger et a utilisé ses dons de berger. Plus tard, il plut à Dieu de faire de lui un guerrier renommé ; David utilisa alors ses dons de guerrier. le Seigneur nous appelle à mettre à son entière disposition les dons, les capacités qu’Il nous a accordés en propre.
– Soyons alors NOUS-MEMES dans la manifestation de notre foi. Acceptons nos limites comme nos possibilités (Ro. 12: 3). Dans 2 Sa. 12: 26-30, le général Joab a su faire preuve d’une attitude exemplaire. Il était prince et toute l’armée était derrière lui (cf. 19: 7); la gloire et la puissance suprêmes étaient à sa portée, l’autorité de David était affaiblie par sa chute. Joab aurait pu s’emparer du pouvoir à la faveur de sa victoire militaire. Mais, s’il se savait bon général en chef, il n’ignorait pas qu’il n’avait pas l’étoffe d’un bon chef d’Etat. Avec sagesse, il arrêta son action au niveau de ses capacités.
– Enfin, ne dissocions pas nos actes de foi quotidiens d’une vie spirituelle profonde, d’une relation intime et constante avec Celui qui désire les inspirer. Il est si facile de tomber dans le formalisme et le christianisme d’emprunt, les buts les plus nobles, recherche d’efficacité, de la meilleure stratégie, etc… peuvent engendrer les maux les plus douloureux, laissons le dernier mot à David dont l’attitude a inspiré mes propos: « Eternel ! je n’ai ni un coeur qui s’enfle, ni des regards hautains; je ne m’occupe pas de choses trop grandes et trop relevées pour moi, loin de là, j’ai l’âme calme et tranquille, comme un enfant sevré qui est auprès de sa mère » (Ps. 131: 1-2).
Message tiré de la revue INFO-FEF, avec l’autorisation de L’auteur.