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L’Afrique et la plolygamie

INTRODUCTION

   L’auteur de l’article qui suit, Mr. Kassoum KEITA, est président des églises évangéliques du Mali. Il est bien connu dans toute l’Afrique de l’Ouest. Son érudition et son témoignage seront d’une grande importance. Dans les pages qui suivent, il nous fait part de ses « remarques » et ne veut pas « produire un document catégorique ». Il précise ainsi qu’il présente sa manière de voir cette question. Cependant, son argumentation est basée sur la Parole de Dieu.

   En ce moment, les églises évangéliques d’Afrique (et l’église protestante n’est pas seule dans cette situation) sont agitées par diverses difficultés concernant la morale chrétienne et le cadre familial. La polygamie est une de ces questions, et peut-être la plus importante.

   Les éditeurs de PROMESSES partagent la manière de voir de M. KEITA àce sujet. Ils ne sont pas sans se rendre compte de la difficulté à résoudre. L’obéissance à la Parole n’est pas toujours facile, mais elle est la source de la bénédiction.

La Rédaction



Kassoum KEITA

   Le thème que nous allons traiter, s’il est important dans le cadre des Eglises d’Afrique, intéresse également les Eglises d’outre-mer: il s’agit de la polygamie.

   N’étant pas sociologue, je ne prétends pas produire ici un document catégorique sur le problème de la polygamie. En tant que pasteur et en tant qu’Africain, je livre simplement mes remarques en tenant compte de la conception divine.

   La polygamie a-t-elle toujours été appréciée par les populations afri­caines ?

   On découvre par une étude approfondie qu’elle a apporté des avan­tages matériels, mais aussi des inconvénients moraux. Evoquons d’a­bord les avantages matériels. Les femmes, nombreuses, ont effectivement constitué une excellente main-d’oeuvre en Afrique. En plusieurs régions d’Afrique occidentale, les femmes ont fourni un apport très important pour la production agricole. En effet, un homme qui épouse plu­sieurs femmes n’est plus seul dans son champ; la polygamie apparaît donc comme un avantage pour la vie rurale. Les femmes travaillent durement dans les champs, tout en s’occupant de la préparation des re­pas. Il se trouve ainsi que, dans presque tous les aspects de la vie, la femme est présente dans la vie de l’homme. La polygamie permet donc d’augmenter la production, mais cet avantage économique n’est cepen­dant pas son seul critère d’appréciation en Afrique.

   Il faut considérer aussi la satisfaction de la convoitise, l’envie de se distinguer des autres hommes et d’avoir beaucoup d’enfants. Les so­ciologues découvrent qu’en Afrique, l’idée d’avoir des enfants est plus importante que celle des liens du mariage. Ainsi, la femme devient un instrument dont on se sert pour satisfaire ses desseins et pour avoir des enfants. Ce qui importe, ce ne sont pas les moyens, mais plutôt le but, l’objectif. Pour le polygame, l’important n’est pas le lien qui l’atta­che à ses femmes, ce lien est fonction des objectifs qu’il s’est assigné.

   Il est un avantage, et non des moindres, que certains polygames ont souvent signalé ouvertement, c’est la satisfaction du désir sexuel. A cet avantage s’en ajoute un autre, celui de repas toujours assurés, mê­me lorsque l’une des femmes est fatiguée. Compte tenu de tous ces avantages, un polygame me disait: « Vous monogames, ne vivez pas tellement différemment des célibataires. Il suffit que votre femme soit malade ou accouche, pour que vous retombiez dans la vie des céliba­taires…». Encore une fois, la preuve nous est donnée que, pour le poly­game, tout doit tourner autour de ses intérêts personnels. La femme est un objet sans droits et sans volonté. Tôt ou tard, je l’espère, les femmes africaines comprendront ces choses et finiront par proposer la monogamie à l’Afrique.

   Je ne saurais terminer cette liste d’avantages empoisonnés sans ci­ter un de nos vieillards du fond de la savane, qui me disait ceci : « Mon enfant, l’émancipation de la femme africaine aura un effet terrible sur la société de demain. Si, comme tu le dis, chacun ne doit prendre qu’une seule femme, et si toutes les femmes sont libres, eh ! bien la débauche s’étendra à tous les recoins de notre continent. La vraie dignité d’une femme réside dans sa soumission à son mari. Et si plusieurs femmes sont réunies sous l’autorité d’un seul homme, il n’y aura aucune femme dans les rues, comme tu le vois aujourd’hui ». Pour ce vieux, la polyga­mie est donc le remède à la débauche.

   Je pourrais allonger la liste, mals je m’arrêterai ici. Tous ceux qui sont passés par la nouvelle naissance réaliseront qu’aucun de ces élé­ments ne peut résister devant la conception divine du mariage. A côté des avantages matériels existent aussi des inconvénients évidents que nous devons citer. Pour toute personne élevée dans une famille poly­game, je crois que ce serait trop blanchir le mur que de présenter la polygamie comme exempte de difficultés. En fait, les inconvénients étouffent les avantages!

   Regrouper plusieurs femmes sous la coupe d’un seul homme entraîne une situation difficile dans la pratique. Bien que des hommes de Dieu, tel que David, aient pratiqué la polygamie, rien dans la Bible ne nous indique, me semble-t-il, que ce fut sur ordre du Créateur qu’ils l’aient fait. Tout lecteur attentif des Ecritures relèvera sans peine que les po­lygames de l’Ancien Testament s’attachaient généralement à une seule épouse au mépris des autres. Cet état de choses a toujours provoqué dans la famille une atmosphère intenable. C’est pourquoi les mésenten­tes dans la famille polygame sont chôse permanente. Aucun polygame ne peut prétendre avoir résolu ce problème, bien que certains, très fins et très adroits, aient pu camoufler leurs difficultés aux autres. Tous cependant sont victimes d’une aigreur dangereuse pouvant même abou­tir à la folie. La plupart du temps, ils vivent mieux à l’extérieur de leur famille. Leurs enfants ne les voient à la maison qu’aux heures des re­pas, ou plus tard dans la nuit, ou alors le matin. C’est qu’ils respirent mieux ailleurs ! Les causeries interminables, les jeux de dames, les jeux de belote leur font oublier ce qu’ils refusent d’admettre. Que peut-il se passer dans une famille quand le mari est absent ? Dans le cas de deux épouses, le mari s’entend en général mieux avec l’une d’elles qu’avec l’autre. Il fait fi de ses défauts parce qu’il l’aime vraiment, tan­dis qu’il entretient une attitude hypocrite avec l’autre. Il est donc nor­mal qu’en l’absence du mari, du père de famille, cette dernière, au moin­dre geste, soit reprise par sa coépouse. La moins favorisée se trouve ainsi aigrie. Comment se fait-il, se demandera-t-elle, que cette femme qui est ici au bénéfice des liens du mariage tout comme moi jouisse de toutes les faveurs du mari ? L’on comprendra alors les discussions in­terminables entre les deux épouses. Ne peut-on pas appliquer ici la pa­role de Jésus-Christ qui disait: « On ne peut servir deux maîtres. On aimera l’un et l’on méprisera l’autre ». L’homme est en effet capricieux; il tente de concilier deux choses incompatibles. Chaque fois qu’il est mis au courant de la situation qui règne dans sa famille, seuls les dé­fauts de la moins favorite apparaissent à ses yeux. Dans le cas de plu­sieurs épouses, on remarque que celles-ci s’entendent deux à deux en­tre elles. Elles fondent ainsi des clans dans la famille et le mari a de sérieuses difficultés pour s’aligner sur tel ou tel clan. Perdant ainsi les commandes de son foyer, il le livre à toutes sortes d’influences. Il perd notamment tout contrôle sur l’éducation de ses enfants. Chaque femme essaie d’élever ses enfants à sa manière, comme bon lui semble. Ces enfants grandissent alors avec une haine terrible contre leurs demi-soeurs et leurs demi-frères. De plus, ils ne se sentent jamais chez eux. Manquant de la protection de l’amour paternel, ils ne voient en leur père qu’un tigre déchaîné. Habitués au spectacle de leurs marâtres fla­gellées de coups par leur père, de tels enfants souffrent de troubles affectifs. Ils savent qu’à part leur propre mère, ni leur père, ni leurs demi-frères, ni leurs demi-soeurs n’apporteront rien d’utile à leur vie. Il est clair qu’ils feront leur vie tout seuls. C’est d’ailleurs à cela que leurs mères les prépareront.

   Je ne voudrais pas évoquer ici toutes les difficultés auxquelles le polygame se trouve confronté, cependant permettez-moi d’ajouter que ces difficultés se trouvent amplifiées au niveau des polygames vivant dans les grands centres d’Afrique. Ceux qui sont riches arrivent certai­nement à joindre les deux bouts, mais il leur faut prendre des mesures sévères pour protéger leurs biens; même ainsi chaque femme tente de piller le mari au profit de ses propres enfants. Au niveau des petits fonctionnaires et des employés, la polygamie amène carrément la mi­sère. Le salaire ne suffira pas pour couvrir les besoins de trois ou qua­tre femmes. Il n’est donc pas surprenant de voir dans certaines famil­les des enfants très mal nourris et des femmes livrées à elles-mêmes, devant pourvoir à leur habillement et à celui de leurs enfants. Que fe­ront-elles pour arriver à leurs fins ? C’est donc pourquoi chaque femme doit se débrouiller seule. Considérant tous ces inconvénients, pouvons-nous réellement croire que la polygamie enraie la débauche? Bien sûr que non!

   Avec la polygamie, le mariage devient donc une hypocrisie caracté­risée. Point de franchise, point d’honnêteté entre époux et épouses. Quel drame! Un proverbe malien déclare: « Un vieux proverbe n’est pas forcément une vieille vérité ». La polygamie est une vieille coutume en Afrique. J’ai été personnellement élevé dans une famille polygame, c’est donc en connaissance de cause que je vous en parle. La polyga­mie est-elle pour autant une vieille vérité? Est-elle vraiment raisonna­ble? Tous les Africains élevés dans une famille polygame le diront: le contenu de la polygamie, c’est la haine et le manque d’amour, là où normalement on devrait le trouver en priorité. En effet, le couple n’est-il pas le berceau de l’amour? N’est-ce pas là qu’il se manifeste dans sa plénitude ? La polygamie vide le mariage de ce contenu, elle le défi­gure pour le perdre dans la confusion totale, loin de la conception divi­ne. Dans leur haine, des femmes n’hésiteront pas à éliminer physique­ment, c’est-à-dire à assassiner les enfants de leurs coépouses par em­poisonnement ou par les moyens de la sorcellerie. Ces choses sont bien connues de tous, en tout cas de ceux qui ont connu intimément des familles polygames.

   Les méfaits de la polygamie sont donc assez manifestes, et je ne pense pas que l’Afrique soit le seul continent à les avoir connus et vé­cus. Aussi je pense que la monogamie finira par l’emporter. Peut-on dire que la polygamie a toujours été appréciée en Afrique ? Les incon­vénients qui en découlent sont trop évidents pour qu’elle soit consi­dérée favorablement. Tous ceux qui ont eu la chance d’avoir des con­versations avec de vieux Africains sur ce sujet ont pu entendre de nom­breux exemples dont les conséquences ont été catastrophiques. Mal­heureusement, nos grands-pères et pères, tout en nous expliquant les méfaits de la polygamie, tout en les condamnant, ne l’ont jamais dé­conseillée pour autant. Peut-être les avantages matériels immédiats, mais éphémères, l’ont-ils emporté sur les conséquences dramatiques. Evidemment, toute règle comporte des exceptions. Il existe bien en Afrique des familles polygames paisibles et harmonieuses qui n’ont souvent rien à envier à des familles monogames, mais force nous est de reconnaître que ce sont là des cas rares.

   L’un des besoins de notre continent, c’est la délivrance qui se trouve en notre Seigneur Jésus-Christ. Cette délivrance nous permettra de sortir de beaucoup de pièges tendus par l’ennemi. Elle engendrera aussi un changement de mentalité que j’appellerai tout simplement une trans­formation.

   Peut-on placer la polygamie dans le cadre du retour de l’Afrique à ses sources ? J’avoue que je ne suis pas un homme ayant autorité sur ce thème. Je suis pasteur et en tant que tel, je parle des rapports qui de­vraient normalement relier l’homme à son Créateur. De nos jours, plusieurs tentatives se déploient effectivement autour de la négritude pour inciter les Africains à retourner à leurs sources. Aucun Africain élevé au fond de l’Afrique – et j’insiste sur ce point – ne peut con­damner cette philosophie et toutes ses tentatives. En effet, nous autres Africains, sommes fiers de notre passé, fiers de notre culture. Et nous sommes persuadés que la culture africaine n’a rien à envier aux autres cultures. Mais en tant que chrétien, je crois également que toutes les cultures se complètent, influent les unes sur les autres et doivent pou­voir coexister.

   Sans nous perdre dans des raisonnements philosophiques, reprenons tout simplement notre sujet. Peut-on placer la polygamie dans le cadre du retour de l’Afrique à l’authenticité ? Force nous est d’admettre que tout en Afrique n’est pas à conserver. Si l’Africain est fier de son passé, il reconnaît dans ce même passé des choses qui ont toujours retardé l’émancipation de son continent. Personne en effet ne voudrait encou­rager les guerres tribales qui pourtant relèvent de notre passé et de l’antiquité africaine. Il n’est donc pas réaliste de dire que la polygamie constitue forcément un retour de l’Afrique à ses sources. Oui, l’Afri­caint doit retourner aux sources, mais cela ne signifie pas un retour aux erreurs du passé.

   Il est vrai que les porteurs de l’Evangile nous ont apporté un peu de leur culture, ne serait-ce que l’habit européen, sans que ces choses aient un rapport quelconque avec la bonne nouvelle. Je sais aussi que certains missionnaires ont malheureusement prêché contre des élé­ments de notre culture qui n’avaient rien de contraire à l’Evangile. ils ont simplement jugé les choses d’après le critère de leur propre cul­ture. Par réaction, certains chrétiens africains rejettent maintenant tout ce qui vient de l’Occident et prêchent l’adaptation du christianisme à l’Afrique. Pour eux, la polygamie entre justement dans ce cadre. Je pen­se que le message de l’Evangile est tout-à-fait transmissible au travers de notre culture, laquelle devient alors un conduit par lequel l’Evangile peut passer. Je ne pense pas que cela signifie nécessairement un chris­tianisme africain soutenu par une théologie strictement africaine. Le message du Christ est le même pour tous les continents, mais bien qu’il se transmette à travers toutes les cultures, on ne doit pas le muti­ler pour le conformer à telle ou telle culture. Les exigences du Christ sont les mêmes pour le Noir, le Blanc ou le Jaune.

   « Aucun de vous ne peut être mon disciple s’il ne renonce à tout ce qu’il possède », a dit notre Seigneur Jésus (Luc 14: 33). « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il cesse de penser à lui-même » (Matthleu 16: 24). Paul disait: « J’ai renoncé à tout… » (Philippiens 3 : 8). Je peux donc dire que tout ce qui, dans la culture ou en lui-même, se révèle in­compatible avec les enseignements du Christ doit être abandonné par le chrétien. Accepter Christ, c’est nécessairement dire non à certaines choses. Nous ne devons pas chercher un compromis entre les exigen­ces du Seigneur et nos propres convoitises. D’ailleurs à quoi cela peut-il servir, sinon à nous mettre dans des situations fort embarrassantes. Si le Christ est allé jusqu’à dire: « L’homme quittera ses parents pour s’attacher à sa femme », ce n’est pas pour se détacher d’elle plus tard.

   Ainsi, comme je l’ai dit précédemment, tout ce qui dans la culture s’oppose à l’Evangile est à abandonner. Par contre, tout ce qui permet l’épanouissement de l’Evangile est à conserver. Quand on étudie objec­tivement la polygamie à la lumière des Saintes Ecritures, on découvre sans peine qu’elle ne permet pas à l’Evangile la plénitude de son ex­pression. En effet, c’est le couple que le Christ a choisi comme élément de comparaison de ses relations avec son Eglise. Dans l’épître aux Ephésiens par exemple, chapitre 5, versets 21 à 33, la femme est appe­lée à se soumettre à son mari (au singulier donc), comme l’Eglise est soumise à son Seigneur. Le mari est appelé à aimer sa femme comme Christ a aimé son Eglise. L’Eglise est unie au Seigneur, de même la femme est unie à son mari. Cette comparaison est difficile à appliquer à un polygame. Certains me taxeront peut-être d’extrémiste; je leur répondrai simplement que la non-observation de l’enseignement du Sei­gneur a des répercussions très graves et que l’on ne rencontre pas sou­vent le bonheur là où on le souhaiterait. Le malheur de nombreuses fa­milles découle d’un manque d’amour et de l’absence de respect mutuel. Combien de fois n’avons-nous pas été les artisans de nos propres ennuis ? Nous devons plutôt écouter le Seigneur et accepter le mariage comme une institution divine à honorer. « Que personne ne sépare ce que Dieu a uni » s’adresse en tout premier aux membres du couple. Ce­lui des deux qui déciderait de s’offrir à un autre sépare ce que Dieu a uni et trahit son partenaire. Nous considérons trop souvent que cet avertissement s’adresse à notre entourage, aussi nous ne voulons pas que quelqu’un s’ingère dans nos affaires pour tenter de nous diviser. Dieu a dit: « L’Eternel Dieu a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse à laquelle tu es infidèle » (Malachie 2:14). Nombreux sont les chrétiens qui ont compris cela et admettent que l’idéal est la mono­gamie. Pourquoi ne pas avouer que la volonté de Dieu est que chaque homme ait sa femme et que chaque femme ait son mari ? Les relations du couple illustrent éloquemment celles que Christ a avec son Eglise. Le Seigneur n’a pas plusieurs épouses, Il n’en a qu’une, c’est son Egli­se! Ainsi un homme qui a plusieurs femmes constitue une anomalie dans l’Eglise. Toutes les tentatives des fameux théologiens modernes pour légitimer cette anomalie vont à l’encontre de l’enseignement du Nouveau Testament. A moins de renier une grande partie de l’enseigne­ment biblique, la polygamie restera toujours à mon point de vue un élé­ment de corruption dans l’Eglise. Puisse l’Eglise du Seigneur prêter toute son attention à ce que dit le Saint-Esprit.

   Quelle attitude ou quelle position les Eglises d’Afrique noire peuvent-elles alors prendre vis-à-vis de la polygamie? Cette position est diffi­cile à définir. Ce n’est pas à dire que le Nouveau Testament nous laisse dans la confusion dans ce domaine, au contraire. Ce sont plutôt les leaders qui n’osent pas prendre position à cet égard. Ils ne sont pas d’accord sur les indications du Saint-Esprit. C’est dommage ! Pour cer­tains, le problème est sociologique, et un enseignement contraire dé­rangerait beaucoup de choses. Ils se trouvent donc devant un fait accompli qu’il faut tout simplement accepter. Tout avis contraire est taxé d’extrémiste. Pour d’autres, la polygamie est un péché grave qu’il faut combattre à tout prix; mais dans cette bataille, ils vont très loin. En général, ils distinguent deux cas: celui des hommes qui viennent à Christ en tant que polygames, et le cas de ceux qui, après leur con­version, contractent un second mariage du vivant de leur première épouse. Mon propos quant à moi porte sur la généralité de la polyga­mie dans l’Eglise. Je m’adresse à l’Eglise et non à l’extérieur de l’Eglise.

   L’apôtre Paul avait lui aussi été saisi d’un tel problème. C’est pour­quoi il dit: « Pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme et que chaque femme ait son mari. Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit et que la femme agisse de même envers son mari » (Corinthiens 7 : 2-3). Jésus a déclaré: « N’avez-vous pas lu que le Créateur au com­mencement fit l’homme et la femme et qu’Il dit: c’est pourquoi l’hom­me quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et les deux deviendront une seule chair, ainsi ils ne seront plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Matthieu 19 : 4-6). L’idée de la polygamie est exclue dans ce passage, mais du temps de Jésus, les Juifs croyaient avoir trouvé le « truc ». S’il était évident qu’on ne devait pas prendre beaucoup de femmes, on pouvait cependant répudier la première pour se remarier. A cela Jésus répond : « Celui qui répudie sa femme, sauf pour infidélité, et qui en epouse une autre, commet un adultère » (Matthieu 19 : 8-9). Les disci­ples de Jésus comprirent et conclurent: « Si telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier ». « Tous ne comprennent pas cela » leur dit le Seigneur. En effet, tous ne comprennent pas que la femme n’est pas un objet, une marchandise à échanger, que le lien du mariage est exigeant et que, dans ce domaine, chaque partenaire doit opérer un renoncement, faire don de lui-même. Tous ne comprennent pas que la femme a des droits que le mari doit respecter. Elle a le droit d’avoir un seul mari, d’être aimée et ptotégée par celui-ci. Certains chrétiens prétendent que l’apôtre Paul écrivait dans la lettre à Timothée: « Il faut donc que l’évêque soit irréprocha­ble et mari d’une seule femme » (1 Timothée 3 : 2), c’est qu’il y avait des polygames dans l’Eglise. Mais cet état de fait dans l’Eglise primi­tive est-il une raison valable autorisant les chrétiens à être polyga­mes ? Qui peut prouver que c’était là la volonté du Seigneur ? Si tel était le cas, cela constituait une anomalie fâcheuse et regrettable, puis­que l’apôtre Paul exigeait que les polygames soient écartés de la direc­tion de l’Eglise. S’ils étaient inaptes à un tel ministère, la preuve n’est-elle pas donnée que de telles situations ne devraient pas se répéter dans l’Eglise de Jésus ? Ce n’est pas seulement l’évêque qui doit être irréprochable, mais toute l’Eglise. Le Saint-Esprit travaille afin de pré­senter l’Eglise de Jésus-Christ irréprochable. Je vois, quant à moi, d’un mauvais oeil la polygamie dans l’Eglise. Si je dis dans l’Eglise, je veux parler de tous ceux qui ont déjà accepté Jésus-Christ, qui marchent sous sa bannière, qui sont ses disciples, pour ceux-là (polygames), il ne devrait pas être question de se remarier ou alors de se marier à plu­sieurs femmes.

   Je ne voudrais pas dire pour autant qu’un polygame ne devrait pas accepter le Seigneur et vivre sa foi dans l’état où il est venu à Christ. Je ne dis pas qu’il faille jeter à la mer tous les polygames qui accep­tent Jésus-Christ ou bien mettre leur foi en cause. Non, cette foi, je la respecte absolument, je la trouve valable, ces hommes sont mes frè­res et leurs épouses, si elles acceptent le Seigneur Jésus-Christ, sont mes soeurs. Mais leur situation est une anomalie dans l’Eglise. Elle n est pas conforme au caractère de l’Eglise. Toutefois, si notre Seigneur Jésus-Christ les accepta, l’Eglise devait également accepter les poly­games qui viennent à Christ tels qu’ils sont. Comprenez-moi bien, je ne dis pas qu’un polygame ne doit pas se convertir à Christ, mais qu’un enfant de Dieu ne devrait pas devenir polygame.

   Voilà ce que je voulais souligner en ce qui concerne ce thème ô ! com­bien important. Comme vous l’avez remarqué, j’ai voulu simplement attirer votre attention sur la gravité de ce problème, mais aussi sur le fait que c’est un problème complexe. Il préoccupe politiciens, philoso­phes et théologiens. Cependant, je n’ose pas me prononcer sur les dispositions à prendre à l’encontre des polygames, je vous l’ai déjà dit. Ici, le Saint-Esprit est la seule autorité capable de dicter à Son Eglise les dispositions à prendre, parce que capable de discerner réellement et convenablement. Les dispositions sont en général fonction des cir­constances et des situations. Le Seigneur nous traite toujours cas par cas. Il ne me traitera pas comme il vous a traité et il ne vous traitera certainement pas comme il m’a traité. Il respectera certainement ma personne, comme il respecte votre personne, tenant compte des cir­constances dans lesquelles nous évoluons.

   Je concluerai donc en disant que la polygamie n’est pas conforme aux enseignements du Seigneur Jésus-Christ et qu’elle prive l’Eglise d’excellents leaders. Ce n’est pas sous l’angle de la culture qu’il faut l’envisager, mais sous celui de l’Evangile. L’Eglise a plus à gagner dans la monogamie que dans la polygamie.

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