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L’apôtre Paul craintif

Il a été accordé à l’apôtre des manifestations nombreuses et évidentes de la puissance de l’évangile pour le salut des hommes. Certes, les motifs d’avoir confiance lui ont été prodigués. Malgré cela, Paul, pendant sa carrière de chrétien, a été assiégé de craintes réelles, toujours présentes à son esprit: craintes fondées, exigeant prières et veilles. « J’ai été parmi vous dans la faiblesse et dans la crainte » (I Cor. 2: 3). « Je crains que vous ne laissiez vos pensées se corrompre » ; « Je crains que je ne vous trouve pas tels que je voudrais » (II Cor. 11 : 3 et 12 : 20). Paul craignait constamment; ce sentiment était en relation toute particulière avec son travail pour l’évangile. Tout prédicateur désireux de suivre le Maître connaît les mêmes craintes. Il est, d’une manière toute spéciale, le point de mire de Satan, car il défie l’ennemi ; ce dernier cherchera évidemment à le faire taire ou tout au moins à rendre son message sans force.

Voici quelques craintes de l’apôtre:

« De peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même désapprouvé » (I Cor. 9 : 27). Il courait afin de remporter le prix (sa récompense); il asservissait son corps. Une conduite personnelle indigne, une vie non conforme à la vérité auraient amené sa déchéance, le retrait de sa mission ; sa lumière se serait éteinte, sa place comme prédicateur de l’évangile aurait été remise à d’autres. Nous sommes invités à la prudence: « Que celui qui croit être debout prenne garde qu’il ne tombe » (I Cor. 10: 12).

« Afin que je ne m’enorgueillisse pas de l’extraordinaire des révélations » (II Cor. 12: 7). Les visions et les révélations reçues de la part du Seigneur constituaient un véritable péril ; son succès était aussi son danger. Il dut avoir un « messager de Satan » pour le garder humble devant le Seigneur; une écharde lui fut envoyée pour le souffleter ! L’orgueil de bien parler est peut-être la faute la plus laide parmi celles qui peuvent atteindre le prédicateur. Peu y résistent – alors l’humilité, la qualité la plus prisée, en souffre et disparaît.., l’oeuvre périclite et se meurt.

Il craignait d’être une occasion de chute pour son frère (I Cor. 8: 13). L’influence du prédicateur est grande; non seulement ce qu’il prêche a de la valeur, mais ce qu’il fait porte aussi du fruit. Dans ce but, et dans ce but seulement, l’apôtre se restreignait, Il se privait de bonnes choses, de choses louables en elles-mêmes. L’exercice de sa liberté chrétienne ne devait pas être une occasion de chute « Que cette liberté ne devienne pas une pierre d’achoppement pour les faibles », car « Christ est mort pour lui ». Combien le prédicateur doit veiller à sa marche (car on l’observe), afin de ne pas faire tomber son frère (Matth. 18: 6).

« Afin que personne ne puisse dire que c’est en mon nom que vous avez été baptisés » (I Cor. 1 : 15). A Corinthe, quelques personnes disaient: « Je suis de Paul – et moi d’Apollos », etc. Pour éviter ce danger, Paul ne baptisait généralement pas lui-même. « Car, disait-il, nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais nous prêchons le Christ Jésus comme Seigneur » (II Cor. 4 : 5). Dans le travail pour Dieu, il est aisé de mettre en avant sa propre personnalité, de former un groupement autour de sa personne, d’attirer l’attention sur soi plutôt que sur le Seigneur. Car il n’est pas facile. pour un chrétien conscient de ses charismes et de ses capacités, de prendre en tout et partout une attitude non intéressée et de dépouiller le moi, afin d’être un canal spirituel d’où découle l’eau qui vivifie, et de dire avec Jean-Baptiste : « Il faut que lui croisse et que je diminue ».

« M’attachant à évangéliser, non pas là où Christ avait été prêché, afin que je n’édifiasse pas sur le fondement d’autrui » (Rom. 15 : 20). Il y a du travail pour tous les serviteurs, cependant le danger existe de jouir d’une renommée non méritée. Dans tel endroit, il est facile d’annoncer l’évangile, le défrichage est exécuté, le semeur est allé plus loin ; il y a peu à faire pour rentrer des gerbes, pour annoncer un résultat et s’en prévaloir. « Je me suis fait un point d’honneur de n’annoncer l’évangile que là où le nom de Christ n’avait pas encore été prononcé, afin de ne pas bâtir sur les fondements posés par un autre » (Rom. 15: 20), écrivait l’apôtre. Cela dit, nous n’oublions pas ce verset qui garde sa valeur: « Celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble » (Jean 4 : 36).

Il craignait de placer un obstacle à la proclamation de la bonne nouvelle de Christ. « Si nous avons semé pour vous des biens spirituels, est-ce beaucoup que nous moissonnions de vos biens matériels? » (1 Cor. 11 : 11-18). Ayant démontré son droit, le droit de vivre de son travail dans le domaine spirituel, l’apôtre y renonce.., pour garder sa liberté ? Par crainte d’être un obstacle à l’évangile ? Prêcher l’évangile sans frais était pour lui une source de satisfaction, Il ne voulait pas en rechercher une gloire quelconque, car il était obligé de le faire. « Malheur à moi si je ne prêche ». Sa récompense ? « C’est, en annonçant l’évangile, de l’offrir gratuitement ! ».
Peut-être la propagation de la bonne nouvelle n’eût-elle pas été si rapide parmi les hommes ? En général, il n’a pas été à l’avantage du christianisme qu’une classe d’hommes ait comme profession celle d’annoncer le salut éternel. Bien des messages ont été comptés comme étant sans valeur par des auditeurs incroyants parce que ceux qui prêchaient recevaient un salaire pour le faire : « Il n’est pas libre, il le fait par devoir ! ». A vrai dire, cela a été souvent une réflexion toute gratuite, mais la réflexion est restée et l’évangile en a souffert.

« Christ m’a envoyé.., pour évangéliser, afin que la croix de Christ ne soit pas rendue vaine » (I Cor. 1 : 7). Il insiste sur ce point, il était déterminé à « ne savoir qu’une chose : Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié ». Sa prédication n’était pas faite avec éloquence, mais c’était « une démonstration d’esprit et de puissance », afin que la foi des hommes ne se fonde pas sur une sagesse d’homme, mais sur la puissance de Dieu. il craignait ainsi de mettre de côté la force inhérente à l’évangile. il est, hélas, facile de faire un discours qui plaise aux oreilles des auditeurs. La croix de Christ peut être dépeinte de telle façon qu’elle signifie tout autre chose. Une croix sur laquelle le sang n’a pas coulé n’est pas la croix de Christ ! Le message reste alors sans effet. Le scandale que suscite la mort du Fils de Dieu sur une croix est écarté et la prédication d’un Christ crucifié demeure sans objet.

Le porteur de la bonne nouvelle a là à sa disposition une arme qui est la puissance de Dieu pour le salut éternel. Si cette arme est sans force entre ses mains, il doit en rechercher la raison avec larmes; il doit sonder ses voies, examiner ses actes et son message. il se rendra ainsi compte que sa prédication est vaine ou pas.



« Ceux qui sèment avec larmes

Moissonneront avec chants de triomphe.

Il marche en pleurant,

Celui qui porte la semence pour la répandre

Mais il reviendra en poussant des cris de joie,

Quand il portera ses gerbes ! » (Ps. 126).
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