Dossier: L'autorité
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L’autorité dans la cité

Je vous propose d’aborder ce sujet à partir de deux épisodes tirés des Évangiles et deux paragraphes des épitres de Paul. Nous y trouverons des éléments de réponse autour de quatre thèmes :
• Autorité et humilité
•Autorité pour faire grandir
•Autorité au travail
•Autorités civiles respectées

Autorité et humilité  (Matthieu 8.5-13 et Luc 7.1-10)

L’exemple du Christ et le témoignage du centurion nous donnent une bonne introduction sur le sujet de l’autorité dans la cité : Quelle que soit notre position, nous sommes confrontés à l’autorité, celle à laquelle nous sommes soumis et celle que nous exerçons.
– Le centurion représente l’autorité de Rome, la puissance qui s’est imposée aux Juifs ; mais il nous impressionne d’abord par son humanité : en parlant de son serviteur, il dit qu’il est : « horriblement tourmenté » (Mat, version Darby ) et Luc précise que cet esclave lui « était fort cher ». Il demande de l’aide au Seigneur en sa faveur. Ces expressions soulignent l’intérêt et l’affection qu’il porte à son serviteur.
-Il nous donne ensuite un exemple d’humilité : Le centurion exprime avec délicatesse ce qu’il pense de Jésus : « Seigneur, ne te donne pas de fatigue » (Luc) et « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit » (Mat), tandis que les Juifs disent de lui : « il est digne que tu lui accordes cela ». Il ne met pas non plus en avant la généreuse construction de la synagogue qu’il a effectuée (Luc). Ce sont les Juifs qui s’en chargent.
– Le centurion sait que son autorité est sous contrôle : « je suis un homme placé sous l’autorité d’autrui, ayant sous moi des soldats. » Son autorité commence par la soumission. C’est la première chose qu’il a en vue. Il sait qu’elle lui a été conférée, déléguée et qu’il ne peut l’exercer sur ses hommes que dans le respect et la soumission à l’autorité supérieure. Quelle marque d’humilité chez cet homme !
Cette très belle perspective, exemple pour nous, le garde du risque d’abus d’autorité. Il sait que ses faits et gestes à l’égard des personnes qui lui sont confiées ne peuvent s’écarter de la ligne qui lui est impartie par ses supérieurs. Dans une entreprise, on appelle cette notion en anglais, « compliance » ou le respect du code de conduite. Quand un cadre fait preuve d’abus d’autorité, ou s’il va jusqu’à exercer des pressions voire du harcèlement, il s’écarte des règles de son entreprise et se met lui-même en porte-à-faux, car il n’est plus soumis à la volonté de la direction générale. Certaines firmes ou institutions proposent des canaux de communication pour le signalement de telles attitudes. C’est une bonne chose que nous puissions réagir quand une personne en position d’autorité perd de vue le principe vécu par le centurion : « je suis un homme placé sous l’autorité d’autrui. »
– Enfin le centurion est un exemple de foi, de confiance : non seulement voit-il en Jésus celui qui a le pouvoir de dire une parole pour guérir son esclave, mais il est persuadé qu’il va le faire et que le serviteur sera guéri, tout comme l’obéissance de ses soldats à ses ordres ne fait aucun doute. « Je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : viens, et il vient et à mon esclave : fais cela, et il le fait. » Pour cet homme, indigne de déranger le Christ, l’accomplissement de sa demande, est évidente du moment que Jésus en donne l’ordre. Jésus « s’en étonna » (Mat) et « l’admira » (Luc) et dit «Je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi » (Mat. 8.10).
Ce récit nous aide à vivre l’autorité de façon saine :
• Pas d’autorité sans humanité. L’autorité ne doit pas s’exercerait de façon cruelle.
• Pas d’autorité sans humilité. Si nous devons exercer l’autorité, elle ne doit pas nous monter à la tête, et nous ne devrions pas jalouser ni encenser ceux qui sont au-dessus de nous.
• Pas d’autorité sans contrôle et soumission à une autorité supérieure.
• Pas d’autorité sans confiance que les ordres donnés vont être exécutés.

Autorité pour faire grandir (Matthieu 17.24-27)

La scène des didrachmes illustre bien le fait que celui qui exerce l’autorité se doit de faire grandir ceux sur lesquels il l’exerce.
Dans cet épisode, Pierre est pris de court par une question des receveurs et répond avec assurance que son maître paye bien l’impôt du temple. Jésus n’est-il pas exemplaire en toutes choses ? Mais Pierre a parlé un peu vite en supposant que Jésus payait cet impôt inventé par les Juifs et qui n’était pas prescrit par la Parole de Dieu. Jésus exprime alors son autorité vis-à-vis du temple et des collecteurs d’impôts : Il est Fils. Il n’a pas besoin de payer.
Il montre aussi son autorité vis-à-vis de Pierre : il est le maître. Une fois en privé, à la maison, il ne laisse pas le sujet non traité, mais prend les devants pour expliquer délicatement et avec fermeté, que son disciple s’était aventuré sur un terrain qu’il ne connaissait pas. Il l’accompagne dans la compréhension : « de qui les rois reçoivent-ils des tributs ou des impôts, de leurs fils ou des étrangers ? » et tire la conclusion « les fils en sont donc exempts » (Mat 17.25-26).
Elle s’accorde d’ailleurs à la déclaration majestueuse que Pierre avait faite peu avant : « tu es le Christ, le fils du Dieu vivant» (Mat 16.16).
Au lieu de faire des reproches à Pierre et de le laisser dans le regret ou les excuses, Jésus le fait grandir : tout en maintenant sa prééminence « donne-le leur pour moi », il élève son disciple du rang d’étranger au rang de Fils du roi en disant : « Afin que nous ne les scandalisions pas » et en ajoutant « et pour toi » (Mat 17.27).
À cet instant, Jésus dévoile sa gloire de créateur ayant toute autorité sur la nature et les poissons. Celui qui peut dire « Tout animal de la forêt est à moi, les bêtes sur mille montagnes » (Ps 50.10), commande au poisson qui porte une pièce de monnaie à Pierre. Puis, dans son humilité, Jésus voile à nouveau sa gloire et se soumet volontairement au paiement de l’impôt.
Nous retrouvons dans ce texte le lien entre humilité et autorité et nous y voyons le désir de faire grandir ou de développer ceux qui nous sont confiés.
L’Éternel dit au roi David : « Tu paîtras mon peuple Israël, et tu seras prince sur Israël » (2 Sam 5.2). Le prince doit d’abord être le berger, celui qui nourrit et fait grandir.
On peut remarquer que l’origine étymologique du mot français autorité est le latin auctoritas, capacité de faire grandir, issu du verbe « augere », « augmenter ». Toutefois, notre étude étant fondée sur des textes originaux grecs, cette remarque n’a que valeur mnémotechnique.

Autorité au travail  (Colossiens 3.22-25)

La clé de ce passage sur la soumission des esclaves à l’autorité de leurs maîtres se trouve dans l’expression : « ne servant pas sous leurs yeux seulement, comme voulant plaire aux hommes, mais en simplicité de cœur, craignant le Seigneur » (Col 3.22). Le texte s’interprète dans le contexte de l’époque où l’esclavage était pratiqué. L’Évangile n’avait pas pour vocation première de modifier l’ordre social. Dans l’église, deux frères convertis étaient parfaitement égaux, même si à la maison l’un était l’esclave de l’autre. On peut appliquer ce passage à toutes les situations de notre quotidien, où nous avons une personne placée au-dessus de nous et pour laquelle nous accomplissons des tâches, que la personne en question soit croyante ou incrédule. Dans le monde du travail, la majorité d’entre nous avons un supérieur hiérarchique. Quelle est notre perspective ? Accomplissons-nous notre mission pour lui plaire ou en ayant le Seigneur devant nos yeux ? Tout change. Le travail me parait-il difficile, le délai trop court ? C’est pour le Seigneur que je me donne de la peine. Les tâches sont-elles répétitives, voire ennuyeuses ? Elles prennent une autre dimension, si elles sont offertes à notre maître céleste. Ai-je tendance à bâcler ou à ne pas prêter attention à la qualité, tandis que mon chef aime aller dans les détails et je le trouve trop perfectionniste ? Mais que pense le Seigneur de la qualité ? N’aime-t-il pas la profondeur, le soin, la beauté ? Sommes-nous stressés par la compétition, la pression des résultats à atteindre ? Relisons la phrase : «Comme voulant plaire aux hommes » et plus loin : « quoi que vous fassiez, faites-le de cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes, sachant que du Seigneur vous recevrez la récompense » (Col 3. 24). Avons-nous reçu une prime ou une augmentation de salaire ? Si oui, l’avons-nous reçue de la main du Seigneur ? Lui avons-nous dit merci ? Ou bien sommes-nous surtout sensibles au regard des autres et au fait de plaire aux hommes ?
Et si nous avons la responsabilité d’une équipe, nous essaierons de montrer un bon exemple dans la relation que nous entretenons avec notre propre supérieur. Nous éviterons de mettre en avant la compétition malsaine, la politique obscure, la superficialité, les demi-vérités ; mais nous rechercherons l’excellence, la qualité, la transparence, la confiance.
Tout change dans le monde du travail quand nous voyons les choses comme nous l’enseigne l’apôtre.

Autorités civiles respectées  (Romains 13.1-7)

« Que toute âme se soumette aux autorités qui sont au-dessus d’elle ; car il n’existe pas d’autorité si ce n’est de par Dieu ; et celles qui existent sont ordonnées de Dieu » (v. 1).
Le Nouveau Testament utilise le même mot « autorité », en grec « exousia », cette fois au pluriel pour désigner dans le passage de Romains 13 les autorités politiques et judiciaires.
Le principe de base est que la source fondamentale de l’autorité est en Dieu et que lui seul est en mesure de la déléguer à des hommes. Même si ces derniers en abusent ou en font mauvais usage, leur autorité est permise par Dieu et nous devons toujours reconnaître la main de Dieu derrière les autorités. « Celui qui résiste à l’autorité, résiste à l’ordonnance de Dieu ; et ceux qui résistent feront venir un jugement sur eux-mêmes » (v. 2). Dans le cas général, l’autorité installée par Dieu se comporte bien, et les sujets qui se comportent mal, ou qui résistent, sont réprimandés. Ce jugement est légitime et sera subi par le chrétien insoumis. Il existe évidemment un cas particulier, illustré dans le livre de Daniel, quand Shadrac, Meshac et Abed-Négo refusent de se prosterner devant la statue de Nébucadnetsar. Ici, l’autorité installée par Dieu se comporte de façon orgueilleuse et commande quelque chose de clairement opposé à la foi. Les fidèles résistent à l’autorité, désobéissent, mais en assument les conséquences : « Notre Dieu que nous servons, peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent (mais ils ne se permettent pas de le lui imposer !), et il nous délivrera de ta main, ô roi ! » (quoiqu’il en soit, fût-ce par la mort dans la fournaise. Dan 3.17). Pierre confirme ce principe : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Act 5.29) ; « Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu » (Act 4.19). Dans le cas particulier des autorités s’opposant frontalement aux enseignements de l’Écriture, le chrétien est appelé à résister, en obéissant à Dieu plutôt qu’aux hommes, ce qui le conduira parfois à subir des souffrances.
Dans le cas général, la soumission aux autorités administratives, législatives et judiciaires est la marque de la confiance du chrétien en son Dieu souverain, « car ils sont ministres de Dieu s’employant constamment à cela même » (v. 6). Le chrétien peut voir chaque représentant des autorités dans l’exercice de sa fonction, comme un serviteur du Seigneur. C’est donc par égard pour Dieu que nous payons nos impôts sans tricher, que nous validons notre titre de transport : « à qui le tribut, le tribut, à qui le péage, le péage », que nous respectons les policiers, les soldats, « à qui la crainte, la crainte », que nous honorons le président, le gouvernement, le maire « à qui l’honneur, l’honneur » (v. 7).

Conclusion

En résumé, on peut retirer de notre parcours à travers ces textes les éléments d’information suivants, qui ne se veulent pas exhaustifs :
• L’autorité est établie par Dieu, dans la société civile, comme dans le monde du travail.
• Ses dépositaires doivent être humains, humbles, exemplaires, soumis eux-mêmes à des contrôles et ils doivent faire confiance à leurs subordonnés, qu’ils prennent soin de faire grandir.
• Nous nous soumettons à l’autorité avec respect et empressement, car nous le faisons pour la gloire du Seigneur, notre vrai et seul Maître.
• En cas de contradiction absolue entre les ordres des autorités et ceux du Seigneur, nous le suivons, lui, quitte à en subir les conséquences.

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Jean Frédéric
Frédéric Jean habite à Düsseldorf (Allemagne) depuis vingt ans ; il travaille comme cadre dirigeant dans une grande entreprise d’adhésifs. Avec son épouse, Isabelle, ils ont six fils. Il participe à l’enseignement biblique oral et écrit.