Dossier: Miraculeux dites-vous ?
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Le baptême du Saint-Esprit

Où situer le baptême du Saint-Esprit dans le temps ?

Voyons d’abord la place qu’il occupe dans le temps. Il n’est pas superflu de redire qu’il est mentionné dans chacun des Évangiles et dans le premier chapitre des Actes toujours au futur : « Il vous baptisera ». Mais après Actes 1, il n’est plus jamais vu autrement que dans le passé. Or, voici que la Bible situe ce baptême dans le passé des croyants, même des croyants jeunes dans la foi comme ceux de Corinthe. Et non seulement ils avaient été baptisés dans l’Esprit, mais ils l’avaient tous été.

S’il existe un tel baptême qu’un chrétien ne posséderait pas et devrait essayer d’obtenir, sûrement qu’il y aurait quelque Écriture pour le dire et quelques passages exhortant à le rechercher et à le recevoir, mais on n’en trouve aucun. Alors que Dieu exhorte à tout mettre en œuvre en vue :
• d’être rempli de la plénitude de l’Esprit (Éph 5.18),
• de s’efforcer de conserver l’unité de l’Esprit (Éph 4.3),
• de ne pas attrister l’Esprit (Éph 4.30),
• de marcher selon l’Esprit (Gal 5.16,25),
• de ne pas éteindre l’Esprit (1 Thes 5.19).

Jamais on ne trouve une exhortation semblable pour le baptême de l’Esprit. Aucune recherche, aucune « attente » n’est recommandée. Ce baptême est comme le mariage ou le salut, il se vit tous les jours sans plus jamais être contracté, ni recherché.
À l’Église de Corinthe, qui vivait bien en-dessous du niveau normal de la vie chrétienne, Paul a écrit : « Vous avez tous été baptisés dans un seul Esprit… ». Le temps employé exclut toute possibilité d’erreur quant au moment et à l’événement visé. Matthieu, Marc, Luc, Jean et Actes 1 regardent en avant ; 1 Corinthiens 12.13 regarde en arrière. Où les deux se rejoignent-ils ? Sans contestation possible, à la Pentecôte.

Une deuxième expérience ?

Stuart Olyott explique d’une façon imagée pourquoi le baptême du Saint-Esprit ne peut pas être une seconde expérience qui suppléerait à la première.
Il en est, dit-il, de la nouvelle naissance comme de la naissance physique ; lorsqu’un bébé vient au monde, il y vient au complet, il ne lui manque rien.
Ces tout petits pieds sont encore si petits, mais ils seront peut-être ceux d’un athlète ; ces petites mains deviendront peut-être celles d’une infirmière ou d’un grand chirurgien ; ce petit cerveau dans cette petite tête encore toute fripée sera peut-être celui d’un illustre mathématicien. Serions-nous moins complets et aurions-nous moins de possibilités lorsque nous naissons d’en-haut, non de la volonté d’un homme mais de Dieu ? Notre Père céleste nous aurait-il moins bien faits que nos parents terrestres ? C’est ce que certains voudraient nous faire croire. Ils viennent voir le bébé et nous disent : « Oh, mais il lui manque les poumons, ou le foie, ou un rein. Mais ce n’est rien, venez chez nous, on va lui en greffer un ! » Quand Dieu nous régénère par sa Parole et son Esprit, il ne crée pas des avortons. Rien ne manque au nouveau-né spirituel et surtout pas le baptême du Saint-Esprit par lequel se forme l’unité de la famille divine (1 Cor 12.13). « Nous avons tout pleinement en Christ » dit Paul (Col 2.10), et nous l’avons tous dès notre nouvelle naissance, mais il va falloir le développer par tout ce que la Parole de Dieu est pour nous : lait, pain, et viande « jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus […] à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Éph 4.13).

Le but du baptême du Saint-Esprit

C’est ce but qui va achever de nous démontrer au-delà de tout doute, qu’il ne peut s’agir d’une deuxième expérience. Nous allons nous en expliquer en suivant le même cheminement que pour le baptême d’eau, lequel est :
• annoncé dans les Évangiles,
• pratiqué dans les Actes,
• expliqué dans les Épîtres.

Il en va de même pour le baptême de l’Esprit. Lui aussi est annoncé sans explication dans les Évangiles ; il est vécu dans le livre des Actes comme l’expérience initiale du croyant ; il est expliqué dans les Épîtres. À vrai dire, il faut mettre Épîtres au singulier car, dans le Nouveau Testament, la seule explication qui nous soit donnée de ce baptême se trouve dans 1 Corinthiens 12.13. Elle est là, seulement là et nulle part ailleurs. D’où l’importance capitale que revêt ce verset, lequel, dans mes discussions avec mes amis pentecôtistes, a toujours été passé sous silence.

Voyons de plus près le but du baptême du Saint-Esprit. Qu’en dit l’apôtre des nations sous l’inspiration de l’Esprit : « Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour… » Oui, mais pourquoi ?
• Pour avoir accès aux dons de l’Esprit ? Non
• Pour accéder à une édification personnelle ? Non
• Pour parler en langues ? Non
• Pour avoir « plus » que les autres croyants ? Non
• Pour avoir un témoignage plus puissant ? Non

Alors, pour quoi ? Il suffit de lire : « pour que les Juifs et les Grecs forment un seul corps ». Voilà le but : former ce corps en y introduisant ceux qui vont le constituer, c’est-à-dire des hommes et des femmes de toutes langues (Juifs et Grecs) nés de nouveau par le Saint-Esprit. Il n’est guère dans tout le Nouveau Testament de vérité exprimée plus simplement et qui soit plus facile à comprendre que celle-ci. J’ai fait tous les efforts pour essayer de le comprendre autrement sans toutefois y arriver.

Ce qui m’a grandement surpris dans de nombreux commentaires que j’ai pu consulter, c’est un oubli d’autant plus étonnant qu’il a une importance capitale pour la compréhension du texte. Dans les vingt premiers mots qui font l’essentiel du verset, il y en a quatre, soit un cinquième du texte, qui sont comme oubliés par certains exégètes : « soit Juifs soit Grecs ». Cette expression nous ramène à Jérusalem au jour où Pierre explique la convergence des langues et du baptême qu’ils viennent de recevoir, par cette citation : « Je répandrai de mon Esprit sur… les Juifs seuls ? » Non ! « Sur toute chair » veut dire sur des gens de toute condition, tant Juifs que Grecs. Le terme « Grecs », englobant tout ce qui était non juif, ces quatre mots nous conduisent à nouveau à la vision de Pierre, laquelle avait une portée équivalente au parler en langues. Le « soit Juifs soit Grecs » nous fait saisir que le baptême dans l’Esprit, c’est plus que l’entrée du croyant dans le corps de Christ, c’est l’entrée des croyants de toute langue (Juifs et Grecs) et de toute condition (esclaves ou libres). 1 Corinthiens 12.13 se lit : « Nous avons tous, Juifs et Grecs été baptisés dans un Esprit pour former un seul corps » ou mieux encore : « C’est pour former un seul corps que, Juifs et Grecs, nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit ».
C’est cela que les Juifs ne voulaient pas croire : que les étrangers, les Grecs, les barbares, les autres langues, en un mot les païens, formaient avec eux une entité nouvelle : l’Église. Ainsi replacé dans son contexte, rien ne s’oppose à ce qu’on évoque les langues étrangères quand on parle du baptême du Saint-Esprit, pour autant que l’on sache ce qu’il est vraiment. Car le baptême de l’Esprit, c’est l’entrée des langues de toute chair dans ce grand mystère qu’est le Corps de Christ. C’est ce que dit Paul : « C’est pour former un seul corps que nous tous, gens de toute langue (soit Juifs soit Grecs), nous avons été baptisés dans un seul Esprit ». C’est ce que Paul dit ailleurs d’une façon beaucoup plus étendue : « C’est pourquoi, vous autrefois païens dans la chair […] souvenez-vous que vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ. Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation, l’inimitié […] il a voulu créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau, en établissant la paix, et de les réconcilier avec Dieu l’un et l’autre en un seul corps, par la croix, en détruisant par elle l’inimitié. Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient près ; car par lui les uns et les autres nous avons accès auprès du Père par un même Esprit. Ainsi donc vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors, mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu » (Éph 2.11-19). « À moi qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d’annoncer […] le mystère caché de toute éternité en Dieu » (3.8-9). Quel mystère ? Écoutons la réponse du même Paul en Éphésiens 3.6, puis en 1 Corinthiens 12.13 : « Ce mystère c’est que les païens forment un même corps ». Maintenant, que chacun réponde à cette question : Comment Dieu appelle-t-il l’action, par laquelle le Saint-Esprit forme ce nouveau Corps désormais composé de Juifs et de non-Juifs ? La seule réponse possible est le baptême du Saint-Esprit ! « C’est pour former un seul corps que soit Juifs soit Grecs nous avons été baptisés dans un seul Esprit ».
C’est ça le baptême du Saint-Esprit et je suis surpris que bon nombre de commentateurs évangéliques ne l’aient pas vu. Certes, ils visent dans la bonne direction mais ils ne sont pas au centre de la cible.

Les dernières paroles de Jésus

En Actes 1.4-8 on trouve une remarquable suite de versets qui, dans leur enchaînement logique, expliquent la même vérité avec les mêmes éléments.
Ce sont les dernières paroles de Jésus sur cette terre, d’où leur importance, et elles ont trait au baptême du Saint-Esprit. Il suffit de suivre le texte dans l’ordre où il a plu à Dieu de le donner pour découvrir la pensée du Seigneur sur le sujet.

« Comme il se trouvait avec eux, il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il, car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours vous serez baptisés du Saint-Esprit ».
Devant l’imminence et l’importance de ce grand événement, les apôtres réagissent conformément à leur sentiment nationaliste. « Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » Voilà leur idée de l’événement : Israël, toujours Israël et rien qu’Israël. Cette idée étant la négation de l’étendue internationale du baptême de l’Esprit, le Seigneur les tance assez vertement : « Il leur répondit : Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité ». Il leur montre par là que le baptême du Saint-Esprit, c’est tout autre chose que la restauration d’Israël. Dans la phrase qui suit, il leur dit que ce qui constitue l’essence même de ce baptême, c’est sa dimension multi-linguistique : « Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités du monde ».

Magistrale description prophétique que nous a laissée notre Seigneur, laquelle confirme l’extraordinaire unité doctrinale de sa Parole. Ainsi donc, à quelque texte auquel on tente de faire appel, le baptême du Saint-Esprit n’est en aucun cas une deuxième expérience, non seulement parce que la Bible n’enseigne nulle part qu’il faille le rechercher, mais parce que, dans son essence, il ne peut l’être. Il a deux phases, comme le symbolisme du baptême d’eau expliqué par Paul en Romains 6 : la mort et la résurrection.
Phase 1 : la mort au péché en disparaissant dans l’eau.
Phase 2 : la résurrection avec Christ en nouveauté de vie en ressortant de l’eau.

Il en va de même du baptême de l’Esprit :
Phase 1 : la multiplicité des langues dresse les hommes les uns contre les autres. Ces différentes langues ainsi que ceux qui les parlent sont immergés dans le Saint-Esprit qui les absorbe. Les différences et les privilèges meurent plongés dans ce bain de la régénération (Tite 3.5).
Phase 2 : en sortir en nouveauté de vie pour parler un autre langage que celui de la division, mais au contraire celui de l’unité du corps : « pour former un seul corps » !
Là, où des gens se convertissent aujourd’hui, l’Esprit saint poursuit son œuvre de la même façon. Il plonge, dans son baptême intérieur et spirituel, le problème des langues (soit Juifs soit Grecs) et celui des classes sociales (soit esclaves soit libres). Tels des matériaux aux propriétés différentes, sous l’effet de ce bain de la régénération, ils se fondent et s’unissent pour former un nouvel alliage qui est l’Église.

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Dossier : Miraculeux dites-vous ?
 

Legrand Fernand
Fernand Legrand (1927-2010) est né en Belgique. Suite à sa conversion, il débute un ministère d’évangéliste qui le conduira dans de nombreux pays francophones. Après plusieurs années dans divers milieux pentecôtistes, il questionnera certaines pratiques et en tirera un livre Tout savoir sur le parler en langues dont nous reproduisons ici un condensé de son chapitre sur le baptême du Saint-Esprit.