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LE CHANGEMENT. POUR OU CONTRE ?

Actes 11.1-18

L ‘homme est parfois réticent devant le changement. à l’extrême, cette attitude peut mener jusqu’au blocage. Il est plus facile, quand une habitude s’est bien installée, de la conserver plutôt que de la changer et de développer de nouveaux comportements. Le changement peut parfois apporter des progrès et, en le refusant, on se prive malheureusement d’améliorations.

Parfois, les circonstances nous imposent des changements que nous n’aurions pas souhaités : maladies, perte d’un emploi ou autres raisons. Il peut s’ensuivre des situations de vie douloureuses. Mais la grâce abondante de Dieu réconforte tôt ou tard le croyant ainsi éprouvé.

Conséquence du changement

Une conséquence du changement est de favoriser l’émergence de deux camps. Cela se voit clairement dans le texte proposé à votre lecture. Certains sont défavorables au changement : ils croient que l’état ancien qui a prévalu pendant longtemps est préférable et qu’il faut le maintenir ; ce sont les conservateurs. D’autres sont favorables au changement : ils en aperçoivent les conséquences avantageuses et désirent aller de l’avant dans cette voie ; ce sont les novateurs.

On ne constate pas seulement ce phénomène dans la Bible, mais d’une manière plus générale dans la vie : en littérature, la « querelle des anciens et des modernes » en est l’illustration. On peut trouver d’autres exemples en pédagogie, en économie, en politique. Disons d’emblée que les novateurs n’ont pas toujours raison — ni les conservateurs d’ailleurs. Chaque circonstance mérite d’être examinée pour elle-même.

Un bouleversement sans précédent…

Dans notre texte, au premier siècle, un énorme changement a lieu, un bouleversement sans précédent. Jusqu’alors, presque exclusivement, le message du salut était annoncé par des Juifs en faveur de Juifs. Cela peut paraître arbitraire, mais Dieu, dans sa souveraineté et dans le déroulement de son plan de salut de l’humanité, en avait décidé ainsi.

Dès le livre des Actes (ch. 10 et 11), tout change : le salut, la grâce deviennent accessibles aux représentants de toutes les races et de toutes les nations. La Révélation n’est plus la propriété exclusive des Juifs. C’est le sens fondamental de la vision de Pierre, et ce sont ces nouvelles dispositions qui l’ont conduit chez le Romain Corneille dans un évident souci d’évangélisation. Dans un premier temps, les leaders de la proclamation du salut vont rester juifs ; un nouvel apôtre, juif encore, va émerger, mais cela ne durera pas et les non-juifs vont prendre le relais. Ainsi Dieu en a décidé et si cela ne plaît pas à certains circoncis de Jérusalem, cela ne changera en aucun cas la volonté de Dieu. C’est grâce à ce changement du premier siècle que nous existons aujourd’hui en tant que croyants et en tant que communauté locale.  

Et l’église ?

En ce qui concerne les églises, qu’en est-il des changements ? Comment les négocier ? Faut-il, en 2006, s’attendre à un bouleversement comme au premier siècle ? Ou au maintien du statu quo ? Ou seulement à des adaptations mineures ? Si oui, lesquelles sont-elles acceptables, lesquelles sont-elles à rejeter ? Dans quelle mesure certains changements peuvent-ils être bénéfiques ? Il faut se poser ce genre de questions et trouver des réponses valables, c’est-à-dire en accord avec la volonté de Dieu. Selon les réponses que l’on donne à ces questions, on obtient les différents types d’églises que nous connaissons.

Le fait suivant est acquis : aujourd’hui, l’évangile est destiné à toutes les races, les nations. Il est impossible de remettre cela en question. Mais le problème demeure : L’Église de 2006 doit-elle fonctionner comme celle de 1950 ou même de 1920 ?   Je ne crois pas que cela soit possible. Bien sûr, une Église forte et fidèle doit être ancrée sur la Parole. Mais sous un autre aspect, son fonctionnement doit tenir compte de la société dans laquelle elle s’insère, sans en accepter évidemment les défauts et les tares. Sinon, elle n’a plus d’impact, devient un bocal étanche et manque son but.

Les Amish ont voulu refuser le changement dans l’Église et maintenir à tout prix la règle d’origine. Le résultat est une absurdité : habits sans fermeture éclair,   téléphone au fond du jardin et petites carrioles noires trop souvent renversées par une voiture dans le ravin, cheval et passagers parfois en piteux état.

Qu’est-ce qui doit être changé aujourd’hui ?

Je suis ici en terrain exploratoire et propose quelques idées pour faire avancer le débat.

L’utilisation des médias modernes peut être une aide (par exemple : la vidéo, l’ordinateur, Internet, la transmission par satellite, l’appui de l’audio-visuel pour les prédications et l’enseignement).

Avec sagesse, il est certainement possible d’introduire dans l’Église quelques techniques de marketing pour améliorer l’efficacité de son témoignage et de son impact. Toutefois, lorsque certains suggèrent d’introduire dans l’Église des modèles tirés du néo-libéralisme, je reste très réservé : j’estime que les abus dénoncés par l’apôtre Jacques (Jac 5.1-6) se retrouvent bien souvent dans ces pratiques.

La mobilité a fait de grands progrès. Faut-il maintenir trois ou quatre églises difficilement viables dans un rayon de 30 km ? Une restructuration ne serait-elle pas envisageable ? Elle permettrait des économies et libérerait des fonds pour d’autres projets.

Je ne vois aucun mal à améliorer l’aspect convivial des églises. Certaines le font déjà. Une collation à la fin du culte enlève une certaine rigidité à l’assemblée et favorise les contacts et la fraternité.

La musique et l’église: un cocktail explosif

Si l’on parle de changement, un des points les plus sensibles actuellement, c’est certainement la musique.

J’ai beaucoup de peine avec quelques formes actuelles de musique chrétienne très rythmées et excessivement amplifiées. Peu doué dans ce domaine, je suis souvent dans l’incapacité de chanter certains cantiques, tout simplement parce que je ne peux pas maîtriser leurs rythmes trop saccadés pour moi. Mais est-ce que j’ai le droit, à 65 ans, de décréter, comme je l’ai déjà entendu, que seule la musique des années 1950, voire 1920, est spirituelle ? Bien sûr que non !

L’Écriture fixe une norme pour la musique utilisée dans les églises (Éph 5.19 ; Col 3.16). Elle doit être spirituelle. La règle est simple, mais son   application est difficile. Ne serait-il pas possible de promouvoir un groupe de travail composé de jeunes fidèles et consacrés responsables de jeunesse et d’anciens à l’esprit ouvert pour se pencher sur cette question importante et trouver des solutions approuvées d’En-Haut ? Mais je ne peux pas affirmer d’emblée que la musique de ma génération est plus spirituelle que celle des nouvelles générations. Et comment juger de la spiritualité des musiques chrétiennes africaines rythmées à souhait et qui ne sont pas basées sur nos gammes ? Mais la norme subsiste. Une musique qui n’est pas spirituelle n’a pas sa place dans l’église. Qu’on le veuille ou non, à l’avenir, il y aura encore des changements dans les styles musicaux, et beaucoup d’incompréhensions.

Je n’ai pas de solution miracle à proposer au sujet de la musique d’église, mais je désire vous raconter une expérience. En 2000, mon épouse et moi avons assisté aux États-Unis à la Conférence Générale des Églises des Frères de la Grâce (Fellowship of Grace Brethren Churches). Comme nous, ces chrétiens ont aussi des problèmes entre jeunes et vieux au sujet de la musique. Voilà comment ils ont essayé de les résoudre. Lors des réunions, un chef dirige une chorale et un orchestre avec amplification (trop forte à mon goût). Certains cantiques sont modernes et très rythmés, mais je dois reconnaître qu’ils ne manquent pas de dignité. Cependant à chaque réunion, on chante aussi un ou deux cantiques anciens parmi les plus fameux du riche répertoire évangélique anglophone. On respecte ainsi les goûts des jeunes, mais aussi ceux des personnes plus âgées. Je ne vois pas comment faire autrement… car on a besoin de la nouvelle génération. Sans elle, pas d’avenir !

Après ces quelques suggestions de changements possibles, voyons maintenant l’autre aspect de la question.

Qu’est-ce qui ne peut pas être changé ?

À nouveau, j’exprime quelques idées sans prétendre à l’infaillibilité.

L’enseignement, la doctrine de Jésus-Christ sont intouchables sous peine que nous devenions infidèles, voire hérétiques.

Doivent garder une place prépondérante dans les églises la Parole de Dieu, la croix de notre Seigneur et son œuvre rédemptrice .

L’esprit de disciple doit être renforcé : la consécration et son prix à payer sont incontournables.

La vie de prière, personnelle et collective, doit être encouragée.

La libéralité, la solidarité, la pratique du témoignage, l’évangélisation, la famille restent des valeurs qui ne peuvent pas être remises en question.

Conclusion

Faut-il appuyer les novateurs dans leurs recherches pour améliorer les méthodes des églises afin qu’elles soient plus efficaces, aient un meilleur impact et portent des fruits plus abondants ? Ma réponse est non si les messages bibliques deviennent plus superficiels, moins profonds, moins puissants que ceux des serviteurs de Dieu qui nous ont précédés. Ceux-ci d’ailleurs n’étaient pas parfaits et ont eu leurs faiblesses. Elle est franchement oui, si la croix de notre Seigneur continue d’être présentée dans la puissance du Saint-Esprit. Dans ce cas, il est possible d’accepter certains changements qui améliorent l’impact, le témoignage, le rayonnement de l’église locale. On ne peut pas se passer de la nouvelle génération, elle doit trouver sa place dans l’église, sinon cette dernière risque tout simplement de mourir, ce qui est tragique. Mais cette dernière pensée est écrite sans tenir compte de la grâce parfois surprenante du Seigneur tout-puissant…

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Aellig Gilbert
Instituteur, G. Aellig se convertit en 1952. Formé à l'Institut Biblique de Genève, il travaille 14 ans dans une mission en République Centrafricaine, d'abord comme enseignant, puis comme responsable, avec son épouse, des cours bibliques dans les écoles gouvernementales de la capitale Bangui. Il sert ensuite 20 ans comme pasteur dans une assemblée suisse de l'Alliance Biblique, avant de goûter à la retraite.