Dossier: Travail et chomage
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Le chômage, qu’en dit la Bible ?

Le chômage est un phénomène relativement récent à l’échelle de l’humanité et une difficulté caractéristique des économies dites développées. Si la Bible parle d’un jour chômé ou non-travaillé chaque semaine, elle ne parle pas directement du phénomène du chômage tel que nous le vivons aujourd’hui. Par contre, elle traite de divers thèmes connexes comme la pauvreté, l’oisiveté et l’immigration économique.

1.  Le chômage : qu’est-ce que c’est ?

 Le chômage est l’état d’inactivité d’une personne souhaitant travailler. Ce concept est relativement moderne. Nous ne disposons pas de statistiques pour le mesurer dans l’Antiquité. Dès le XVIIIe siècle, en Grande-Bretagne, ce phénomène est thématisé et commence à être suivi. La division du travail engendrée par la révolution industrielle conduit un nombre sans précédent de personnes désireuses de travailler à se retrouver sans emploi.

Dans l’Égypte, la Grèce et la Rome Antique, pour lutter contre le phénomène de la pauvreté, on envoie les pauvres créer des colonies et travailler le sol pour se nourrir. Puis, au Moyen Âge, les riches et l’Église fondent des hospices où les pauvres sont reçus par charité. La Réforme protestante bouleverse cette conception : en effet la charité envers les pauvres n’est plus considérée comme un moyen de salut pour les riches. Dès lors, on distingue les pauvres méritants (ceux qui souhaitent travailler, mais ne le peuvent pas) et les pauvres non méritants (ceux qui ne veulent pas travailler). Enfin, lors de la révolution industrielle, la pauvreté prend une ampleur dramatique et au fil des ans, les États engagent des moyens toujours plus considérables pour lutter contre ce phénomène qui atteint un nouveau pic dans les années d’entre deux guerres (1930). Aujourd’hui, au sein de l’Union Européenne, on estime le nombre de chômeurs à près de 25 millions, soit un taux de chômage supérieur à 10%.

2.  Un jour chômé

 Après avoir créé les cieux et la terre en six jours, le texte biblique nous précise que « Dieu […] se reposa au septième jour de toute son œuvre qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée en la faisant. » (Gen 2.2b-3) Dieu créée lui-même l’absence de travail, un jour chômé, dans le but de se reposer ! Dans le décalogue, Dieu prendra soin de transmettre à l’homme cette loi : « Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier […] Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage […] » (Ex 20.8-10) Le chômage biblique est donc bienfaisant car il permet à l’homme d’imiter Dieu en se reposant. Cette absence de travail au moins un jour par semaine est nécessaire. Est-ce que nous savons entrer dans ce projet de Dieu pour nous ?

3. Chômage et pauvreté

Diverses situations peuvent causer la pauvreté. Dans le cadre de cet article, nous nous bornerons à traiter la pauvreté liée à un manque de travail. La perte d’un emploi signifie également une perte de revenu. Dans un pays sans système d’aide, c’est une perte de revenu totale, tandis que dans un pays qui dispose d’allocations chômage, le revenu connaîtra, certes, une baisse, mais devrait être suffisant pour mener une vie simple. Toutefois, à un moment donné, si le travailleur n’a pas retrouvé un emploi, les indemnités seront épuisées et c’est alors l’aide sociale qui permet au sans-emploi de vivre avec, souvent, un revenu plus bas encore. En conséquence, le plus souvent, chômage rime avec pauvreté. Nous comprenons bien alors le proverbe : « Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, accorde-moi le pain qui m’est nécessaire. » (Pr 30.8) Si le riche court le danger de s’appuyer sur ses richesses plutôt que sur Dieu, le pauvre pourrait être tenté de voler pour avoir de quoi manger et s’aigrir contre Dieu. Dans une telle situation, combien est légitime la prière à Dieu de nous accorder le pain qui nous est nécessaire ! Comme membres du corps de Christ, nous avons également une responsabilité vis-à-vis des pauvres (Lév 25.35 ; 1 Cor 12.25-26), particulièrement vis-à-vis de nos frères et sœurs dans la foi (Gal 6.10). Dans l’Église primitive, à un certain moment, les veuves étaient négligées (Act 6.1-6). Elles ne pouvaient plus compter sur le travail de leur mari décédé et devaient élever leur famille tout en s’adonnant aux tâches de la maison. Sept hommes (des diacres) furent alors choisis pour la délicate tâche de venir en aide aux veuves, et celles-ci purent enfin goûter aux bienfaits de la solidarité chrétienne au sein de leur église locale. Aujourd’hui, dans nos églises, nous préoccupons-nous de ceux qui sont touchés par la pauvreté, les chômeurs par exemple ?

4. Chômage et oisiveté

La Parole de Dieu nous invite à être des travailleurs consciencieux (Pr 22.29 ; 2 Thess 3.8) et non des paresseux : « La paresse fait tomber dans un profond sommeil, et l’âme négligente aura faim. » (Pr 19.15, Darby) Le chrétien ne devrait donc jamais se faire licencier pour de graves manquements de conscience professionnelle ou pour paresse excessive. Rechercher l’état de chômeur pour recevoir des indemnités sans travailler n’est pas plus à la gloire de Dieu ! Et lorsque l’on est au chômage, c’est un défi d’occuper sainement ses journées. Ayant été chômeur durant quelques mois, je me rappelle de la difficulté à structurer mes journées et à ne pas tomber dans la paresse. L’exemple de Ruth est parlant ; veuve, elle aurait pu s’apitoyer sur son sort. Sans ressources, elle choisit pourtant d’aller glaner aux champs et de ramasser les quelques épis tombés derrière les moissonneurs (Ruth 2.2-7). Intelligemment, elle utilise ainsi le temps à disposition pour se nourrir et nourrir sa belle-mère. Fuyons donc l’oisiveté et si le chômage nous frappe, demandons à Dieu la force pour utiliser utilement notre temps et ne pas tomber dans la paresse.

5. Chômage et immigration économique

Tout au long de la Bible, les récits d’immigration sont nombreux. Principalement à cause des guerres et des persécutions, mais parfois aussi à cause de la famine. Le manque de ressources en Canaan conduit Jacob à ordonner à ses fils de se rendre en Égypte pour y chercher de quoi nourrir la famille (Gen 42.1-6). La famine persistante et la présence de Joseph en Égypte conduisent finalement au déménagement de toute la famille de Canaan en Égypte (Gen 45.5-11). Si aujourd’hui la famine n’est pas la principale cause d’immigration, les difficultés économiques, la guerre, le manque de travail dans certains pays, conduisent de nombreuses personnes à déménager. Ces flux migratoires se font parfois même à l’intérieur d’un pays : d’une zone économique sinistrée à une zone où davantage de travail est disponible. La Parole de Dieu nous invite à recevoir l’étranger : « Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l’opprimerez point. » (Lév 19.33) L’accueil de l’étranger, une des expressions de l’amour de notre prochain, est hautement valorisé par Jésus lui-même dans le N.T. (Matt 25.35-43). Dans quelle mesure exerçons-nous cet accueil ?

6. Conclusion

Le chômage, grand fléau de ce siècle, donne l’occasion à nos caractères d’être formés par Dieu. Ainsi, pour ceux qui ont la chance d’avoir un travail, il est bon de rappeler que Dieu a prévu un jour de repos. Pour ceux qui n’en n’ont pas, Dieu rappelle que l’oisiveté doit être proscrite. Par ailleurs, le chrétien doit être conscient de la détresse que peut provoquer ce fléau ; par la pauvreté, par l’immigration économique avec toutes les pertes de repère qui en découlent. Au final, le chômage n’est-il pas pour tous les croyants une occasion de mettre en pratique les enseignements de Jésus ? « Seigneur, quand t’avons-nous vu ayant faim, ou ayant soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne t’avons-nous pas assisté ? Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne les avez pas faites. » (Matt 25.44-45)

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Bourgeois Nathanaël
Nathanaël Bourgeois est membre de la rédaction de Promesses et Président de la Fondation Promesses. Il est impliqué dans l’enseignement biblique au sein de son église locale à Ballaigues, auprès de la jeunesse et dans la formation biblique « Byblos » en Suisse romande.