Dossier: Le chrétien et la politique
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Le chrétien avec les étrangers

En France, on a coutume de dire que si on ne veut pas gâcher l’ambiance d’un repas familial, il ne faut pas parler de politique. Depuis quelques mois ou années, on pourrait dire aussi qu’il ne faut pas aborder le sujet de l’immigration ! Même entre chrétiens ayant une pensée commune sur de nombreux sujets, on trouve des divergences de vue importantes quand on parle immigration. Et pourtant, il nous faut bien, non seulement réfléchir à ce sujet, mais aussi pouvoir échanger avec d’autres, sous peine de rester avec nos convictions personnelles empreintes d’idées reçues. Et ce, d’autant plus qu’en tant que chrétiens, nous devons essayer de comprendre comment notre foi va influer sur ce sujet.

L’immigration, un sujet politique…

Bien que ce numéro de Promesses soit consacré à la politique, il est impensable dans ces lignes de prendre parti politiquement. C’est un sujet éminemment complexe. Les guerres civiles (en Syrie, au Soudan, en Afghanistan, etc.), les désordres climatiques, l’extrême pauvreté, la persécution religieuse, poussent beaucoup de personnes hors de leur pays . Et si beaucoup de migrations ont lieu entre pays du Sud, celles qui vont du Sud vers le Nord amènent notamment les pays d’Europe à des prises de position diverses, depuis l’accueil « à bras ouverts » à la fermeture des frontières. Cette situation entraîne des tensions internes aux pays concernés mais également entre les différents États. On constate la montée du nationalisme et l’avènement au pouvoir de partis d’extrême droite.
Le sujet est également brûlant dans certains quartiers où il y aurait beaucoup à dire sur le manque d’intégration d’une partie de la population, sur le communautarisme parfois indéniable, sur l’avancée de l’islam, etc.
Mais si ce n’est pas le lieu pour prendre position par rapport aux choix politiques des différents gouvernements, ni pour dicter un choix politique personnel à quiconque sur ce sujet, est-ce une bonne excuse pour ne rien en dire ?

… mais également un sujet d’éthique personnelle

Si nous ne cherchons pas à nous dédouaner de nos responsabilités de chrétiens face à ce sujet, Dieu nous montrera quelle attitude avoir, en commençant par nous changer nous-mêmes.
En premier lieu, nous pouvons prier pour tous ces gouvernements qui sont devant des choix difficiles, voire cornéliens.
En second lieu, n’abordons pas seulement le sujet d’un point de vue théorique et extérieur à nous : nous resterions froids et distants. Abordons-le d’un point de vue pragmatique et personnel : quelle personne d’origine étrangère est-ce que je côtoie quotidiennement ou ponctuellement ? –quelle attitude ai-je envers elle ? D’un coup, le sujet va nous concerner davantage ! Et nous aurons peut-être à reconsidérer certaines de nos positions…

Un sujet à examiner à la lumière de la Parole

Dès la Genèse, Dieu prend le parti du plus faible, de celui qui a moins. C’est ainsi qu’il demande au peuple d’Israël de faire attention au pauvre et à l’étranger : « Vous traiterez l’étranger en séjour parmi vous comme un indigène au milieu de vous ; vous l’aimerez comme vous-mêmes » (Lév 19.34). Pourtant il est surprenant de voir certains chrétiens montrer un racisme évident envers les personnes d’origine étrangère. Peut-être pourraient-ils relire les mentions de l’étranger dans l’A.T. et les instructions que donne l’Éternel à leur sujet.
Pour autant, si Dieu mentionne à plusieurs reprises les droits des étrangers sur le sol israélite, il n’oublie pas de rappeler leurs devoirs : « Vous aurez la même loi, pour l’étranger comme pour l’indigène » (Lév 24.22). Que cela nous incite à être équilibrés, en leur rappelant parfois les règles de vie de leur pays d’accueil.
Il est aussi instructif de voir l’attitude de notre Seigneur Jésus envers les personnes étrangères au peuple élu. Il n’hésite pas à s’entretenir avec une femme samaritaine, ce qui était choquant pour un Juif de cette époque (voyez la réaction de ses disciples quand ils le voient avec elle, Jean 4.6-42).Alors, si notre Seigneur n’hésitait pas à se « compromettre » avec des étrangers qui sommes-nous pour les éviter, les mépriser, voire les rejeter ?

Un sujet sur lequel mettre notre foi en pratique

L’un des premiers mots qui nous vient à l’esprit au sujet des étrangers est « différence ». Bien sûr, entre compatriotes, nous constatons une grande variété entre nous mais ces disparités peuvent être encore plus fortes quand nous sommes de pays différents, voire très éloignés. Mais acceptons de nous laisser déranger dans nos habitudes et ce sera un bon exercice pour manifester notre foi pratiquement :
  •  En manifestant l’amour envers notre prochain qui nous est ordonné par le Seigneur. Lorsque la Parole nous demande d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, il ne s’agit pas seulement de celui qui nous ressemble…
  •  En ne jugeant pas hâtivement et sur l’apparence. Les différences de culture ou d’éducation nous égarent parfois sur les intentions de nos interlocuteurs. Par exemple, dans certaines cultures, il est habituel de rire lorsque l’on est gêné, ce qu’en tant que Français nous pourrions prendre dans certaines situations pour de la moquerie.
  •  En cherchant à découvrir les qualités de quelqu’un, en passant outre ce qui nous rebute au départ. Cela prendra peut-être plus de temps que pour quelqu’un qui nous ressemble davantage, mais si nous avons vraiment envie de nouer une relation profonde, nous découvrirons des « perles » dans l’être intérieur d’une personne vers qui nous ne serions pas allés spontanément.
  •  En ne nous immisçant pas abruptement dans la vie de personnes dont nous ne sommes pas proches. Quand nous faisons connaissance avec un étranger, assez vite nous voudrions comprendre pourquoi il a émigré et nous aurions tendance à apprécier les raisons de son départ à l’aune de nos propres critères. Gardons-nous de le faire car cela touche à son intimité et peut faire resurgir des souvenirs douloureux. C’est seulement quand une relation de confiance s’est nouée que ce sujet viendra peut-être.
  •  En témoignant de notre foi chrétienne auprès de personnes d’horizons très variés et que nous n’aurions jamais rencontrées si elles n’avaient pas immigré dans notre pays. Une des conséquences bénéfiques de ces flux de populations est le fait que des musulmans venant de pays fermés à l’Évangile vivent maintenant dans des pays où ils peuvent entendre la Bonne Nouvelle librement, occasion dont beaucoup de chrétiens ne manquent pas de profiter !
  •  En aidant les étrangers concrètement (cours de français, distribution alimentaire, etc.), si nous nous sentons appelés à cela. Notre mobile est notre amour pour Dieu et pour notre prochain et nous « prêchons » donc l’Évangile ainsi. Notre rôle sera peut-être simplement de faire changer de regard les musulmans : ils se méprennent souvent sur les chrétiens, qu’ils assimilent aux Occidentaux, qui selon eux ne croient pas en Dieu.
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Au lieu de le voir comme une menace pour nous, regardons l’étranger comme notre prochain et nous serons surpris de tout ce qu’il nous apporte !
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Dossier : Le chrétien et la politique
 

Prohin Anne
Anne Prohin, mariée et mère de deux filles adultes, est collaboratrice de la revue Promesses. Orthophoniste de forma- tion, elle a interrompu son activité professionnelle il y a 20 ans pour s’im- pliquer bénévolement auprès des immigrés dans une association locale ainsi qu’à la Gerbe (association humanitaire chrétienne) où elle donne des cours de français langue étrangère.