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Le défi chrétien

Les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance au Christ 2 Cor 10,4-5

L’apôtre se sait impliqué dans un combat gigantesque. Aux Ephésiens, il décrit les armes dont la puissance divine peut renverser des forteresses. Mais qu’entend-il par ces forteresses ? Le texte cité en exergue montre qu’il s’agit de fausses idées, de raisonnements qui combattent la connaissance de Dieu, d’où les efforts pour soumettre toute pensée aux exigences de Christ.

Comment Paul s’y est-il pris? Il vaudrait la peine de le suivre de plus près à Athènes où il mit publiquement en question la manière de penser des habitants, puis à Ephèse où il discutait pendant une année et demie dans l’école de Tyrannus avec les nouveaux convertis, ensuite à Césarée où il parla d’abord en privé au gouverneur Félix de justice, de jugement et de maîtrise de soi, et où il dut, deux ans plus tard, se défendre devant Festus et Agrippa de l’accusation d’être fou en affirmant qu’il disait, au contraire, des paroles de vérité et de bon sens.

Mais j’aimerais ici cerner la tournure d’esprit qui est celle de Paul. Ce qui frappe d’emblée, c’est que Paul lance un défi. Il sait à quel point les fausses idées peuvent enrôler les gens dans un tissu de mensonges, et il refuse de laisser les hommes prisonniers du mensonge. Avec courage et hardiesse, il demande, au nom de Christ, qu’ils soient libérés de ces forteresses qui les enferment.

Non seulement je crois que c’est là la seule attitude chrétienne face aux fausses idées, qu’elles soient de nature religieuse ou non, qu’elles prônent l’humanisme sans Dieu ou la théorie de l’évolution selon laquelle la vie serait un produit du hasard et que l’homme n’aurait pas besoin de Dieu.

Mais je crois aussi que l’attitude de défi qui était celle de Paul est la seule attitude chrétienne authentique face au mal moral et son corollaire de pratiques immorales. Ces pratiques, disait Jésus, proviennent du coeur, elles s’installent dans nos pensées et deviennent une réalité malfaisante dans le monde.

Il nous faut donc, tout comme il nous faut nous opposer aux fausses idées, nous opposer aussi à leur mise en pratique: meurtre, vol, licence sexuelle, viol, corruption, chantage…

L’Histoire offre de nombreux exemples de résistance à des pratiques iniques et pernicieuses et de leur abolition à l’instigation d’hommes de foi. Il en fut ainsi de l’esclavage en Amérique du Nord et dans l’empire britannique de l’ignoble coutume infanticide à l’égard des filles nouveau-nées pratiquée encore au 18e siècle du rite satî aux Indes, qui voulait que les veuves s’immolent sur le bûcher funéraire de leur mari (ce rite est évoqué dans le film « The Far Pavillons » présenté en français sous le titre « Le palais des vents », je crois).

Pourquoi des hommes de foi, parmi eux maints missionnaires, ont-ils protesté contre ces pratiques néfastes? Leur conscience et leur connaissance de la Bible témoignaient que Dieu les avait en abomination. Ils ont réagi en authentiques chrétiens en protestant et en défiant les forces du mal qui étaient à l’oeuvre. Ils étaient parfaitement conscients qu’il fallait combattre, non seulement les idées erronées et mensongères, qu’elles fussent d’ordre religieux ou non, en annonçant l’Evangile avec ses exigences de justice et d’équité, mais aussi, et tout autant, les pratiques malfaisantes qui en résultaient.

Et nous? Ne vivons-nous pas dans une culture qui se paganise de plus en plus? N’assistons-nous pas à des maux encore plus détestables que ceux évoqués plus haut? Que dire de l’avortement, ce massacre des innocents pratiqué sur une échelle d’envergure effrayante? Plus de deux millions de bébés non encore nés ont été assassinés aux Etats-Unis depuis la proclamation du décret permettant l’avortement en 1967 – cela vous dit quelque chose?

Pratiquement chaque avortement consiste soit à démembrer les petits corps en formation (méthode d’aspiration), soit à empoisonner et brûler ceux qui sont déjà trop développés pour cela : ils sont tués et naissent en enfants mort-nés. Et ce ne serait pas de l’assassinat, du meurtre prémédité ?.

Je suis d’accord qu’il n’est pas agréable de parler de tout cela, pas plus que de l’holocauste juif – et cependant on en parle ! Nous nous sommes promis de ne plus jamais permettre de telles horreurs dans la société humaine. Nous nous sommes demandés pourquoi les chrétiens de ce temps-là, qui pourtant en avaient connaissance, n’ont pas énergiquement réagi en manifestant leur désaccord, en lançant un défi pour combattre le mal! Je sais, il y a eu des réactions chrétiennes, mais il n’y a pas eu la levée de boucliers à laquelle on aurait pu s’attendre de la part d’une Eglise qui aurait dû être authentiquement chrétienne…

Et nous aujourd’hui? Qu’avons-nous fait, que faisons-nous face au massacre des innocents par avortement? Nous avons même réussi à rationaliser la chose, tout comme ce fut le cas pour l’esclavage, en disant par exemple que la Bible n’était pas claire sur le sujet.

En fait, la Bible est parfaitement claire : Dieu créa l’homme à son image (Gen 1.26). Il ressemble donc à Dieu en ce qu’il est une personne capable d’aimer, de créer et de jouir de la beauté. Chaque être humain, loin d’être seulement un objet dans le monde, doit être traité comme ayant une valeur qui est égale à Dieu (je dis bien valeur, et nullement grandeur, bien entendu). L’homme a été fait pour avoir une relation personnelle et individuelle avec Dieu. Jésus l’a clairement dit: Si vous n’avez pas fait cela à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait (Mat 25.45). Logiquement, Jésus nous interdit même de parler contre cette image de Dieu qu’est l’homme: Celui qui lui dira : Insensé! [ou: Idiot!] sera passible de la géhenne du feu [l’enfer] (Mat 5.22). Jacques amplifie: Par la langue, nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle, nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction, il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi (3.9-10). Combien plus condamnable donc de répandre le sang innocent, de prendre la vie à un être qui doit refléter l’image de Dieu, de commettre un assassinat, acte qui est interdit et condamné sans restriction dans la Bible entière ! Qu’y-a-t-il de plus innocent qu’un enfant non encore né?

Rappelez-vous ces paroles magistrales de Jésus: Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas, car le royaume de Dieu est pour leurs pareils (Marc 10.14). Est-il possible de raisonner sérieusement que cela ne s’applique pas à un enfant qui n’est pas encore né ? Aurions-nous oublié que le Fils de Dieu fut conçu en tant qu’homme dans le sein de Marie ?…

Non, tous les raisonnements par lesquels on voudrait faire croire que la Bible n’est pas claire au sujet de la criminalité de l’avortement sont sans aucune valeur; pire, ils sont pervers ! Ils contredisent de manière flagrante que la Bible reconnaît une valeur humaine à l’embryon, sans parler du foetus : Avant que je ne te forme dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu ne sortes de son sein, je t’avais consacré… (Jér 1.5). Citons encore ces paroles ô combien significatives: Est-ce moi qui ouvrirais le sein maternel pour ne pas laisser enfanter ? dit l’Eternel ; moi qui fais enfanter, empêcherais-je de naître? dit ton Dieu (Es 66.9). Si Dieu lui-même n’envisagerait jamais une interruption de grossesse, à plus forte raison l’homme!

Il est tout aussi inacceptable de défendre 1’avortement à partir d’un sentiment de compassion pour la mère. Non qu’il soit concevable de refuser la compassion ou l’aide aux femmes qui se trouvent dans des situations dramatiques, par exemple à la suite d’un viol. Nous avons à les secourir et à les aider pratiquement par tous les moyens à notre disposition. Quant à celles qui, ayant déjà subi un avortement, sont dans la désolation, nous avons à les orienter vers le Christ où elles trouveront pardon et nouvel espoir. Mais en aucun cas est-il admissible d’abandonner le principe absolu du principe de l’inviolabilité de la vie humaine. Jamais la compassion ne saurait être une excuse pour tuer une vie humaine.

Non seulement la Bible est-elle tout à fait claire à ce sujet, mais nos consciences aussi, du moins si nous prenons la peine de regarder le problème de plus près. L’avortement est un mal bien plus effrayant que l’esclavage ou le satî, et nous avons à secouer la torpeur qui nous paralyse. Les jours passent et nous avons tous, moi y compris, à nous repentir sérieusement.

Je ne puis m’empêcher ici de citer les paroles que Winston Churchill lança en 1938 après le pacte de Munich agencé par Neville Chamberlain: « Il faut que le peuple comprenne que nous avons essuyé une défaite sans guerre, que nous avons pris un tournant aux conséquences désastreuses dans l’Histoire de notre pays et que les paroles sinistres que voici ont été prononcées contre les démocraties occidentales: Tu as été pesé dans la balance et tu as été trouvé insuffisant (Dan 5.27, Dhorme). Et ne vous imaginez pas que c’est tout! Ce n’est que le commencement du règlement de comptes. Ce n’est que l’avant-goût du calice amer qui nous sera présenté, année après année, à moins que, par un regain suprême de santé morale et de vigueur martiale, nous nous relevions et prenions, comme d’antan, position pour la liberté ».

De même que la seule réaction authentiquement chrétienne aux idées fausses est le défi mû par le souci d’amener toute pensée captive à l’obéissance au Christ, de même la seule réaction authentiquement chrétienne face au mal flagrant est aussi le défi, lancé dans le but d’amener toute pratique pernicieuse captive à l’obéissance à la loi de Dieu, quoi qu’il en puisse coûter.

C’est la Bible elle-même qui nous y appelle! C’est la seule réaction chrétienne authentique. Nous avons un héritage jalonné d’exemples qui prouvent que c’est possible. Allons et faisons de même ! Que le défi face au mal devienne partie intégrante de notre vie de tous les jours – dans nos livings et dans nos salles à manger, dans nos relations avec notre parenté et nos amis, nos collègues et nos copains, nos députés politiques et les personnes haut placées, les nantis aussi bien que les pauvres.

Oui, il y a un défi à relever chercher à amener toute pensée captive à l’obéissance du Christ, sur le plan moral comme sur le plan pratique.

Ranald MACAULAY
(traduit et adapté par
Jean-Pierre Schneider)

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