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Le mariage: image de l’union du Christ et de son Eglise

Ainsi donc, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari. (Eph 5.33)

Préambule

J’aimerais brièvement méditer quelques éléments de l’exhortation qu’adresse l’apôtre Paul aux couples chrétiens de tous les âges en écrivant aux fidèles d’Ephèse les paroles sur le mariage que nous pouvons lire dans Eph 5.22-33.

Mais avant de me pencher sur ce texte magnifique qui, si j’ose m’exprimer ainsi, donne de façon solennelle ses titres de noblesse divine au saint état du mariage chrétien dans lequel vous entrez aujourd’hui, j’aimerais situer ces paroles dans le contexte de tout le cinquième chapitre de la lettre aux Ephésiens. Nous verrons que l’enseignement de Paul n’est pas simplement conditionné culturellement comme l’affirment si légèrement certains qui, au nom de la foi chrétienne, souhaiteraient relativiser les normes divinement établies du mariage que Paul nous rappelle ici.

Paul commence ce chapitre en exhortant les fidèles, et parmi eux les couples mariés, à devenir rien de moins que les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés (v. 1).

Il les appelle ensuite à prendre exemple sur Christ lui-même, en faisant toujours plus de progrès dans l’amour qu’ils se doivent les uns aux autres. Car Christ vous a aimés et s’est donné lui-même à Dieu en offrande et en sacrifice comme un parfum d’agréable odeur (v. 2).

L’apôtre les met en garde contre le danger de se laisser séduire par de vains discours (v. 6) provenant de faux docteurs qui s’opposeraient à son enseignement divinement inspiré et qui, ainsi, le relativiseraient en faisant de ces commandements immuables des règles purement humaines valables uniquement pour une certaine époque, pour certains pays, pour un certain niveau de culture aujourd’hui largement dépassée.

Paul ajoute qu’une pareille révolte contre l’ordre du Créateur ne peut qu’attirer la colère de Dieu. Nous ne devons rien avoir à faire avec de tels imposteurs (v. 6-7).

Il montre ensuite que la vraie différence n’est pas entre les pays, les époques et les cultures, mais entre l’état de ténèbres où l’homme est éloigné de Dieu et celui de lumière dans sa présence (v.9).

Tout le reste est oeuvre stérile des ténèbres. Stérile spirituellement bien sûr, mais physiquement aussi, car ce que de tels gens enténébrés font en secret est si honteux qu’on ne peut même pas en parler (v. 12). Souvenons-nous qu’Ephèse était une ville de culture grecque et qu’à l’époque de Paul l’homosexualité était considérée par les Grecs comme une manière de vivre vertueuse et même comme une des bases essentielles de l’éducation convenable des garçons.(1)

L’on comprend mieux pourquoi, au début du chapitre, Paul disait aux Ephésiens: Que l’inconduite, toute forme d’impureté, ou la cupidité ne soient pas même mentionnées parmi vous, comme il convient à des saints (v. 3).

Ainsi les chrétiens d’Ephèse, et les couples tout particulièrement, sont exhortés à veiller avec soin sur leur conduite; à être, non pas des insensés, mais des hommes sages; de ceux qui savent racheter le temps, car déjà alors les jours étaient mauvais. Ils ne doivent pas être sans intelligence, mais bien comprendre quelle est la volonté du Seigneur (v. 15-17).

Finalement, ayant compris cette volonté de Dieu telle qu’elle est révélée dans Sa Parole, c’est-à-dire dans cette lettre, les chrétiens d’Ephèse sont appelés à continuellement louer et rendre grâces au Seigneur, dans la plénitude du Saint-Esprit, pour ses bienfaits sans nombre de Créateur, de Sauveur et de Seigneur. Ainsi se termine l’introduction aux exhortations morales pratiques qui remplissent la fin de l’épître.

L’ordre divin

Ce que nous trouvons à la fin de ce chapitre et au début du sixième chapitre de cette lettre de Paul est une exposition précise – bien trop précise pour beaucoup d’entre nous – de ce que représente exactement cette volonté du Seigneur pour le mari et pour son épouse, pour les parents et pour leurs enfants, pour les maîtres et pour les esclaves (nous dirions, pour les patrons et pour les ouvriers).

Après avoir exhorté chaque chrétien à être animé d’un esprit de soumission mutuelle, et non d’une volonté constante de réclamation de ses «droits», et cela dans la crainte du Christ, chacun acceptant sa charge, sa tâche, ses responsabilités propres selon la position sociale qui est la sienne et dans le cadre que définit la volonté de Dieu, Paul commence par définir ce qu’est cette volonté divine pour le mariage.

Les femmes doivent tout d’abord être soumises à leur mari, comme elle le sont d’ailleurs au Seigneur lui-même (v. 22). Pourquoi affirmer d’emblée une exigence qui nous paraît aujourd’hui si barbare? La réponse de Paul n’est pas moins nette que son ordre: parce que le mari est le chef de la femme (v. 23). Nous voici bien loin de l’égalitarisme sexuel moderne, de cette mode générale que l’on nomme celle de «l’unisexe», qui pousse hommes et femmes aux mêmes habillements, aux mêmes comportements, aux mêmes occupations. Cet égalitarisme a été jusqu’à conduire le peuple suisse, sous la direction des autorités civiles aveuglées par un esprit démagogique, à adopter un nouveau droit matrimonial qui faisait disparaître de la structure légale de la famille toute espèce de hiérarchie. Cette institution devenue informe, maintenant sans tête ni coeur, était dès lors soumise, en cas du moindre conflit entre partenaires interchangeables, à l’autorité arbitraire du magistrat, c’est-à-dire de l’Etat. Les évêques catholiques suisses et les autorités protestantes du pays ont approuvé ce changement «plus juste», tandis que les Eglises évangéliques se tenaient dans un silence prudent et ambigu.

Mais l’apôtre Paul va plus loin encore. Il demande aux maris chrétiens d’aimer leurs épouses comme le Christ a lui-même aimé et aime toujours son Eglise en se sacrifiant pour elle, en s’identifiant avec elle, en prenant grand soin d’elle. Les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps, nous dit le texte. Paul nous dit que celui qui aime sa femme s’aime lui-même, rien de moins. Que nous sommes loin ici de l’idéal moderne du mari qui, par la «grâce» de la technique scientifique et des batteries d’armes anti-conceptionnelles qu’elle met à sa disposition, a les moyens de faire la guerre à sa propre procréation, au nom de l’épanouissement sexuel. L’époux moderne n’est que trop souvent devenu l’irresponsable jouisseur de son épouse, épouse devenue bien fréquemment la maîtresse domestiquée de son mari. Celui-ci, le chef de la femme, comme le dit Paul, est tombé dans le rôle du serviteur dévoué de son partenaire et de leurs plaisirs communs. Non que Paul se soit jamais opposé aux joies normales qui sont un aspect indispensable de l’union conjugale chrétienne! Mais nous sommes bien loin, dans la description que l’apôtre donne des rapports entre l’homme et la femme dans le mariage, de cette cohabitation «pour le meilleur et sans le pire», qui n’est que le partenariat de deux égoïsmes.(2) . Ce terme de «cohabitation» est devenu si populaire, si normal, qu’il est employé pour définir le régime politique de nos voisins français. Mais n’oublions pas qu’en français cette expression signifie simplement concubinage, fornication, adultère. Quand une grande nation choisit un terme pareil pour décrire son régime politique, elle se trouve au bord du jugement du Dieu.

Inscrit dans la création

Mais pourquoi donc l’apôtre nous prend-il ainsi si fortement à rebrousse-poil en demandant à tous les couples chrétiens de se conformer aux ordres formels suivants:

Que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari?

Pourquoi une exhortation si anachronique, si démodée, si impopulaire?

Selon Dieu, le mariage est un reflet de l’ordre établi depuis la création du monde entre le Créateur et ses créatures. Dans tout mariage, le mari représente le Créateur et son épouse la création, l’un fécondeur, l’autre recevant la semence fécondante. Pour les chrétiens, cette analogie est beaucoup plus riche encore. Dans leur relation de couple chrétien, le mari et la femme sont l’image vivante du rapport entre le Christ et son épouse, l’Eglise. Paul nous dit qu’il s’agit d’un grand mystère se rapportant à Christ et à l’Eglise (v. 32). Comme l’homme quitte son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, de même le Christ a quitté son Père céleste, en ce qui concerne se divinité, et sa mère terrestre en ce qui concerne son humanité, afin de s’attacher pour toujours à son épouse, l’Eglise, qu’il a aimée jusqu’à se livrer lui-même pour elle, afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau et la parole pour faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. (Eph 5.25-27).

Ainsi, selon l’enseignement de celui qui a lui-même institué le mariage, l’époux et l’épouse chrétiens sont comme dans un théâtre, théâtre qui serait comme le reflet des rapports entre Jésus-Christ et son Eglise. Dans ce théâtre, sur cette scène qu’est la famille, le mari et sa femme doivent fidèlement tenir les râles que leur Créateur et Sauveur leur a assignés. Le mari tient le rôle de Dieu, l’épouse celui de la créature. Il ne s’agit évidemment ici ni d’une quelconque infériorité ou supériorité, ni d’une quelconque autorité tyrannique du mari, comme si le Christ régnait sur son Eglise comme dictateur! L’autorité vraie est toujours une responsabilité et un bienfait à l’égard de ceux pour lesquels elle s’exerce. L’égalité mathématique n’est qu’une vue de l’esprit et n’existe pas dans la création de Dieu. Chaque créature a son individualité propre à l’intérieur de l’ensemble auquel il appartient. Il n’y a pas deux aiguilles de sapin, pas deux grains de sable, pas deux étoiles qui soient identiques.

De même, nous ne trouvons ni deux hommes identiques, interchangeables, ni deux femmes absolument pareilles. La différence entre hommes et femmes est bien plus grande encore que celle que l’on trouve à l’intérieur d’un seul sexe. Cette différence est une merveille de la création de Dieu, car elle permet la création de communautés complexes aux fonctions largement différenciées, telles la famille chrétienne, reflet de l’alliance entre Dieu et son Eglise, entre Dieu et sa création. L’égalitarisme abstrait, fondement du démocratisme moderne (un individu = une voix), est sous toutes ses formes certainement l’arme la plus redoutable entre les mains de Satan dans notre monde pour la destruction des structures complexes et différenciées de l’ordre créationnel.

Comme le désordre est venu par la révolte de la créature contre son Créateur, de même le renouvellement et le rétablissement de l’ordre divin renversé ne pouvait venir que de l’obéissance parfaite de Dieu fait homme, Jésus-Christ, à son Père céleste. L’image de cette obéissance retrouvée est celle de l’Eglise, épouse soumise à son divin époux.

Dès la création, Dieu a établi la famille comme le théâtre où les rapports du couple symbolisaient ceux du Créateur et de la création. Comme nous l’avons vu, d’une part, nous trouvons l’autorité divine et de l’autre, la soumission de la création. Pour le chrétien, le modèle est beaucoup plus proche, plus parlant, plus aimable. D’un côté, le mari tient le rôle du Christ, Seigneur certes, mais un Seigneur plein d’amour pour l’épouse qu’il s’est choisie, s’identifiant à elle, se sacrifiant pour elle. De l’autre côté, la femme figure l’épouse céleste fidèle, l’Eglise de Dieu. Elle doit en tout tenir le rôle qui est le sien par son attitude soumise et respectueuse face à son mari. Elle témoigne ainsi publiquement de ce que doit être le comportement de l’Eglise obéissante face à son Seigneur, de la création restaurée face à son Créateur.

Il n’est guère possible de surestimer l’importance pour l’avenir de notre monde et de l’univers lui-même, de l’attitude d’un couple où chacun tient fidèlement son rôle, de l’attitude fidèle de l’épouse du Christ, l’Eglise, à l’égard de son divin Epoux, Créateur, Seigneur et Sauveur. La pente sur laquelle nous pousse toujours le diable en tant que familles et églises est celle de l’insoumission à Dieu, insoumission se manifestant par notre organisation de la famille ou de l’Eglise autrement que nous le demande la parole de Dieu. Ainsi, pour prendre un exemple dans l’actualité, à la fin du mois d’octobre 1986, le pape Jean-Paul II avait convoqué à Assise une nouvelle Babel de toutes les religions du monde, dans le but de prier pour la paix. Evidemment que ce parlement des religions devait se tenir sans la participation de l’Eglise fidèle de Jésus-Christ. Voici toute tracée la voie infidèle de celle que l’Ecriture appelle la «prostituée», l’Eglise de l’apostasie et son chef l’antichrist.

Tout autre est le chemin de l’Eglise fidèle, modèle d’une création nouvelle, soumise tout à nouveau dans une obéissance joyeuse à son Seigneur. Tout autre est le chemin du couple chrétien où le rapport entre le mari et son épouse doit refléter, certes jamais parfaitement ici bas, mais fidèlement et constamment celui de Jésus-Christ avec son Eglise, prémices des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. L’obéissance d’un mari s’identifiant et se sacrifiant pour sa chère épouse, l’obéissance d’une épouse se soumettant et respectant son mari bien-aimé ont une importance plus grande aux yeux de Dieu que tout l’activisme politique et religieux que nous livre le spectacle d’un monde révolté et d’une Eglise infidèle à son époux divin.

Que notre Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, d’où toute famille tire son nom et son origine, vous accorde, à vous couples chrétiens, de pouvoir tenir fidèlement le rôle qui est le vôtre sur ce théâtre de la famille chrétienne où Dieu vous a placés.

Jean-Marc Berthoud

Prédication prononcée lors de la célébration d’un mariage.

(1) Voyez le chapitre consacré à « De la pédérastie comme éducation » de Henri-Irénée Marrou dans son « Histoire de l’éducation dans l’Antiquité« , Seuil, Paris, 1965.
(2) Voyez le livre fort instructif d’Evelyne Sullerot: « Pour le meilleur et sans le pire », Fayard. 1984.

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Berthoud Jean-Marc
Jean-Marc Berthoud est le président de l’Association Vaudoise de parents chrétiens. Il est l’auteur de nombreux livres sur la défense de la foi chrétienne face à la montée de la sécularisation et du modernisme.