Le pardon dans la vie conjugale, dynamique de l’amour
Josée et Odon Mubilanzila sont déjà connus de nos lecteurs. Un article de leur part a paru dans le no 144 sur le « bonheur de vivre en harmonie ». Ils sont mariés depuis 24 ans et ont 3 enfants. Ils sont, entre autres, conseillers conjugaux et animent des séminaires et des conférences destinés à des couples mariés et fiancés. Plusieurs ouvrages sont dus à leur plume.
Demander pardon ou pardonner est un acte d’humilité de portée significative qui caractérise la relation humaine et particulièrement l’amour ; c’est un privilège de la race humaine.
Dans un couple en difficulté ou en conflit, la réconciliation est bien sûr recommandée ; mais elle est inconcevable en dehors du pardon, qui seul est capable de faire découvrir le mystère de l’amour de Dieu aux conjoints tout comme sa grandeur.
En effet, lorsque nous pardonnons, réalisant l’immensité incommensurable de l’amour et de la miséricorde divines, nous pouvons prétendre aimer réellement comme Dieu nous aime. Ainsi, aimer c’est aussi pardonner. La Bible ne nous dit-elle pas dans 1 Cor 13.7 que « l’amour pardonne tout », « supporte tout » ?
Le fondement biblique du pardon dans la relation humaine et, partant, dans le couple, repose sur :
– le besoin de réconciliation et d’unité (Mat 5.23-24 ; 12.25) ;
– le besoin d’harmonie (Amos 3.3) ;
– la communion fraternelle (Ps 133) ;
– la compassion pour les autres (Rom 15.1).
Le pardon entre époux est inconditionnel, à l’exemple de Jésus-Christ qui a pardonné à ceux qui l’ont offensé, injurié, battu et mis à mort. C’est ainsi que chaque fois que nous demandons pardon à Dieu, il nous pardonne et oublie. C’est la même attitude qu’il nous recommande d’adopter envers notre conjoint. Réfléchissons à ce que veut dire dans une relation de couple ces deux déclarations du Seigneur : « Pardonne nos offenses comme nous aussi pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (Mat 6.12) ; et « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande » (Mat 5.23-24).
Appelés à se pardonner réellement1, chaque époux se conformera à la recommandation de Jésus-Christ : « Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes » (Mat 6.15).
Ceci explique, si besoin en était, pourquoi le pardon est indissociable de l’amour et de l’harmonie. Expression de l’amour, le pardon dans la relation humaine ou conjugale est important parce qu’il libère de l’amertume, de la haine, de la tension — bref de tous sentiments contraires à l’amour.
Cet exercice est rendu souvent plus difficile entre époux lorsqu’ils ont une maturité spirituelle différente ou encore lorsque l’un des deux se place très haut sur son piédestal, se croyant sans défaut et considérant l’autre comme pécheur ou charnel. Le pardon appelle l’humilité qui, elle, place les deux conjoints sur un pied d’égalité. Jacques 4.6 ne nous met-il pas en garde judicieusement : « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » ? Demander ou accorder le pardon est une expression de la crainte de Dieu et une attitude d’humilité de la part de l’homme qui démontre qu’il s’engage à ne plus revenir sur la même faute. Ainsi, le conjoint fautif, demandant pardon, ne cherchera pas à s’expliquer pour avoir raison. Son attitude et son engagement positif, conjugués à la grâce divine, l’aideront à tout mettre en œuvre pour ne pas récidiver.
Voilà pourquoi le pardon consécutif à une faute sans cesse répétée peut se vider de son sens et semer le doute auprès de l’offensé quant à la sincérité de l’offenseur.
Le manque de pardon entraîne beaucoup de conséquences, tant dans la relation humaine que conjugale au nombre desquelles : les blessures intérieures, le mépris, le manque de considération pour l’autre etc. Votre conjoint étant votre alter ego, il y a lieu de le considérer à sa juste valeur et de lui rendre toute la considération qu’il mérite pour le mettre véritablement à sa place. Autrement, des conséquences fâcheuses risquent d’altérer la relation conjugale au point de rendre les conjoints méfiants.
Et pourtant, le couple est appelé à vivre dans la confiance et dans la transparence totale comme deux vases communicants afin d’éliminer toute zone d’ombre.
Pardonner sans restriction ne peut être qu’un don divin, conséquence d’une attitude de crainte de Dieu. Autrement, des fautes considérées graves, dépassant nos limites humaines, resteraient impardonnées. Point n’est besoin de dire qu’il est important de demander ce don à Dieu pour une vie de couple harmonieuse.
L’amour qui pardonne et supporte tout, a comme dynamique le pardon. Le pardon passe par la vérité et la vérité, c’est Jésus-Christ (Jean 14.6), parce que c’est lui qui donne la vie et la joie au couple même lorsque le vin vient à manquer, comme ce fut le cas aux noces de Cana.
Pour réussir à se pardonner pleinement, il nous faut renoncer à l’aveuglement, à l’orgueil, au manque d’humilité, au refus de voir ses propres faiblesses qui constituent un poison pour le couple et une dénégation de l’amour. Plaise au Seigneur de nous accorder cette grâce. Que le Seigneur vous bénisse et exauce le désir de votre cœur !
1Il faut parfois au contraire régler le point avant que le pardon soit vraiment effectif (n.d.l.r.)