Le point de vue
Jean Hoffmann (1925-2002) fut pendant plus de 40 ans pasteur dans des églises évangéliques en France et en Suisse ; il fut aussi rédacteur de la revue La Bonne Nouvelleet chargé de cours de formation dans des églises et dans divers instituts bibliques. Le texte qui suit est extrait de la collection de courts messages intitulée Points de repères (Éd. Farel, F-77421 Marne-la-Vallée et Éd. Emmaüs, CH-1806 St-Légier, 1996).
« Il y a autant de points de vue qu’il y a de gens » dit-on ! Il est évident que notre origine, nos tendances, notre éducation et nos connaissances, forcément imparfaites, nous amènent à considérer les choses dans telle ou telle optique. Nous nous plaçons ainsi à un point de vue personnel d’où nous voyons tout à notre manière. Mon point de vue n’est donc pas nécessairement le point culminant d’où l’on aurait la meilleure vue ou qui donnerait l’image la plus fidèle des réalités environnantes.
Trompés par nos préjugés, nos partis pris et nos faux raisonnements, nous manquons souvent d’objectivité, de clairvoyance et de précision. Chacun examine les mêmes phénomènes d’un autre côté et l’on aboutit à des vues divergentes. Il est vrai qu’un chat doit paraître fort petit aux yeux d’un éléphant, tandis que ce même chat donnera une tout autre impression à une souris ! C’est ainsi que tout est relatif et que certains en ont déduit qu’il n’existait pas de vérité absolue. La découverte d’Einstein semble même prouver la relativité de la notion du temps alors que pour le commun des mortels rien n’était aussi sûr et précis qu’un chronomètre suisse ! Or, voici que le temps même a quelque chose d’illusoire et l’on croit comprendre que pour Dieu il n’existe qu’un éternel présent puisqu’il est celui qui s’appelle : « Je suis » (Ex 3.14).
Il serait pourtant très faux et fort imprudent de vouloir appliquer cette notion de relativité aux vérités spirituelles qui nous ont été révélées par les Saintes Écritures, pour en arriver à croire que rien n’est sûr, que tout est sujet à caution et qu’on ne peut jamais être affirmatif en matière de foi. Non, il faut tout simplement s’en tenir à ce qui est écrit et éviter de s’engager sur les sables mouvants des spéculations humaines, fussent-elles théologiques. Dieu n’est pas un Dieu de confusion. Tout ce que l’on dit à son sujet n’est pas également vrai et juste. Tous les chrétiens n’ont pas raison quand ils affirment des choses contradictoires. Seul le point de vue de Dieu est juste et il importe que nous l’adoptions. Ce qu’il nous faut redouter le plus, c’est d’être en désaccord avec Dieu.
Mais comment connaîtrons-nous le point de vue de Dieu ? Ce n’est certes pas un lieu que l’on puisse fixer selon la longitude et la latitude ! L’Éternel disait un jour à Moïse : « Voici un lieu près de moi, tu te tiendras sur le rocher. » (Ex 33.21) Cette invitation demeure spirituellement valable pour nous. Plus nous nous tiendrons près de Dieu sur le rocher qui est Christ, mieux nous verrons les choses comme il les voit. Et s’il nous paraît impossible de nous hisser nous-mêmes à une telle altitude spirituelle, disons avec David : « Conduis-moi sur le rocher que je ne puis atteindre. » (Ps 61.3) C’est une position élevée réservée à ceux qui sont assez humbles pour reconnaître que leurs points de vue sont faux et qui sont disposés à se laisser instruire et conduire par la Parole et par l’Esprit de Dieu.
Sommes-nous vraiment de ceux-là ?