Dossier: L’Épître aux Romains au cœur de l'Évangile
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Le salut d’Israël selon Romains 9 à 11

Cet article peut être lu comme un complément au texte intitulé : « Plan de route pour Israël », paru dans le n° 145 de Promesses. Mais avant tout, relisons Romains 9 à 11.

Les chapitres 9 à 11 de l’Épître aux Romains posent le fondement théologique des rapports entre le peuple juif et l’Église universelle. Depuis l’ascension de Jésus-Christ, ces deux entités sont les signes majeurs de la présence de Dieu dans le monde. D’où la colère de Satan qui, lorsque d’autres armes échouent, cherche à les affaiblir en les opposant. Comme nous ne voulons pas ignorer 2000 ans de tensions douloureuses entre l’Église et les Juifs, nous lirons ces chapitres cruciaux avec beaucoup de considération.

1-Le salut national d’Israël au centre

Le préambule des chapitres 1 à 8 de l’Épître pose les fondements du salut personnel (1.16,17). Après avoir démontré la faillite universelle de la race humaine, spirituellement morte dans son péché, l’apôtre dessine le chemin du salut et décrit la vie toute nouvelle qui en découle, dès la conversion à Christ. Paul est bien placé pour savoir que les débuts de l’Église ont été marqués par la conversion d’un grand nombre de Juifs auxquels, à leur grand étonnement, se sont progressivement adjoints des croyants d’origine païenne (Act 10.43-48 ; 14.27-15.31).

Toutefois, le fil rouge des chapitres 9 à 11 est déterminé par le tourment de l’apôtre, bouleversé de ce que la plupart des enfants d’Israël se comportent en « ennemis » de son Évangile (11.28).1 Paul, anciennement Saul, le persécuteur des premiers chrétiens (Act 7.51-8.1), n’a pas ménagé sa peine pour évangéliser ses frères de race et ex-coreligionnaires, mais force lui a été de constater que les païens recevaient le Messie d’Israël en plus grand nombre. Le livre des Actes, jusqu’en ses dernières pages, témoigne de l’opposition rencontrée parmi la majorité des Juifs, à Jérusalem et dans la diaspora (Act 17.5-13 ; 22 ;23 ; 28.17-31).

Que va-t-il advenir de son peuple appelé à tant de bénédictions ? Est-il désormais voué à ne récolter que des malédictions ? L’immense chagrin (9.1-5) et l’instante prière de Paul : « Frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour Israël, c’est qu’ils soient sauvés » (10.1) indiquent que sa pensée se concentre sur le salut collectif de la nation d’Israël.2

Le propos de Paul dans Romains 9 à 11 est donc le sort actuel et final de ses parents « selon la chair » encore incrédules (9.3,5). Il est clairement question du destin historique d’Israël, ainsi que de la place de ce peuple dans l’histoire du salut, dont l’Église est aujourd’hui la grande bénéficiaire. Ne voir dans ces chapitres qu’une occasion pour justifier la suprématie supposée du « peuple » de l’Église sur celui d’Israël, voilà le moyen de passer à côté du sujet.

2-La pérennité des alliances avec Israël (9.1-5)

« … les Israélites, à qui appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses, les patriarches, et de qui est issu, selon la chair, le Christ, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement. Amen ! » (9.4,5)

Dieu, sachant que les hommes n’échapperont jamais par eux-mêmes aux ravages du péché, a pris l’initiative de préparer leur salut en suscitant une nation particulière. Il a donc appelé Abraham, à qui il a offert son alliance inconditionnelle. Il lui a promis une postérité, un pays et une bénédiction aux effets universels (Gen 12.1-3,7 ;13.14-17 ; 15 ;17.1-19 ; 22.15-18). Il a ajouté à cet engagement une alliance conditionnelle avec le peuple issu d’Abraham : la fidélité à la Loi y détermine la bénédiction (Ex 6.2-8 ; Deut 4.13,23 ; 29,30).Plus tard, ces dispositions sont complétées par un pacte avec les Lévites (Nom 25.12,13 ; Mal 2.4,8) et par l’alliance avec David (2 Sam 7.1-29 ; 1 Chr 17.1-27).

Les prophètes annoncent de surcroît une alliance ultime, orientée vers un sommet pour Israël :tout le peuple sera purifié par Dieu, lui obéira et l’aimera (Jér 31.31-40). Cette alliance est clairement la nouvelle alliance en Jésus-Christ, inaugurée à la Pentecôte par les quelques milliers de Juifs qui en sont les premiers bénéficiaires (Act 2.14-36). Les bienfaits de cette alliance, comme ceux des précédentes, sont l’héritage des Israélites en premier chef, car « ils sont aimés à cause de leurs pères » et c’est envers eux que Dieu s’est engagé (11.28b).

Or, à quoi l’apôtre assiste-t-il peu avant les années 60 ? L’adhésion initiale de nombreux Juifs à l’alliance en Christ a été suivie d’une attitude de fermeture chez la majorité d’entre eux. Nombre de païens par contre sont entrés dans la vie de la foi par la puissance de l’Esprit, de sorte que la bénédiction semble passée à ceux qui n’étaient pas un peuple, mais font désormais partie de la maison de Dieu (9.25-26).Le peuple des alliances anciennes serait-il durablement supplanté ?L’affliction de l’apôtre est extrême.

Mais soyons attentifs au cheminement de Paul dans nos trois chapitres. La tempête intérieure que déclenche le spectacle de son peuple en déshérence va être progressivement matée par l’Esprit de Dieu, qui lui révèle au fur et à mesure les secrets attachés à ce redoutable mystère. Autant de ressources pour le prémunir contre le catastrophisme ou le défaitisme.

3-Salut pour Israël, salut pour le monde (9.6-11.36)

Voyons quelles sont les plus coriaces énigmes que Paul doit affronter sur la route de l’avenir national d’Israël.

3a-L’éloignement d’Israël change-t-il les plans de Dieu à son égard ?(9.6-13)

Comment comprendre l’élection originelle d’Israël au vu des égarements subséquents du peuple ? Dieu n’aurait-il pas dû renoncer à un choix aussi peu fructueux ? Paul se souvient que la Parole, qui n’est jamais périmée (9.6), n’enseigne pas que tous les descendants d’Abraham seront considérés comme « enfants de la promesse ». Parmi les enfants d’Abraham, Isaac, et non Ismaël, était fils de la promesse. Jacob et Ésaü descendaient tous deux d’Abraham par Isaac, mais seul Jacob allait donner son nom au peuple élu et devenir l’ancêtre de la nation.3 Fondée sur un choix souverain antérieur à toute action humaine (9.11a), la distinction entre « enfants de la chair » et « enfants de la promesse » nous rappelle qu’indépendamment des mérites ou des défauts des individus à naître (9.11b), Dieu peut librement en admettre certains dans la lignée de la promesse et en exclure d’autres.

Par analogie, si Dieu, dans sa bienveillance, a aimé la nation d’Israël sur la base des promesses inconditionnelles faites à Abraham (Gen 12.1-3), les errances d’un grand nombre d’Israélites et leur disqualification ne sauraient être un motif de rejet de ce peuple — de même que les fautes de Jacob ne l’ont pas dépouillé de son héritage spirituel.

3b. L’éloignement d’Israël annonce-t-il sa ruine définitive ? (9.14-29)

Pour sa gloire, Dieu gouverne souverainement les peuples en montrant selon les circonstances le bien-fondé de sa colère envers certains et la grandeur de sa miséricorde envers d’autres (9.14). Sa patience, sa compassion, ses délivrances, mais aussi ses interventions dans les cœurs des « pharaons » de ce monde et ses jugements, sont à la mesure de sa perfection (9.18-23). Bien mal inspiré le « vase d’argile » qui voudrait les lui reprocher (9.20).

Mais comme Dieu a glorifié son nom « par toute la terre » (9.17) en utilisant l’endurcissement volontaire des Égyptiens pour libérer Israël, de même il se glorifie maintenant en appelant des Juifs et des païens hors du monde pour en faire son peuple spirituel (9.24-26). Un avocat de la cause d’Israël pourrait s’insurger : si Dieu « endurcit » la majorité d’Israël pour faire miséricorde à des nations étrangères, Israël serait donc devenu comme l’Égypte et marcherait inéluctablement vers sa perte (9.19). L’Esprit répond à ce reproche par trois arguments :

  • Il fournit l’image du souverain potier (9.20-24), qui doit être bien comprise. Nul individu, Juif ou non, n’est victime d’un jugement ou d’un « formatage » arbitraires du Tout-puissant. En effet, les vases de colère « formés pour la perdition » sont « préparés » à leur sort final par leur propre résistance à la grâce. Romains 2.4-6 l’a établi : la colère, l’endurcissement irréversible et le déshonneur éternel découlent du refus obstiné de la bonté rédemptrice de Dieu. Et avant d’en arriver là, ils sont maintes fois avertis par l’Esprit des conséquences de leur résistance. Quant aux vases d’honneur, Dieu les a d’avance préparés à la gloire parce qu’ayant été appelés, ils se sont laissés saisir par la grâce et la miséricorde de leur Sauveur.
  • La bénédiction de Dieu répandue sur les nations ne contredit en rien les promesses et les prophéties. Que la citation d’Osée, destinée à Israël, soit maintenant appliquée au peuple de l’Église constitue une extension de la grâce conforme aux promesses faites à Abraham.
  • Les chutes de nombreux Israélites, principalement à cause de leur désobéissance, sont un fait récurrent tout au long de l’histoire (9.27,28 ; És 10.21-22). Mais lorsqu’Israël était dans la détresse, parfois au bord de l’extermination, Dieu s’est plu à sauver un « reste » du peuple.4 Souvent instrument de redressement spirituel, ce « reste » témoigne de la miséricorde de Dieu (9.29).

3c. Dieu traite-t-il Israël avec équité ? (9.30-10.13)

Dieu a-t-il, dans un moment de lassitude ou d’impatience, délaissé son peuple d’Israël pour en aimer un autre ? Non, il n’y pas d’infidélité en Dieu. Si maintenant sa faveur repose sur les païens et si la majorité des Juifs ne sont pas sauvés, ce n’est pas que Dieu use de deux poids, deux mesures, car « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (10.13). La grande évidence, c’est que les Juifs se trompent en s’échinant à obtenir la faveur de Dieu par leurs performances, et non par la foi en Christ (9.30-10.4). S’ils étaient lucides, ils reconnaîtraient que leur zèle pour Dieu et leur attachement à la loi (10.2-4) n’ont pas résisté à l’examen que Christ leur a imposé. Ils ont trébuché (9.32-33 ;11.9,11). Quant à ceux qui, païens ou Juifs, sont prêts à admettre par la foi leur insuffisance et leur indignité devant Dieu, la route de la rédemption leur est largement ouverte (9.30b ; 10.9-13 ; Éph 3.5-6).

3d. Les missionnaires chrétiens ont-ils négligé les Juifs ? (10.14-21)

Ah ! pense Paul à ce stade de sa réflexion, si seulement tous mes frères de race entendaient et comprenaient que Dieu veut amener toutes les nations, y compris la nôtre, à l’obéissance de la foi (10.15,18 ; 1.5-6) !

Mais voilà que les paroles de Moïse et d’Ésaïe se font entendre : non, ce n’est pas d’abord par ignorance de l’Évangile qu’Israël ne parvient pas à la foi, mais par insoumission et incrédulité naturelles (10.21). Le salut n’est pas loin (10.8), car même les païens les moins instruits et les plus indifférents à la vérité divine parviennent à le trouver (10.19-20). Du côté de Dieu, tout est prêt.

3e. Les Juifs convertis à Christ sont-ils utiles à Israël ? (11.1-10)

Bien ! poursuit Paul, l’accession à la foi et au salut de quelques Juifs me réjouit, mais est-ce là le couronnement des merveilleuses visions messianiques des Écritures ? Comme Élie autrefois, je me sens bien impuissant face à l’incrédulité du peuple. Pourtant, je me souviens que Dieu a consolé ce prophète en lui révélant qu’une poignée d’Israélites étaient restés fidèles (les « sept mille hommes », 11.4). Ce « reste d’Israël » constituait, aux yeux de Dieu, le cœur de la nation et le gage de sa survie.

Il doit en être ainsi, parmi les Juifs de notre temps, du « reste selon l’élection de la grâce » (11.5), de ceux qui ont embrassé l’Évangile et qui entrent déjà dans la bénédiction des rachetés. Car « l’élection de la grâce » (11.5) est la source commune du salut de tous ceux que Dieu ajoute au Corps de Christ, Juifs ou non-Juifs. Les « élus » juifs du temps présent (11.7) sont ces « saintes prémices » du « reste » national futur qui sera sauvé dans sa totalité par la venue du Libérateur (11.25-27 ; Zach 12).

Quant aux autres qui ont été « endurcis » à cause de leur religion fondée sur leurs mérites propres, ils sont maintenus dans un état d’« assoupissement » et d’amoindrissement spirituel (11.8-10). Dieu nous révèle là un« mystère » : le corps de la nation souffre d’un « endurcissement partiel » (11.25), limité dans sa durée, dans sa gravité et dans son étendue (voir 2 Cor 3.14-16). Jusqu’à la disparition de cette torpeur, les Juifs déjà convertis attesteront de la persistance de la grâce divine et des promesses.

3f. Le calendrier de Dieu est-il troué de parenthèses ? (11.11-25)

Certainement pas. Notre « ère chrétienne » est l’occasion pour l’Église de croître sans cesse, jusqu’à l’entrée de son dernier représentant (11.25b), jusqu’à sa plénitude numérique. Pendant tout ce temps, des Juifs continuent de se joindre à elle (11.13,14), car le témoignage des chrétiens, lorsqu’il est dispensé avec amour et sagesse, incite les Juifs à croire et à recouvrer leur héritage distinctif (11.24 : « leur propre olivier »).5 Le temps de l’Église n’est donc pas un temps mort pour les Juifs, car déjà maintenant, « Dieu est puissant pour les greffer de nouveau » sur l’olivier de la vraie foi (11.23b). Tous ceux d’entre eux qui « ne demeurent pas dans l’incrédulité » (11.23a) deviennent membres de la communauté des croyants à part entière (Gal 3.26-29) et conjointement, constituent les signes annonciateurs de la « réintégration » d’Israël (11.15b), de son « relèvement » (11.12b) et du renouvellement de toutes choses (11.15b).

Quant aux rachetés d’entre les païens, ils ont constamment sous les yeux un rappel de la sévérité de Dieu envers ceux qui oublient sa bonté (11.22). La mise à l’écart d’Israël nous sert d’avertissement solennel, car Dieu n’est pas prêt à cautionner notre suffisance ou notre orgueil, tout comme il ne l’a pas fait pour son peuple terrestre (11.20,21 ; Héb 3 ;4). L’existence d’Israël dans son amoindrissement actuel a donc une fonction précise : celle de nous empêcher de nous glorifier à tort (11.18) et de juger les Juifs de haut. C’est malheureusement cette leçon que beaucoup n’ont pas voulu recevoir tout au long des heures noires de la chrétienté — engendrant par là d’indicibles souffrances…

3g. Israël a-t-il un autre Sauveur que celui des chrétiens ? (11.26-27)

Point final du « temps des nations » (Luc 21.24) lors de la venue en gloire du Seigneur Jésus-Christ à Jérusalem : la conversion de la totalité du peuple d’Israël en vie à ce moment (11.26a). Comme nous l’avons déjà souligné, le thème central de ces chapitres est celui du salut de la nation d’Israël. Il n’est pas acceptable, comme le font certains exégètes, de donner à tous les termes clairs de ces versets (« ainsi », « le libérateur », « Sion », « Jacob », « alliance », « lorsque j’ôterai leurs péchés ») une portée à tel point intemporelle et métaphorique que la dimension historique de ce dénouement en soit occultée. Du reste, nombre de textes prophétiques parlent des retrouvailles bouleversantes du Messie et de son peuple repentant dans des termes si clairs (És 54.5-10) que les « spiritualiser » est aussi incongru que de réduire l’incarnation ou la résurrection de Christ à des réalités symboliques.

Mais c’est bien ce même Roi et Juge qui, entrant dans son règne, y associe aussi toute son Église (Rom 16.25-27 ; Apoc 19).

3h. Pourquoi Dieu sauve-t-il Israël et l’Église ? (11.28-36)

Dans la perspective de Dieu, les destins de l’Église et d’Israël, quoique distincts dans le cours de l’histoire, ne vont pas l’un sans l’autre. Les deux parcours sont tracés selon les décrets irrévocables de Dieu, rendus possibles par sa seule miséricorde, par sa sagesse, par sa puissance et pour sa seule gloire. Nos grandes préoccupations, à l’instar de celles de Paul, trouvent leur apaisement en Dieu qui peut les métamorphoser en pensées d’adoration.

4-Pour l’essentiel

L’endurcissement spirituel de la majorité de l’Israël actuel n’est pas définitif. Il y a un avenir pour ce peuple. L’Esprit convainc Paul qu’il y a cinq choses que Dieu n’a pas faites ou ne fera pas :

  • Dieu n’épargne pas ceux qui persistent dans l’incrédulité (11.21,22) ;
  • Dieu n’a pas abrogé ses promesses à l’égard du peuple d’Israël (9.6) ;
  • Dieu ne commet pas d’injustice ni ne se trompe dans ses choix (9.14) ;
  • Dieu n’a pas rejeté son peuple terrestre (11.1) ;
  • Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel (11.29).

Mais il y a une chose qu’il offre à tous : le salut par grâce et par la foi. C’est selon ce principe qu’il a sauvé les croyants de l’Ancienne Alliance (Héb 11). C’est ainsi qu’il sauve les Juifs et les non-Juifs du temps présent — jusqu’à ce tous les païens qui se convertiront soient « entrés » (11.25). C’est ainsi qu’il sauvera la totalité du reste d’Israël lors de son retour visible à Jérusalem.

Ce plan décourage tout esprit de rivalité ou de supériorité entre Israël et l’Église. Il nous est révélé pour nous pousser à reconnaître la sagesse de Dieu, à craindre la rigueur de sa justice et à le louer pour la valeur inestimable de sa miséricorde, fondement de notre salut à tous (11.30-36). Puissions-nous ne pas défigurer ce message, mais y trouver un puissant réconfort — pour nous et pour son peuple terrestre.

« Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu !
Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles !
Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ?
Qui lui a donné le premier, pour qu’il ait à recevoir en retour ?
C’est lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses.
À lui la gloire dans tous les siècles ! Amen ! »
(Romains 11.33-36)

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  1. Le qualificatif d’« ennemis » de Christ appliqué exclusivement aux Juifs n’a aucune justification. Tout être humain est par nature « ennemi » de Dieu et de la vérité : Rom 3.10-18 ; 5.10 ; Col 1.21.
  2. Notons au passage que le terme « Israël » signifiant la « nation d’Israël » apparaît 12 fois dans Romains 9 à 11, à nul autre endroit dans l’Épître et seulement 5 fois dans les autres lettres clairement attribuées à Paul. À une reprise, pour désigner les chrétiens d’origine juive, Paul emploie l’expression l’« Israël de Dieu » (Gal 6.16), par contraste avec les chrétiens d’origine païenne (le « tous ceux qui » du début de ce verset).
  3. La citation du v. 13 provient de Malachie 1.2,3, texte écrit presque 1500 ans après la naissance de Jacob et d’Ésaü. Pour le prophète, le choix divin (sur lequel revient Rom 9.12 en citant Gen 25.23) concerne non l’élection au salut personnel, mais une détermination de la lignée messianique ainsi que des destins nationaux respectifs d’Israël et d’Edom (= Esaü). Du reste, en Romains 9.1-29, l’« élection » n’a pas trait à l’élection d’individus en vue de leur salut. Il s’agit principalement de l’élection d’Israël (9.4-5) et de celle de la communauté issue des Juifs et des païens convertis à Christ (9.24).
  4. Voici quelques références de l’A.T. qui parlent du « reste » d’Israël : Gen 45.7 ; És 1.9 ; 10.21-22 ; 11.11,16 ; 46.3 ; Jér 23.3-6 ; Éz 6.8 ; Amos 5.15 ; Mich 2.12-13 ; 5.7-8 ; Soph 2.7,9 ; 3.13 ; Zach 8.6,11-13. Plusieurs de ces textes évoquent le « reste » d’Israël, recueilli d’entre toutes les nations, qui sera entièrement sauvé au retour du Messie. Il faut distinguer ce « reste » eschatologique du « reste » actuel des Juifs incorporés au Corps de Christ (voir point 3.e).
  5. Par contre, lorsque la « chrétienté », l’islam ou certaines idéologies politiques dévoyées se sont liguées contre les Juifs, sous toutes sortes de prétextes, ils ont dû apprendre à leurs dépens que Dieu est celui qui garde Israël (Ps 121 ; Zach 2.8).
Dossier : L’Épître aux Romains au cœur de l'Évangile
 

Pfenniger Claude-Alain
Claude-Alain Pfenniger, marié, père de trois (grands) enfants, est professeur de langues retraité. Il a exercé des fonctions pastorales en Suisse et a collaboré à la rédaction de diverses revues chrétiennes. Il est membre du comité de rédaction de Promesses depuis 1990.