Dossier: Les doutes
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Le témoignage du Saint Esprit

Extrait du livre Le côté obscur de la vie chrétienne (chapitre 5),
Les citations bibliques sont extraites de la version Segond 1910

Dans cet article, nous verrons comment Dieu lui-même, par l’Esprit Saint, convainc notre esprit que nous sommes ses enfants, ses héritiers et les cohéritiers de Christ :
« Vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : « Abba ! Père ! » L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. (Rom 8.15-16).

L’apôtre Paul met en relief deux réalités opposées : l’esclavage et la filiation, la crainte et l’assurance, l’esprit de servitude et l’Esprit d’adoption. Il s’agit du troisième pilier de l’assurance du salut. Après le sang de Christ qui garantit notre salut, les fruits de la vie nouvelle qui démontrent notre salut, considérons maintenant le témoignage du Saint-Esprit qui nous convainc de notre salut.

Un esprit de servitude

Avant de nous donner l’assurance du salut, l’Esprit doit nous convaincre de péché. La conviction de péché, c’est lorsqu’on constate qu’être un pécheur n’est pas un concept théorique, mais une réalité tragique. Il s’agit d’une profonde prise de conscience de la méchanceté de notre propre cœur accompagnée de la certitude que nous méritons d’être rejetés par Dieu.
Savoir que je suis pécheur est une chose. Savoir que je suis asservi au péché, incapable de m’en défaire et coupable de mon état en est une autre. Le bon sens enseigne la première, mais seul l’Esprit de Dieu convainc de la seconde.

L’Esprit d’adoption

Après la terreur ressentie en prenant conscience de notre asservissement au péché, seul Dieu pourra nous convaincre que nous sommes ses enfants et non ses ennemis. Généralement, cette conviction ne se fera pas instantanément, mais sera le fruit d’une œuvre continuelle de l’Esprit en nous. Le travail de l’Esprit consistera à nous faire comprendre notre nouvelle réalité d’enfant de Dieu. Avant de parler du témoignage de l’Esprit, il faut donc parler de la réalité de l’adoption.

a- L’adoption

L’apôtre Paul déclare en Romains 8.15 : « Vous avez reçu un Esprit d’adoption » et dans l’Épître aux Galates, il nous dit pourquoi nous avons reçu l’Esprit d’adoption : « Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie : Abba ! Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu. » (Gal 4.6,7)
Dieu envoie son Esprit en ceux qu’il a adoptés comme enfants. Qui sont ceux que Dieu adopte ? Tous les hommes ne sont-ils pas les enfants de Dieu ? Évidemment non ! Par nature, les hommes sont fils du diable et non de Dieu (Gen 3.14,15 ; Mat 23.33 ; Jean 8.44 ; Eph 2.1-3 ; 1 Jean 3.8-10). Voici comment on devient enfant de Dieu :« Mais à tous ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » (Jean 1.12,13)
Ceux qui ont reçu Christ dans leur vie et qui croient en lui, ceux-là sont enfants de Dieu.
Malgré toutes ces promesses, certains ont de la difficulté à croire qu’ils sont enfants de Dieu. Ils comprennent l’Évangile et le croient de tout leur cœur. Ils portent des fruits et ont toutes les raisons de croire qu’ils sont sauvés, cependant, ils sont encore dans la crainte. Seul Dieu lui-même arrivera à persuader leurs cœurs qu’ils sont enfants de Dieu.

b- Le témoignage de I’Esprit

Comment savez-vous que vous êtes sauvés vous qui avez l’assurance de votre salut ? Vous le savez par une sorte d’intuition infaillible et non par une connaissance apprise intellectuellement. Une conviction qui ne vient pas de ce que d’autres vous ont dit, mais de ce que vous savez intérieurement être la vérité. Cette assurance est le témoignage de l’Esprit à votre esprit. Ce n’est pas une simple impression, ou un espoir vacillant ; c’est une profonde certitude que l’Évangile est vrai et que je suis sauvé. Je sais que je ne sais pas tout, mais je sais que ce que je sais est vrai et je sais que j’appartiens à Dieu pour l’éternité. L’apôtre Jean écrit :« Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand ; car le témoignage de Dieu consiste en ce qu’il a rendu témoignage à son Fils. Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même ; celui qui ne croit pas Dieu le fait menteur, puisqu’il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. Et voici ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans son Fils. » (1 Jean 5.9-11)
Cette expérience est ce qu’on appelle la pleine assurance. Le degré de notre assurance peut varier, mais l’Esprit œuvre dans le cœur de tous les enfants de Dieu pour les amener à cette pleine assurance.
Nous lisons dans Romains 8.16 : « L’Esprit lui-même rend témoignage a notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » Comment l’Esprit témoigne-t-il à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ? Il existe toutes sortes d’enseignements mystiques concernant la signification de ce verset. Malheureusement, certains se sont dangereusement éloignés de la véritable assurance du salut en suivant ces faux enseignements, en cherchant une expérience mystérieuse, en attendant une révélation spéciale. Voici comment le professeur Louis Berkhof explique le sens véritable du témoignage de l’Esprit en nous :
« Ce témoignage du Saint-Esprit ne doit pas être envisagé comme étant une communication transmise au croyant par une voix secrète lui donnant l’assurance qu’il est un enfant de Dieu ; non plus comme une opération spécifique du Saint-Esprit sur la pensée, par laquelle il conduirait l’attention vers un passage de l’Écriture contenant cette assurance. Il ne faut pas le voir non plus comme un témoignage qui serait donné une fois pour toutes au moment de la conversion que le croyant pourrait à tout moment invoquer pour se rassurer, peu importe s’il porte les fruits de l’Esprit ou s’il suit les désirs de la chair. L’Esprit de Dieu témoigne continuellement en habitant dans les cœurs de ceux qui craignent le Seigneur et par le renouvellement de l’homme qu’il opère dans la grâce si manifestement divine. Il ouvre les yeux de la foi à la beauté et à la gloire des promesses de Dieu, il illumine l’intelligence de sorte que leur portée spirituelle est comprise, et il convainc le cœur de leur pertinence pour des pécheurs perdus.[…]  Plus la vie de la foi se développera, plus notre progrès dans la voie de la sanctification augmentera, alors la voix de l’Esprit résonnera avec plus de clarté et dissipera tous les doutes en remplissant le cœur de joie et de paix. » 1

L’Esprit qui habite dans les croyants n’est pas un résident silencieux et imperceptible ; il est vivant et il manifeste sa présence. Cette présence est le témoignage qu’il rend à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Il ne s’agit pas d’un témoignage instantané ou ponctuel, mais plutôt d’un témoignage continuel et progressif qui s’inscrit dans l’œuvre de sanctification que l’Esprit Saint opère en nous. Ce témoignage se développe pendant des années. Remarquez le contexte de sanctification dans lequel l’apôtre Paul nous présente le témoignage de l’Esprit au début et à la fin de cette péricope :
« Ainsi donc, frères, nous ne sommes point redevables à la chair, pour vivre selon la chair. Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez, car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. […] Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. » (Rom 8.12-14,17)
À mesure que nous sommes sanctifiés par l’Esprit, le témoignage intérieur de notre filiation divine grandit. Ce témoignage a un but précis : nous amener à voir Dieu comme notre Père. Dieu est le Créateur, l’Éternel, la Parole, l’Alpha et l’Oméga, le Tout-Puissant, la Trinité, le Roi, le Juge, le Seigneur. Nous devons le révérer pour tout ce qu’il est et nous incliner devant sa majesté. Tout ceci, Dieu l’est pour tous les hommes indépendamment de leur statut. Toutefois, il y a quelque chose que Dieu est uniquement pour ceux qui sont en Jésus-Christ : un Père.Il est bien d’appeler Dieu « Seigneur ! », mais il y a un problème avec notre assurance si nous n’arrivons pas à l’appeler « Père ! ». Ce problème sera corrigé à mesure que nous serons conduits par l’Esprit, car il nous convaincra que notre statut face à Dieu n’est pas celui d’une simple créature en face de son Créateur, d’un pécheur en face de son Juge ou d’un serviteur en face de son Maître. Notre statut est plutôt celui d’un enfant bien-aimé par son Père. Celui qui se sait ainsi l’enfant de Dieu, s’écrie naturellement « Père ! », car aucun autre titre n’exprime mieux ce que Dieu est pour lui (Rom 8.15) : « Vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! »Certains ont enseigné que le mot « abba » signifiait « papa » et non « père ». Ce n’est pas tout à fait juste. Abba est la forme syriaque du mot hébreu pour père et il s’agit du mot par lequel Paul interpellait son propre père dans sa langue maternelle. Paul l’écrit dans sa propre langue avant de le traduire en grec pour ses lecteurs, car sa langue maternelle exprime mieux le sentiment de filiation qui l’habite vis-à-vis de Dieu. Il n’y a donc pas de distinction de sens entre les mots abba et père, l’apôtre utilise le mot dans sa langue maternelle, puis le traduit immédiatement au bénéfice de ses lecteurs.
L’Écriture ne dit pas que seuls ceux qui se sentent enfants de Dieu sont sauvés, mais bien que ceux qui croient au Fils sont enfants de Dieu et que l’Esprit agit en eux pour les amener à appeler Dieu « Père ! », à ne plus craindre et à savoir, non pas à supposer, mais à savoir qu’ils sont enfants de Dieu. Cette œuvre de l’Esprit se développera graduellement pendant des années pour produire une pleine assurance.

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  1. (Louis Berkhof, The Assurance of Faith, trad. libre, Grand Rapids, Michigan, WM. B. Eerdmans Publishing Co., 1939)
Denault Pascal
Pascal Denault est pasteur de l’Église évangélique de Saint-Jérôme(Canada). Il a obtenu une maîtrise en théologie à la Faculté de théologie évangélique de Montréal (2001-2011). Il est l’auteur des livres Solas et Une alliance plus excellente.