Le tribunal de Christ (2 Corinthiens 5.9-11)
« C’est pourquoi aussi, que nous soyons présents ou que nous soyons absents, nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréables ; car il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien soit mal. Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint, nous persuadons les hommes, mais nous avons été manifestés à Dieu, et j’espère aussi que nous avons été manifestés dans vos consciences. » (5.9-11 1).
Christ, le croyant, un tribunal : on peine à associer ces trois mots. On est sauvé par grâce, donc pas de tribunal, n’est-ce pas ? Pourtant si. Non seulement tous les incroyants devront comparaître devant un tribunal, mais aussi les croyants, dit Paul dans ce texte. Essayons de comprendre quel est ce tribunal pour en tirer quelques conséquences.
1. Quel est ce tribunal, qui devra s’y présenter et pourquoi ?
« Tous » auront à comparaître devant le tribunal de Dieu :
• Les incroyants pour être jugés et recevoir ce que mérite ce qu’ils auront fait pendant leur vie sur la terre, devant le grand trône blanc (Apoc 20.11-15).
• Les croyants (les saints), non pas pour être jugés dans le sens d’être condamnés (tout est réglé quant à leur position), mais pour que leur vie soit mise en lumière 2 .
D’autres textes3 sur le sujet nous disent que tout sera révélé. Ils affirment trois grands principes en relation avec ce tribunal :
1. L’homme ne peut rien garder secret ; Dieu voit tout
Ce principe très important maintient l’autorité du Dieu qui est lumière. Autrement quelque chose échapperait à son pouvoir et à son jugement.
2. Nous aurons à rendre compte à Dieu
Notre responsabilité personnelle envers Dieu est maintenue. Nos frères et sœurs dans l’Église peuvent nous aider ici-bas mais n’interféreront pas dans l’appréciation que Dieu portera sur nous.
3. Nous n’avons pas à craindre les hommes, mais Dieu
Nous n’avons pas à craindre les machinations secrètes des hommes mais nous pouvons avoir confiance en Dieu. La perspective de ce tribunal maintient notre conscience dans la lumière devant Dieu. Si nous sommes inquiets d’être « manifestés » 4, nous ne sommes pas pleinement dans cette lumière.
Cette manifestation au tribunal de Christ sera un gain immense pour le croyant qui connaîtra comme il aura été connu (cf. 1 Cor 13.12). Il portera le même juste regard que Dieu sur sa vie, depuis sa naissance : les fruits qu’il a portés pour Dieu dès sa conversion, l’usage qu’il a fait des dons reçus, la mesure selon laquelle il aura honoré le Seigneur ou il aura attristé le Saint-Esprit.
Déjà maintenant, en regardant en arrière depuis notre conversion, nous voyons quelle grâce, quelle patience, quel amour Dieu a eu pour nous ! Combien plus alors, libérés de la vieille nature qui nous a poussés à commettre le mal, apprécierons-nous la manière d’agir pleine d’amour de Dieu envers nous !
Alors nous comprendrons les plans de sagesse et de bonté de Dieu pour nous conduire, nous enseigner, nous garder de la tentation, nous relever après une chute. Certaines façons d’agir du Seigneur, qui paraissent aujourd’hui incompréhensibles, n’auront alors plus de secret pour nous et nous les considérerons avec admiration et une profonde adoration.
2. Quand aura-t-il lieu ?
Devant ce tribunal, les croyants arriveront avec leur nouveau corps glorieux (Phil 3.21). Cela aura donc lieu après l’enlèvement des croyants, quand Jésus nous prendra pour être pour toujours avec lui 5.
Nous pouvons aussi penser que ce sera avant d’être présentés au Père (1 Thes 3.13), car nous recevrons nos couronnes à la suite de ce tribunal.
En ce jour, il ne restera plus de trace de la nature pécheresse d’autrefois. Nous serons dans la joie avec notre Seigneur et dans une parfaite paix, résultat de ce que Christ a obtenu pour nous.
Plus encore, nous serons comme le juge, dans un corps semblable à lui, grâce à lui (1 Jean 3.2). Le juge sera celui qui a pris sur lui ma faute.
Les méchants recevront leur punition après le millénium ; les saints, leur récompense avant. Il n’y a pas de groupe intermédiaire.
3. Comment se déroulera-t-il ?
Cela aura-t-il lieu devant tous ou à huis-clos ? La Bible ne le précise pas. Chacun rendra compte pour lui-même sans que personne d’autre s’en mêle. Il paraît difficile de penser que tous écouteront et verront la vie de chacun : nous connaître à fond est une prérogative qui n’appartient qu’à Dieu, notre Créateur 6.
4. Quelles seront les conséquences ?
À la suite de cette manifestation devant le tribunal de Christ, il y aura pour le croyant :
• Des récompenses
Chacun recevra sa propre récompense, en rapport avec son propre travail pour Christ — bien que tout soit grâce, car c’est ce que l’Esprit aura fait en nous.
Selon notre diligence à obéir à la Parole de Dieu, notre intégrité dans notre service et dans notre vie chrétienne, nous n’aurons pas tous la même récompense. Les couronnes seront différentes et l’autorité que nous confiera le Seigneur aussi (cf. Luc 19.12-27). Nous recevrons en tout cas un « plein salaire » (2 Jean 8).
• Des pertes
Les œuvres de notre vie seront éprouvées par le feu pour constater si elles sont de l’or ou du foin. Dans ce dernier cas, elles seront consumées (1 Cor 3.14 15). Dans nos vies, combien de motifs impurs, d’interprétations bibliques qui nous arrangent, d’œuvres futiles, d’attitudes égoïstes, de désirs de plaire aux hommes plutôt qu’à Dieu ? Il en résultera une perte de récompense. Nous verrons de combien de bénédictions notre infidélité nous a privé. Devant l’accumulation de nos fautes, nous comprendrons davantage la valeur de l’œuvre de Christ.
5. Quelles implications pratiques en tirer aujourd’hui ?
Le verset 11 nous montre un double effet pour notre vie présente :
• Le Seigneur doit être craint : nous savons quel terrible jugement éternel attend celui qui est perdu. Alors cela nous pousse à persuader les hommes en annonçant l’Évangile. Le verbe « convaincre » ou « persuader » implique une conviction profonde, une insistance et une persévérance de notre part.
• Comme notre conduite sera mise en lumière, nous sommes donc encouragés à rechercher le bien des autres et la gloire de Christ.
Telles sont les conséquences que l’apôtre veut que nous tirions du tribunal de Christ — et non la peur d’un jugement. Si, aujourd’hui, nous ne sommes pas à l’aise avec ce tribunal, si nous ne pouvons pas y penser avec tranquillité, c’est soit par manque de compréhension de ce qu’il est, soit parce que quelque chose dans notre vie n’est pas en règle avec Dieu. Si nous avons ouvert tout notre cœur devant Dieu maintenant, nous ne devrions pas être inquiets qu’il soit entièrement dévoilé à ce moment futur.
Si notre cœur se rassure en pensant que telle chose ne sera pas révélée, Dieu nous répète que rien ne restera caché. Il le fait pour notre bénédiction et pour la joie que produit une marche droite devant lui.
Puisque crainte il y a, elle n’est pas liée au moment où nous le rencontrerons, mais elle concerne notre marche ici-bas. Si un chrétien pèche, Dieu va s’occuper de lui — et cela peut aller jusqu’à la maladie ou même le décès (cf. 1 Cor 11.30).
D’une manière générale, le Seigneur ne nous juge pas si nous nous jugeons nous-mêmes (1 Cor 11.31), car Dieu ne prend pas plaisir à nous affliger.
Si je suis pur aujourd’hui dans ma marche devant Dieu — ce qui ne me justifie pas — je n’ai pas à être anxieux d’être plus tard manifesté devant Dieu, parce que je le suis déjà maintenant. Cette perspective a un grand effet pratique sanctifiant : elle nous maintient sous l’œil de Dieu qui voit tout ce que nous faisons.
Alors appliquons-nous aujourd’hui avec ardeur à lui être agréables dans tous nos moments, sans nous laisser influencer par un environnement souvent opposé. Sondons avec ardeur sa volonté et la pensée biblique sur les questions qui agitent notre société. Pensons à sa gloire plus qu’aux pressions que nous subissons. Il en est digne (Apoc 4.10-11) !
- Les citations de cet article sont tirées de la version Darby
- À dessein, le mot « jugement » n’est pas utilisé en rapport avec ce tribunal en 2 Cor 5, même si d’une certaine façon il y a ce sens
- Rom 2.16 ; 14.12 ; 1 Cor 4.4-5 ; Mat 10.26 ; Marc 4.21-22 ; Luc 8.16-18 ; 12.1-2.
- Le verbe grec phaneroo utilisé par Paul et traduit ici par « manifester » signifie litt. « être révélé dans son vrai caractère, tel que l’on est vraiment »
- Jean 14.1-3 ; 1 Thes 4.16-17.5
- Pour le jugement des incroyants, Jésus a annoncé que des hommes de Ninive et la reine de Shéba se lèveront et condamneront les Juifs qui l’ont refusé (Mat 12.41-42). Ce jugement sera donc, au moins partiellement, visible par d’autres