Dossier: Le défi de l'Islam
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Les cinq « É » de l’annonce de l’Évangile aux musulmans

Le mot Évangile, commence par la lettre « É » ; les cinq suggestions présentées ici aussi. Qu’elles puissent nous aider à faire connaître aux musulmans l’Évangile, le plus précieux trésor au monde.

Écouter

Lorsque nous parlons de l’Évangile à des musulmans, c’est presque un réflexe : nous abordons très vite les questions théologiques qui divisent (trinité, identité de Dieu, ou salut). Les musulmans, habitués comme nous à ces argumentations, font de même. Mais vu leur diversité individuelle, culturelle, sociale et religieuse, d’autres préoccupations avouées ou secrètes occupent l’esprit des musulmans (Il est important de se le rappeler dans un monde qui pense que l’identité des musulmans se limite à leur religion et à la guerre sainte).

Ces autres préoccupations sont pour nous des occasions à saisir de parler de notre foi. Jésus a révélé la gloire de Dieu dans les situations les plus terre à terre : la maladie d’un enfant (Jean 4.46), le manque de nourriture (Mat 14.13-21), la poursuite de richesses (Luc 18.22), ou la peur de la mort (Luc 18.18).

Sommes-nous assez sensibles aux préoccupations des musulmans, qui sont les mêmes que celles des autres êtres humains. Notre témoignage devrait les aider à voir comment Jésus est intervenu dans de telles circonstances, dans les Évangiles ou dans notre vie personnelle. Il ne faut pas hésiter à mentionner Dieu. La majorité des musulmans sont très à l’aise de l’inclure dans les conversations de tous les jours. Mais encore faut-il que nous soyons nous-mêmes si fortement attachés à Dieu que nous ayons des choses à leur raconter.

Éclaircir

Les innombrables écrits théologiques de l’islam accumulés durant quinze siècles contiennent de nombreuses références au christianisme. Dès l’origine, l’islam a cherché à se positionner par rapport aux chrétiens présents dans la région et à qui le Coran et les traditions musulmanes ont emprunté de nombreuses pensées et pratiques. Malheureusement, les faits, récits et personnages bibliques cités sont souvent tronqués ou déformés. Nous devons aux musulmans ces éclaircissements même si, de prime abord, ils n’en ressentent pas le besoin, étant donné que, selon eux, le Coran est la dernière révélation et corrige les erreurs de la Bible.

Tout chrétien ne se sentira pas forcément équipé pour fournir des éclaircissements. Heureusement, de nos jours, il existe beaucoup d’ouvrages chrétiens qui abordent ces questions. N’hésitons pas à consulter diverses sources, même contradictoires, car ce débat qui se déroule depuis quinze siècles est très complexe. L’étude de l’islam ne doit pas nous faire oublier de sonder la Bible, de bien la connaître pour pouvoir répondre aux questions des musulmans.

Savoir défendre notre foi avec douceur et respect (1 Pi 3.15) ne s’acquiert pas du jour au lendemain. Suivons l’exemple de Jésus qui a longtemps côtoyé les religieux de son époque pour éclaircir leurs incompréhensions alors qu’ils étaient tout aussi réfractaires que les musulmans à accepter le salut par Christ.

Estimer

De nos jours, les relations entre chrétiens et musulmans sont souvent caractérisées par une peur mutuelle. Celle-ci est parfois justifiée dans le cas de terroristes disant agir au nom de l’islam. Mais les peurs peuvent également être infondées, véhiculées par l’ignorance de l’autre. Nos jugements sont aussi faussés par les demi-vérités ou les dires de pseudo-experts de l’islam.

Comment passer de la peur initiale du musulman et de l’islam à l’amour du prochain dont nous parle la Bible ? Dans l’amour, il y a des étapes que nous ne pouvons pas brûler. Estimer le musulman me paraît un bon début.  L’estime c’est prendre en compte le musulman, ne pas l’ignorer, reconnaître qu’il a de la valeur, que nous partageons la même humanité et qu’il peut m’apporter quelque chose. C’est le traiter comme soi-même. L’estime de l’autre fait partie intégrante du témoignage, puisque l’amour de Dieu est le fondement de l’Évangile : nous aimons notre prochain parce que Dieu nous a aimés le premier.

Échanger

À la suite de siècles de disputes sur les questions de la foi, les musulmans sont souvent hermétiques à nos discours. Dans ce cas, il faut inviter les musulmans à voir, toucher, sentir, goûter la vie chrétienne in situ, au milieu des chrétiens.

Les Évangiles parlent de faire « voir » nos bonnes œuvres (Mat 5.16). Voir, toucher, goûter, la transformation que Dieu opère dans la vie des chrétiens, exige que l’on se rencontre, que l’on se fréquente, que l’on passe du temps ensemble.

Malheureusement, beaucoup de musulmans hésitent à entrer dans une église (tout comme nous, chrétiens, hésitons parfois à entrer dans une mosquée).

Dans ce cas, pourquoi ne pas créer des lieux de rencontre en dehors de nos églises, des espaces et des activités nouvelles où les musulmans auront l’occasion de voir de leurs propres yeux notre relation à Dieu et notre foi en action : que ce soit dans les quartiers, les lieux de travail, les loisirs que nous partageons avec les musulmans, partout où la vie nous amène à nous rencontrer.

Émerveiller

Les Psaumes ne se lassent de chanter les merveilles de Dieu (Ps 96.3 ; 107.15 ; 145.5) et les foules qui suivaient Jésus étaient souvent dans l’émerveillement (Luc 7.37). Malheureusement, dans le témoignage auprès des musulmans, cet émerveillement s’est estompé à la suite des relations tendues, des persécutions, du terrorisme, des guerres, et des restrictions imposées aux églises en pays musulmans. L’époque de Jésus n’était pas si différente. Et pourtant sa venue a été considérée comme une bonne et joyeuse nouvelle (Luc 2.10). Les paroles de Jésus et ses miracles suscitaient l’émerveillement. L’action de Dieu était source de joie (Act 8.8). Elle l’est encore. Dieu est le même hier, aujourd’hui et éternellement. Il agit dans l’ordinaire et l’extraordinaire, mais son action est toujours source d’émerveillement. (Même le Coran affirme que Jésus a guéri des malades et fait revivre des morts (Sourate 5.110).) Il se peut que nous soyons intimidés par le témoignage à rendre aux musulmans, mais si nous nous confions en Dieu, nous imprégnant de sa Parole, priant avec ferveur, et témoignant de notre foi, nous verrons Dieu émerveiller les musulmans.

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Dossier : Le défi de l'Islam
 

Reisacher Evelyne A.
Evelyne A. Reisacher est arabophone, Associate Professor of Islamic Studies and Intercultural Relations au Fuller Theological Seminary en Californie. Depuis 40 ans une vraie passion pour les musulmans et pour la formation de ceux qui veulent pouvoir communiquer avec eux.