Série: Ce que nous croyons
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Les deux sacrements

Ce que nous croyons
Adaptation d’esquisses de Stuart OLYOTT par Jean-Pierre SCHNEIDER

Seuls deux actes symboliques ou < sacrements » furent institués par Jésus-Christ, qui donna l'ordre de les observer dans son Eglise. Ces deux actes sont l'expression extérieure, visible, d'une réalité spirituelle intérieure. Nous n'employons le mot « sacrement » que pour sa commodité technique (acte sacré). L'application d'un sacrement est dépourvue de tout effet spirituel ou autre qu'il aurait par lui-même et ne confère donc aucune grâce par lui-même; il ne peut avoir de valeur que pour celui qui croit en Jésus-Christ, qui a donc déjà été gracié et qui lui appartient, comme nous le verrons par la suite.

A. Le Baptême

1. Vocabulaire

Le mot « baptiser » vient du verbe grec « baptizo » qui veut dire « tremper », « immerger », avec la connotation de « périr ». Le nom « baptisma » (baptême) ne se trouve pas dans la littérature juive ou païenne et semble avoir été une innovation chrétienne pour désigner le baptême de repentance, différent du baptême de purification que le juif pieux s’administrait lui-même.

2. Le baptême de Jean

Jean parut, il baptisait dans le désert et prêchait le baptême de repentance pour le pardon des péchés (Marc 1.4).

Ce baptême avait une double signification. D’une part, il marquait un tournant vers Dieu: repentance implique conversion; d’autre part, il anticipait le baptême d’Esprit Saint et de feu que le Messie exercerait (Mat 3.11).

3. Le baptême de Jésus

En se soumettant au baptême de Jean, Jésus signifiait et effectuait sa solidarité avec l’homme pécheur. Le ciel ouvert et l’approbation divine notifiaient l’initiation de l’oeuvre du salut entreprise et accomplie par Jésus, en même temps que par la révélation du royaume de Dieu.

4. La signification du baptême

Il est administré à des personnes converties au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et suivi de l’enseignement de la loi de Christ (Mat 28.19-20), ou tout simplement au nom de Jésus-Christ (Actes 2.38). Aussi Paul spécifie-t-il: . . .vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ (GaI 3.27). Etre en Christ équivaut à être un membre de son corps, l’Eglise. Le baptême signifie donc l’appartenance à l’Eglise de Jésus-christ.

La signification profonde du baptême est clairement énoncée dans Rom 6.1-11: … nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés. Nous avons donc été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme le Christ est ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. Le croyant est donc identifié à Jésus-Christ, car par la nouvelle naissance opérée par l’Esprit il a reçu la vie même de Christ: Je suis crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi… (GaI 2.20). Cela implique clairement que le baptisé, étant croyant, a déjà reçu le baptême du Saint-Esprit, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent (Act 5.32).

Le baptême signifie avant tout qu’il y a identification spirituelle avec Jésus-Christ, puisque la vie de Christ est devenue celle du croyant, qui doit se considérer, non seulement crucifié et ressuscité avec Christ (Rom 6.11), mais virtuellement aussi monté au ciel avec lui: …. il (Dieu) nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Christ-Jésus (Eph 2.6).

Seule l’immersion du baptisé dans l’eau fait ressortir la signification symbolique de cet acte: mort et enseveli avec Christ, mais ressuscité avec lui en ressortant de l’eau comme d’un tombeau. Le baptême par immersion était pratiqué dans l’Eglise apostolique. Ainsi il est dit lors du baptême de l’eunuque éthiopien par Philippe: Quand ils furent remontés hors de l’eau (Act 8.39). « Tous les baptêmes que l’Evangile nous rapporte se font par immersion » (Kuen, « Je bâtirai mon Eglise », p.l65). Il n’est pas étonnant que le sens du baptême ait été perdu de vue avec l’abandon de l’immersion.

5. Qui peut être baptisé?

Il ressort clairement de ce qui précède que le baptême ne peut s’appliquer qu’à des chrétiens nés de nouveau, scellés par le Saint-Esprit. Le commandement de Christ aussi bien que tous les exemples dans le livre des Actes le démontrent clairement, tout comme le fait que le baptême était pratiqué tout de suite après la conversion.

Le baptême des nourrissons n’avait même pas effleuré la pensée des auteurs sacrés du NT. Ce ne fut d’ailleurs que vers le 4e siècle que le pédo-baptisme commençait à supplanter celui des adultes. Il n’existe aucun ordre de le pratiquer. Il n’y en a aucun exemple dans tout le NT. Les passages tels que Marc 10.14 ou 1 Cor 7.14 n’ont rien à voir avec le baptême.

Ceux qui invoquent les passages où des familles entières furent converties (Act 11.14) ou baptisées (16.15,33; 18.8) oublient qu’il faut tenir compte de l’analogie de la foi. Elle nous montre que le baptême est toujours administré à ceux qui ont cru. Deux exemples de baptêmes de « familles » suffiront pour illustrer ce point:

Le récit de la conversion de Corneille (Act 10) nous apprend qu’il avait appelé chez lui ses parents et ses amis intimes; à ces gens, Pierre dit: quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés. Comme Pierre prononçait encore ces mots, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole… Il (Pierre) ordonna de les baptiser au nom de Jésus-Christ. Les nourrissons, n’ayant pu ni écouter ni croire la parole, ne furent donc pas baptisés.

Au geôlier de Philippe, Paul et Suas dirent: Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. Puis ils leur annoncèrent la parole du Seigneur, et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens… et il se réjouit avec toute sa famille d’avoir cru en Dieu. S’il y avait eu des nourrissons baptisés avec eux, il aurait fallu les réveiller en pleine nuit pour qu’ils puissent écouter la parole et se réjouir avec le geôlier d’avoir cru en Jésus.

Faire appel à la circoncision pour défendre le baptême des nourrissons prouve qu’on n’a pas compris la différence entre le peuple de Dieu de l’ancienne et celui de la nouvelle alliance. Tout garçon juif avait droit, de par sa naissance charnelle, à être circoncis en signe de son appartenance au peuple élu. Par contre, l’enfant né de parents chrétiens n’est pas pour autant enfant de Dieu, même si la bénédiction de Dieu repose sur lui d’une manière particulière. Cela ressort sans ambiguïté du texte suivant: … (Christ) a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom et qui sont nés, non du sang ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu (Jeanl.12).

La raison principale pour laquelle on a eu l’idée de baptiser des petits enfants doit être en relation avec la sacramentalisation du baptême, qui conférerait une grâce par lui-même (ex opere operato) si administré par une personne « consacrée ». On pensait ainsi assurer le salut de l’enfant et en faire un membre de l’église en question. Le NT ne connaît rien de semblable.

Examinons encore la question du rebaptême:

Voici quelques phrases citées du livre d’A. Kuen,« Le baptême » (S.P.B. 1970, p.l99): « Le baptême des enfants n’a rien de commun avec ce que la Bible appelle baptême, sauf le nom. Tout est différent: la forme, les bénéficiaires, la signification et la valeur des deux actes. Le baptême des nourrissons n’est ni un engagement, ni une expression extérieure d’une expérience intérieure,… ni une profession de foi,… ni un acte d’obéissance… On ne peut donc pas parler de rebaptiser… Le baptême de Jean était certainement plus proche du baptême chrétien que le baptême des nourrissons, pourtant Paul n’a pas hésité de rebaptiser les disciples d’Ephèse… » Ailleurs (p. 195): « Dans la Bible, le baptême est toujours cité après la foi. Donner le baptême par anticipation, c’est comme si on donnait le baccalauréat par anticipation à tous les nouveau-nés!

6. Ce que le baptême ne fait pas

a. Le baptême ne confère pas le salut.

L’homme est sauvé par le moyen de la foi. …c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les oeuvres… (fût-ce l’oeuvre que constitue l’acte du baptême) (Eph 2.8-9). La parole de Jésus dans Jean 3.5 associe baptême et régénération (naître de nouveau). La phrase principale dans Tite 3.5 devrait être traduite ainsi: Il nous a sauvés par le bain caractérisé par la régénération et le renouveau opéré par le Saint-Esprit. Jac 1.18 indique le moyen que le Saint-Esprit emploie pour opérer cette régénération: Le Père des lumières… nous a engendrés… par la parole de vérité. Et plus loin Jacques évoque la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver vos âmes.

b. Le baptême ne purifie pas.

1 Pi 3.21 doit être compris dans son contexte. L’eau du déluge typifie à la fois le jugement (la croix) et le salut (l’eau portait l’arche). Le baptême appliqué sans la foi du baptisé peut tout au plus laver la chair. En réalité, le croyant est sauvé par ce que le baptême symbolise: la mort et la résurrection de Jésus.

Le symbole et la réalité sont si étroitement liés que le symbole est quelquefois utilisé à la place de la réalité. Le baptême, dit Pierre, est l’engagement d’une bonne conscience devant Dieu. Autrement dit, l’acte du baptême représente l’engagement du baptisé de vivre ce que le baptême symbolise.

Nous concluons que personne n’est sauvé par le rite du baptême.

B. La sainte Cène

1. Vocabulaire

Le mot latin « coena » désignait le repas principal des Romains. Les expressions suivantes font allusion à la Cène: la fraction du pain (Act 2.42), rompre le pain (Act 20.7), la communion (à partir de 1 Cor 10.16), la table du Seigneur (1 Cor 10.21).

Le mot eucharistie, utilisé par l’Eglise romaine, veut dire « action de grâces » et exprime donc un sentiment de reconnaissance. Ce mot avec ses dérivés se trouve plus de 50 fois dans le NT. Paul l’utilise particulièrement dans ses introductions aux épîtres à propos des valeurs spirituelles des églises, ou alors dans un sens absolu, comme dans Eph 5.20: Rendez toujours grâces pour tout à Dieu le Père…

La raison pour laquelle on a commencé, au 2e siècle, d’utiliser eucharistie en relation avec la Cène se trouve dans les paroles par lesquelles Jésus l’institua: Il prit la coupe, rendit grâces (eucharistésas) et dit… Ensuite, il prit le pain, et après avoir rendu grâces (eucharistésas), il le rompit… (Luc 22.17-20).

2. La signification de la Cène

L’institution de la sainte Cène est rapportée dans Mat 26.26-29, Marc 14.22-25, Luc 22.15-20 et 1 Cor 11. 23-25. Il ressort de ces textes que la Cène est un repas commémoratif, un symbole de communion avec le Christ crucifié, comme le dit 1 Cor 10.26.

Il ne peut être question de boire le sang de Christ ou de manger son corps dans un sens littéral, vu que quand le Seigneur institua ce repas, son sang n’avait pas encore coulé et son corps n’avait pas encore été rompu. Ceci est mon sang et ceci est mon corps ont la même signification symbolique que quand Jésus dit je suis le chemin, je suis la porte, je sus la lumière, ou quand Jean dit Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde.

Jésus avait scandalisé ses auditeurs en leur disant: Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous (Jean 6.53). C’est qu’ils avaient pris ses paroles à la lettre. Jésus dut alors préciser: Cela vous scandalise? …C’est l’Esprit qui vivifie. La chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie (v. 61-63). Par cette explication, Jésus enlève tout fondement à l’interprétation littérale de ses paroles, et du coup aussi aux paroles par lesquelles il institua la sainte Cène.

Le Seigneur n’est pas physiquement présent quand la Cène est célébrée; il l’a été une seule fois: quand il l’institua. Aucun miracle de transformation n’a lieu lorsque la Cène est célébrée.

Il en découle que la « transsubstantiation » enseignée par l’église romaine, qui dit que le vin et le pain sont transformés en sang et en corps de Jésus, est une erreur, tout comme la « consubstantiation », qui enseigne la présence réelle, simultanée du corps et du sang de Jésus.

La sainte Cène est un rappel du prix que notre salut a coûté au Seigneur; elle nous rappelle que la nouvelle alliance, l’alliance de la grâce, a été scellée par son sang; et elle constitue une annonce de la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (1 Cor 11.23-26), parole qui indique que la Cène doit être pratiquée jusqu’à son retour, ce qui en fait aussi un repas d’espérance.

3. Qui peut prendre la sainte Cène?

Tout enfant de Dieu, membre du corps de Christ, donc de son Eglise, peut prendre la Cène, qui exprime et confirme, tout comme le baptême, une réalité spirituelle par un acte concret. « Dans l’Eglise primitive ne prenaient part à la sainte Cène que les croyants qui persévéraient dans la doctrine des apôtres et dans une vie conforme à la parole de Dieu » (A. Kuen, op. cité, p. 264).

Qu’entend Paul par manger le pain et boire la coupe indignement? Le chrétien qui se sent indigne, dont le coeur le condamne, devrait-il s’en abstenir? Non, car Dieu est plus grand que notre coeur et connaît tout, dit 1 Jean 3.20. La seule dignité du chrétien lui vient d’avoir été revêtu de la justice de Dieu: Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, de sorte qu’il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus (Rom 5.1 et 8.1).

Il faut relire tout le passage de 1 Cor 11.17-34 si l’on veut comprendre ce que Paul entend par indignement. Je vous invite à le faire avant de continuer. – La clé se trouve dans le v.29: Celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même. En quoi consiste ce discernement?

J’y vois deux aspects:

a. Dans un sens très réel, le pain représente le corps de Jésus rompu pour nous. Ne peut le manger dignement que celui qui discerne dans le corps de Jésus crucifié celui du Fils de Dieu qui. lui-même innocent de tout péché, a expié le péché dans son corps à la croix, celui donc qui sait qu’il a été délivré de ses péchés par le sang de Jésus (Apoc 1.5b).

b. Mais le corps du Seigneur, c’est aussi l’Eglise. Tout participant au repas du Seigneur doit pouvoir discerner en ceux avec qui il partage le pain et le vin, des membres du corps de Christ, des frères et soeurs dans la foi. Cela exclut d’emblée les divisions et les querelles, les rancunes dues aux fautes non pardonnées. N’oublions pas que la Cène se prenait, dans l’Eglise apostolique, au cours d’un repas commun, et à Corinthe, nous apprend le texte, certains se goinfraient et s’enivraient alors que d’autres n’avaient rien à se mettre sous la dent.

Puisque prendre la Cène sans discerner le corps entraîne le jugement de Dieu, il faut que chacun s’examine soi-même, car celui qui se juge lui-même ne sera pas jugé par le Seigneur, vu qu’il a opéré lui-même la correction nécessaire en se jugeant.

4. Ce que la sainte Cène n’est pas

Elle n’est pas un sacrifice. Elle ne fait que commémorer le sacrifice de Jésus-Christ accompli il y a deux millénaires une fois pour toutes (Héb 7.27).

La participation à la Cène ne procure pas le pardon; elle ne peut être célébrée que par ceux à qui le pardon, et donc le salut, a été accordé par grâce,… par le moyen de la foi (Eph 2.8).

Conclusion

Les deux sacrements institués et ordonnées par le Seigneur Jésus-Christ, seul Chef de l’Eglise, font partie intégrante de la vie de l’Eglise. Ils n’ont de valeur que quand ce qu’ils symbolisent est déjà devenu une réalité pour ceux qui y participent. Ils peuvent être administrée par les anciens ou tout autre membre masculin d’une église locale qui en aurait reçu le mandat.

Le baptême peut être considéré comme le signe visible de l’entrée dans l’Eglise de Jésus-Christ.

La sainte Cène, qui est la participation au pain et au vin qui symbolisent le corps et le sang de Jésus-Christ, se pratiquait chaque dimanche par l’Eglise apostolique réunie pour le culte (Act 20.7).

Voici ce qui nous est dit de la première église locale, à Jérusalem:
Ceux qui acceptèrent la parole furent baptisées… ils persévéraient
dans l’enseignement des apôtres,
dans la communion fraternelle,
dans la fraction du pain (la Cène)
et dans les prières.
Act 2.41-42

Adaptation d’esquisses de Stuart OLYOTT par Jean-Pierre SCHNEIDER
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