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Les évangéliques (2)

B. La situation contemporaine (suite)

4. L’unité évangélique et l’ocuménisme de Genève (COF)
      L’évolution décrite dans la première partie de cet exposé, conjointement avec la grâce de Dieu, a fait que les évangéliques sont sortis de leur dispersion. Dès le début du siècle, l’Alliance Evangélique Universelle a préparé une certaine unité. Plus tard, après six ans de prière et de contacts, le premier Congrès évangélique eut lieu à Berlin en 1966 (« Congrès mondial de l’évangélisation »).

      Depuis cette date, les évangéliques ont continué d’organiser des rassemblements internationaux importants et sont devenus une force considérable par une unification étonnante, non hostile. On peut dès lors parler d’un « ocuménisme évangélique » (okuméné = univers) qui s’est merveilleusement développé, dans un effort d’enlever des barrières traditionnelles et de mettre Jésus-Christ au centre de cette vision. A ce propos, citons le Congrès de Lausanne de 1974, qui fut le plus grand congrès universel des évangéliques, sous le sigle CIPEM (Congrès international pour l’évangélisation du monde); il en résulta la « Déclaration de Lausanne » qui eut un impact mondial. TEMA (The European Missionary Association) s’est voué à l’organisation de congrès missionnaires de jeunesse sur le plan européen; en Suisse, il y eut les deux « Jours du Christ » en 1980 et 1984.

      Plusieurs facultés de théologie évangélique ont été fondées, ainsi à Vaux-sur-Seine, à Aix-en-Provence et à Bâle (FETA: Freie evangelischtheologische Akademie). Ces facultés reflètent et stimulent la réflexion évangélique.

      L’unification massive des évangéliques dans le Tiers Monde, en Amérique et dans certains pays d’Europe a attiré l’attention du mouvement ocuménique qui, sans changer son cours, fait de gros efforts de relations humaines et de compréhension spirituelle pour se rapprocher des évangéliques.

5. Les zones intermédiaires
      Ce qui précède explique la formation de zones intermédiaires entre les courants principaux du protestantisme, d’autant plus que nous vivons dans un monde où domine le mythe de la neutralité et du compromis. Une autre tentation qui caractérise notre temps (temps de la fin?) est celle du relativisme humaniste où l’homme choisit son éthique et croit à l’unité universelle future.

      A part les oecuméniques ouverts aux évangéliques, surtout dans les pays à fortes églises d’Etat, il y a aussi les évangéliques ocuménisants, qui cherchent à gommer l’abîme qui sépare les deux groupes. Dans ce domaine, le côté affectif joue un grand rôle, ce qui n’a rien d’étonnant, vu que la foi chrétienne implique la personne entière du croyant. Et puis, il faut le dire il y a des ocuméniques sympathiques et des évangéliques parfois rébarbatifs.

6. Les évangéliques en Suisse
      a) Suisse alémanique
      La situation des évangéliques (Evangelikale) s’est fortement renforcée dans cette décennie, ce qui a provoqué un accroissement important des églises évangéliques. Cela est dû en grande partie au grand nombre d’églises libres (Freikirchen) et de communautés évangéliques en relation avec les églises d’Etat (chaque canton a son église, en général intégrée dans un de ses départements). Ces églises libres sont indépendantes de l’Etat. Parmi elles, mentionnons : Evangelische Gemeinschaft, Freie Gemeinde, Evangelische Brüderversammlung (Assemblée des Frères), Chrischona. Ces différentes églises se sont muées en une Communauté suisse de travail pour l’évangélisation (SAFE) qui contribue largement à l’unité des évangéliques. En 1984, SAFE admit en son sein les communautés pentecôtisantes qu’avant elle avait tenu à l’écart. Elle prépare une action commune au niveau des médias électroniques. Chaque année, des campagnes d’évangélisation sont organisées en Suisse Alémanique.

      b) Suisse romande
      Ici la situation des évangéliques est beaucoup plus faible, à cause de leur petit nombre et de leur division en groupuscules. L’influence de l’Eglise d’Etat, qui possède quelques leaders évangéliques remarquables, a été négative, d’une part à cause du barthisme antipiétiste qui a fortement influencé les théologiens des années 40 a 60, d’autre part à cause du voisinage du COE de Genève, dont l’influence a été en général neutraliste sinon pluraliste.

      L’urgente nécessité de l’unité des évangéliques, que les médias traitent comme quantité négligeable, a commencé à se concrétiser en novembre 1983 par la constitution de la FREOE (Fédération romande d’églises et d’ouvres évangéliques) où siègent des extrêmes tels que l’Action biblique et des églises pentecôtisantes.

      L’attitude d’expectative de beaucoup d’Assemblées de Frères, qui forment la majorité des églises évangéliques de Suisse romande rend cette unification difficile et freine la formation d’une entité qui puisse être prise au sérieux par les autorités et les médias. Notre vou est que nos frères prennent mieux conscience de leur héritage spirituel et de leur identité, que les barrières traditionnelles puissent tomber, afin que le témoignage d’une unité évangélique dans notre région soit plus réel.

      Ndlr: En Août 1985 eut lieu, à Morges, un grand rassemblement pour fêter la fondation de l’Association des Assemblées de Suisse romande, qui réunit en son sein une quarantaine d’Assemblées de Frères antérieurement séparés en deux groupes distincts. Le vou du Dr. Bréchet, qui rédigea cet article en 1984, s’est ainsi réalisé.

C. Le témoignage évangélique

      Il s’agit de fixer des buts clairs et de travailler à « l’ocuménisme évangélique » qui s’étend au monde entier, ainsi que de rechercher des contacts réguliers avec le mouvement évangélique dans le monde, mouvement qui n’a pas de siège et qui s’oppose à une structuration rigide.

      Le témoignage évangélique doit faire honneur au Seigneur par sa position clairement biblique et doit être rendu dans un esprit d’humilité et de courage. S’il est exempt d’agressivité et d’esprit de confrontation, l’unité des évangéliques sera la meilleure réponse au libéralisme et au pluralisme théologique ambiant. Cela demande du courage dans un monde empreint de préjugés séculiers humanistes où l’on ne distingue souvent que « ocuméniques » et « sectaires ». Les évangéliques doivent se défendre d’être taxés d’obscurantistes religieux ou culturels, de « fondamentalistes » ou d’autres étiquettes péjoratives que les médias tentent de leur coller.

      Si les évangéliques veulent être le sel de la terre, ce qui est le devoir absolu de chrétiens, leur témoignage doit être fidèle à la Bible, sans aucune ambiguïté. Ceci dit, il doit aussi se faire dans le respect des particularités des nombreux groupes qui le composent. C’est un programme de compréhension et d’aide mutuelle dans l’amour du Christ.

      La soumission absolue des évangéliques à l’autorité de la Parole inspirée doit se refléter non seulement dans la théologie, mais aussi dans le domaine de l’éthique et de la vie sociale. Je ne citerai ici que deux noms qui sont devenus des symboles dans le monde évangélique Francis Schaeffer des Etats Unis et l’historien Pierre Chaunu, membre de l’Institut.

      Le témoignage évangélique ne peut ignorer les trois milliards d’hommes sans possibilité d’entendre le message de l’Evangile. Il doit s’inspirer de la vision des anciens piétistes: évangéliser le monde pour que le Roi vienne.

FIN

Rodolphe Bréchet


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