Dossier: Vivre en disciple
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Les quatre missions de Paul à Timothée

Timothée était un enfant d’un mariage « mixte » : son père était grec et sa mère juive croyante (Act 16.1). Sa mère et sa grand-mère l’avaient instruit dans l’A.T. (2 Tim 3.15). Converti à Jésus-Christ lors du premier voyage missionnaire de Paul (vers l’an 47), sans doute dans son adolescence, il avait rapidement grandi dans la foi.
Lors de son deuxième voyage (vers l’an 50), Paul l’associe à Silas et lui pour poursuivre sa mission. Ce point de départ est la conjonction d’un don personnel (1 Tim 4.14 ; 2 Tim 1.6), de prophéties spécifiques (1 Tim 1.18), d’un témoignage préalable favorable des deux églises de la région et du discernement propre de Paul (Act 16.2-3). L’appel à un service est bien souvent la résultante de diverses circonstances, rencontres, paroles reçues, textes bibliques… Quand ces indications concordent, comme ce fut le cas pour Timothée, la confiance dans l’appel reçu s’en trouve renforcée.
Timothée va rapidement devenir le collaborateur le plus proche de Paul qui lui confiera une série de missions.
Au travers de celles-ci, nous pourrons trouver plusieurs enseignements utiles sur la collaboration entre un chrétien plus âgé et un plus jeune.

Thessalonique (50) :sa première mission

Le contexte de la première mission

Le deuxième voyage missionnaire de Paul, accompagné de Silas et Timothée, continue. Avant de passer en Europe, ils s’adjoignent Luc puis ils vont évangéliser Philippes avant d’aller à Thessalonique, un port très actif sur la mer Égée. Paul poursuit ensuite vers Athènes mais il est inquiet des oppositions dont sont victimes les jeunes chrétiens de Thessalonique.

L’objectif de la première mission

C’est alors que Paul leur envoie Timothée. Par lui, l’apôtre veut affermir et encourager les Thessaloniciens au sujet de leur foi (1 Thes 3.2). Chrétiens depuis quelques mois seulement, devant faire face à des persécutions, ils ont besoin d’être fortifiés et exhortés.

L’attitude de Timothée

Elle est courageuse : il n’hésite pas à retourner à Thessalonique, un endroit dangereux où des Juifs fanatiques sont prêts à utiliser tous les expédients pour se débarrasser des chrétiens (Act 17.5-9 ; 1 Thes 2.14-16). Le courage pour affronter des difficultés est la marque d’un fidèle serviteur de Dieu (2 Cor 6.4-10).
Timothée ne montre pas de fausse modestie pour un « débutant » de seulement… 20 ans1 ! Paul n’hésite pas à confier au jeune Timothée un rôle important. Qui, aujourd’hui, oserait envoyer un jeune, converti depuis quatre ans, dans un endroit où les chrétiens sont persécutés, avec la tâche d’enseigner et encourager l’église ?

Le résultat de la première mission

De retour auprès de Paul, qui, entre temps, s’est déplacé jusqu’à Corinthe, Timothée lui donne de bonnes nouvelles des Thessaloniciens.
Paul prolonge le travail que son collaborateur a effectué en rédigeant deux lettres à destination des Thessaloniciens et il n’hésite pas à associer Timothée comme co-rédacteur (1 Thes 1.1 ; 2 Thes 1.1). Quel honneur pour ce jeune chrétien ! Si nous avons quelque responsabilité dans l’église, n’hésitons pas à nous associer et à valoriser de plus jeunes qui ont montré de l’intérêt et du potentiel.

Corinthe (54) :sa deuxième mission

Le contexte de la deuxième mission

Nous retrouvons Timothée à Éphèse quelques années plus tard, où il travaille avec Paul. L’apôtre s’est établi dans cette ville, la 5e en importance de l’Empire romain, au début de son troisième voyage missionnaire. De là, Timothée est envoyé en Macédoine, puis à Corinthe avec Éraste.

L’objectif de la deuxième mission

Les nouvelles de Corinthe reçues par Paul n’étaient pas encourageantes. L’église était secouée par des dissensions internes, des désordres moraux, des fausses doctrines… Timothée doit rappeler l’exemple et l’enseignement de Paul : « Je vous en conjure donc, soyez mes imitateurs. Pour cela je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur ; il vous rappellera quelles sont mes voies en Christ, quelle est la manière dont j’enseigne partout dans toutes les églises » (1 Cor 4.16-17). Une mission délicate sur un terrain où l’apostolat de Paul est contesté.

L’attitude de Timothée

Les chrétiens de Corinthe ne sont pas des tendres ! Paul lui-même en fera les frais lors d’une visite-éclair quelque temps après. Aussi peut-on comprendre que Timothée soit craintif devant cette mission très délicate. La Première Épître a dû précéder de peu son arrivée et Paul avertit les Corinthiens : « Si Timothée arrive, faites en sorte qu’il soit sans crainte  parmi  vous, car il travaille comme m o i  à  l ’œ u v r e  du Seigneur. Que personne donc ne le méprise.
Accompagnez- le  en paix, afin qu’il vienne vers moi, car je l’attends avec les frères » (1 Cor 16.10-11). Bel exemple d’un chrétien plus âgé qui recommande un plus jeune et assoie son ministère.

Le résultat de la deuxième mission

Ni Paul ni Luc ne donnent les résultats de la mission de Timothée, sans doute par délicatesse, car tout laisse à penser qu’elle n’a pas été un plein succès… En effet, les désordres continuent et Paul doit envoyer ensuite Tite (2 Cor 2.12). Paul néanmoins garde sa confiance à Timothée et l’associe dans la rédaction de la Seconde Épître aux Corinthiens (2 Cor 1.1). Un échec relatif ne disqualifie pas un serviteur !

Philippes (62) :sa troisième mission

Le contexte de la troisième mission

Timothée continue d’accompagner Paul dans son voyage de retour vers Jérusalem avec la collecte (Act 20.4), ce qui témoigne de sa rigueur sur les questions matérielles. Nous le retrouvons ensuite aux côtés de Paul, lors de son premier emprisonnement à Rome et il cosigne les lettres aux Colossiens, à Philémon et aux Philippiens. Belle marque de sa fidélité envers son mentor !
Puis Paul confie à Timothée une troisième mission : il l’envoie « en éclaireur », car il espère être bientôt libéré et revoir les frères et sœurs à Philippes.

L’objectif de la troisième mission

C’est essentiellement un échange de nouvelles : pour Paul, avoir des nouvelles des chrétiens à Philippes et pour eux, en recevoir de Paul : « J’espère dans le Seigneur Jésus vous envoyer bientôt Timothée, afin d’être encouragé moi-même en apprenant ce qui vous concerne » (Phil 2.19).

L’attitude de Timothée

Le choix de Timothée est lié à son intérêt personnel pour les Philippiens : « Je n’ai personne ici qui partage mes sentiments, pour prendre sincèrement à cœur votre situation ; tous, en effet, cherchent leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus-Christ » (Phil 2.20-21). Un père spirituel encouragera non seulement son enfant spirituel à approfondir la doctrine, mais aussi à s’intéresser aux personnes. Les « intérêts de Jésus-Christ » sont ceux des siens !

Le résultat de la troisième mission

Rien n’en est dit, mais le contexte relativement paisible de l’église à Philippes laisse penser que Timothée a pu y être bien reçu.

Éphèse (65) :sa quatrième mission

Le contexte de la quatrième mission

Paul, libéré, retourne sur le bassin de la mer Égée et en particulier à Éphèse où les hérésies se développent. Pour des raisons inconnues, Paul part d’Éphèse et y laisse Timothée pour mettre de l’ordre dans la vie pratique de l’église.

L’objectif de la quatrième mission

Timothée doit avant tout arrêter les mauvaises doctrines et apporter un sain enseignement : « Je te rappelle l’exhortation que je t’adressai à mon départ pour la Macédoine, lorsque je t’engageai à rester à Éphèse, afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines » (1 Tim 1.3).

L’attitude de Timothée

À 35 ans, Timothée se retrouve seul dans cette église où Paul avait enseigné pendant trois ans. Si on en juge à la lettre que l’apôtre a envoyé trois ans auparavant depuis sa prison de Rome, le niveau de connaissances spirituelles à Éphèse semble assez élevé. Pour crédibiliser le ministère de Timothée, Paul lui demande avant tout de susciter l’amour, dans une église qui commence à le perdre : « Le but de cette recommandation, c’est un amour venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi sincère » (1 Tim 1.5). L’amour est la priorité de tout service : Timothée l’a vu chez Paul (2 Tim 3.10) et il doit maintenant être « un modèle […] en amour » (1 Tim 4.12). Montrons à ceux qui nous suivent un amour vrai pour le Seigneur et pour son Église — c’est-à-dire pour chaque frère et sœur.

Le résultat de la quatrième mission (65-67)

La mission confiée par Paul est plutôt un échec : la comparaison entre 1 et 2 Timothée montre que la situation à Éphèse a bien empiré en deux ans. L’apôtre encourage alors Timothée par une seconde lettre à ne pas perdre courage et à persévérer dans son service : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ » (2 Tim 2.1). Timothée a besoin de la grâce de Dieu pour lui-même et pour la communiquer à d’autres. Même si le contexte est difficile, continuons à prêcher la grâce et encourageons les autres à en faire autant.
Tout service, fructueux ou non, est une grâce reçue par Dieu et doit apporter la grâce à ses bénéficiaires. Toutefois, une stimulation est parfois bienvenue : « Je t’exhorte à ranimer la flamme du don de Dieu », dit Paul à Timothée au début de sa seconde lettre (2 Tim 1.6), puis il développe cette exhortation par les multiples impératifs qui la parsèment.
Timothée obéit à Paul qui lui demande de le rejoindre à Rome pour être à son côté dans les derniers moments de sa vie (2 Tim 4.9,21). L’affection qui relie le vieil apôtre et son disciple transparaît de façon touchante. Timothée a sans doute été lui-même emprisonné à Rome quelque temps (Héb 13.23) et, selon la tradition, il est revenu à Éphèse où il est mort martyr vers 97. Une belle fidélité à la mission reçue trente ans auparavant !
Peu de relations maître-disciple dans le N.T. nous sont aussi connues que celle de Paul avec Timothée. Cette riche filiation spirituelle particulière nous montre :Peu de relations maître-disciple dans le N.T. nous sont aussi connues que celle de Paul avec Timothée. Cette riche filiation spirituelle particulière nous montre :

  • un chrétien mature qui sait repérer du potentiel chez un plus jeune ;
  • un « père » qui ne ménage pas son « enfant » mais lui confie, même très tôt, des missions importantes ;
  • un croyant reconnu qui s’associe un plus jeune dans son service, en particulier épistolaire ;
  • un mentor qui donne un droit à l’échec ;
  • un exemple de souci des âmes, de recherche de la vérité et de persévérance jusqu’au bout ;
  • un ami de cœur, au-delà de la différence d’âge.

Un bel exemple à prolonger dans nos églises !

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  1. La naissance de Timothée est généralement située autour de 30 apr. J.-C. Les années indiquées peuvent varier de +/– 1 an selon les auteurs. Nous avons retenu la chronologie qui nous paraît le mieux concilier les données des Évangiles, des Actes et des Épîtres.
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Prohin Joël
Joël Prohin est marié et père de deux filles. Il travaille dans la finance en région parisienne, tout en s'impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église locale, par internet, dans des conférences ou à travers des revues chrétiennes.