Dossier: Guerres et famines
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Les sandales du zèle pour annoncer un évangile de paix

« Mettez pour chaussures à vos pieds le zèle que donne l’évangile de paix. » (Éphésiens 6.15)

Quand vous achetez une voiture neuve, une fois que vous êtes décidé sur le modèle, vous regardez quelles sont les options que le garagiste va vous vendre. Imaginez qu’il vous demande si vous désirez avoir l’option « volant » dans ce superbe véhicule.
– L’option volant ? Mais qu’entendez-vous par l’option volant ?
– Oh, beaucoup de gens achètent ce modèle uniquement pour la renommée que leur donne ce véhicule. Le conduire est devenu quelque chose d’optionnel, et c’est pour ça que nous proposons maintenant le volant en option.

Mais si vous êtes choqué par ce dialogue délirant, qu’on puisse considérer le volant comme une option dans une voiture, pourquoi les chrétiens de ce siècle font si peu de cas de l’évangile de paix ? Il n’est pas optionnel, il n’est pas un luxe, il n’est pas un idéal inatteignable. La bonne nouvelle de la paix devrait être le volant d’un christianisme aujourd’hui en errance !

Il est intéressant qu’au milieu d’une description fort guerrière de la foi, Paul prenne le soin de parler des sandales du zèle pour l’annonce d’un évangile de paix. L’apôtre connaît le danger qu’il y a à utiliser des métaphores guerrières quand on parle de la foi.
Les religions ne sont-elles pas un des principaux vecteurs de guerres dans ce monde ? Mais, parce que son ministère dépend avant toute chose de Jésus-Christ, le Prince de la Paix, Paul veut à tout prix rappeler aux chrétiens d’Éphèse que le but du combat de la foi est d’être témoins de la paix. C’est un paradoxe, comme souvent quand on s’approche de Jésus-Christ.

Voyez l’homme Jésus

Jésus est un modèle de douceur qui a inspiré les artistes bien au-delà de la sphère chrétienne.
L’homme Jésus a marqué l’histoire par la paix qu’il portait en lui et qu’il diffusait autour de lui. Il n’était pas seulement porteur d’un message de paix mais aussi d’une pratique de la paix. Beaucoup de gens peuvent vous écrire des centaines de pages sur la paix mais ne la vivent pas. Jésus était porteur de paix jusque dans ses moindres gestes. Il a poussé la non-violence jusqu’à se laisser crucifier. L’injustice de l’humanité est criante quand le Christ est silencieux sur la croix. Y a-t-il une expérience de non-violence plus extrême que celle qui consiste à se laisser livrer ? Certains craignent la perversité quelque peu masochiste d’une souffrance dans laquelle on peut se complaire. Mais si Jésus a laissé faire, c’est en conscience, persuadé que c’était la volonté de Dieu.
Il a même vérifié cela dans sa prière : « Si c’est bien ta volonté, qu’il en soit ainsi. » Il fallait en être sûr pour pouvoir vivre tous ces instants jusqu’au bout.

Face à la violence radicale de l’injustice à son paroxysme, Jésus oppose la puissance de la non-violence.

Mais il ne faudrait pas s’y tromper : la paix qui rayonne de cet homme n’est pas un pacifisme béat, un angélisme, un dolorisme où on se laisse avoir en étant persuadé qu’on est supérieur aux autres parce qu’on prend plus sur soi.

Jésus, Prince de paix, est l’homme le plus violent qui ait jamais existé contre les démons, contre Satan, contre les servitudes et les jougs qui font plier l’échine à des gens qui devraient marcher en étant vraiment debout, contre l’hypocrisie et le mensonge. Jésus est d’une violence terrible contre tout ce qui abîme l’humain.

Quelle puissance ! Voilà un homme en guerre permanente contre la déshumanisation de l’homme. Cela nous fascine, car nous n’avons pas sa capacité à tenir en même temps deux sentiments aussi extrêmes que la non-violence totale à l’égard des personnes et la violence radicale contre les ténèbres. Nous arrivons tout à fait à éprouver ces sentiments l’un après l’autre, dans des temps bien séparés et successifs. Mais les vivre en même temps nous est tout à fait impossible. En tout cas impossible à nos volontés et nos cœurs d’humains.
Soit nous sommes complètement au calme et paisibles, soit nous sommes complètement en colère et au combat, mais nous n’arrivons pas par nous-mêmes à vivre les deux de façon simultanée.
Jésus, lui, le pouvait. Non pas par lui-même en tant qu’homme, mais parce qu’il avait accepté de laisser l’Esprit de Dieu agir en lui.

Le vrai combat

Par la puissance de Dieu en nous, nous pouvons être porteurs de cette double présence au monde, tout en douceur et tout en lutte. Mais cela ne peut être que l’œuvre du Seigneur dans nos vies étroites.
Nos cœurs doivent être dilatés par la présence de Dieu en nous pour pouvoir vivre ces choses.
Au milieu d’un discours guerrier sur les armes de la foi, Paul rappelle que nous ne nous battons pas contre les humains mais contre les puissances spirituelles. Et il rappelle que ce qui nous fait avancer dans l’existence, ce sont les sandales du zèle à annoncer une bonne nouvelle de paix. C’est aussi peu optionnel dans une vie chrétienne que le volant dans une voiture, — sauf à ne pas utiliser sa voiture et à ne s’en servir que pour l’image qu’elle nous donne. Notre foi est bien un outil pour une présence au monde. Une voiture qui ne roule pas ne sert à rien. Ou en tout cas son usage est détourné par rapport à sa destinée. Un chrétien qui ne s’engage pas pour la paix puissante telle que Jésus l’a vécue, est un chrétien qui est détourné de sa destinée.

Oui, il y a une guerre, une guerre sainte contre le mal. Mais celui-ci n’a rien à voir avec le pétrole, les peuples arabes, russes, chinois, nord-coréens, etc. Cela concerne avant tout la lutte contre l’esprit de Mammon, celui qui est le vrai dieu du monde.
Contre la puissance spirituelle et pas contre les médiocres pantins instrumentalisés par cette puissance, quels que soient leurs noms.
Au nom de l’évangile de paix — et le mot paix en hébreu, shalom, veut aussi dire prospérité matérielle — au nom de l’évangile de la vraie prospérité paisible, soyez zélés et marchez ! Marchez avec courage dans le juste combat qui n’est pas contre les personnes mais contre l’ennemi de nos âmes. Ne vous trompez pas de bataille.
Le Prince de la paix vous appelle à intercéder et à bénir autour de vous. Ne rentrez pas dans les logiques de ruptures, de séparation et de cloisonnement de la société, car vous donneriez des points au prince des ténèbres, quand le Prince de paix vous appelle à marcher vers les autres, à mettre les bonnes sandales pour rejoindre le prochain, rejoindre le frère, rejoindre le voisin, rejoindre l’ennemi pour le bénir au sein même de son camp.
La plus grande urgence est donc de recevoir de l’Esprit de Dieu la douceur bienfaisante qui était sur Jésus-Christ, car c’est l’arme la plus puissante qui existe.

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Dossier : Guerres et famines
 

Boucomont Gilles
Gilles Boucomont est pasteur de l’Église de Paris-Belleville. Il contribue au ministère www.liberer.fr et a écrit notamment deux livres Au Nom de Jésus , aux éditions Première Partie, revisitant l’impératif de Luc 11.28 qui nous invite à écouter la Parole de Dieu mais surtout à la mettre en pratique.