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L’évangile en notre temps

Pour une multitude de nos contemporains, la religion est chose périmée. La Science, pensent-ils, nous dispense de croire en Dieu. Du reste la religion, ne manquent-ils pas de dire, a fait plus de m’al que de bien. Pensez aux guerres de religion! Quel scandale!
Ils ont raison ceux qui raisonnent ainsi, mais ils confondent religion et Evangile. Ils considèrent comme fruit de l’Evangile ce qui n’était que méchantes oeuvres d’une société ou d’une classe de la société qui n’avait de chrétien que le nom. Ils ne connaissent qu’une église chrétienne dégénérée.
C’est très certainement à cause de ce faux christianisme qu’est née dans bien des pays une hostilité farouche à l’égard de tout ce qui touche à la religion. Or les gens ne font aucune différence entre ce qu’on appelle la chrétienté et l’Evangile, entre les chrétiens de nom et les chrétiens authentiques. C’est pourquoi l’Evangile est combattu dans bien des pays. La lutte y est à la fois sournoise et serrée. (*)
Pourtant, ce serait une erreur de croire que c’en est fait de l’Evangile, que l’heure des Missions est passée. On sait qu’au Congo, par exemple, les missionnaires sont reçus maintenant avec empressement; que l’église y est en plein essor. On ne cesse de nous demander des instituteurs ou des professeurs. Un de nos amis, pasteur africain, écrivait récemment qu’il ‘agrandissait pour la troisième fois le temple où se réunit son église. A peine avait-on terminé la construction qu’il fallait songer à agrandir. Nul n’ignore le succès de l’Evangile en Amérique du Sud. Des personnes qui habitent le Brésil nous disaient il y a quelque temps que les églises évangéliques y sont très nombreuses et les chrétiens très militants. S’il est vrai que quelque ivraie se mêle au froment, il n’en reste pas moins que les églises sont florissantes. On sait que dans certaines régions d’Indonésie, de nombreux Musulmans sont venus à l’Evangile, et cela en grande partie grâce à la distribution massive de Nouveaux Testaments en langue indigène. Nous avons de la peine à croire cela, nous qui sommes habitués à entendre les rapports des missionnaires qui travaillent en Afrique musulmane! Un missionnaire qui oeuvre parmi les Juifs nous disait tout récemment aussi qu’il connaît bien des Juifs venus à Christ. Il en connaît bon nombre qui fréquentent des églises protestantes diverses et même des églises catholiques.

N’oublions pas l’oeuvre qui s’est faite en l’espace d’une génération. Nous connaissons ou avons connu les fondateurs de plusieurs missions en Afrique. Et nous voyons maintenant le résultat de leur travail: des dizaines de milliers d’Africains convertis; des centaines d’églises fondées, actuellement indépendantes, et sous l’égide de conducteurs spirituels africains. Il y a peu de temps, je rencontrai dans une faculté de théologie évangélique un jeune Africain, intelligent et pieux, parlant un français impeccable. Ses parents sont parmi les premiers convertis d’une immense région. En une génération, on a passé là de l’état primitif – pour ne pas dire sauvage! – à un christianisme authentique. Nous avons vu dans la jungle équatoriale des Aucas et des Jivaros – ou chasseurs de têtes – transformés par la grâce de Dieu.

Mais, dira-t-on, tout cela, c’est peut-être vrai, mais c’est bien loin d’ici. Chez nous, c’en est fait, l’Evangile est périmé.
Eh bien, lisez plutôt le témoignage qui m’est tombé sous les yeux il y a quelques instants; il est tiré d’une lettre adressée à une société d’évangélisation par la radio. Elle vient de France: «Vous avez cité récemment la lettre d’une auditrice déclarant qu’elle était la personne la plus heureuse du monde depuis qu’elle connaissait le Seigneur Jésus comme un Sauveur personnel. Je comprends mieux que quiconque de tels sentiments, parce que moi, comme son mari, j’étais aussi un alcoolique; j’avais subi plusieurs cures de désintoxication, mais sans succès. Il y a un peu plus d’un an, j’ai découvert vos messages par radio. Je suis venu à Dieu qui m’a sauvé par la mort de son Fils. Je ne suis pas seulement heureux, mais avec la vie éternelle, cette nouvelle naissance a produit une transformation complète de mon existence. Et je ne bois plus!»

La raison du succès de l’Evangile est simple. Il répond aux besoins profonds de l’âme humaine. L’homme du vingtième siècle a une vie bien différente de celle de ses ancêtres, certes. Il a «conquis» l’espace! – En fait, il n’a parcouru que des distances minuscules par rapport à l’immensité céleste! – Il a réussi à s’assurer un confort extraordinaire; il est presque certain, grâce à la science médicale, de pouvoir trouver un coeur de rechange quand le moment sera venu! Il n’en reste pas moins que ses aspirations profondes ne sont pas satisfaites et qu’aucune assurance ne lui est donnée par les philosophies quant à l’au-delà, quant à Dieu. Il reste, en dépit des apparences un être inquiet, souvent angoissé. Les jeunes eux-mêmes, pleins de vie et de fougue, sont les plus nombreux à recourir au suicide! Mais l’Evangile, c’est-à-dire la Bonne Nouvelle du salut, nous est annoncé. Dans son amour, Dieu accorde au pécheur qui se repent un pardon gratuit; il le libère de toute condamnation; il fait de lui son enfant, son héritier; il le transforme par la puissance de son Esprit. Et désormais, le croyant vit d’une manière normale, heureuse et utile. Il est non seulement réconcilié avec Dieu, mais aussi avec lui-même, et avec ses semblables.

-Mais, dira-t-on, on prêche l’Evangile chez nous. On le connaît et rien ne se passe.
Est-ce bien l’Evangile qu’on prêche? C’est-à-dire la Parole de Dieu? Trop souvent les églises se prêchent elles-mêmes. Ou bien elles ensevelissent la Parole sous un rituel que les initiés comprennent peut-être, mais qui n’a aucun sens pour l’homme de la rue. Ou alors, désireuses d’être près du peuple, elles se livrent corps et âme aux questions sociales.
Que dire aussi des églises ou assemblées où la prédication de la Parole est considérée comme secondaire et laissée de côté, ou ‘abandonnée à des gens incapables? L’Eglise manque à sa tâche quand elle n’annonce plus la Parole dont elle est dépositaire. Elle trahit même sa fonction. Car si la société christianisée dans laquelle nous vivons peut nous donner le pain, nous devons nous rappeler que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Oui, l’Evangile est encore pour les gens de notre temps. On nous objectera que les chrétiens sont en retard sur bien des points. Je n’en suis pas si sûr. Ce ne sont pas les hippies et les beattles qui mènent le monde et qui assurent sa bonne marche. Les vrais grands de ce monde, qu’ils soient savants ou hommes politiques, industriels ou paysans, ne portent pas de longs cheveux et des pantalons en tuyaux de poêle. Il est possible d’être de son temps sans attirer sur soi les regards ahuris du bon peuple. C’est pourquoi il est possible d’être chrétien et homme de son temps. Ceux qui «retardent», ce sont ceux qui n’ont pas encore compris que l’Evangile est la seule parole de salut pour les hommes de tous les temps.

(*) voir J. Hoffmann: .Les Eglises du silence.

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