Dossier: La Bible, parole de Dieu ou paroles d'hommes ?
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L’inspiration de la Bible

Les 66 livres de la Bible furent écrits par environ 40 personnes. Les noms des écrivains de la Parole de Dieu ne sont d’ailleurs souvent pas nommés ou mis en avant d’une façon particulière. Ils appartenaient à des périodes, des classes sociales et des professions très diverses.

Selon les propres termes de la Bible, les prophètes de l’Ancien Testament étaient « de saints hommes de Dieu […] poussés par l’Esprit Saint » (2 Pi 1.21). C’étaient des hommes qui recevaient leur message de Dieu lui-même. C’est sous la conduite de Son Esprit qu’ils parlaient ou écrivaient la Parole de Dieu. « L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, parce que l’Éternel m’a oint pour apporter de bonnes nouvelles… », dit le prophète Ésaïe pour lui-même et les autres prophètes (És 61.1).

Qu’est-ce que l’inspiration ?

Pour parler de l’activité du Saint-Esprit chez les écrivains des livres de la Bible, le terme inspiration est passé dans l’usage, mais il vaudrait mieux dire « insufflation », sans imaginer pour autant que les écrivains de la Bible aient été remplis d’un élan surnaturel lors de la rédaction des livres. S’il s’agissait d’inspiration dans le sens courant du terme, ce ne serait pas très différent de ce qui se passe pour un poète, par exemple, qu’une pensée « inspire » et amène à écrire un poème. Dans ce cas, les écrivains des livres bibliques auraient été d’une certaine façon inspirés en tant que personnes, mais ce qu’ils écrivaient aurait été leur propre témoignage. De tels écrits ne pourraient en aucune manière être revêtus de l’autorité divine.

Tous les écrivains des livres de la Parole de Dieu furent conduits par le même Saint-Esprit de Dieu. Ils étaient certes aussi imparfaits et faillibles que tous les autres hommes. Cependant, ils furent conduits d’une façon miraculeuse et surnaturelle par Dieu lors de la rédaction des Saintes Écritures, et gardés de fautes et d’erreurs.

À ce sujet, nous ne pouvons pas ne pas remarquer les différences entre les livres de la Parole. Certains contiennent des récits historiques que les écrivains ont rédigés en se basant sur des expériences personnelles ou des sources disponibles. C’est par exemple le cas des livres historiques de l’Ancien Testament (Josué à Esther), des Évangiles et des Actes des Apôtres dans le Nouveau Testament (voir Luc 1.1-4). D’autres livres restituent des pensées et des sentiments personnels, comme la plupart des Psaumes et l’Ecclésiaste.

Inspiration et révélation

Quand Paul exprime son opinion personnelle en 1 Cor 7.25 et 40, cela ne signifie surtout pas qu’il n’est pas inspiré par le Saint-Esprit. En tant que serviteur de Christ, il communiquait certes sa propre opinion spirituelle, mais sous l’inspiration du Saint-Esprit.

L’inspiration, c’est la conduite du Saint-Esprit dans la consignation écrite de la Parole de Dieu sans faute et infaillible. Il ne faut pas la confondre avec la révélation. La révélation est la communication divine de faits cachés jusque-là. La plus grande partie des livres prophétiques (Ésaïe à Malachie et l’Apocalypse) reposent sur de telles révélations de la part de Dieu, de même que de nombreux passages dans d’autres écrits (par exemple 1 Cor 11.23 ; 1 Thes 4.15). Moïse aussi reçut les détails du récit de la création au travers de la révélation de Dieu. Il en était de même pour Paul lors de la communication du mystère de Christ et son Assemblée (Rom 16.25-26 ; Éph 3.5).

Le témoignage de la Bible sur l’inspiration

Comment comprendre le concept d’inspiration ? On ne peut naturellement s’attendre à aucune réponse à cette question en dehors de la Bible. Il y a certes beaucoup d’explications de la notion d’inspiration, mais elles sont sans valeur si elles ne s’appuient pas sur la Parole de Dieu et ses déclarations. Il faut donc chercher les réponses à cette question dans la Bible. On la trouve de la façon la plus claire dans quatre passages :

  • 2 Pi 1.21 :« De saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint. » Pierre écrit ici au sujet des prophètes de l’Ancien Testament, mais cette déclaration peut aussi bien être transposée aux autres écrivains de la Parole de Dieu. Ils n’étaient certes pas des hommes parfaits, mais ils vivaient une vie de consécration à Dieu. Pensons par exemple à Moïse, Josué, Samuel ou David. On constate tout d’abord qu’ils étaient des croyants mis à part pour Dieu, qui furent conduits par le Saint-Esprit —et non des hommes doués ou illustres qui suivaient leur propre élan. À cet égard, on trouve un bel exemple dans l’Épître de Jude (v. 3) :« Bien-aimés, alors que je m’empressais de vous écrire au sujet de notre commun salut, je me suis trouvé dans la nécessité de vous écrire pour vous exhorter à combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints. » Jude qui se nomme « esclave de Jésus Christ » prévoyait d’écrire autre chose, quelque chose de positif. Il n’a pas pu réaliser son souhait, mais a été conduit par l’Esprit Saint à appeler les croyants au combat pour la foi. Sa propre volonté était ainsi mise de côté.
  • 2 Tim 3.16 :« Toute Écriture est inspirée de Dieu ». Au lieu de « inspirée de Dieu », on pourrait traduire le mot grec theopneustos par « insufflée de Dieu » ou « inspirée par l’Esprit de Dieu », car la racine grecque pneuma peut autant signifier « esprit » que « souffle ». Cette expression va aussi plus loin que la première. Toute Écriture, c’est-à-dire la Bible tout entière, est ce que Dieu voulait faire consigner pour les hommes. Les écrivains n’étaient pas seulement poussés ou conduits par l’Esprit Saint en tant que personnes, mais il les inspirait concernant ce qu’ils devaient écrire. Ce verset réfute l’opinion selon laquelle la Bible contiendrait certes la Parole de Dieu, mais ne serait pas uniformément inspirée. Une traduction qui rendrait « Toute Écriture, qui est inspirée de Dieu … » n’y changerait rien. Avec « toute Écriture », c’est bien la Bible entière qui est envisagée.

Comme on peut aisément le constater, tous les écrits de la Bible ne parlent pas de la même manière. Le livre de l’Ecclésiaste considère par exemple les hommes et toutes choses « sous le soleil », l’Épître aux Éphésiens présente les rachetés comme bénis « dans les lieux célestes en Christ ». Malgré cela, il n’y a aucune distinction entre ces livres dans le degré d’inspiration et d’authenticité ou de fiabilité. Les deux sont la Parole de Dieu, ce sont les buts et la présentation qui sont distincts. On peut expliquer cette différence par un exemple : un plan de Paris, qui ne représente que les lignes et arrêts de métro, n’est pas moins précis qu’un plan de toutes les rues et monuments de Paris. Les deux décrivent certes le même périmètre mais avec une finalité différente.

  • 1 Cor 2.13 :« … et nous en parlons, non selon des parolesenseignées par la sagesse humaine, mais selon des paroles enseignées de l’Esprit, communiquant des choses spirituelles par des moyens spirituels ». Ce verset va encore plus loin, car il nous enseigne que non seulement le contenu du message du Nouveau Testament est enseigné par le Saint-Esprit, mais que les paroles des apôtres (le « nous » est apostolique) avec lesquelles il est proclamé le sont aussi. Il ne faut pas se faire ici l’idée de rédacteurs de la Bible qui auraient travaillé mécaniquement, un peu comme des machines à écrire. Si nous lisons par exemple les diverses Épîtres du Nouveau Testament, nous notons des différences dans l’expression et le style. Le caractère personnel de l’écrivain n’était ainsi pas mis de côté, il demeure entièrement reconnaissable. Paul écrivait autrement que Jean. Malgré cela, le résultat est dans chaque cas la Parole de Dieu, inspirée mot à mot (inspiration verbale).

Ici aussi des exemples seraient appropriés. Le mot utilisé en grec profane pour « autel », bômos, n’apparaît qu’une seule fois dans le Nouveau Testament : en Actes 17.23 pour l’autel que les Grecs païens avaient érigé « au dieu inconnu ». Dans tous les autres passages (au nombre de 20) 1 où le mot « autel » est utilisé, le grec est thysiasterion, un mot qui n’existe pas en grec profane, et que les traducteurs de la version des Septante ont spécialement « inventé » pour le mot hébreu mizbeakh ! C’est de là qu’il s’est introduit dans le Nouveau Testament grec.

Un autre exemple est le terme « amour ». Le substantif grec très fréquent, eros, qu’on retrouve dans notre adjectif « érotique », n’apparaît pas du tout dans le Nouveau Testament. La racine phil-os, phil-eoqui signifie « amour, affection » est utilisée pour parler d’amour réciproque. Mais pour désigner l’amour de Dieu qui est amour, le Saint-Esprit utilise un terme, très rarement utilisé en grec profane, faisant référence à un amour non susceptible d’être souillé par le péché :agapê.

  • Mat 5.18 :« Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul trait de lettre ne passera pas de la Loi, que tout ne soit réalisé. » Ces paroles que le Seigneur a lui-même prononcées sont bien ce qui va le plus loin. Elles confirment d’une part l’inspiration verbale mentionnée au point précédent. D’autre part, elles semblent indiquer que déjà du temps de notre Seigneur, l’habitude de compter les lettres des livres de la Bible s’était imposée, afin qu’aucune faute ne puisse s’immiscer dans les copies des textes saints. Ceci montre à nouveau que les Juifs de l’époque croyaient à l’inspiration littérale de l’Ancien Testament. On ne peut qu’expliquer ainsi le fait qu’ils ne voulaient pas laisser perdre la moindre lettre de la Parole de Dieu.

La conséquence de ces déclarations est qu’aucun homme n’est habilité à manipuler le contenu de la Bible. Les deux passages suivants nous mettent en garde :

– « Vous n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en retrancherez rien, afin de garder les commandements de l’Éternel, votre Dieu, que je vous commande. » (Deut 4.2).

– « Moi, je rends témoignage à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : si quelqu’un ajoute à ces choses, Dieu lui ajoutera les plaies écrites dans ce livre ; et si quelqu’un ôte quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu ôtera sa part de l’arbre de vie et de la cité sainte, qui sont décrits dans ce livre. » (Apoc 22.18-19)

La réalité de l’inspiration

Malgré ces passages clairs, certains prétendent toujours qu’on ne peut pas dire que toute la Bible soit la Parole infaillible de Dieu. Le manque de connaissance des écrivains, leur vision du monde erronée, etc. seraient intervenus dans leurs écrits. Aujourd’hui, dit-on, beaucoup de choses seraient inadmissibles scientifiquement, erronées et donc non crédibles. Ce n’est qu’en mettant de côté les éléments humains et erronés que l’on atteindrait ce qui est le cœur véritable et intemporel de la Parole de Dieu, qui lui, serait revêtu de l’autorité de l’inspiration.

Dans cette argumentation, on tombe dans la faute qui consiste à ériger la raison humaine en juge de la Parole de Dieu, au-dessus d’elle. Face à cela, la Bible déclare :« La Parole de Dieu est vivante et opérante, plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants : elle atteint jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur. Il n’existe aucune créature qui soit cachée devant lui, mais tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous avons affaire. » (Héb 4.12-13)Ce n’est pas l’homme qui doit juger la Bible, mais c’est la Bible qui juge les hommes.

Selon une autre conception tout aussi erronée, il n’y aurait aucune différence entre les parties inspirées et non inspirées de la Bible. L’inspiration consisterait en ceci, que les récits de la Bible représenteraient en fait des révélations anciennes de Dieu aux hommes dans les circonstances du moment. Elle deviendrait Parole de Dieu pour l’homme moderne qui lit la Bible dans une situation similaire et qui la laisse s’adresser à lui, en ce qu’elle lui parle personnellement dans son contexte particulier. C’est ainsi que l’homme reconnaîtrait la voix de Dieu dans sa vie personnelle par la lecture de la Bible qui ne serait pas parfaite en soi.

Dans ce cas c’est l’humeur ou l’état de l’âme, c’est-à-dire les sentiments de l’homme, qui distingue ce qui est Parole de Dieu de ce qui ne l’est pas.

 

Comme nous l’avons vu, la Bible elle-même donne des réponses claires à toutes ces restrictions et objections humaines. C’est ainsi que l’on peut parler d’une inspiration littérale (ou : inspiration verbale) de la Parole de Dieu. Le Seigneur Jésus résume les choses ainsi :

« L’Écriture ne peut être anéantie. » (Jean 10.35)

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  1. ans tous ces cas, l’autel est celui de Dieu, soit à Jérusalem, soit dans le ciel (NDLR)
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Remmers Arend
Arend Remmers est diplômé de philologie anglaise et française de l’Université d’Heidelberg. Après avoir travaillé dans l’industrie, il est depuis 1981 prédicateur indépendant et auteur de plusieurs dizaines de livres et commentaires sur la Bible.