L’oeuvre de l’Esprit (5)
Jésus seul « a été fait pour nous sanctification », et nous sommes « saints » (I Cor. 1: 30 Eph. 1:1). Mais c’est par l’Esprit, c’est-à-dire par Sa présence spirituelle en nous, que le Sauveur nous sanctifie. Aussi le Nouveau Testament emploie-t-il plus d’une fois ces expressions « sanctifiés par l’Esprit » (15: 16 I Cor. 6: 11), ou « la sanctification par l’Esprit » (II Thess. 2 :13 I Pi. 1: 2). Nous avons déjà mentionné que la sanctification s’opère dans la mesure où l’Esprit remplit un coeur. Nous allons voir maintenant de quelle manière elle se réalise.
Paul dit que nous « devenons participants de la nature divine » (Il Pi. i : 4). Paul parle tantôt de Christ en nous tantôt de « l’Esprit en nous », tantôt encore de l’homme nouveau », pour désigner cette nouvelle partie de notre être (Col. 1: 27; I Cor. 6: 19; Eph. 4: 24).
Nous recevons la nouvelle nature au moment de la régénération, de la conversion. Ainsi que nous l’avons vu à propos de la réception de l’Esprit, c’est alors qu’Il vient faire pour toujours Sa demeure en nous.
Prenons une image : un arbre sauvage ne produisant que de mauvais fruits est greffé. La greffe est une nouvelle nature, supérieure, qui ne peut porter que de bons fruits (selon son espèce) et qui le fait sans effort. De même l’Esprit devient notre seconde, notre nouvelle nature, Il est évident qu’il ne peut pécher, si nous Le laissons libre d’agir, Il ne produira en nous que de bons fruits. C’est ce que Jean exprime en disant : Quelconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, parce que la semence de Dieu (la nouvelle nature, l’Esprit) demeure en lui ; et il ne peut pécher parce qu’il est né de Dieu (I Jean 3 : 9). C’est cette semence de Dieu, ce qui est né de Dieu en lui, qui ne peut pécher et qui devient l’instrument de la victoire.
Comme l’arbre greffé garde sa vieille nature (son vieux tronc), toujours prête à reprendre le dessus, le croyant conservera jusqu’à la fin de sa vie son ancienne nature, « la chair », le « vieil homme », comme l’appelle l’Ecriture. C’est ce qu’affirme Rom. 8, le chapitre de la victoire, qui ne cesse de souligner l’opposition de la « chair » et de l’Esprit dans le coeur du croyant. Les versets 1 à 13 ne mentionnent pas moins de treize fois le mot « chair » .. « Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair » (Gal. 5 : 16).
Ce mot, si fréquent dans les épîtres de Paul, présente des nuances de sens assez nombreuses. Il sert à désigner le corps de l’être vivant (GaI. 4 : 13, 14), particulièrement dans sa faiblesse et son impuissance (Marc 14: 38). En prenant la partie pour le tout, le terme sert à parler de la personne humaine dans sa totalité : toute chair signifie tout homme (Luc 3 : 6 Actes 2 : 17). C’est aussi le lien de parenté, la descendance physique de l’homme (Rom. 1 : 3 Gal. 4 : 23). La chair est souvent le terme employé pour parler du siège du péché et de la corruption, par opposition à l’Esprit de Dieu (Rom. 7 : 5, 14-25 GaI. 5 t 13, 17, 19). Ce qui est charnel est en lutte contre ce qui est spirituel. Une expression courante est la «chair et le sang» avec les nuances précisées dans les lignes qui précèdent (Gal. 1: 16 Eph. 6 : 12).
(Glossaire N. T. 1964, Soc. Bibi.)
Dans les lignes qui suivent, le terme la « chair » est employé dans le sens de « siège du péché, de la corruption, de notre « nature pécheresse », de ce que nous sommes « par nature ». Ce qui est héréditaire, pour tout être humain, c’est la corruption, qui comporte de plus une dégradation de notre nature qui par la suite est entraînée dans la mort.
Comme la vieille nature de l’arbre greffé reste sauvage et ne peut porter d’elle-même que des mauvais fruits, ainsi la « chair » en nous « ne se soumet pas à la loi de Dieu et elle ne le peut même pas « (Rom. 8: 7). « Marchez selon l’Esprit et ne vous livrez pas aux convoitises de la chair…» Or, les oeuvres de la « chair », chacun les connaît : ce sont l’impudicité, l’impureté, l’idolâtrie, la sorcellerie, les querelles, les jalousies, les animosités, etc. (voir GaI. 5 : 16 et 19-21).
A cause de cette opposition irréductible de la « chair » à l’Esprit, et de son incapacité à être améliorée ou sanctifiée, Dieu, pour nous en affranchir, ne peut faire qu’une chose : la crucifier. Nous verrons plus loin comment Il s’y prend.
Les exhortations répétées de Paul marquent bien cette possibilité : « Ceux qui vivent selon la « chair » s’affectionnent aux choses de la « chair »… Ainsi donc, frères, nous ne sommes point redevables à la « chair » pour vivre selon la « chair » (nous n’y sommes donc pas obligés, mais nous pouvons, hélas, le faire). Si vous vivez selon la « chair «, vous mourrez… N’ayez pas soin de la « chair » pour en satisfaire les convoitises » (Rom. 8 : 5,12-13 13 t 14). « Ceux qui vivent selon la « chair » ne sauraient plaire à Dieu… L’affection de la «chair », c’est la mort » (Rom. 8 : 13, 6).
Nous avons parlé du progrès dans la sanctification qui doit se poursuivre grâce à une attitude de foi au travers de toute notre existence ici-bas. Il nous reste à souligner le fait que ce progrès débute souvent par
– un acte de foi et d’abandon tout à fait précis,
– qui marque dans la vie du croyant,
– et sur lequel il ne revient plus.
A la conversion, nous avons fait un premier acte de foi, en acceptant le pardon de tous nos péchés passés depuis ce jour-là, nous ne faisons que persévérer dans la même attitude en recevant le pardon de nos péchés quotidiens. Il en est de même pour la sanctification. Si nous nous livrons aujourd’hui sans réserve pour être emplis de l’Esprit et que nous fassions l’acte décisif de recevoir par la foi, et non plus par les oeuvres, la délivrance du péché, ce sera une transaction sur laquelle nous ne reviendrons plus. Nous aurons encore des difficultés, des faiblesses, mais nous conserverons une base sur laquelle nous pourrons bâtir.
Plus nous marchons par l’Esprit, plus nous devenons sensibles à ce qui peut L’attrister.- Notre conscience, autrefois endormie, devient toujours plus délicate et capable de discerner la voix de Dieu. Des péchés qu’elle tolérait auparavant lui font horreur, et chaque jour elle se rend mieux compte si ses actions sont approuvées ou désapprouvées par Dieu. C’est ce qu’exprime Paul lorsqu’il écrit t « Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience m’en rend témoignage par le Saint-Esprit… » (Rom. 9: 1).
Beaucoup de croyants sont profondément troublés en constatant toujours plus, au fur et à mesure qu’ils avancent dans la vie spirituelle, la méchanceté de leur propre coeur. Ils s’écrient t « Voilà tant d’années que je me suis converti, et je ne me suis jamais vu si mauvais ! ». Il n’y a pas de quoi être troublé, à condition cependant de saisir par la foi la victoire sur chaque péché ainsi découvert. Car c’est précisément l’oeuvre de l’Esprit de convaincre toujours plus profondément notre conscience de péché, tandis qu’il fait grandir en nous sans cesse l’image de Jésus-Christ.
Le péché sépare de Dieu la sanctification au contraire, nous en rapproche. « Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu » (Mat. 5: 8). La sanctification glorifie le Seigneur et nous fait admettre dans son intimité. Jésus-Christ disait de son Père : « Il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui Lui est agréable «, et pour la même raison, Il pouvait affirmer que Dieu l’exauçait toujours (Jean 8 : 29 et il : 42).
Dieu, certainement nous honorera aussi dans la mesure où nos vies Le glorifieront.