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L’unité qui fait la force

Article extrait des « Nouvelles de l’Union » (Eglises de Chrischona), no 8, mars 1993


« Un trait particulier de l’époque que nous traversons, c’est le désir de voir s’ établir une union à la fois plus profonde et plus complète entre les croyants… On parle même d’abolir les divergences entre les nombreuses dénominations protestantes, qui formeraient entre elles une seule Eglise.. » Ainsi s’exprimait le regretté R. Saillens, en septembre 1939. Il ajoutait aussitôt: « J’avoue qu’il me paraît difficile que cette aspiration soit réalisée pleinement. On ne peut unir que des choses qui sont de la même nature ». Nous voici d’emblée au cour de notre sujet!

La Bible enseigne clairement qu’une véritable union, stable et durable, ne peut se construire que sur l’unique et solide fondement d’une authentique unité selon Dieu. Lorsque, dans l’Evangile selon Jean, Jésus prie pour que tous soient un (17.21), le contexte immédiat (v. 2-19) de cette parole, dont on a si souvent tordu le sens et la portée, indique sans le moindre doute possible que ce « tous » concerne exclusivement les personnes qui, ayant mis leur confiance en Jésus-Christ mort pour leurs péchés sur la croix, sont passées par la nouvelle naissance et ont reçu la vie éternelle (v. 2-3). Ces croyants ont à cour d’ obéir à la Parole de Dieu qu’ils reconnaissent comme étant la vérité (v. 6-8, 17). Ils appartiennent au Seigneur et non au monde dans lequel ils vivent et où ils témoignent en son nom (v. 14-19). L’unité entre eux est analogue à celle qui existe entre le Père et le Fils (v. 11,21-22). Elle n’est pas de fabrication humaine. C’ est un miracle extraordinaire opéré par l’Esprit de Dieu. Ils sont un seul corps parce qu’unis à une seule et même tête, Jésus-Christ leur Sauveur et Seigneur personnel (un en nous, v. 21; 1 Jean 1.3).

Dans le cadre de notre préoccupation présente, l’union est une mise en oeuvre de l’unité de l’Eglise de Jésus-Christ, telle que nous venons de la décrire brièvement. Elle est un effort porté par la grâce de Dieu pour vivre cette unité sur le terrain. Pour l’évoquer, le N. T. utilise en particuliers terme « koinônia » (19 fois, de l’adjectif koinos. Les 7 mots de cette famille y sont présents 59 fois dont 49 dans le sens qui nous intéresse) traduit généralement par « communion », mais aussi, en fonction du contexte, par libéralité, générosité, participation, solidarité, collecte, association, communication, mise en commun, suivant les versions consultées.

Nous touchons ici du doigt le caractère dynamique, actif de toute véritable union. Elle signifie bien plus que simplement faire partie d’un même groupement sur le papier. Elle implique nécessairement échange de relations, compassion, sympathie, mise en commun dans les domaines spirituel, moral, matériel… Quelqu’un l’a très justement illustré en montrant deux mains, non seulement collées l’une contre l’autre, mais s’interpénétrant et donc bien plus difficiles à séparer l’une de l’ autre. Voilà qui donne un relief particulier à l’adage bien connu: « l’union fait la force ». Dans l’Eglise primitive les croyants remplis du Saint-Esprit traduisaient leur unité nouvelle en Christ par une véritable union spirituelle, affective et matérielle. La communion fraternelle dans laquelle ils persévéraient s’exprimait notamment par un amour solidaire bien concret dont Barnabas fit une belle démonstration (Act 2.42-47; 4.32-37). Plus tard, les Eglises de la Macédoine prouvèrent qu’elles étaient réellement unies en Christ à celles de la Judée en plaidant avec insistance pour avoir le privilège de participer (koinônia, dans le texte) à la collecte organisée en leur faveur (2 Cor 8.1-5).

L’union vue dans une perspective biblique débusque et met à mal notre tendance naturelle et coupable à l’égoïsme et à l’individualisme qui prônent la politique du « chacun pour soi »: Celui qui se tient à l’ écart cherche ce qui lui plaît souligne le livre des Proverbes (18.1). L’union véritable est donc un miracle permanent parce que contre nature. Elle ne peut être que le fruit savoureux de la grâce de Dieu à l’ouvre dans nos vies et y triomphant des pesanteurs de l' »hippopotame moi ». L’allégorie du bon berger, dans Zacharie 11.4-14, bien qu’ayant d’autres applications historiques et prophétiques, peut nous aider à le comprendre. Ce berger se servait de deux houlettes qu’il appelait respectivement « grâce » (tendresse, affection, charme) et « union » (liens). Lorsqu’il dut briser la houlette de sa « grâce », il brisa aussitôt la houlette « union » et rompit ainsi la fraternité au sein de son peuple.

La capacité de mettre en ouvre l’unité de l’Eglise de Jésus-Christ (au sein de la communauté locale, dans mon union d’églises et au-delà) m’est donnée au pied de la croix, là où la grâce de Dieu s’est manifestée à son plus haut degré. Lorsque je confesse humblement et délaisse tous mes péchés de « désunion » liés au moi non crucifié (esprit de critique, de clocher, de parti, de jalousie, etc), j’obtiens miséricorde et, par la puissance du Saint-Esprit je suis rendu capable jour après jour de m’unir de plus en plus concrètement à mes frères.

En me penchant sur l’histoire du mot « union », j’ ai découvert que l’oignon avait quelque chose à voir avec ce terme d’origine latine (« union » désignant une plante à bulbe unique). Que notre union, à quelque degré qu’elle se situe, ne soit pas comme un oignon qu’on « épluche » en pleurant!

J’ai heureusement fait une seconde découverte: ce mot sert aussi à désigner une perle unique, très grosse. Que notre union vécue selon les Ecritures brille de plus en plus à tous les regards comme une perle unique et merveilleuse, infiniment précieuse, extraite par le Seigneur Jésus lui-même des trésors inépuisables de sa grâce parfaite et offerte à notre foi instant après instant.

N’avez-vous pas trouvé dans le Christ un réconfort, dans l’amour un encouragement, par l’Esprit une communion entre vous? N’avez-vous pas de l’affection et de la bonté les uns pour les autres? Rendez donc ma joie complète: tendez à vivre dans l’unité. Et pour cela, ayez le même amour, une même pensée, et tendez au même but… (Phil 2.1-2).

M.D.
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