Maîtriser nos paroles
UN SUJET IMPORTANT
« La langue est un feu ; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. La langue, aucun homme ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi. » (Jac 3.6, 8-10)
Pourquoi l’apôtre Jacques est-il si dur avec notre langue ? Parce que nos paroles peuvent avoir beaucoup de conséquences, autant négatives que positives. En effet, avec notre langue, nous pouvons injurier, médire, tromper, nous plaindre, nous vanter, blesser, mais aussi honorer, aider, encourager, enseigner, prévenir, louer, édifier, défendre, consoler, etc.
« Tel, qui parle légèrement, blesse comme un glaive ; mais la langue des sages apporte la guérison. » (Prov 12.18). Cet article donnera quelques repères bibliques qui nous aideront à mesurer la portée de nos paroles. Beaucoup seront tirés du livre des Proverbes, mais aussi d’autres portions des Ecritures.
INSTRUCTIONS GENERALES
« Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais, s’il y a lieu, quelque bonne parole, qui serve à l’édification et communique une grâce à ceux qui l’entendent. » (Eph 4.29)
Nous sommes donc encouragés à examiner nos paroles :
– Quels en sont les buts ?
– Quels sont mes sujets de conversation favoris ? Sont-ils centrés sur les défauts de personnes de mon entourage ? sur ceux de mon église ? sur des choses terrestres (travail, vacances, projets, contrariétés) ?
– Est-ce que je parle tout autant de sujets spirituels, de ma marche avec Dieu, de questions et de découvertes bibliques, etc. ? Est-ce que je ne fais pas parfois preuve d’une certaine « timidité spirituelle » dans mes discussions ?
DOUCEUR
En tant que chrétiens, nous devrions être caractérisés par de la douceur : « Que votre douceur soit connue de tous les hommes. » (Phil 4.5)
Paul — présenté parfois comme une personne autoritaire et dure — n’usait pas volontiers de hardiesse (2 Cor 10.1-2) et nous parle de tristesse et de larmes lorsqu’il devait reprendre les autres (2 Cor 2.4).
PLAISANTERIES ?
« Qu’on n’entende ni paroles grossières, ni propos insensés, ni plaisanteries, choses qui sont contraires à la bienséance ; qu’on entende plutôt des actions de grâces. » (Eph 5.4)
En tant que chrétiens, nous devons donc éviter certains types de discussion ou d’humour (ex : plaisanteries grossières). Cependant, je ne pense pas que ce passage interdise toute forme de plaisanterie, puisque le contexte ne dénonce ici qu’un humour malséant.
Mais restons tout de même prudents dans ce domaine : trop de plaisanteries peuvent blesser, ou rendre une relation superficielle et vide, lorsqu’il devient impossible de parler sérieusement.
PLAINTES ? RECONNAISSANCE ?
N’avons-nous pas souvent tendance à nous plaindre des sujets les plus divers (le temps qu’il fait, une mauvaise journée, une panne informatique, une contrariété quelconque, etc.) … et à ne rien dire quand tout va bien ?
La Bible, quant à elle, nous encourage à la reconnaissance :
– « Faites toutes choses sans murmures ni hésitations. » (Phil 2.14)
– « Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ. » (1 Thes 5.18)
En effet, avons-nous vraiment le droit d’être béni par Dieu… ou est-ce que tout n’est que grâce de sa part ? Sachons fixer nos pensées sur toutes les bénédictions que Dieu nous donne, plutôt que sur nos sujets de plaintes (même s’il est vrai que Dieu est aussi prêt à écouter nos détresses, nos plaintes, voire nos incompréhensions).
« Quand on tourne vers Dieu les regards, on est rayonnant de joie, et le visage ne se couvre pas de honte. » (Ps 34.6)
Soyons aussi prudents dans nos remarques à nos supérieurs, aux responsables de notre église ou de diverses activités auxquelles nous participons. Relever sans cesse ce qui ne va pas (à notre avis !) peut finir par décourager. Sachons donc retenir nos plaintes, ou en tout cas bien choisir le moment et la manière d’exprimer nos désaccords, si nécessaire.
MEDISANCE
La Bible défend la médisance :
« Ne parlez point mal les uns des autres, frères. Celui qui parle mal d’un frère, ou qui juge son frère, parle mal de la loi et juge la loi. Un seul est législateur et juge, c’est celui qui peut sauver et perdre; mais toi, qui es-tu, qui juges le prochain ? » (Jac 4.11-12)
« Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. » (Matt 7.1)
Cependant, nous trouvons aussi des passages bibliques comme celui-ci : « J’ai écrit quelques mots à l’Église ; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit point. C’est pourquoi, si je vais vous voir, je rappellerai les actes qu’il commet, en tenant contre nous de méchants propos ; non content de cela, il ne reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en empêche et les chasse de l’Église. » (3 Jean 9-10)
Il y a donc un autre genre de médisance qui est défendu : celle qui se fait par plaisir, sans amour, voire pour nuire à autrui. Une telle médisance ne produit que mépris, esprit de jugement, moquerie, voire calomnie à force de colporter une rumeur sans la vérifier (Prov 24.28 ; Eph 4.31). Attention en particulier à la médisance sur nos autorités, fréquente de nos jours, mais néanmoins défendue par la Bible (Rom 13.1-7 ; Act 23.5).
Cela dit, il y a aussi des situations négatives dans lesquelles un avertissement, une exhortation, un encouragement auront leur place :
– pour rendre d’autres personnes vigilantes face au mal (Eph 5.11 ; 2 Tim 4.14-16 ; 2 Cor 11.13),
– pour pousser à la prière (Act 4.23-24),
– pour soutenir une personne offensée (1 Sam 19.18).
Lorsque nous sommes tentés de médire, demandons-nous quelles sont nos motivations :
– remplir des vides de conversation (Prov 18.8) ?
– nuire à la personne dont on parle ? entacher sa réputation ? attirer une sanction sur elle ? l’isoler des autres ?
– servir l’autre (mon interlocuteur et la personne dont je parle) ? protéger ? prévenir ?
– glorifier Dieu ? demander justice (cf. la veuve de Luc 18.1-7) ?
Et posons-nous la question : si on me faisait la même chose, comment est-ce que je réagirais ?
Enfin, quant à l’appréciation que nous portons sur les autres, sachons différencier ce qui tient de la vérité biblique de ce qui fait partie de la liberté chrétienne :
– Dans les domaines où la Bible donne des instructions précises, une certaine fermeté est de rigueur, allant parfois jusqu’à exercer la discipline ou la censure (2 Thes 3.14-15 ; Tite 1.10-11).
– En dehors de ces domaines, nous sommes encouragés au respect mutuel (Rom 14), par exemple face à des différences de culture, d’éducation, de tempérament ou de goûts personnels (ex : manière d’organiser une activité, couleur d’une voiture, prénom donné à un enfant, etc.).
OSER REPRENDRE
La Bible nous encourage souvent à parler directement à la personne concernée plutôt que de médire derrière son dos. Cela n’est pas du tout opposé à l’amour, contrairement à ce que l’on croit souvent :
« Les blessures d’un ami prouvent sa fidélité, mais les baisers d’un ennemi sont trompeurs. » (Prov 27.6)
Reprendre permet de montrer à l’autre le mal dont il n’a peut-être pas conscience, afin de le protéger de son péché et de l’amener à se corriger et à progresser. Cela protège aussi son entourage, en évitant que d’autres soient entraînés dans le même genre de péchés.
De quelle manière reprendre ? Paul nous donne plusieurs conseils en Gal 6.1 :
– avoir un esprit de douceur,
– reconnaître notre propre faiblesse et ne pas éprouver d’orgueil.
J’ajouterai qu’il vaut mieux parler clairement, plutôt qu’utiliser des plaisanteries, voire des actes de vengeance, en imaginant que la personne va finalement comprendre ce qu’on veut lui dire par là…
Cela dit, attention à la critique qui décourage ! Encore une fois, sachons bien choisir la manière et le moment d’adresser nos remarques.
ENCOURAGER, MAIS NE PAS FLATTER
Si nous avons vu la nécessité de reprendre, il est aussi juste de savoir relever ce qui est positif chez l’autre, comme l’a souvent fait Paul dans ses lettres (1 Cor 11.2 ; 1 Thes 1.2-10 ; 2 Thes 1.3-5 ; 2 Tim 1.5, etc.). Mais soyons sincères et vrais dans nos encouragements, en évitant la flatterie.
« Un homme qui flatte son prochain tend un filet sous ses pas. » (Prov 29.5)
MESURER SES PAROLES
« Celui qui parle beaucoup ne manque pas de pécher, Mais celui qui retient ses lèvres est un homme prudent. » (Prov 10.19)
La Bible dit qu’il est sage de peu parler (Jac 1.19). Il est en effet plus facile de contrôler sa langue quand nos paroles sont peu nombreuses ! Ainsi, nous pouvons mettre notre silence à profit pour écouter les autres, être attentifs à leurs besoins… et à leurs conseils !
« Celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et s’attire la confusion. » (Prov 18.13)
« La voie de l’insensé est droite à ses yeux, mais celui qui écoute les conseils est sage. » (Prov 12.15)
Je terminerai avec une prière du psalmistes :
« Éternel, mets une garde à ma bouche,
Veille sur la porte de mes lèvres ! » (Ps 141.3)1
1N.D.L.R. : Pour ceux qui aimeraient creuser ce sujet important de la parole humaine dans le livre des Proverbes qui contient un large éventail d’avertissements et de conseils pour notre instruction personnelle, nous suggérons la lecture de l’excellent ouvrage conçu d’Alfred Kuen, L’Art de vivre selon Dieu – Concordance thématique du livre des Proverbes, éditions Emmaüs, Saint-Légier, p. 111–122. Les textes cités sur ce thème sont les suivants :
– De bonnes paroles : Prov 10.6.11,13,20-21,31,32 ; 13.2 ; 15.1,2¸7,23,26 ; 16.21,23,24 ; 18.4 ; 20.15 ; 25.11,15,25.
– Surveille tes paroles : Prov 10.14,19 ; 11.9,13 ; 12.6,18 ; 13.3 ; 14.3 ; 15.4,28 ; 17.28 ; 18.2,6,7,13,20,21 ; 20.19 ; 21.23 ; 25.9,10 ; 29.20.
– Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise : Prov 10.18 ; 12.13,19,22 ; 13.5,17 ; 16.13,27,29 ; 17.4,7,20 ; 18.8 ; 19.5 ; 22.12 ; 25.23 ; 26.18,19,22,23,28.