Dossier: Vivre en Christ
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Marcher selon l’Esprit

Le texte que nous publions est un condensé du commentaire de John MacArthur sur l’épître aux Galates avec l’aimable autorisation des Éditions Impact à Trois-Rivières, Québec

Je dis donc : Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair ; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez. Si donc vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi. » (Gal 5.16-18)

Tout comme Jésus-Christ est le personnage principal de la justification, le Saint-Esprit est celui de la sanctification. Un croyant ne peut pas plus se sanctifier lui-même qu’il n’aurait pu se sauver lui-même. Il ne peut pas plus vivre la vie chrétienne à partir de ses propres ressources qu’il n’aurait pu se sauver au moyen de ces ressources.

Dans sa définition la plus profonde, et pourtant la plus simple, la vie chrétienne fidèle est une vie vécue sous la direction et dans la puissance du Saint-Esprit. C’est là le thème de Galates 5.16-26, où Paul dit aux croyants : « marchez selon l’Esprit » (v. 16,25), et : « [soyez] conduits par l’Esprit » (v. 18). Le premier paragraphe (v. 16-18) de cette section ouvre le sujet en donnant l’ordre de marcher selon l’Esprit, et en définissant le combat de la vie remplie de l’Esprit.

1. L’ordre (5.16)

Les deux sujets opposés de l’épître aux Galates sont la loi et la grâce, qui, comme Paul le montre à plusieurs reprises, sont incompatibles, que ce soit comme moyens de salut ou comme moyens de sanctification. On ne peut pas aller à Dieu par l’observation de la loi et on ne peut pas non plus entretenir une vie à la gloire de Dieu de cette façon, même s’il s’agit de la loi que Dieu a donnée à Moïse et qui était au centre de l’Ancienne Alliance. Puisque personne ne peut y obéir parfaitement, la loi n’a jamais été, et ne devait jamais être un moyen de salut. Dieu l’a donnée pour révéler ses saintes normes et pour amener les hommes à désespérer de lui plaire par leurs efforts humains, et les conduire à Jésus-Christ, qui seul, et par grâce, peut les rendre acceptables devant le Père. Par la loi, « l’Écriture a tout renfermé sous le péché, afin que ce qui avait été promis soit donné par la foi en Jésus-Christ à ceux qui croient » (Gal 3.22). La loi n’a jamais été donnée comme sauveur, mais uniquement comme précepteur pour conduire les hommes au Sauveur (Gal 3.24).

La loi n’a aucune utilité pour le salut du croyant, parce que par Christ celui-ci est déjà sauvé et a été adopté comme enfant dans la famille céleste de Dieu (Gal 3.26). Elle n’a pas non plus d’utilité pour la direction de sa vie nouvelle, parce que le croyant a l’Esprit de Dieu résidant en lui pour le guider de façon permanente.

Bien que l’Écriture encourage l’étude biblique, la prière, l’adoration, le témoignage et certaines normes de conduite qui sont essentielles à une vie chrétienne fidèle, la spiritualité ne peut pas être mesurée à la fréquence ou à l’intensité avec laquelle le croyant s’y engage. Prendre ces choses comme des mesures de spiritualité, c’est tomber dans le légalisme, qui ne s’attache qu’aux choses extérieures et visibles, humainement appréciables. Vivre uniquement selon un ensemble de règles, c’est vivre par la chair dans le contentement de soi et l’hypocrisie, en méprisant l’Esprit, qui seul est capable de travailler intérieurement pour produire des œuvres de véritable justice. La vie sainte ne résulte pas de ce que nous faisons pour Dieu, mais de ce que lui fait en nous par son propre Esprit. Vivre saintement, c’est être « puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur » (Éph 3.16), et c’est être « remplis de l’Esprit » (Gal 5.18).

Tout ce dont un croyant a besoin pour vivre une vie en accord avec la volonté de Dieu est le Saint-Esprit, qui lui a été donné au moment où il a cru (Rom 8.9). Même le croyant le plus nouveau et le plus ignorant est habité par l’Esprit de Dieu qui l’enseigne et le soutient. Bien que l’Esprit utilise l’Écriture pour aider les croyants à croître en vérité et en sainteté, il est lui-même la source suprême de ces vertus (voir Col 3.16).

Le fait que le verbe peripateô (marchez) soit ici conjugué au temps présent indique que Paul parle d’une action continue et régulière, en d’autres mots : d’une façon habituelle de vivre. Et le fait que le verbe soit aussi au mode impératif indique qu’il ne fait pas une suggestion aux croyants, mais leur donne un ordre.

Quand un croyant se soumet au contrôle de l’Esprit, il avance dans sa vie spirituelle. L’Esprit le fait avancer pas à pas d’où il est vers où Dieu veut qu’il soit. Ainsi, bien que ce soit l’Esprit qui soit la source de toute vie sainte, c’est le croyant qui reçoit l’ordre de marcher. C’est là la combinaison apparemment paradoxale du divin et de l’humain dans le salut (Jean 6.35-40), dans l’inspiration de l’Écriture (voir 1 Jean 1.1-3 et 2 Pi 1.19-21), dans la sécurité éternelle (voir Rom 8.31-39 et Col 1.21-23) et même dans le ministère (Col 1.28,29).

En insistant sur l’œuvre primordiale du Saint-Esprit dans la vie du croyant, certains chrétiens ont perdu l’équilibre qui existe entre l’humain et le divin, et ont enseigné l’idée exprimée par des expressions populaires du genre de : « Abandonnez-vous à Dieu »1 et « la vie d’abandon »2. Bien utilisées, de telles expressions sont utiles. Si elles signifient qu’il faut arrêter de compter sur ses propres ressources et son indépendance, et se soumettre à la vérité et à la puissance de Dieu, elles sont scripturaires. Mais si, comme c’est souvent le cas, on les utilise pour enseigner que la vie chrétienne est tout simplement une soumission passive à Dieu, elles sont contraires à tous les termes actifs et à tous les ordres de faire plus d’efforts et d’être plus engagés qu’on trouve dans tout le Nouveau Testament (voir p. ex. : 1 Cor 9.24-27 ; Héb 12.1-3).

Si la volonté et les actes de l’homme ne jouaient pas un rôle direct et actif dans la vie chrétienne, le Nouveau Testament ne contiendrait que cette seule instruction pour les croyants : « Marchez selon l’Esprit ». Tout autre ordre serait superflu.

La puissance nécessaire dans la vie chrétienne vient entièrement du Saint-Esprit, tout comme la puissance du salut vient entièrement de Jésus-Christ. Mais l’homme est appelé à exercer sa volonté et à s’engager, aussi bien dans l’œuvre de justification de Christ que dans l’œuvre de sanctification du Saint-Esprit.

Il n’est pas question pour le chrétien de simplement s’asseoir en coulisses et de regarder le Saint-Esprit se battre pour lui. Paul dit aux croyants de Rome : « Regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants en Jésus-Christ. […] Ne livrez pas vos membres au péché, comme des instruments d’iniquité ; mais […] offrez à Dieu vos membres, comme des instruments de justice » (Rom 6.11,13).

Le croyant qui est conduit par le Saint-Esprit doit être prêt à aller là où celui-ci le conduit et à faire ce que celui-ci le conduit à faire. Prétendre être soumis au Saint-Esprit sans être personnellement engagé dans l’œuvre de Dieu, c’est appeler Jésus « Seigneur, Seigneur ! » et ne pas faire ce qu’il demande (Luc 6.46).

Dire : « Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair », c’est énoncer le même principe qu’en disant : « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises » (Rom 13.14). Marcher selon l’Esprit, c’est marcher « honnêtement comme en plein jour » alors que les désirs de la chair, sont des choses telles que « des orgies et de l’ivrognerie, de la luxure et de la débauche, des querelles et des jalousies » (v. 13). Les deux comportements s’excluent mutuellement, de telle façon qu’à tout moment de notre vie chrétienne, soit nous marchons par l’Esprit, soit nous fonctionnons selon les désirs de la chair. Nous ne pouvons pas faire les deux en même temps.

Vivre par l’Esprit, c’est vivre comme Christ a vécu, les pensées saturées de sa vérité, de son amour et de sa gloire, et du désir d’être en tout semblable à lui. C’est vivre dans la conscience permanente de sa présence et de sa volonté, en laissant « la parole de Christ » demeurer en soi « dans toute sa richesse » (Col 3.16). Vivre par l’Esprit, c’est vivre selon l’enseignement et l’exemple du Seigneur Jésus-Christ. C’est vivre avec un désir suprême et permanent « d’être trouvé en lui, non avec [sa propre] justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi », et avec le désir aussi de connaître « Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances (Phil 3.9,10). Ce n’est certes pas différent d’être « remplis de l’Esprit » (Éph 5.18), une expression qui décrit la puissance de contrôle exercée par l’Esprit sur un chrétien qui la veut.

2. Le combat (5.17,18)

Comme beaucoup d’autres dans le Nouveau Testament, ces deux versets montrent clairement que marcher selon l’Esprit, ce n’est pas simplement s’abandonner passivement à celui-ci. La vie dirigée par l’Esprit est une vie de combat, de combat constant contre les vieilles habitudes de la chair qui continuent à tenter et à séduire le croyant. La chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair.

Il vaut la peine de remarquer que Paul utilise souvent le terme « la chair » pour désigner ces restes du « vieil homme » qui subsistent après la conversion. Il s’agit de l’humanité non régénérée, cette partie du croyant qui attend la rédemption à venir au moment de la glorification (Rom 8.23). Jusque-là, le croyant possède une personnalité régénérée (voir Gal 2.20), qui vit dans une humanité non régénérée, et cela crée un fort état de conflit.

Paul lui-même, comme tous les croyants, est constamment aux prises avec la chair, comme il le confesse aux Romains : « Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair ; j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. […] Je trouve donc en moi cette loi : quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. Car je prends plaisir à la loi de Dieu selon l’homme intérieur ; mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres » (Rom 7.18,19,21-23).

Dans le présent texte et dans d’autres, la chair désigne également la faiblesse et l’incapacité morales et spirituelles de la nature humaine qui s’accroche aux âmes rachetées, comme Paul en fait état dans le passage de Romains 7, déjà cité (voir Rom 6.19). La chair des chrétiens est leur propension à pécher, leur humanité déchue qui attend la rédemption, et dans laquelle la nouvelle et sainte créature habite (voir Gal 2.20 ; 2 Cor 5.17).

La chair est cette partie du croyant qui fonctionne sans l’Esprit et contrairement à lui. Elle s’oppose à l’œuvre de l’Esprit dans le cœur du croyant. Celui qui n’est pas né de nouveau regrette souvent les péchés qu’il commet, à cause d’un sentiment de culpabilité ou de conséquences pénibles, mais il ne se déroule pas de combat spirituel en lui, parce qu’il ne possède que la nature charnelle et ne possède pas l’Esprit. Les péchés qu’il commet, même s’ils le désappointent et le dégoûtent parfois, sont néanmoins en accord avec sa nature fondamentale d’ennemi de Dieu (Rom 5.10) et d’enfant de la colère (Éph 2.3). Il n’y a donc pas de conflit réel en lui, à part celui que peut causer le peu de conscience qui lui reste dans son état de perdition.

Ce n’est que dans la vie des croyants, que l’Esprit peut combattre la chair, parce que l’Esprit ne réside que dans le croyant. Seul un croyant peut vraiment affirmer : « Car je prends plaisir à la loi de Dieu selon l’homme intérieur ; mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres » (Rom 7.22,23). Ce n’est que dans les croyants que la chair non régénérée et l’Esprit qui vit dans l’être régénéré sont opposés entre eux, afin que les croyants ne fassent point ce qu’ils voudraient. Les croyants ne font pas toujours ce qu’ils voudraient faire. Il y a des moments dans la vie de chaque croyant où il veut mais ne peut pas. L’Esprit met souvent le holà aux désirs de notre chair, et la chair passe souvent par-dessus la volonté exprimée par l’Esprit. Il n’est pas surprenant que ce frustrant conflit amène Paul à s’exclamer : « Misérable que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Rom 7.24.)

Bien que la vie chrétienne soit un combat, c’est un combat dans lequel la victoire est toujours possible. Dans sa prière sacerdotale, Jésus a parlé de l’autorité que son Père lui a donnée « sur toute chair » (sarx – Jean 17.2). Tout croyant a en lui la puissance de l’Esprit de Dieu lui-même qui combat sa chair faible et pécheresse, afin qu’il ne fasse point ce que sa chair voudrait. Paul écrit : « la loi de l’Esprit […] m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Rom 8.2). En d’autres mots, c’est une tierce personne qui a la clé du combat entre la nouvelle création et la chair : le Saint-Esprit. C’est lui qui donne à l’homme intérieur l’énergie nécessaire pour remporter la victoire sur la chair.

La meilleure façon pour un chrétien de s’opposer aux désirs et aux œuvres de la chair, c’est de ne pas satisfaire ses convoitises : « n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises » (Rom 13.14). La façon la plus certaine de tomber dans le péché est de se permettre d’être dans des situations où il y a danger de tentation. Et la façon la plus certaine d’éviter le péché est d’éviter les situations où la tentation existe. Paul dit aux croyants : « Faites donc mourir ce qui dans vos membres est terrestre, la débauche, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la cupidité, qui est une idolâtrie » (Col 3.5).

Les croyants qui ne résistent pas activement au mal et ne se consacrent pas au bien ne sont évidemment pas conduits par l’Esprit, peu importe à quel point ils pensent s’être « abandonnés ». Un croyant ne peut rien accomplir pour le Seigneur par sa propre force. Mais, par contre, l’Esprit peut accomplir très peu avec un chrétien qui n’est ni soumis ni engagé. Le piétisme, une position dans laquelle le croyant essaie de façon légaliste de faire par sa propre force tout ce que le Seigneur lui commande, insiste trop sur la discipline, la diligence et les efforts personnels.

Dans sa deuxième épître, Pierre explique très bien l’équilibre qui doit exister dans la vie chrétienne. Selon « sa divine puissance [Dieu] nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu ; celles-ci nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise » (2 Pi 1.3,4). C’est là l’engagement de Dieu grâce à la puissance duquel le croyant devrait faire tous ses efforts pour joindre à sa foi la vertu, la connaissance, la maîtrise de soi, la patience et la piété (v. 5,6). Ce n’est pas que Dieu fasse tout et que nous ne fassions rien, comme certains le croient, ni que nous fassions tout et qu’il ne fasse rien. C’est l’équilibre entre notre soumission et notre engagement d’un côté et la direction et la puissance de l’Esprit de l’autre. Paul dit : « Mettez en œuvre votre salut avec crainte et tremblement, […] car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Phil 2.12,13). On ne peut pas pleinement expliquer ou comprendre le mystère de cet équilibre parfait et paradoxal, mais on peut en faire la pleine expérience.

Être conduits par l’Esprit, c’est la même chose que marcher par lui (Gal 5. 16,25), mais l’expression insiste un peu plus sur son autorité. Nous ne marchons pas à côté de lui comme des égaux, mais nous le suivons comme on suit un guide souverain et divin. Paul dit : « Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Rom 8.14). La réciproque est également vraie. Ceux qui sont fils de Dieu sont conduits par l’Esprit de Dieu.

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  1. En anglais : « Let go and let God ! »
  2. En anglais : « the surrendered life »
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MacArthur John
John MacArthur est pasteur dans l’église Grace Community Church à Sun Valley en Californie. Depuis de nombreuses années, il poursuit un ministère d’enseignement au sein de son église locale et du séminaire Master’s Seminary, par la participation à de nombreuses conférences et par la rédaction de nombreux commentaires bibliques.