Dossier: Lire et comprendre la Bible
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Mettez en pratique la Parole (Jacques 1.22-27)

Dans un de ses livres, Phyllis J. Le Peau raconte cette histoire : Quelques étudiants du séminaire devaient prêcher sur l’histoire du bon Samaritain. Quand l’heure de leur sermon arriva, chacun d’entre eux fut retardé délibérément en se rendant au cours. Tandis que les étudiants couraient sur le campus, ils rencontrèrent une personne qui prétendait avoir besoin d’aide. Aucun des étudiants ne s’arrêta pour l’aider. Le Peau conclut non sans ironie : « après tout, ils avaient un sermon important à délivrer ».

J’ai un jour entendu un homme de tradition chrétienne regretter : « La dernière fois que je suis allé à l’église, j’ai vu des gens qui s’y rendaient se battre pour une place de parking. Depuis je n’y vais plus. »

La nécessité de la mise en pratique (1.22-24)

22 Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements.

Après voir encouragé ses lecteurs à recevoir « avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver vos âmes » (1.21), Jacques donne deux commandements :

– 1. Mettre la Parole en pratique. L’expression originale est très forte : litt. « soyez des faiseurs de la parole. » Il ne s’agit pas seulement de connaître, de lire ou d’entendre, mais de vivre la Bible, de suivre ses instructions.

– 2. Ne pas se contenter d’écouter. Jacques s’élève contre ceux qui seraient en quelque sorte des « auditeurs libres » de la Bible. Ils lisent l’Écriture, se soumettent volontiers à la prédication et à l’enseignement de la Parole, mais sans en tirer des principes de vie. Un rapport si distant avec l’Écriture fait courir le risque de s’illusionner soi-même, de « marcher à côté de la plaque », comme on dit familièrement.

À quoi peut ressembler un « faux raisonnement » ? Voici quelques exemples :

– Comprendre que l’on est pécheur, savoir que Christ est mort pour les pécheurs, comprendre que l’on a besoin de Dieu — mais choisir de ne pas se repentir, de ne pas se donner à Christ.

– Comprendre que la Bible parle de la maîtrise de la colère — mais chaque fois que la moutarde monte au nez, plutôt que de demander l’aide de Dieu et de se repentir pour sa réaction, rejeter sur les autres la responsabilité de cette colère.

Jacques nous rappelle que Dieu ne cherche pas de purs experts en exégèse. Il attend des hommes qui aiment l’Écriture, qui l’étudient pour mieux vivre. Cette Épître n’est pas la seule à nous rappeler cela : le sermon sur la montagne (très proche de l’Épître de Jacques) se termine par la parabole célèbre des deux maisons : « C’est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison : elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc. Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison: elle est tombée, et sa ruine a été grande. » (Mat 7.24–27)

Dans une compétition équestre, un cheval avait fait un « refus d’obstacle » et son cavalier était tombé. C’est cela dont Jacques parle : voir dans l’Écriture où est placée la barre, et refuser de l’atteindre. Jésus a dit : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. » (Jean 15.46)

23-24 Car, si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt comment il était.

À cette époque, les miroirs étaient des morceaux de cuivre ou de bronze polis. Les plus riches s’en procuraient en argent. Mais ils restaient très inférieurs aux miroirs actuels. Pour se faire une idée de son visage, il fallait regarder avec beaucoup d’attention (le verbe décrit une action intensive) et faire bouger le miroir pour changer l’éclairage et l’angle de réflexion.

Ce n’est pas très utile de se regarder dans un miroir, sauf pour se raser, se maquiller — des gestes qui accompagnent l’acte de se regarder. C’est le sens de l’analogie. Lire ou écouter la Parole sans la mettre en pratique ne sert à rien.

Le fruit de la mise en pratique (1.25)

Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’œuvre, celui-là sera heureux dans son activité.

Par opposition à celui qui ne fait que regarder, celui qui « s’immerge » dans l’Écriture pour découvrir comment mieux vivre sera heureux.

Il ne s’agit pas du bonheur tel que le monde le définit… Le bonheur dont il est question est un bonheur intérieur. Il est vrai que la vie chrétienne n’offre pas que des hauteurs et comprend aussi des vallées difficiles. Mais vivre bien, selon notre Créateur, conduit à un bien-être inégalable :

– le bonheur du pardon ;

– le bonheur d’investir sa vie pour le bien d’autrui ;

– le bonheur futur d’être dans la présence de Dieu.

Mais ce bonheur est associé à trois actions :

– « plonger » dans la Parole — c’est-à-dire s’immerger en elle, l’étudier ;

– « persévérer » dans la Parole — c’est-à-dire s’engager sur le long terme, comme pour une course de fond ;

– « pratiquer activement » la Parole — c’est-à-dire développer un zèle pour la mettre en pratique.

Ces exercices ressemblent à l’apprentissage du piano. Les débuts ne sont pas faciles, mais plus on travaille, plus on éprouve de la joie. Moins on travaille, plus on le regrette parce qu’on se fait moins plaisir !

Regardez les qualificatifs associés à la Parole de Dieu :

– « la loi parfaite », c’est-à-dire sans impureté, sans erreur ;

– « la loi de la liberté » : cela peut paraître étrange, mais la loi de Dieu libère l’homme ; elle donne à l’homme qui a sa confiance en Dieu un cadre qui lui correspond, parce qu’il a été créé dans cet objectif (cf. Ps 19.8-10).

La Parole c’est plus qu’un simple livre. Parce que Dieu en est l’auteur (2 Tim 3.16 ; 2 Pi 1.20-21), et parce qu’elle est utile : elle nous qualifie à réaliser « toute bonne œuvre » (2 Tim 3.17), elle juge nos sentiments et nos pensées (Héb 4.12), elle nous fait réussir dans nos projets (Jos 1.8), et accompagne notre bonheur (Ps 1.1).

Trois exemples de mise en pratique (1.26-27)

Si quelqu’un croit être religieux, sans tenir sa langue en bride, mais en trompant son cœur, la religion de cet homme est vaine. La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde.

Jacques associe trois exemples à cette mise en pratique. On ne mesure pas la profondeur spirituelle d’un homme à ses actes religieux — mais à son comportement, à ses paroles et à ses actes.

Pour preuve, le terme « religieux » n’est utilisé qu’ici dans le N.T. Il décrit des hommes et des femmes faisant des gestes religieux (prière, jeûne, etc.). Le mot apparenté, « religion » ne se retrouve que 4 fois dans le N.T. (deux fois en Jacques, une 3e fois en Colossiens pour parler d’une pratique hérétique, et en Actes pour parler de la religion juive).

– 1. Un homme religieux, une femme religieuse, se repère dans sa manière de parler. Il ou elle sait maîtriser les élans de sa langue (Jacques développera ce point au ch. 3).

– 2. Un homme religieux, une femme religieuse, se repère dans le fait qu’il prend soin des faibles. Les veuves et les orphelins à cette époque étaient les plus démunis. Pas d’assurance vie, pas de programme social, très peu d’emplois disponibles pour eux… Dieu en avait un soin particulier : « Le père des orphelins, le défenseur des veuves, c’est Dieu dans sa demeure sainte. » (Ps 68.6) La loi avertissait : « Maudit soit celui qui porte atteinte au droit de l’étranger, de l’orphelin et de la veuve. » (Deut 27.19) Aujourd’hui ce devoir demeure pour toutes les personnes en situation de faiblesse. Ce n’est pas un travail institutionnel (réservé aux anciens, au pasteur, aux diacres, à des organisations spécialisées, etc.), c’est le travail des hommes et des femmes qui sont pieux, qui aiment Dieu. Les chrétiens forment un peuple qui se soucie des autres. « Visiter » va plus loin qu’une courte visite. C’est prendre un réel souci, apporter une aide concrète.

– 3. Un homme religieux, une femme religieuse, se préserve « des souillures du monde ». Parce que le chrétien a été lavé une fois pour toutes (Héb 10.10,14 ; 1 Cor 6.9-11, etc.), il est blanc. Et parce qu’il est blanc, il veille à ne pas se salir.

***

Tous les grands réveils spirituels enregistrés dans l’Écriture et dans l’histoire se sont accompagnés d’une prise de conscience de l’importance de l’Écriture associée à une attitude de repentance chaque fois que nécessaire. Hier comme aujourd’hui, la grâce de Dieu couvre nos défaillances et nous pousse au changement (cf. Tite 2.11-13). En cela nous pouvons compter sur l’intercession et l’assistance du Christ : il a parfaitement obéi à notre place et peut nous secourir dans nos faiblesses (cf. Héb 2.10 ; 5.9 ; 7.28 ; 12.1-3)

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Varak Florent
Florent Varak est pasteur, auteur de nombreux livres. Il est aussi conférencier, et professeur d’homilétique à l’Institut biblique de Genève. Il est le directeur international du développement des Églises au sein de la mission Encompass liée aux églises Charis France. Il est marié avec Lori et ont trois enfants adultes ainsi que quatre petits-enfants.