Série: Les enseignements de l'ancien testament - Etude biblique
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Moïse face au peuple

Moïse face au peuple

(deuxième partie)

Nous avons vu le peuple d’Israël passer par trois étapes celle de la foi, celle des murmures, puis celle de l’engagement, où le peuple est entré en une relation d’alliance avec Dieu.

Quatrième étape : L’idolâtrie du peuple

Moïse reste quarante jours sur le Mont Sinaï C’est long, un mois et demi sans nouvelles du chef, sans intermédiaire entre Israël et Dieu. Je vous invite à lire Exode 32 avant de continuer.

Vous aurez remarqué la manière désobligeante dont le peuple parle de ce Moïse, cet homme qui nous a lait monter du pays d’Egypte. Les promesses solennelles sont oubliées, un veau d’or prend la place du Dieu vivant dont la voix s’était pourtant fait entendre. – Quand Dieu tarde à répondre à nos prières, vers qui nous tournons-nous? De quoi nos espérances se nourrissent-elles? Nous appuyons-nous sur des Aaron ? Jésus est pourtant là, même si nous ne le voyons pas Nous marchons par la foi et non par la vue, écrit Paul aux Corinthiens friands de manifestations spectaculaires (2 Cor 5.7).

Le peuple d’Israël retourne au paganisme d’Egypte, où les dieux étaient représentés par des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles, pour citer l’apôtre Paul (Rom 1.23). Israél est retourné au polythéisme: Fais-nous des dieux. Ton peuple s’est corrompu, dit Dieu à Moïse. Il ne dit pas « ce peuple », car il y a une relation intime, profonde dans le coeur de Dieu et de Moïse pour le peuple que Dieu s’est choisi parmi tous les autres peuples de la terre. Et ce peuple s’est corrompu. Bien entendu, personne ne pense qu’un jeune taureau est vraiment un dieu; mais on lui offre tout de même des sacrifices. Toute adoration ou simple prière faite à l’aide d’une image ou d’une statue comporte le risque de prendre ces représentations pour des réalités. C’est cela, l’idolâtrie : représenter Dieu et se prosterner devant cette image inanimée.

Aux yeux de Dieu, la fête idolâtre à laquelle s’adonne le peuple est une perversion si grave qu’il mérite l’extermination. Dieu veut tout recommencer. Il propose à Moïse de faire de lui l’ancêtre d’un nouveau peuple de Dieu. Quel honneur pour Moïse ! Sa réaction est un exemple de parfaite loyauté envers Dieu et son peuple. Moïse a l’honneur de Dieu à coeur. Il lui rappelle ses promesses faites aux ancêtres. Et que diraient les Egyptiens ?… Moïse est même prêt à faire biffer son nom inscrit dans le livre de vie, donc de subir le châtiment de la condamnation éternelle, pour que son peuple vive. Quel intercesseur que ce Moïse! Cependant Dieu répond: Non !Seul le pécheur lui-même sera puni.

Il y en a eu un autre qui se disait prêt à prendre la malédiction éternelle sur lui, si cela pouvait sauver les Israélites, ses frères (Rom 9.3-5). Il s’agissait là d’une expression de son grand amour pour son peuple. Pourtant, Paul ne savait que trop bien que la question du salut éternel doit être résolue par chacun individuellement.

Or, il y en a un qui, n’ayant lui-même aucun péché à expier, s’est chargé de la malédiction et du châtiment de l’humanité entière. C’est lui le parfait intercesseur, le médiateur d’une alliance nouvelle le Fils éternel de Dieu, mort et ressuscité à l’immortalité à tout jamais (Héb 8.6 ; Rom 6.9). Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux (Luc 10.20). Quand les livres seront ouverts au dernier jugement, votre nom se trouvera-t-il inscrit dans le livre de vie (Apoc 20.11-15) ?

Quand Moïse, descendu de la montagne, se trouve face au peuple dansant autour de son dieu postiche, sa colère, tout comme celle de Dieu, s’enflamme à tel point qu’il fait voler en éclats les deux tables sur lesquelles se trouvait pourtant l’Ecriture de Dieu, qui ne le reprend pas pour ce geste de fureur violente. En fait, à quoi peut servir la Parole de Dieu quand on adore des idoles ? Cela vaut aussi pour nous. La dernière phrase de la première épître de Jean est significative : Gardez-vous des idoles. N’aurions-nous pas besoin de cette exhortation ?

Moïse vit encore autre chose qu’un peuple adonné à l’idolâtrie. Moïse vit que le peuple était en désordre. C’est la condition de l’homme qui s’est détourné de Jésus-Christ. Les répercussions se font sentir non seulement dans les domaines prosaïques de la vie, mais aussi dans le comportement moral. Dieu n’est pas un Dieu de désordre (1 Cor 14.33) : l’ordre doit caractériser ses enfants. Y aurait-il à mettre de l’ordre dans un secteur de ma vie ?

Dans Exode 33 (à lire), Moïse, conscient de sa responsabilité de meneur des enfants d’Israël, demande à ‘Eternel de marcher avec eux, sans quoi mieux vaut ne pas partir du tout – Partir dans la vie – la vie d’apprenti ou d’étudiant, la vie professionnelle, la vie du couple et de famille – sans se prévaloir de la grâce de Dieu en Jésus-Christ, à quoi bon ? Je marcherai moi-même avec toi et je te donnerai du repos. Cette promesse faite à Moïse voici plus de trois millénaires est aujourd’hui plus actuelle que jamais : Je suis avec vous tous les jours jus qu’à la fin du monde. Venez à moi,… et je vous donnerai du repos (Mat 28.20 11.28). En Jésus-Christ, la grâce faite au peuple d’Israël suite à l’intercession de Moïse s’accomplit pleinement. Car dans Ex 33.12-19, le mot grâce se trouve sept fois. Oui, Dieu a toujours été le Dieu qui fait grâce, même si le jugement doit expier le péché ici, il est tombé sur trois mille hommes tués par l’épée; à Golgotha, il est tombé sur l’homme parfait tué par le supplice de la crucifixion.

Peu après le départ du 5mai, décrit dans Nombres 10, le peuple murmure de nouveau. Il n’y a aucune indication de la raison. Est-ce devenu une habitude ? Incroyable direz-vous. Si incroyable que cela? Combien de fois nous les chrétiens, peuple de la nouvelle alliance, n’avons-nous pas murmuré contre les circonstances adverses ? Le feu de Dieu ne nous a pourtant jamais dévorés, comme il le fit à Tabeéra (=embrasement). Quand le peuple cria à Moïse, il pria l’Eternel, et le feu s’apaisa (Nom il .2). Prier au lieu de murmurer, voilà une habitude à prendre.

Cinquième étape : La convoitise du peuple

Le ramassis de gens qui avaient suivi les Israélites depuis l’Egypte n’a pas eu une bonne influence sur le peuple, qui pleure d’envie de manger de la viande comme en Egypte Oubliés les travaux forcés non rétribués, oubliés les coups des chefs de corvée, oubliés les dos courbés sous les charges de tuiles, oubliés les gémissements et les pleurs. Mais le souvenir de la viande gratuite (!) fait pleurer chacun devant sa tente. Un peuple libre pleure en pensant à ce qu’il a perdu du temps de l’esclavage, après avoir gagné sa liberté ! « On était bien en Egypte ! » C’en est trop pour Moïse. Il préfère mourir que de continuer à porter ce peuple sur ses bras comme un poupon contrariant. Est-ce moi qui ai conçu ce peuple ? Moïse est tellement las qu’il fait des reproches à Dieu… Et Dieu, loin de le reprendre, décharge son serviteur en mettant de l’esprit qui est sur Moïse sur soixante-dix anciens. Et il donne une abondance de viande au peuple, sous forme de cailles. Ou est le Dieu dur et intransigeant qu’on prétend trouver dans l’Ancien Testament?

Nous arrive-t-il de convoiter les plaisirs du monde sans Dieu, de loucher vers les pots de viande de l’esclavage du péché ? Dieu ne saurait-il pas ce dont nous avons besoin ? Si le Seigneur ne nous donne pas de cailles, c’est que nous pouvons vivre sans. Si nous insistons, nous risquons d’en recevoir à satiété, au point d’en être dégoûtés… Mépriserions-nous aussi le Seigneur, comme les Israélites, en ne nous contentant pas des richesses infinies qu’il nous donne en Christ?

La convoitise peut prendre la forme de la jalousie, comme le montre Nombres 12. Désirer ce que l’autre possède est à la racine du péché tout court. Adam et Eve ne convoitaient pas simplement un fruit défendu, ils convoitaient ce que Dieu a : Etre comme Dieu (Gen 3.5)! Dans Rom 7.7, Paul choisit la convoitise comme péché type.

Le coeur humain est tortueux. Myriam, la soeur aînée de Moïse et d’Aaron, entraîne ce dernier à parler contre Moïse. Aaron ne résiste pas plus que lorsque le peuple voulait son veau d’or. Myriam est jalouse de la position exclusive de Moïse comme prophète et médiateur entre le peuple et Dieu. (Rappel Le prophète annonce la Parole de Dieu, parole qui peut contenir des prédictions, mais pas nécessairement. Myriam elle-même est appelée prophétesse, Ex 15.20.) Pourquoi Dieu ne parlerait-il pas par moi aussi bien que par Moïse ? Après tout, je suis son aînée. Cela, elle ne le dit qu’à l’oreille d’Aaron. Pour saper l’autorité de Moïse, elle invente une excuse la Kouchite que Moïse avait épousée. Probablement que Séphora, sa première femme madianite, était morte, et Moïse avait pris une femme de la race kouchite dont l’Arabie était en grande partie peuplée. (La loi n interdisait que les mariages avec les Cananéennes Deut 7.1-4.) Myriam, fière Israélite, méprisait l’étrangère kouchite à la peau foncée. Aussi lance-t-elle des rumeurs contre Moïse au sujet de sa femme kouchite. Et l’Eternel l’entendit. – Ah, le mal que peuvent faire les langues calomnieuses ! La prochaine fois que je veux parler contre un frère, une soeur, je me rappellerai que l’Eternel entend.

Non seulement Moïse est-il surchargé par les soucis de meneur d’un peuple réfractaire, mais ses proches l’accablent par des attaques malveillantes ! Comment réagir ? Quelle leçon il nous donne, ce Moïse dont il est dit qu’il était l’homme le plus humble de la terre, alors qu’il aurait pu se vanter de ce que Dieu lui parlait de vive voix (bouche à bouche, dit le texte). Moïse ne semble pas avoir réagi. Mais Dieu, lui, réagit violemment : Pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur Moïse ? Et il frappe Myriam de lèpre. Aaron, qui se sait solidaire de Myriam, reconnaît leur péché commun et supplie Moïse d’intervenir, Moïse qu’il appelle maintenant mon seigneur. Et Moïse crie à l’Eternel O Dieu, je te prie, guéris-la ! Toute la grandeur de ce serviteur sans pareil éclate dans cette intercession, qui est exaucée par le Dieu qui fait grâce.

Soyons conscients de la gravité que comporte le parler contre les serviteurs de Dieu. Le moteur n’en est-il pas aussi la jalousie ? Si Dieu a pardonné les calomnies de Myriam et Aaron contre Moïse, dont Dieu témoigne qu’il est fidèle dans toute ma maison, notre confession sera aussi entendue et le pardon accordé. Même ceux qui parlent contre Jésus, qui a été fidèle comme Moïse dans toute la maison de Dieu, mais qui a été jugé digne d’une gloire… supérieure à celle de Moïse, peuvent être pardonnés. Servons donc Dieu avec piété et avec crainte (de l’offenser). Car notre Dieu est aussi un feu dévorant. (Héb 2.2-3 Mat 12.32 Héb 12.28-29)

L’idolâtrie, la convoitise, la jalousie et la médisance quoi d’étonnant si le résultat en est l’incrédulité ? Les conséquences en seront désastreuses, comme nous le verrons par la suite.

Jean-Pierre SCHNEIDER
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