Notre vocation : ambassadeur (2 Corinthiens 5.11-6.1)
Introduction
Au long de ses différentes épîtres, Paul aborde plusieurs fois le sujet de la vocation. Il la présente sous plusieurs formes, que ce soit la vocation céleste en Philippiens 3, ou simplement la vocation d’Éphésiens 4. Par ce terme, Paul entend un appel de Dieu au croyant à vivre conformément à ce qu’il est en Christ.
Dans le début de cette épître aux Corinthiens, Paul aborde successivement les sujets de l’odeur de la connaissance de Dieu, du ministère de la nouvelle alliance et de la perspective céleste du croyant.
Dans ce passage de 2 Corinthiens 5.11-6.1, nous sommes amenés à comprendre les raisons de notre vocation, celle d’ambassadeurs pour Christ (5.20), mais aussi les bénéfices que nous pouvons en retirer et les risques auxquels nous devons faire face en la vivant. Le Larousse définit l’ambassadeur comme une « personne susceptible de représenter à l’étranger une certaine image de son pays ou qui est chargée d’une mission ». Dans la perspective céleste, le croyant sait que sa patrie se trouve au ciel (5.2).
Le croyant a un regard différent
Le croyant sait qui est son Dieu, le connaît et le craint. Le livre des Proverbes nous rappelle que le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel (Prov 9.10). Parce qu’ils craignent Dieu, Paul et ses compagnons cherchent à convaincre les hommes (v. 11). Ils sont aussi pleinement conscients de la réalité du jugement, notamment du tribunal de Christ. Ils cherchent donc à avoir une attitude conforme à la volonté de Dieu et à lui plaire (v. 9-10). Ce regard différent qu’ils ont sur les choses, c’est aussi ce regard que nous devrions avoir. Le regard qui va motiver notre désir de convaincre les hommes.
Le respect de Dieu conduit à un changement de valeurs, porté sur ce qui est céleste, développé également plus tôt dans le chapitre 5 (v. 2-9). Il se manifeste par un cœur consacré. Ce n’est pas de l’apparence que nous devons tirer gloire mais de ce qui est dans le cœur (v. 12-13), car c’est ce à quoi Dieu regarde (1 Sam 16.7). Il nous faut cependant garder un certain équilibre : nous savons aussi qu’il n’y a pas que la question de ce qui est céleste dans notre vie de croyant. Nous sommes dans le monde mais pas du monde (Jean 17.15-18).
L’élément clé de la vie du chrétien est Christ. C’est en lui, par lui et pour lui que toutes choses sont. Lorsque nous regardons le monde avec ce regard, nous voyons que ce dernier a besoin de lui. Tous ceux qui vivent sans lui et qui ne sont pas sauvés sont morts : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom 3.23). C’est le cas de tous : nos amis, notre famille, nos voisins, nos collègues ou nos camarades d’étude. C’est ainsi que, pressés par le même amour que celui que Christ a manifesté pour nous, nous devons chercher à convaincre tous les hommes car Christ est mort pour tous (v. 14).
Nous devons imiter celui qui, étant Dieu, s’est dépouillé lui-même en devenant serviteur et en allant jusqu’à mourir pour nous sauver (Phil 2.6-8).
Nous devons donc ne plus vivre pour nous-même, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour nous (v. 14-15). Si c’est une réalité dans nos vies, nous verrons et connaîtrons chaque personne autour de nous en sachant que Christ est mort pour elle. De même, nous connaîtrons que Christ n’est pas seulement notre Sauveur, mais aussi notre Seigneur (v. 16). Christ mort pour tous : cette vérité nous permettra de travailler pleinement à notre mission sur terre qui est d’avoir un ministère de la réconciliation.
Le ministère de la réconciliation : sa vocation d’ambassadeur (5.18-20)
En plaçant notre identité en Christ, en l’acceptant comme Seigneur et Sauveur, cela apporte un changement radical dans nos vies. Absolument tout change ! Pas seulement notre regard sur le monde, mais aussi notre regard sur notre vie passée ou encore sur la manière dont nous allons penser, agir, et surtout aimer ! Paul décrit ce changement en disant que « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (v 17).
Ce qui devient le plus important à nos yeux, ce qui a le plus de valeur, c’est ce que Christ a fait pour nous : il nous a réconciliés avec Dieu. Cette première partie du verset 18 est relativement facile à s’approprier, mais elle s’accompagne d’une responsabilité qu’il ne faut pas mettre de côté : Dieu nous donne le ministère de la réconciliation.
Après être venu accomplir la volonté du Père en se donnant à la croix, Christ nous a passé le témoin. Il nous a donné la mission d’aller et de faire de toutes les nations des disciples (Matt 28.19). Pour mener à bien ce ministère, Dieu a mis en nous la parole de réconciliation (v.19). Ainsi, nous devons nous appuyer sur trois éléments : l’appartenance à la nation céleste tout d’abord (v. 2), l’amour de Christ qui nous presse à convaincre les hommes ensuite (v. 14), et cette mission de réconciliation (v. 18-19). Ces trois éléments démontrent que nous sommes des ambassadeurs du ciel sur la terre au service de Christ (v. 20).
La réconciliation est plus qu’une simple mission pour le croyant, c’est le but premier de sa vocation d’ambassadeur. C’est pourquoi Paul avertit aussi : nous ne devons pas recevoir la grâce de Dieu en vain (6.1). Nous avons été prédestinés à un rôle, celui de pratiquer des bonnes œuvres qui ont été préparées d’avance (Éph 2.10). Cette mission de réconciliation fait partie des œuvres préparées, et ne pas les pratiquer peut revenir à négliger la grâce
reçue de Dieu. Il est toutefois normal de rencontrer des difficultés à pratiquer ces bonnes œuvres.
Même en ayant une perspective céleste avec les bénéfices qui accompagnent notre vocation, il y a en nous un combat entre l’Esprit et notre chair.
Beaucoup d’éléments peuvent devenir des prétextes pour renoncer à notre engagement ou chercher à le minimiser. En effet, nous savons que la fonction d’ambassadeur comporte certains risques, et que nous devons sortir de notre zone de confort.
Quels sont les risques ?
La question des risques encourus en exerçant notre vocation est abordée par Paul dans plusieurs épîtres. Elle tourne autour de la persécution et des souffrances qui peuvent accompagner l’exercice des fonctions d’ambassadeur. Dans notre société occidentale, nous ferons plutôt face à des souffrances morales, à du mépris, à la perte d’un statut ou d’un travail. Le regard de nos contemporains sur nous pourra changer. Selon où nous plaçons notre gloire, cela peut être un vrai frein. Car en étant ambassadeurs de la réconciliation, nous transportons l’odeur de la connaissance de Dieu (2.14-17), qui lorsqu’elle est perçue comme une odeur de mort, peut amener des réactions virulentes
et engendrer de vraies difficultés et souffrances.
Quel sont les bénéfices ?
La bonne nouvelle est qu’en exerçant fidèlement notre vocation d’ambassadeur, nous sommes gagnants sur plusieurs points. Tout d’abord, nous honorons notre Dieu qui sera juste au jour du jugement (5.10), et rétribuera chacun selon ses œuvres. De plus, nous donnons à nos frères et sœurs une raison de se glorifier à notre sujet (v. 12). Ainsi, nous les encourageons à exercer, eux aussi, leur vocation céleste. De plus, nous serons édifiés, dans le sens où la mise en pratique nous rendra disposés à vivre notre foi dans tous les domaines et à répondre à l’appel de Dieu. Cela nous fera grandir dans notre fidélité et dans beaucoup d’autres domaines de notre foi. Enfin, nous aurons peut-être le privilège de convaincre des hommes, ce qui est l’une des plus grandes joies à vivre sur terre.
Conclusion
En connaissant Dieu, en comprenant pleinement l’amour de Christ et étant pressés par cet amour, nous cherchons à convaincre les hommes de se tourner vers Christ. Notre regard sur les gens qui nous entourent change. Nous avons reçu de Dieu une vocation d’ambassadeur, avec le ministère de la réconciliation. Même si nous avons conscience de cette mission et que nous désirons la remplir, il est en pratique souvent difficile de s’y consacrer pleinement. Il y aura des hésitations, parfois nous trouverons des raisons de ne pas agir pleinement.
Mais nous savons que la difficulté de notre exercice réside dans le fait de parvenir à garder notre regard tourné vers Christ. Nous devons considérer ce qui était pour nous un gain comme une perte (Phil 3.7-8), et persévérer jusqu’au bout en combattant le bon combat et en gardant la foi (2 Tim 4.7). Nous savons que Christ reviendra, que nous comparaîtrons tous devant le tribunal de sa justice, et qu’il sera juste dans ses récompenses (v 10). Cependant, nous cherchons une récompense bien particulière avec cette vocation, celle de voir des hommes être convaincus de l’amour de Christ, et se tourner vers lui.