Pécheurs sans retour ?
Cette méditation est extraite du recueil « Courants d’eau pour mon âme », avec l’aimable autorisation des éditeurs (Éditions Europresse, BP 505 – 71322 Chalon-sur-Saône Cedex – France, 2003). Elle figure en date du 7 octobre. |
« Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’est égaré loin de la vérité, et qu’un autre l’y ramène, qu’il sache que celui qui ramènera un pécheur de la voie où il s’était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. » (Jac 5.19,20)
Le pauvre rétrograde tombe souvent dans l’oubli.
Un membre de l’église a terni sa profession de foi ; l’église l’a excommunié et il est désormais compté « comme un païen et un publicain ». Je connais des hommes puissants dans le ministère de l’Évangile qui sont tombés dans le péché il y a une dizaine d’années. Et aujourd’hui encore, dès que nous en parlons, on répond : « Mais voilà ce qu’ils ont fait il y a dix ans. »
Les chrétiens devraient avoir honte de garder rancœur pendant si longtemps. Oui, faisons preuve de plus de précaution dans nos contacts, mais garder l’opprobre sur un frère pour la faute qu’il a commise il y a si longtemps est contraire à l’esprit de l’apôtre Jean qui accompagnait Pierre trois jours après que celui-ci eut renié son Maître avec force jurons et imprécations.
Il est de bon ton aujourd’hui, si quelqu’un chute dans le péché, de dire : « C’est un homme mauvais, laissons-le de côté1 . » Mais n’est-ce pas précisément une raison pour aller d’autant plus à sa recherche ? Imaginons que le pauvre homme n’ait jamais été enfant de Dieu, qu’il n’ait jamais vraiment connu la vérité ? N’y a-t-il pas davantage de raisons de le rechercher ? Je ne comprends pas cet excès d’orgueil qui empêche d’aller à la recherche du pire des pécheurs. Plus le cas est désespéré, plus nous avons de raisons de le faire.
Mais supposons que l’homme soit enfant de Dieu et que vous l’ayez rejeté. Souvenez-vous qu’il est votre frère. Il appartient à Christ tout autant que vous. Il est justifié et possède la même justice que vous. Si, après qu’il a péché, vous le méprisez, vous méprisez en fait votre propre Maître. Prenez garde. Vous aussi pouvez être tenté et chuter un jour !
1 Il est évident que l’attitude inverse, consistant à tolérer dans l’église des propos ou des comportements contraires à l’enseignement de la Parole de Dieu, n’est pas acceptable non plus. De nos jours, elle est malheureusement aussi répandue que la dure absence de miséricorde. (NDLR)