Dossier: Élection et prédestination
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Plaidoyer pour la Bible plutôt que la logique humaine

Cet article est la conclusion d’un article plus long « Calviniste, arminien, intermédiaire ou éclectique » disponible sur le site internet animé par David Shutes : www.davidshutes.fr

La logique humaine et ses limites

Dans un domaine aussi compliqué, où il y a tant de textes qui vont dans un sens ou un autre, et dans lequel on est en train d’essayer de comprendre,ce que Dieu fait et comment il le fait, il ne serait pas du tout réaliste de penser que tout le monde pourrait être du même avis. Mais je voudrais, néanmoins, encourager chacun à se positionner, en donnant un maximum de place à ce que dit la Bible – toute la Bible, et non uniquement les textes qui vont dans le sens de ce qu’on pense déjà – plutôt que de déformer le sens clair de la Bible en faveur de ce qui semble « raisonnable » à l’esprit humain. Je ne cherche surtout pas à discréditer l’utilité de la logique. D’une part, j’ai été formé en mathématiques avant d’aborder sérieusement la théologie et j’apprécie beaucoup la rigueur de la logique. Elle permet d’éviter bon nombre d’erreurs évidentes. D’autre part, il y aurait certainement moins de bêtises proférées au nom de la théologie si tous les théologiens avaient une formation de base en logique. Elle a une validité incontestable. Néanmoins, la logique a aussi ses limites. Nous ne savons pas tout. Nous ne pouvons pas être sûrs, dans ces conditions, que nos raisonnements soient justes. J’irais encore plus loin : nous pouvons être sûrs, dans certains cas, que nos raisonnements ne sont pas justes. Il existe des paradoxes logiques qui, autant qu’on puisse voir, ne permettent pas d’explication. Nous pouvons montrer de façon claire qu’un raisonnement logique, aussi rigoureux soit-il, ne peut pas donner des résultats fiables si les informations dont nous disposons sont insuffisantes. Pour toutes ces raisons, je ne rejette pas la logique comme moyen d’appréhender la vérité, mais je n’ai pas non plus une confiance absolue en elle. Seul Dieu sait tout, et il nous a révélé, dans sa Parole, ce dont nous avons besoin pour nous approcher de lui. Sa Parole est infaillible, justement parce qu’elle vient d’un Dieu infaillible. Quand un ou deux textes de la Bible semblent dire quelque chose qui va clairement à l’encontre du reste de la Bible, il nous est permis – il est même nécessaire – d’utiliser notre capacité de raisonner (que Dieu nous a donnée, après tout) pour essayer de résoudre la contradiction apparente. Parfois un verset ne veut pas dire ce qu’il semble dire, et tenir compte du reste de l’enseignement biblique peut nous aider. Mais quand de multiples textes montrent quelque chose de manière assez claire, c’est que Dieu nous l’a révélé. Si cela semble contredire d’autres vérités, révélées elles aussi de manière claire dans de multiples textes, tout ce que cela veut dire, c’est que nous avons trouvé les limites de la logique humaine. Le principe de base est donc celui-ci : Je refuse de m’appuyer sur ma logique humaine, que je sais faillible, pour invalider l’enseignement clair de la Parole de Dieu, que je sais infaillible. Quand la Bible n’est pas claire, ou si un texte semble dire quelque chose qui contredit le reste, oui, je suis prêt à utiliser mon raisonnement humain pour essayer de résoudre la contradiction ou comprendre la vérité. Mais quand Dieu nous révèle un principe dans sa Parole, de manière répétée, je dois l’accepter. Tant pis si cela me pose des problèmes de compréhension. L’homme n’a pas besoin de tout comprendre et de tout résoudre. Il a besoin de s’appuyer sur la Parole de Dieu, pour se laisser guider par la seule personne dans l’univers qui peut tout comprendre et tout résoudre. Le calvinisme et l’arminianisme présentent, tous les deux, des raisonnements cohérents. À condition de commencer avec une position donnée sur le premier point, tout le reste découle logiquement de ce point de départ. Mais les deux doctrines, en s’appuyant sur la logique humaine, nous conduisent à des idées aberrantes. L’arminianisme nous présente un Dieu qui sauve « les meilleurs », au moins en ce qui concerne leur disposition à se détourner du péché et accepter le salut, ce qui veut dire que le salut est basé, au moins en partie, sur le mérite humain. Le calvinisme nous présente un Dieu qui pourrait sauver des millions de personnes, mais qui choisit de ne pas le faire, un Dieu qui manque donc manifestement d’amour envers une grande partie de ses créatures. Ces deux idées sont inacceptables, et tant pis pour la « logique » qui permet de les étayer.

La Parole infaillible de Dieu

À différents moments de ma vie, j’ai cru – et défendu – ces deux optiques. Élevé dans l’arminianisme pur, je suis devenu calviniste quand j’ai constaté les insuffisances de l’arminianisme. C’était par défaut : Comme il n’y a que deux positions, si l’une est fausse, l’autre doit être vraie. Mais quelque temps plus tard, j’ai constaté les insuffisances du calvinisme. Je ne l’ai jamais entièrement rejeté, mais je ne pouvais plus l’accepter entièrement non plus. J’ai donc essayé, très sérieusement, de trouver une optique qui tienne compte de l’ensemble de la Bible, et qui ne contienne pas de contradictions internes. Je voulais ce dernier point aussi bien en tant que théologien qu’en tant que mathématicien. Mais je n’ai jamais réussi. C’est pour cette raison qu’après des années et des années de réflexions, d’étude, et de débats avec d’autres et avec moi-même, je suis arrivé à la conclusion que nous n’avons pas besoin de tout résoudre. Nous pouvons simplement accepter l’enseignement de la Parole de Dieu, et faire confiance à son Auteur pour résoudre ce qui nous semble incompatible. La Bible nous montre clairement que l’homme pécheur n’a absolument aucun mérite dans le salut, qui est entièrement l’œuvre de Dieu, d’un bout à l’autre. La Bible nous montre un Dieu d’amour qui répète à maintes reprises qu’il aime toutes ses créatures et désire profondément leur rédemption. Tant pis pour notre logique, qui semble « prouver » que ces deux idées s’excluent mutuellement. Dans le fond, ce dont j’avais besoin était une bonne dose d’humilité : Le fait d’accepter que Dieu n’a pas besoin de tout expliquer pour avoir raison, et que je n’avais pas besoin de tout comprendre pour accepter sa Parole. Quelque part, il n’est pas du tout étonnant que les êtres humains, créatures bien limitées que nous sommes, ne puissent pas tout comprendre au sujet de Dieu. Quand nous essayons de le faire, quand nous sommes obligés de déformer de manière sérieuse l’enseignement clair de la Bible, c’est que nous exaltons le raisonnement humain – qui, de toute façon, est manifestement faillible – au-dessus de la Parole infaillible de Dieu. Je ne dis pas que tout le monde doit partager exactement les mêmes conclusions que moi. Ce serait même étonnant, si cela se faisait, étant donné que nous sommes tous obligés de « tâtonner dans le noir » dans ce domaine. Mais j’encourage tout le monde à utiliser le même principe de base : Donner raison à la Bible, au moins dans les principes qu’elle enseigne clairement de manière répétée. Laissons la Bible nous parler, sans rejeter de multiples textes parce que nous ne voyons pas comment réconcilier leur enseignement avec d’autres passages, tout aussi clairs. Pour moi, deux principes ressortent clairement de la Bible par rapport à ce débat, et je choisis de les accepter pleinement tous les deux, tout en renonçant à les réconcilier sur le plan logique : Dieu aime toutes ses créatures et désire profondément le salut de tout le monde (c’est le sens de l’amour de Dieu), et l’homme n’a strictement aucun mérite dans le salut, qui est entièrement l’œuvre de Dieu d’un bout à l’autre (c’est le sens de la grâce de Dieu). Cela suffit pour moi. Les deux montrent la grandeur de la personne de Dieu, et il n’y a rien dans l’univers de plus beau que l’amour de Dieu qui se manifeste dans la grâce de Dieu.

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Dossier : Élection et prédestination
 

Shutes David
David Shutes, de nationalité américaine, est missionnaire en France depuis 1976, professeur à l'Institut Biblique de Genève depuis 1992, implanteur d'églises avec France Mission, et engagé également dans l'œuvre auprès de la jeunesse ainsi que dans le travail humanitaire pour certains pays francophones d'Afrique. Il anime un site internet : www.davidshutes.fr, où figure une étude plus complète sur ce sujet.