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Plaidoyer pour une cure d’âme biblique (4)

4. BUTS IRRECONCILIABLES

A. Buts de la psychothérapie

      La discussion des buts et des valeurs normatives chez les thérapeutes et leurs patients n’a été engagée sérieusement que depuis une dizaine d’années. Ils ont été très différemment formulés par les différents courants psychologiques. En voici un très bref aperçu:

1. Psychanalyse

      Etant orienté du côté du modèle médico-scientifique, la question du but se pose de la manière la plus simple: le malade est considéré guéri quand les symptômes ont disparu.

      Chez Freud, le but est atteint quand le patient a retrouvé la capacité d’aimer, de travailler, de jouir. Il doit pouvoir se respecter, savoir qu’il est quelqu’un. Cette parole de Freud est devenue célèbre: « Wo Es war, soll Ich sein. » (Le « ça » doit être remplacé par le « moi », le « ça’ représentant les pulsions subconscientes, tandis que le « moi » désigne la personnalité.) Le but de la thérapie est de rendre le patient conscient de choses cachées dans le subconscient afin d’en avoir le contrôle.

      Ce que cherche à atteindre le psychanalyste Alfred Adler est la réalisation du but que le patient s’est lui-même fixé, but que le thérapeute peut éventuellement l’aider à trouver. Pour Alfred Adler, le but principal est l’intégration de l’individu dans la société avec les valeurs éthiques qui lui sont propres. De ce point de vue, la consommation rituelle de cadavres humains par les cannibales serait à évaluer positivement! Cet exemple extrême montre bien combien une éthique communautaire peut être relative.

2. Behaviorisme

      Cette thérapie veut premièrement éliminer des symptômes gênants tels que l’anxiété et le comportement inadapté, et stimuler un comportement positif dans la société. Vu que le but à atteindre est en fonction des symptômes du patient, la thérapie est différente pour chaque cas.

      On cherche à éviter les abstractions trop générales. Ainsi, au lieu de parler d’une libération de l’anxiété, on préfère une formulation précise : « Le patient doit être amené à pouvoir prendre l’avion sans éprouver de la crainte. »

      Lors d’un congrès réunissant des thérapeutes du comportement en 1984, en Allemagne, congrès placé sous le titre « Sortir de la crise », le gourou Ma Latifa fut invité à traiter le sujet « Méditation et thérapie ». Autres sujets: « L’utopie, voie d’une vie meilleure », « La moitié du ciel », « Modèles de comportement, bonheur et santé ». L’influence de l’idéologie humaniste n’est que trop évidente, de même que l’illusion que cette thérapie apporte le salut, alors que le béhaviorisme se veut idéologiquement neutre.

3. Psychologie humaniste

      Les buts se présentent plus différenciés que ceux de la psychanalyse, mais plus vagues que ceux du béhaviorisme. Globalement, il s’agit de stimuler ce qu’il y a de « bon » dans la personne afin de mobiliser les forces de guérison inhérentes.

      Reiner Bastine énumère les buts suivants:
      – mieux s’accepter avec ses faiblesses
      – acquérir plus de sûreté dans le domaine des émotions, plus de contentement, plus d’équilibre
      – plus de liberté intérieure, donc plus de détente
      – moins d’anxiétés
      – plus d’indépendance et d’initiative
      – plus grande flexibilité dans la pensée et le comportement.

      Même si ces buts peuvent paraître parfaitement légitimes, la manière dont on croit pouvoir les atteindre sont en contradiction absolue avec la voie proposée par l’enseignement de la Bible. Car le but ultime consiste à se réaliser soi-même, à développer les potentialités du Moi – un but tout à fait égocentrique. Jusqu’où cela peut mener ressort de cette prière-incantation que formule l’initiateur de la psychologie de la forme, Fritz Perls : « Je suis moi et tu es toi. Je ne suis pas au monde pour répondre à tes attentes, et toi non plus pour répondre aux miennes. Je suis moi et tu es toi, et si le hasard veut que nous nos rencontrions, c’est merveilleux. Sinon, il n’y a rien à faire. » Cette attitude risque de produire un égoïsme à outrance.

      Nous constatons que tous ces courants se basent sur des valeurs très relatives. Comme l’homme est la mesure de toutes choses, lui qui est soumis aux changements culturels, ses valeurs éthiques subiront l’influence de ces changements.

      Les concepts « sain » et « malade », « normal » et « anormal » sont aussi soumis à ce relativisme. Pour réduire la relativité à un niveau supportable, on part de trois critères selon lesquels une personne peut être considérée psychiquement « malade »:
      1. Son comportement diffère de la moyenne statistique (critère objectif).
      2. Elle est écrasée par la souffrance (critère subjectif).
      3. Son état d’âme n’est pas conforme à la culture ambiante (critère socio-culturel).

      Un dernier point est à considérer: l’influence inévitable du thérapeute sur le patient, qui adoptera insensiblement les valeurs éthiques du premier. Cela peut comporter des dangers.

B. Buts de la relation d’aide biblique

      Le chrétien qui s’oriente vers les valeurs éthiques de la Bible ne caractérisera pas un état psychique de « maladie » ou « d’anomalie ». Car notre comportement de pécheurs dévie toujours plus ou moins de ce qui, aux yeux de Dieu, serait « sain » ou « normal ». Pour Dieu, seul est normal ce qui correspond à sa norme. Dans ce sens, Jésus-Christ seul peut-être considéré comme « normal ». Rom 3.23 nous dit qu’il n’y a pas de distinction, tous les hommes ayant péché et étant dépourvus de la gloire de Dieu. Mais tout homme qui a reçu le salut en Christ est – toujours aux yeux de Dieu – virtuellement saint, juste et parfait, même si son comportement en est encore loin.

      Le but final de tout chrétien, et donc aussi de toute cure d’âme biblique, est de devenir toujours plus semblable à Jésus dont il porte la vie en lui-même. Probablement que ce but n’est envisagé que par peu de chrétiens qui cherchent de l’aide. Leur souci est d’être délivré de leurs problèmes et de leurs symptômes afin d’être heureux, tout simplement.

      Or la recherche du bonheur en soi est trompeuse, quels que soient les moyens employés. D’autre part, ceux qui cherchent à plaire à Dieu y trouvent accessoirement un bonheur d’une qualité supérieure. Selon L.J. Crabb, les thérapeutes chrétiens doivent être conscients à quel point la nature humaine est égoïste, de sorte que rien n’est plus facile que d’aider quelqu’un à atteindre un but centré sur son bonheur et son bien-être. En tant que membres du corps de Christ, nous avons à diriger les regards de l’interlocuteur sur le but biblique, qui consiste à le libérer de son égoïsme pour servir Dieu et vivre de manière à l’honorer. Les conseillers qui poursuivent ce but n’ont pas besoin de craindre l’influence qu’ils exerceront forcément sur leur vis-à-vis, vu qu’elle ne peut-être que bénéfique.

      Le but de toute sanctification et donc de toute cure d’âme n’a jamais été mieux définie que par l’apôtre Paul: afin que nous servions à célébrer sa gloire (Eph 1.12). Tout conseiller spirituel n’est qu’un instrument que Dieu utilise à cette fin. C’est pourquoi il ne considérera pas seulement l’individu, mais l’Eglise entière, car si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui, et si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui (1 Cor 12.26).

Résumé

      La psychothérapie est axée sur les valeurs passagères, alors que la cure d’âme est axée en premier lieu sur les valeurs éternelles. Les bienfaits de la relation d’aide doivent aller au-delà de la vie terrestre.
      Si les effets de notre intervention spirituelle perdent leur signification au seuil de la mort, notre cure d’âme a manqué le but.

Traduction adaptée d’une tranche du livre
« Plädoyer für eine biblische Seelsorge »
de Roland ANTHOLZER
par Jean-Pierre SCHNEIDER
avec la permission de l’auteur et des éditeurs.
(à suivre)
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