Série: Plaidoyer pour une cure d'âme biblique
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Plaidoyer pour une cure d’âme biblique (6)

3. PEUT-ON JETER UN PONT ?

Une conciliation est-elle envisageable ?

Les milieux piétistes évangéliques témoignent souvent d’une attitude de méfiance extrême envers tout ce qui contient la syllabe « psycho », en général parce qu’ils ont une fausse idée de la psychologie, qu’ils assimilent à la psychanalyse.

Par contre, on rencontre dans les milieux néo-évangéliques et libéraux un psycho-enthousiasme qui est carrément pénible. On y adopte et y propage des thérapies psychologiques d’inspiration humaniste et y entraîne aux pratiques du dynamisme de groupe, souvent avec moins de discernement que les spécialistes profanes.

Entre ces deux extrêmes, il y a ceux qui pensent pouvoir adopter une position neutre, ce qui peut être commode en soi, mais ne saurait résoudre les problèmes que l’application de méthodes non-chrétiennes pose dans le domaine spirituel. Car la confrontation est inévitable et le compromis inadmissible. Il nous semble que le refus, même non qualifié, est moins dangereux en ce qui concerne les retombées individuelles qu’une acceptation qui manque d’esprit critique.

Nous allons essayer de caractériser une prise de position différenciée, en tenant compte de la psychologie en tant que science et en démontrant que le diagnostic psychologique doit être évalué autrement que la psychothérapie.

1. La psychologie – une appréciation réaliste

La psychologie : une science

Il serait injuste de vouloir contester à la psychologie en tant que science du comportement humain le droit légitime que nous concédons à toute science authentique. On ne voit pas pourquoi la recherche scientifique s’arrêterait justement au domaine des fonctions psychiques. Les résultats de cette recherche ont contribué à améliorer les conditions de travail, de communication et d’environnement.

L’étude de la psychologie comprend, entre autres la méthodologie psychologique, la sociologie (ou philosophie), le diagnostic psychologique, la pédagogie psychologique, la psychologie économique, la psychologie clinique, etc.

Wilhelm Wundt, et non pas Freud, est le fondateur de la psychologie académique. Il se proposait d’orienter la recherche psychologique sur le modèle des sciences naturelles. en se basant sur l’expérience et l’observation. Ce changement d’orientation donna une nouvelle impulsion à la psychologie et se par une énorme augmentation des connaissances.

Connaissances continuellement remises en question

Dans son aspiration à être reconnue comme science à plein droit, psychologie a fini par se vouer à un véritable fétichisme de la méthode. En voulant garder toutes les données sous contrôle par des expériences de laboratoire, on n’a fait qu’amasser une montagne de pseudo-connaissances. L’exactitude des méthodes de la recherche est inversement proportionnelle à son utilité pratique, car les énoncés deviennent de plus en plus spécifiques et insignifiants.

Sigmund Koch, auteur de l’ouvrage standard sur la psychologie. exprime cela ainsi « L’idée selon laquelle la psychologie serait une science exacte comme les sciences naturelles qui lui ont servi de modèle et qu’elle serait, comme celles-ci, cumulative et progressive dans son développement, a été invalidée par sa propre histoire. Les grandes généralisations de la psychologie n’ont pas été affinées ni spécifiées, mais toujours à nouveau remplacées par d’antres ».

Nécessité d’une nouvelle orientation

Il y a longtemps qu’on la réclame. Malheureusement, elle est empêchée par des lois auxquelles le mécanisme de recherche est soumis, lois qui, à cause des exigences de la publicité et de la gloriole des scientifiques, font que les méthodes actuelles sont conservées.

La psychologie n’est plus crédible quand elle prétend expliquer et analyser la personne humaine par des constructions théoriques. En faisant cela, elle quitte le terrain de la neutralité des valeurs par le fait qu’elle ne peut se passer d’axiomes idéologiques.

On doit qualifier de naïve la prétention de vouloir cerner et décrire l’homme dans sa totalité, car la vie psychique est certainement beaucoup plus complexe que sa vie physique, que l’on n’a pas fini d’explorer. Il faudra bien qu’un jour les psychologues se rendent compte de leurs limites.

2. Le diagnostic psychologique: un « oui mais »

Relevons d’emblée que la recherche psychologique, dont les débuts remontent à une centaine d’années, a découvert une série de corrélations vitales qui sont expérimentalement vérifiables et qui servent à la compréhension du développement du caractère, des conflits sociaux et du comportement individuel.

Il est probable que le diagnostic psychologique a une très grande importance dans la vie de l’homme moderne. Il joue un rôle multiple, non seulement cliniquement, mais aussi dans l’orientation professionnelle, le choix du personnel des grandes entreprises, les services de surveillance et le militaire.

Phase diagnostique de la relation d’aide

On constate que les connaissances psychologiques qui résultent (l’expériences et d’observations vérifiables et qui ont une très grande importance sur le comportement huma n ne sont généralement pas en contradiction avec la Bible et peuvent constituer une aide utile pour la cure d’âme dans sa phase diagnostique.

Ceci dit, non seulement le conseiller de la relation d’aide, mais aussi le psychologue chrétien, doit scruter ses connaissances à la lumière de la Bible. qui reste l’autorité finale dans tous les domaines de la vie.

Un autre point est d’une importance capitale même si nous avons de grandes connaissances psychologiques et bibliques, nous dépendons finalement de la direction du Saint-Esprit, qui seul connaît parfaitement le psychisme humain. Quand il s’agit de comprendre le problème de notre interlocuteur, il nous incombe de prier en nous inspirant du Psaume 139.23 : Sonde-le, ô Dieu, et connais son coeur ! Eprouve-le, et connais ses préoccupations. Par son Esprit, Dieu éclaire notre entendement et nous fait connaître les causalités à découvrir. L’homme spirituel juge de tout, et il n’est lui -même jugé par personne (1 Cor 2.15).

Les connaissances psychologiques peuvent donc être utiles dans la relation d’aide, pour autant qu’elles soient soumises à la critique de la Parole. Elles sont d’autant plus utiles dans les cas où la personne à conseiller arrive déjà avec une étiquette datant de consultations psychiatriques antérieures (schizophrénique, paranoïaque, dépressif maniaque, neuronique, etc). Le conseiller formé aussi bien bibliquement que psychologiquement ne se laissera pas impressionner, mais il évitera aussi d’appliquer, de manière superficielle, un verset biblique comme emplâtre sur une blessure purulente.

Dans l’orientation pédagogique, il saura éviter les conclusions erronées en appliquant des tests psychotechniques. Il reconnaîtra par exemple, éclairé par la connaissance qu’il a des capacités d’un enfant, que la paresse apparente de celui-ci est due à des exigences insurmontables, et il saura suggérer les mesures adéquates.

3. La psychothérapie: un « non » catégorique

Quand il s’agit d’aider les gens dans leur misère psychique, nous ne pouvons faire aucun compromis. Ce que nous apportons dans leur vie ne doit être que ce qui est en plein accord avec la parole de Dieu. Nous avons déjà constaté que cela n’est aucunement le cas pour la plupart des méthodes psychothérapeutiques. Comme il s’agit finalement de l’existence invisible, voire éternelle de ces gens, nous plaidons contre l’utilisation de toute méthode extra biblique dans l’exercice de la cure d’âme.

A César ce qui est à César

Evidemment que notre plaidoyer ne s’adresse pas aux conseillers qui n’ont pas la foi chrétienne. Nous ne mettons pas en cause l’emploi de la psychothérapie par ceux qui ne connaissent ni la Bible ni la puissance de Dieu. Il arrive que la psychothérapie puisse soulager, faire disparaître certains symptômes, sans jamais pourtant pénétrer au fond des problèmes, même lorsqu’elle se nomme « psychologie des profondeurs ».

Karl Herbert Mandel, dans un article dont le titre peut se traduire « De l’impuissance de l’action psychothérapeutique », stipule que l’action de l’action psychothérapie reste à la surface et n’atteint pas les profondeurs de la nature humaine.

Il écrit :

« Après avoir tout analysé avec intuition, intelligence et en tenant compte des conséquences, et avec la collaboration du patient, celui-ci plein d’espoir, essaye d’appliquer sa nouvelle expérience à la réalité de la famille, du travail et de la vie sociale. Cela a l’air de marcher : les obstacles rencontrés sont surmontés, l’équilibre psychique est retrouvé, le thérapeute y voit la confirmation de sa méthode -un cas qui a réussi !

Et pourtant Le jour arrive où le patient confie au thérapeute que sa vie est futile, qu’il ne vaut rien… Le thérapeute sera étonné d’en découvrir la raison le patient ne peut pas vraiment pardonner; il continue à éprouver de la haine envers une certaine personne et à lui vouloir du mal. C’est ici que la psychothérapie se trouve prise dans un cercle vicieux. Elle n’a pas les moyens d’apporter la paix intérieure, ce qui rend aussi la paix extérieure illusoire ». (1) Il n’y a rien à ajouter à cet aveu étonnant d’un thérapeute occidental.

Notre plaidoyer ne s’adresse pas à ceux qui n’ont pas d’autre possibilité que les méthodes de la psychothérapie pour soulager les souffrances psychiques. Notre plaidoyer s’adresse aux chrétiens qui sont appelés à faire de la relation d’aide, soit dans le cadre de leur église, soit professionnellement comme psychiatres ou psychologues, soit encore en tant que pédagogues sociaux. Nous nous adressons à ceux qui connaissent une thérapie autre que la psychothérapie, une thérapie qui s’attaque à la racine du mal, à savoir une authentique cure d’âme bibliquement fondée.

Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu (Mat 22.21). Abandonnons donc la psychothérapie au monde incrédule, qui l’a développée pour pallier aux suites néfastes du péché. L’homme naturel, qui vit sans Dieu, a découvert des corrélations psychiques qu’il veut utiliser pour tirer d’autres du bourbier dans lequel il se trouve lui-même. Or peut-on se tirer du marasme en se tirant par ses propres cheveux ?

Ce n’est pas si caricatural que cela. Comment ceux qui persistent dans leur autonomie athée pourraient-ils jamais délivrer d’autres qui sont dans le même cas ? Le chrétien qui prend au sérieux la commission de Jésus de répandre la bonne nouvelle de la libération en Christ n’est pas appelé à persuader le thérapeute incrédule de la futilité de ses efforts. Non, il doit démontrer la réalité de l’Evangile par l’amour de Dieu en action dans sa vie.

Donner à Dieu ce qui est à Dieu, c’est aussi se conformer à sa volonté en ce qui concerne la cure d’âme. C’est faire usage des moyens donnés par Dieu pour atteindre les buts voulus par Dieu. C’est employer les dons qu’il nous prodigue par son Saint-Esprit au service des autres. C’est faire confiance, non à nos capacités, mais à l’action de l’Esprit, qui seul peut guérir et régénérer ceux qui, ayant reçu le Christ, se soumettent à son influence bienfaisante.

Un autre Evangile

Il a déjà été fait allusion au fait que toute psychothérapie prétend plus ou moins sauver l’homme de sa condition désespérée. On veut se débarrasser de ce que la Bible nomme péché avec ses suites néfastes. En cela, la psychothérapie se trouve en concurrence avec le salut qu’offre la Bible.

Toutes les idéologies sont en fait des pseudo religions. Aussi chacun des trois courants psychologiques -psychanalyse, béhaviorisme, psychologie humaniste -a des prétentions absolutistes. Ils ne sont d’accord que sur leur opposition à la foi chrétienne. Déjà Freud stigmatisait toute foi en un Dieu personnel comme une affection névrotique, une manière infantile pour surmonter le complexe d’Oedipe.(2) Il croyait pouvoir réduire l’expérience religieuse à une simple illusion provenant d’un processus psychique.

Surtout les psychologues humanistes poursuivent cette même ligne de pensée. Jacob Moreno est un des pères de la dynamique de groupe et le fondateur du psychodrame. Dans un livre qui traite de ces deux sujets, il écrit :

« J’ai toujours pensé que le monde fatal dans lequel nous vivons a besoin d’une thérapie à l’échelle mondiale, et que je devais personnellement créer et élaborer cette thérapie je me sentais poussé par des forces qui dépassaient toute considération de mon propre bien-être. » (3)

On peut se demander de quelles forces il s’agissait ? Nous avons de bonnes raisons pour supposer qu’il s’agit de puissances démoniaques, car seules celles-ci usent de contrainte pour atteindre leurs buts. Les différentes psychothérapies offrent, en fait, un évangile d’autolibération, d’avance voué à l’échec, évangile dont les protagonistes sont prononcés maudits par Dieu, puisqu’ils propagent un autre Evangile (Gal 1.8).

Le poison du serpent ancien

La psychologie humaniste s’est révélée particulièrement fertile dans la production de procédés psychothérapeutiques. Une statistique américaine de 1978 en comptait plus de 4000, pour la plupart d’inspiration humaniste. Le chrétien remarquera avec inquiétude que ces thérapies sont de plus en plus envahies par l’occultisme et la mystique orientale. Les méthodes méditatives sont très populaires (yoga, zen, tao). On s’occupe de psychologie transpersonnelle. On fait des expériences en état de mort clinique. Aux Etats Unis, on qualifie les séances de dynamisme de groupe de « phénomènes transcendants »; un prospectus y invitait en spécifiant : « Rencontrez une sorcière pratiquante ».

La psychothérapie prône de plus en plus des méthodes à orientation physique telles que la « bioénergétique », cherchant à développer l’expression créative par les moyens du théâtre, de la danse et de la pantomime.

Ces développements ne surprendront personne qui sait à quelles sources s’abreuve le mouvement humaniste, sources dont les origines remontent au jardin d’Eden et qui, en passant par Babylone, continuent à couler aujourd’hui, sources qui contiennent le poison du serpent ancien et ne peuvent donc rien apporter de bien. Le style de Jacques est imagé et incisif : La source fait-elle jaillir, par le même orifice l’eau douce et l’eau amère ? (Jac 3.11)

Moreno dit une fois à Freud « J’apprends aux gens de jouer à Dieu. » Il mit cela en scène dans son psychodrame religieux et dans une pièce de théâtre biblique. L’idée sous-jacente est, d’une part. que la pensée de Dieu s’accomplit en l’homme par son incarnation, et d’autre part, que le sens de l’existence humaine consiste à devenir Dieu. La conviction théologique de Moreno consiste à croire que lui-même est Dieu, que tout homme est Dieu. Il faut faire de sorte que l’homme en devienne conscient.

Dave Hunt, d’une manière très persuasive, a démontré que cette peu usée de la divinité de l’homme traverse tel un fil rouge toutes les religions, les cultes et les hérésies chrétiennes, à commencer par l’affirmation mensongère de Satan en Eden (vous serez comme des dieux) et jusqu’aux psychocultes modernes d’arrière-plan hindouiste (méditation transcendantale, Bhagwan). La présence universelle de cette pensée, dit Hunt. est l’indication d’une source d’inspiration commune, qui n’est autre que le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre habitée (Apoc 12.9). (4)

Il serait illusoire de vouloir libérer les procédés du dynamisme de groupe et du psychodrame du poison du serpent ancien. Comme le levain pénètre toute la pâte, l’inspiration satanique d’un Moreno, Freud, Jung. Rogers et autres pénètre toute la méthode et la rend impropre pour tout usage chrétien.

Roland ANTHOLZER
Psychologue diplômé, Kempten. RFA
« Plädoyer für eine biblische Seelsorge »
(traduction partielle adaptée par J.P. Schneider
avec la permission de l’auteur et des éditeurs)

Notes
(1) Karl Herbert Mandal : « Von der Ohumacht psychotherapeutischen Handelns ». Partnerberatung 1978, p.202
(2) Sigmund Freud : « Totem und Tabu. » Frankfurt a.M. 1971, p.170
(3) Jacob Moreno : « Gruppenpsychotherapie und Psychodrama. » Stuttgart, 1964
(4) Dave Hunt : « Götter, Gurus und geheimnisvolle Kräfte. » Basel und Giessen, 1984

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