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Plaidoyer pour une cure d’âme biblique

Nous nous proposons de vous présenter plusieurs chapitres du livre que Roland Antholzer a publié en 1986 au Schwengeler-Verlag à Berneck sous le titre de « Plädoyer für eine biblische Seelsorge ». L’accent, dit-il dans l’avant-propos, est sur le mot « biblique ». Il constate que, vu que souvent le pasteur ou prédicateur d’une église doit seul assurer la relation d’aide, celle-ci est forcément quelque peu négligée. Mais l’auteur est également préoccupé par les méthodes dépourvues de fondement biblique qui sont employées dans ce ministère. Il plaide pour une cure d’âme spirituelle, globale, sobre et nuancée, dont le but doit rapprocher et non éloigner de Dieu. Roland Antholzer est psychologue diplômé. Il est né en 1943 et a fait ses études en psychologie et en sociologie à l’université de Tubingue, où il se convertit à Jésus-Christ. Il est marié depuis 1977. Il s’occupa pendant plusieurs années d’enfants et de juvéniles caractériels. Il travaille actuellement dans une clinique pour toxicomanes à Kempten Bavière.
Voici la traduction libre du premier chapitre. Nous remercions l’auteur et les éditeurs de nous avoir accordé la permission de publier cette traduction.

1. AVONS-NOUS BESOIN DE LA PSYCHOTHERAPIE?

      Beaucoup de chrétiens sont persuadés que oui, habitués qu’ils sont d’avoir recours aux méthodes de la psychiatrie et pensant qu on ne peut ignorer le fruit de la recherche scientifique.

      Nous nous prononçons catégoriquement pour un abandon de la psychothérapie dans la cure d’âme, même si nous devions rencontrer une violente opposition.

      Nous sommes bien conscients que ceux qui ont utilisé des techniques psychiques dans leur aide relationnelle ne vont pas d’emblée adhérer à nos vues. Tout ce que nous leur demandons, c’est d’avoir assez d’ouverture d’esprit pour au moins examiner le problème. Personne n’a le droit de mettre en cause la sincérité de ceux qui pensent autrement.

      Je prétends que nous n’avons pas besoin des techniques de la psychothérapie profane. Par contre, nous avons grandement besoin d’appliquer les principes bibliques à toute relation d’aide si nous voulons apporter un véritable soulagement, une libération, une guérison aux hommes et aux femmes angoissées de nos églises.

Il faut aider
      Je ne vous apprends rien en vous disant que notre temps connaît un accroissement de perturbations psychiques dont la gravité peut se mesurer en lisant les statistiques concernant la toxicomanie, la dépression et le suicide. L’église n’est pas épargnée, malheureusement, mais cela ne doit pas nous étonner outre mesure.

      Ceux qui font de la relation d’aide découvrent vite que tout le spectre des perturbations psychiques et psychosomatiques se rencontre aussi chez les chrétiens. Il est bouleversant de voir tant de chrétiens dont le comportement est conditionné par toutes sortes d’assujettissements, d’angoisses, de problèmes conjugaux, alors que leur vie devrait être une lettre de Christ que tous peuvent lire. Le chrétien ne devrait connaître qu’une seule obligation, celle qui libère de tous les assujettissements: son engagement envers Jésus-Christ.

      La raison, les sentiments et la volonté du chrétien devraient être imprégnés de la sagesse divine, de cette paix qui dépasse la compréhension, d’une joie indépendante des circonstances, d’un amour qui sait se renier. Heureusement qu’il y a encore des pères et des mères qui pourraient dire avec l’apôtre Paul: Soyez mes imitateurs, frères; portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous.

      Une telle maturité est évidemment le résultat de la croissance spirituelle et de la sanctification. Il est normal que certains chrétiens soient encore « des enfants dans la foi »; mais il n’est pas normal pour un chrétien de rester dans un état infantile pendant dix ans ou plus. Nous ne devrions pouvoir accepter que certains membres d’une église restent bloqués et n’existent qu’à la périphérie de la communauté. Cela devrait constituer un défi pour les frères que la maturité spirituelle qualifierait à porter secours (Gal 6.1). Ce ministère, qui est loin d’être seulement celui des pasteurs, fait cruellement défaut dans l’Eglise contemporaine. Cela comporte un danger: l’adversaire exploite cette situation en proposant aux chrétiens ses contre-programmes dont certains gagnent rapidement du terrain.

      Au lieu de demander: « Suis-je le gardien de mon frère ? », tout chrétien, y compris les « professionnels » de la cure d’âme, ferait mieux de demander: « Puis-je être le gardien de mon frère ? » Personne ne saurait ignorer cette question. Mais même ceux qui en ont reçu l’appel appréhendent d’entreprendre ce ministère parce qu’ils ne se sentent pas assez compétents.

La psychotechnique, un outil de la cure d’âme?
      Avec la question de la compétence se pose celle de la méthode. Les bergers des églises, dont on attend qu’ils fassent de la relation d’aide, sont en danger de déléguer leur tâche en envoyant les gens chez des psychiatres et des psychothérapeutes, qui sont rarement des chrétiens. Souvent ils ont eux-mêmes recours aux méthodes psychotechniques, ou alors à des méthodes qui se disent bibliques tout en étant de la psychotechnique utilisant des termes bibliques.

      C’ est ainsi que le vide créé par la carence en relation d’aide est comblé par des méthodes extra-bibliques. Cette invasion des communautés chrétiennes par des méthodes psychologiques ne date pas d’aujourd’hui. Depuis l’invention de la psychanalyse par Sigmund Freud, la psychothérapie a commencé à pénétrer au cour même de la théologie. Freud détestait tout ce qui est chrétien. Malgré cela, il est devenu et continu à être le patron de la cure d’âme. Mais d’autres s’y sont ajoutés: C.G.Jung, Carl Rogers, Victor Frankl et Jacob Moreno, pour ne nommer que les plus importants.

      On est séduit par ce que promet la psychologie à ceux qui appliquent les méthodes qu’elle prône : améliorer les qualités de la vie ou du moins en allégeant les souffrances morales. Mais les prétentions de la psychologie aboutissent à un pseudo-salut par la promesse de donner un sens tout nouveau à la vie. C’est le cas surtout pour les thérapies humanistes telles que la dynamique de groupe, dont la pratique devient de plus en plus fréquente dans les rencontres à but relationnel. Les responsables discernent souvent mal à quel point les conceptions psychologiques sont mélangées avec celles de la Bible, en général par le biais d’employer la terminologie biblique à des fins psychotechniques.

      Comme la Bible n’ offre pas de méthode toute faite pour la cure d’âme, alors que la psychologie offre des méthodes qui ont été éprouvées, on a adapté ces méthodes à la relation d’aide, d’autant plus qu’elles utilisent des tournures aux assonances bibliques. Mais elles sont finalement inefficaces et ne soulagent pas la misère psychique de ceux auxquels on les applique.

      La parole du Ps 1.1 est aussi valable pour celui qui traite que pour le traité : Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants… Si nous dépendions vraiment de la psychothérapie pour aider les angoissés, les déprimés, les désespérés, l’Eglise de Jésus-Christ n’aurait pas eu les moyens de les aider pendant deux millénaires L’apôtre Paul lui-même se serait trouvé démuni devant les besoins pressants qui l’entouraient, lui dont la préoccupation quotidienne était le souci de toutes les églises (2 Cor 11.28). Fallait-il vraiment attendre un Monsieur Rogers pour apprendre aux chrétiens ce qu’est l’empathie? Paul ne disait-il pas déjà aux Ephésiens qu’il n’avait cessé nuit et jour d’avertir avec larmes chacun d’eux (Act 20.31) ? Si 1’empathie est définie comme « l’aptitude de se voir et de voir les autres avec les yeux d’autrui » (Larousse 3e, 1965), donc objectivement, Paul en avait plus que bien des bergers de notre siècle.

      Evidemment que cet argument est à deux tranchants, car Paul utiliserait certainement les moyens modernes de communication et de transport s’il vivait aujourd’hui. Mais utiliserait-il des techniques psychothérapeutiques pour aider les chrétiens en quête d’aide morale?

Les méthodes sont-elles neutres?
      Bien des chrétiens s’imaginent que les méthodes sont neutres en elles-mêmes et qu’il suffit de savoir en user à bon escient. Ce n’est pas parce qu’on peut assommer quelqu’un avec un marteau qu’il faut en condamner l’emploi, disent-ils.

      Ainsi Gudjons, en parlant de la dynamique de groupe, prétend que le seul danger consiste à en faire un usage néfaste, et non en la méthode elle-même. Mais je me demande si nous pouvons nous soustraire à notre responsabilité à si bon compte ? Il serait à voir à quel point ces méthodes sont neutres aussi quand elles touchent à l’âme humaine. Car il va de soi que toute méthode psychotechnique se base sur des prémisses qui sont d’ordres philosophiques. En l’adoptant, on accepte aussi l’esprit qui est à la base des prémisses.

      Sven Findeisen dit très justement qu’on ne peut adopter une méthode sans être, du même coup, aiguillé sur une voie correspondante. Maîtriser une méthode implique qu’on est maîtrisé par l’esprit, les prémisses et l’intention qui la déterminent.

Qui est au centre : l’homme ou dieu ?
      L’origine, le procédé et le but sont trois aspects qui permettent de découvrir les différences fondamentales entre la relation d’aide biblique et la psychothérapie. Rom 11.36 montre que ces trois aspects doivent se rapporter à Dieu si la méthode se veut bibliquement fondée: Car tout est de lui (origine). par lui (procédé) et pour lui (but). A lui la gloire dans tous les siècles ! Amen.

      Essayons de caractériser psychothérapie et cure d’âme:
La psychothérapie
      Elle est d’origine humaine; ses conceptions sont basées sur une vision de l’homme sans Dieu. Ses méthodes ont été conçues par des hommes qui ne connaissaient pas Dieu et ne se fiaient qu’à leur propre jugeote. Ils dégradent la foi en Dieu en béquille dont il faut apprendre à se passer afin de pouvoir se réaliser soi-même. Le but de la psychothérapie est de rendre l’homme autonome, indépendant de Dieu et du prochain. La psychothérapie est centrée sur l’homme.

La cure d’âme
      La vraie relation d’aide, par contre, trouve son origine dans la Parole de Dieu et dans sa volonté. Puisque le secours ne peut provenir que de la seigneurie de Christ, il doit venir de Dieu. Le procédé de la cure d’âme s oriente à partir de la Bible. Seule la puissance de Dieu par l’action du Saint-Esprit apportera un succès durable. Le but de la relation d’aide est de glorifier et d’honorer Dieu en amenant le croyant à refléter l’image de Dieu. La cure d’âme est donc entièrement centrée sur Dieu et sur Jésus-Christ.

En résumé
      La psychotechnique est anthropocentrique.
      La cure d’âme est théocentrique et christocentrique.

 PsychothérapieCure d’âme
origine:en l’hommeen Dieu
procédé:par méthode humainepar la Bible et la puissance de Dieu
but:l’homme autonomel’honneur de Dieu
Roland ANTHOLZER
(traduction adaptée par Jean-Pierre SCHNEIDER,
avec la permission de l’auteur et des éditeurs)
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