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Pour un Evangile authentique

Qu’est-ce que l’Evangile? Que diriez-vous à quelqu’un qui désirerait devenir chrétien? Quelles sont les vérités essentielles qu’il faut savoir et croire pour être sauvé? Le paradoxe est que ces questions, élémentaires au demeurant, font l’objet de larges débats au sein de la communauté évangélique.

Je suis stupéfait de ce qu’on a pu dire ou écrire sur l’Evangile, ces dernières années. Je crains que dans bien des milieux, un message tout autre ait remplacé la bonne nouvelle du salut. Je ne parle pas des attaques de la théologie libérale ou de celle des sectes à l’encontre de l’Evangile, mais d’un message faussé qui a germé au coeur du monde évangélique traditionnel.

J’ai la copie d’un film pédagogique aujourd’hui utilisé dans le monde entier et destiné à enseigner aux chrétiens ce qu’il faut dire et ne pas dire lorsqu’on veut conduire une personne à Christ. Une organisation traditionnelle bien connue a produit ce film, mais franchement, la vision erronée qu’il présente de l’Evangile est effrayante.

Durant les 30 minutes que dure le film, il n’est pas fait une seule fois mention de la résurrection. Il est question de pardon sans définir le péché; il invite à faire confiance à Christ, sans expliquer ce qu’est la foi. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le film conseille aux croyants de ne jamais parler à un non-chrétien de la seigneurie de Christ, de la soumission à sa personne, de l’abandon de notre volonté, du renoncement au péché, ou de l’obéissance à Dieu. A en croire le film, ces vérités n’ont pas leur place dans la prédication de l’Evangile, mais devraient être réservées pour une phase ultérieure, après que la personne se soit convertie au christianisme.

Cette opinion reflète un courant de pensée de plus en plus répandu dans les milieux évangéliques. Une poignée de conférenciers en vogue s’appliquent à la propager. A leur décharge, il faut souligner que la plupart de ces hommes sont animés d’un ardent désir de préserver l’Evangile de la grâce divine de l’influence des oeuvres humaines. Leur volonté, j’en suis sûr, est de faire comprendre cette vérité biblique que le salut ne peut en aucune façon se gagner ou s’obtenir par les efforts de l’homme.

Cependant, leur approche revient à éliminer de la prédication de l’Evangile tout ce qui pourrait rappeler une oeuvre de justice personnelle, pour ne garder que les données objectives. Ils ont gommé du vocabulaire évangélique les termes bibliques de repentance, d’obéissance et de soumission.

De tels enseignements sont lourds de conséquences. La foi n’est plus qu’un exercice intellectuel. Au lieu d’inviter les hommes et les femmes à s’abandonner à Christ, l’évangélisation moderne se limite à leur demander l’adhésion à quelques vérités fondamentales concernant Christ. Il est possible de croire sans obéir. Cette foi est dépouillée de toute connotation morale et la marche chrétienne selon la justice devient une option.

Même la manière dont nous invitons les gens à se tourner vers Christ reflète cette déviation. «Prenez une décision pour Christ», avons-nous coutume de dire. Quand pour la dernière fois avez-vous entendu une prédication évangélique exhortant les pécheurs à se repentir et à suivre Christ? Cependant, n’est-ce pas là le langage que Jésus lui-même a tenu (Mat 4.17; Marc 8.34)?

J’ai beaucoup réfléchi à ces questions ces cinq dernières années. Durant tout ce temps, j’ai travaillé à un livre que j’intitule «L’Evangile selon Jésus». Je me suis attaché à étudier la prédication de Jésus aux non-croyants.

Je savais dès le début que ce livre allait susciter la controverse, mais je ne m’attendais absolument pas à une telle avalanche de réponses. Un flot de réactions, tant positives que négatives, n’a pas cessé d’arriver bien avant la parution de l’ouvrage. Le point sur lequel tout le monde s’accorde est que la plus importante question à laquelle soit confrontée l’Eglise, aujourd’hui, est celle d’une redéfinition de l’Evangile.

Que cette question soit au coeur des débats, cela ne fait aucun doute. Aucune autre question n’a autant d’importance. L’Evangile que nous présentons a des conséquences éternelles. S’il est l’Evangile véritable, il peut conduire des hommes et des femmes dans le royaume éternel. Si le message est corrompu, il peut donner de faux espoirs à des personnes non encore sauvées, tout en les maintenant dans un état de condamnation éternelle. Ce n’est pas une de ces subtilités dont débattent les théologiens. C’est une question que tout croyant doit comprendre et assimiler parfaitement.

Voici quelques-unes des manières dont on peut aborder la question:

1. Recevons-nous Jésus comme Seigneur et Sauveur, ou comme Sauveur seulement?

Certains disent qu’ont peut refuser d’obéir à Christ et cependant le recevoir comme Sauveur. Ils enseignent que le don de la vie éternelle est accordé en gage de leur foi même à ceux qui rejettent les exigences morales et spirituelles de Christ. Ils accusent les autres d’enseigner «un salut de la seigneurie», sous-entendant par là que la soumission accompagnant la foi salvatrice est une idée nouvelle.

Or, il n’y a encore pas si longtemps, nul n’aurait osé suggérer que l’on puisse être sauvé tout en s’obstinant à refuser de s’incliner devant l’autorité de Christ. Presque tous les passages bibliques majeurs traitant de la foi qui sauve soulignent la seigneurie de Jésus (cf. Act 2.21,36; Rom 10.9-10).

2. La repentance est-elle essentielle au salut?

Certains disent que le fait de se détourner du péché est une oeuvre humaine qui, comme telle, ne saurait être associée au salut. Pour faire correspondre l’appel biblique à la repentance avec leur manière de voir, ils redéfinissent la repentance en la réduisant à un simple changement d’opinion quant à l’identité de Jésus.

Cependant, si l’on s’en tient à l’enseignement biblique, la repentance est un volte-face complet par rapport au péché et à soi-même, pour se tourner vers Dieu (cf. 1 Thes 1.9). Pas plus que la foi elle-même, la repentance n’est le résultat d’efforts humains. Elle n’est pas davantage un travail de préparation exigé en vue d’amener le pécheur au salut. La vraie repentance est inséparable de la foi, et comme elle, elle est l’oeuvre de Dieu qui agit dans le coeur de l’homme. Elle est la réaction inévitable que Dieu produit dans le coeur de la personne qu’il est en train de racheter.

3. Qu’est-ce que la foi?

Certains disent que la foi n’est que la croyance en certains faits. Un professeur de théologie biblique en vogue affirme que la foi n’est rien de plus que l’assurance en l’offre divine de la vie éternelle.

Or, selon la Bible, l’objet de la foi n’est pas l’offre divine; c’est la personne de Jésus-Christ. C’est la foi en lui, qui sauve et non le simple fait d’accepter ses promesses ou ce que la Bible dit de lui. La foi qui sauve va bien au-delà de la seule acceptation de certains faits. Les démons eux-mêmes ont cette sorte de foi (Jac 2.19).

Croire en Jésus signifie le recevoir entièrement, tel qu’il est (Jean 1.12). Cela implique deux choses: le confesser en tant que Sauveur et se soumettre à lui en tant que Seigneur. En fait, l’Ecriture utilise parfois le mot «obéissance» comme synonyme de foi (cf. Héb 5.9).

4. Qu’est-ce qu’un disciple?

Depuis une centaine d’années environ, il est devenu courant de parler de disciple pour désigner un niveau plus élevé de l’expérience chrétienne. Selon cette nouvelle terminologie, on devient croyant à la conversion, et plus tard disciple, lorsqu’on passe de la foi à l’obéissance.

Une telle conception permet de se conformer aux exigences redoutables de Jésus seulement bien après la conversion. Cette conception affirme que lorsque Jésus exhorta chaque être humain à renoncer à lui-même, à se charger de sa croix et à le suivre (Marc 8.34); lorsqu’il exigea de tout laisser (Lue 14.33) et de quitter père et mère (Mat 19.29), il aurait simplement demandé aux croyants d’accéder au niveau supérieur et de devenir des disciples.

Mais comment concilier cela avec les propres paroles de Jésus: Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs (Mat 9.13)? Tout son ministère était centré sur la prédication de l’Evangile, et ces redoutables exigences en sont une composante essentielle.

Tout croyant est disciple et vice-versa. Une lecture attentive du livre des Actes montre que le terme «disciple» est synonyme de «chrétien», dès les premiers jours de l’Eglise (Act 6.1-2,7; 11.26; 14.20; 15.10).

5. Quelle est la preuve du salut?

Dans leur zèle à éliminer les oeuvres comme condition du salut, certains sont allés jusqu’à prétendre que les oeuvres elles-mêmes ne sont pas une confirmation valable de la conversion. Ils enseignent qu’on peut être authentiquement sauvé et cependant ne jamais manifester le fruit du salut, à savoir une vie transformée.

Quelques-uns ont même avancé l’idée absurde qu’une personne née de nouveau pouvait à la longue se détourner de Christ, renier Dieu et sombrer dans l’athéisme, et cependant toujours posséder la vie éternelle. Un auteur a inventé une formule pour désigner de telles personnes: «des croyants incroyants»!

L’Ecriture affirme clairement qu’une personne sauvée ne pourra jamais perdre son salut. Il en ressort tout aussi clairement qu’un chrétien authentique ne sombrera jamais dans l’incroyance totale. Ce genre d’apostasie est la preuve que la personne n’est jamais passée par une nouvelle naissance réelle (1 Jean 2.19).

De plus, si Une personne est vraiment sauvée, sa vie sera transformée en mieux (2 Cor 5.17). Elle est sauvée «pour de bonnes oeuvres» (Eph 2.10), et il lui est impossible de ne pas manifester au moins quelques-uns des fruits qui sont la marque du racheté (cf Mat 7.17). Ses désirs changent; elle commence à haïr le péché et à aimer la justice. Elle ne sera pas sans péché, mais la tendance générale de sa vie ira dans le sens d’une diminution du péché et d’une justice accrue.

Il est essentiel que vous repassiez ces questions cruciales dans votre coeur. Etudiez l’Evangile que présente l’Ecriture. Usez de discernement lorsque vous écouterez un orateur. Passez toutes choses au filtre de la parole de Dieu. Et par-dessus tout, assurez-vous que le message que vous communiquez aux incroyants est l’Evangile authentique de Christ.

Texte paru dans «Evangelicals Now», juin 1990, sous le titre «Getting the Gospel Right », traduit par Dominique Mallol. avec la permission de «Word of Grace Europe» (Tony Ruston, Dir.).

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MacArthur John
John MacArthur est pasteur dans l’église Grace Community Church à Sun Valley en Californie. Depuis de nombreuses années, il poursuit un ministère d’enseignement au sein de son église locale et du séminaire Master’s Seminary, par la participation à de nombreuses conférences et par la rédaction de nombreux commentaires bibliques.