Pour une vie sans porno !
La pornographie est un réel esclavage moderne. Les chiffrent parlent hélas d’eux-mêmes. Dans un sondage réalisé en 2014 par le site la rebellution.com auprès de plus de 600 jeunes âgés de 15 à 30 ans, 90 % des garçons re- connaissaient avoir un problème avec la pornographie et 35 % des filles1.
Selon d’autres sondages réalisés en 2016 aux États-Unis2, il s’agit certes de la tranche d’âge la plus concernée par la consultation de contenu pornographique, mais il apparaît bien que des personnes de tout âge soient, à un degré ou un autre, concernées. Et les pasteurs ne font pas exception à la règle. Un sondage remontant à 20063 — époque à laquelle les smartphones n’avaient pas encore vu le jour — avait montré que plus de la moitié des pasteurs interrogés avaient consulté du contenu pornographique dans les 12 mois précédant le sondage.
Pour conclure avec les statistiques, signalons qu’à l’heure actuelle, on évalue qu’en moyenne un enfant est exposé pour la première fois à du contenu pornographique à l’âge de 11 ans4 Le phénomène s’est bien évidemment accentué avec l’accès toujours plus aisé à la pornographie via Internet, sur tous les écrans… et en particulier sur celui du smartphone qui nous accompagne du lever au coucher. Mais la pornographie a aussi bénéficié d’une certaine banalisation dans notre société, voire parfois d’une réelle promotion dans les médias, dans la publicité, dans les clips musicaux, les films et séries, etc. On entend parfois parler de la « culture porno ».
Se battre pour
Les personnes en lutte avec la consommation pornographique s’épuisent et se découragent souvent à force de lutter contre le puissant ogre.
Aussi est-il important d’essayer de changer de fusil d’épaule et d’apprendre à se battre pour. Pour une vie qui a du sens, pour des activités et des relations épanouissantes, pour grandir en Christ, pour un avenir rempli d’espérance.
Quand on est pris dans l’engrenage de la pornographie, l’enjeu principal va être de réorienter sa vie, de faire des choix cohérents avec ses projets de vie, de retrouver de la motivation et de la saveur dans sa vie, de retrouver la liberté de choisir et de faire ce qui est vraiment bon pour soi et ses semblables. Un élan donc foncièrement positif.
Le pour quoi compte bien plus que le pourquoi. Pour quoi ai-je envie de prendre du temps, de m’investir, de m’engager. Que ce soit au niveau personnel, conjugal, familial, social, ecclésial, etc. ?
Cerveau, mon ami !
Du fait des sensations ultra-euphoriques provoquées par une production surélevée de dopamine (neurotransmetteur qui procure un sentiment de satisfaction en récompense à certaines actions), la pornographie peut agir comme une drogue et rendre dépendant la personne qui en consomme. Et du fait de ce que l’on appelle la neuroplasticité du cerveau, c’est-à-dire la capacité que le cerveau a de créer, défaire ou réorganiser les réseaux de neurones et les connexions de ces neurones, regarder régulièrement de la pornographie affecte et modifie physiquement le cerveau. Au fil du temps, il finit par interconnecter toute une nouvelle série de neurones, ce qui a pour effet qu’il devient nettement plus difficile de résister à une envie.
Mais la bonne nouvelle est que cela fonctionne également en sens inverse (même si cela peut prendre plus de temps…)! Quand une personne réduit drastiquement ou stoppe sa consommation de porno au profit de nouvelles activités, de nouvelles connexions neuronales se créent, tout en venant réduire la consistance de celles précédemment crées par la consommation pornographique. Les vieux chemins sont progressivement recouverts et perdent ainsi de leur puissance.
Cette malléabilité du cerveau joue donc comme un allié précieux pour la personne qui cherche à se libérer d’une porno-dépendance. Le fonctionnement-même de notre cerveau atteste qu’il y a de l’espoir !
Les ressources de la foi
La consommation de pornographie fragilise le chrétien sur le plan spirituel. La pornographie n’est pas un terrain sur lequel le Dieu saint attend ses enfants. Consulter du porno est un péché qui affecte négativement la relation, la communion que le croyant a avec Dieu. Et comme tout péché, le chrétien est appelé à le confesser et à s’en détourner (1 Jean 1.8-10). Le Créateur sait mieux que nous ce qui nous fait du bien… et ce qui nous fait du mal. Et Il nous aime trop pour nous voir nous perdre, et nous faire tant de mal dans cette sombre impasse qu’est la pornographie.
C’est pourquoi Dieu nous offre des ressources essentielles pour gagner en liberté et en sainteté !
La première, c’est une invitation à sortir de l’ombre, du silence… pour venir à la lumière, oser en parler à quelqu’un.
C’est un pas décisif, un positionnement d’humilité et de vérité qui s’avère tellement libérateur. Certes, la perspective de s’ouvrir au sujet d’une dépendance à la pornographie peut faire peur. En particulier si cela fait longtemps que l’on est pris dans l’engrenage, et que l’on s’est évertué pendant des années (voire même des décennies) à tout faire pour cacher cette faille.
La perspective de se montrer sous ce jour-là, de faire tomber ce masque, peut en effet sembler redoutable. La peur d’être discrédité, jugé, rejeté.
Mais la réalité est que, paradoxalement, les personnes qui osent faire tomber le masque en éprouvent un réel soulagement.
Spirituellement, ce premier pas n’est pas neutre. Car cette sortie du silence constitue une mise en lumière qui vient contredire l’action du diable, du prince « de la puissance des ténèbres » (Col 1.13), une mise en vérité infligée à celui qui est désigné comme « le père du mensonge » (Jean 8.44).
S’engager sur un chemin d’authenticité. Oser montrer et parler de ses faiblesses. Voilà la force !
Et là-encore, il y a une clef sur le plan spirituel. Évidemment le contexte est tout autre, mais comment ne pas citer ici ce passage de la Seconde lettre aux Corinthiens : « ‘Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.’ Aussi, je me montrerai bien plus volontiers fier de mes faiblesses afin que la puissance de Christ repose sur moi. C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les insultes, dans les détresses, dans les persécutions, dans les angoisses pour Christ, car quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Cor 12.9-10, Segond 21).
La seconde, c’est une invitation à entrer dans une relation de redevabilité vis-à- vis d’une tierce personne.
Une consommation importante de pornographie tend généralement à isoler la personne, qui se replie sur elle-même. Aussi, pour contrer cet effet, il est bénéfique de choisir de rendre des comptes à une personne de confiance. Partager à quelqu’un ses défis au niveau de la pornographie est bien souvent la décision la plus fructueuse pour avancer vers la liberté.
« Confessez vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. Quand un juste prie, sa prière a une grande efficacité » (Jac 5.16, Semeur).
Pour vivre une démarche empreinte de redevabilité, il convient notamment de développer une relation sincère et durable avec une personne de confiance, de voir ou d’appeler cette personne sur une base régulière (par exemple chaque semaine à heure fixe), d’être honnête et transparent par rap- port à nos luttes et revers, d’être initiateur dans la relation. Une telle démarche exige une écoute attentive et de l’empathie, de même qu’une bonne dose d’encouragement et de valorisation de la personne qui désire abandonner la pornographie. Il va sans dire que la confidentialité la plus stricte est une condition sine qua non au déroulement d’un tel accompagnement.
Dieu étant trinitaire, Il est communauté. Et il en va naturellement de même pour son Église, communauté de ses enfants. Ainsi, pour grandir spirituellement et grandir dans notre sanctification, nous avons besoin les uns des autres. Il n’y a pas d’autre chemin possible !
La troisième, c’est une invitation à sécuriser son environnement direct.
Le psalmiste s’engage : « Je ne mettrai rien de mauvais devant mes yeux. Je déteste la conduite des pécheurs : elle n’aura aucune prise sur moi » (Ps 101.3, S21).
Le texte suivant, connu sous le nom de « prière de sérénité » et repris notamment par l’organisation des Alcooliques Anonymes, mérite d’être cité : « Dieu, donne-nous la grâce d’accepter avec sérénité les choses qui ne peuvent être changées, le courage de changer celles qui devraient l’être, et la sagesse de les distinguer l’une de l’autre. »
Changer les choses en notre pouvoir. Cela peut prendre bien des formes : éliminer tout objet ou support susceptible de favoriser l’excitation, ne pas prendre son smartphone dans sa chambre à coucher et utiliser un réveille-matin, disposer l’ordinateur ou n’utiliser la tablette que dans une pièce où l’on n’est généralement pas seul, renoncer pour un temps à son smartphone, verrouiller certaines applications, mettre en place un filtre de type contrôle parental sur son smart- phone, sa tablette et son ordinateur, supprimer ses comptes sur certains réseaux sociaux, etc.
Une conviction sous-tend cette sécurisation de l’environnement : c’est en limitant ses possibilités que l’on gagne en liberté.
La quatrième, c’est une invitation à placer sa vie entière devant Dieu.
En effet, une lutte avec la pornographie (voire une dépendance) est souvent la pointe visible de l’iceberg, alors que la cause essentielle du problème se situe en réalité en dessous de la surface, dans la partie immergée de l’iceberg : « Examine-moi, ô Dieu, et connais mon cœur, mets- moi à l’épreuve et connais mes pensées! Regarde si je suis sur une mauvaise voie et conduis-moi sur la voie de l’éternité ! » (Ps 139.23- 24, S21)
L’occasion d’aller voir un peu plus en profondeur. Et dans la profondeur, on peut y trouver une ou plusieurs situations, comme un inconfort / mal-être intérieur, une hygiène de vie problématique (mauvaises habitudes alimentaires, mauvaise gestion du temps / du sommeil, etc.), d’autres dépendances, une consommation dommageable de médias, un vide spirituel, un manque de sens, un abus, des relations né- fastes, du rejet, etc.
Évidemment, si la personne porno-dépendante pourra ici ou là directement agir sur telle ou telle cause, d’autres causes pourront nécessiter un accompagnement de type relation d’aide ou thérapeutique.
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En conclusion, il y a de l’espoir ! Et cela est vrai à bien plus forte raison pour le chrétien. Tout chrétien est concerné et est en lutte avec un péché ou un autre (en réalité plusieurs !). Et qu’il s’agisse de la pornographie ou de tout autre péché, le chrétien n’a pas vocation à baisser les bras, à se résigner.
Au contraire, le disciple de Jésus-Christ est non seulement appelé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour se retrousser les manches, pour s’efforcer de rester maître sur ce qui, en lui, l’incite à pécher, à emprunter des voies sans issue plutôt que le chemin de la vie, mais il est également appelé à fixer les yeux sur Jésus, à se laisser travailler et transformer par l’Esprit de Dieu qui lui a été donné, ce Souffle vital qui est à l’œuvre en lui. Comme nous l’avons vu, c’est un combat pour, mais c’est aussi et sur- tout, pour le chrétien, un combat par le Saint-Esprit. Et pour reprendre les mots de l’apôtre Jean, je dirais qu’il y a de l’espoir « parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde » (1 Jean 4.4).
- Statistique tirée du site francophone larebellution : https://www.lare- bellution.com/2015/10/26/resultats-du- sondage-gestion-des-ecrans
- https://www.barna.com/research/porn-in-the-digital-age-new- research-reveals-10-trends
- https://www.crosswalk.com/church/pastors-or-leadership/how- many-porn-addicts-are-in-your-church-1336107.html
- https://ennocence.org/wp-content/uploads/2016/11/Sondage_OpinionWay_pour_Ennocence.fr_-_Lexposition_des_enfants_ aux_images_pornographiques_sur_les_sites_de_streaming_et_ telechargement_illegaux_-_Decembre_2015.pdf