Dossier: Vivre en Christ
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Pourquoi la loi ?

L’épître aux Galates établit clairement la justification par la foi seule et non par l’observation de la loi mosaïque1. Pourtant, Paul enseigne aussi que la loi est sainte (Rom 7.12), spirituelle (Rom 7.14), bonne (1 Tim 1.8). Alors comment comprendre la loi aujourd’hui ? L’épître aux Galates donne trois réponses.

Au chapitre 3, Paul a souligné que la promesse faite à Abraham à propos de sa descendance (il s’agit de Christ) n’est pas annulée par la loi. Abraham a été déclaré juste sans la loi ; cette dernière n’est donc pas nécessaire pour être justifié.

Paul pose ainsi la question : pourquoi la loi ? Il répond : « A cause des transgressions » (Gal 3.19). Cette réponse peut être comprise de deux manières complémentaires.

1. La loi condamne le péché

La loi fait ressortir le péché. Le texte de Romains 7 développe ce sujet ainsi : il fallait que les erreurs, les péchés des hommes soient manifestés et apparaissent clairement en tant que péchés dans toute leur horreur. La loi fait ressortir le péché pour que le péché augmente ! L’homme ne peut que reconnaître qu’il est pécheur.

Les étoiles sont toujours dans le ciel, mais invisibles en journée. Lorsque vient la nuit, elles apparaissent alors très nettement, leur faible lueur contrastant avec la nuit. De la même manière, la loi fait ressortir le péché. C’est une de ses fonctions, très importante dans l’histoire du salut.

Paul développe cette idée en Galates 3.19-25 : « Pourquoi donc la loi ? Elle a été donnée ensuite à cause des transgressions, jusqu’à ce que vienne la descendance à qui la promesse avait été faite ; elle a été promulguée par des anges, au moyen d’un médiateur. Or, le médiateur n’est pas médiateur d’un seul, tandis que Dieu est un seul. La loi est-elle donc contre les promesses de Dieu ? Loin de là ! S’il avait été donné une loi qui puisse procurer la vie, la justice viendrait réellement de la loi. Mais l’Écriture a tout renfermé sous le péché, afin que ce qui avait été promis soit donné par la foi en Jésus-Christ à ceux qui croient. Avant que la foi vienne, nous étions enfermés sous la garde de la loi, en vue de la foi qui devait être révélée. Ainsi la loi a été comme un précepteur pour nous conduire à Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce précepteur. »

En résumé, ce passage nous apprend que :

– Verset 21 : aucune justice n’est possible par la loi.

– Verset 22 : tout est enfermé sous le péché. Toute l’humanité est déclarée en état de péché. « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom 3.23). Les trois premiers chapitres de l’épître aux Romains visent d’ailleurs à établir ce verdict de culpabilité universelle.

– Verset 23 : nous sommes enfermés. La loi agit comme un surveillant de prison. Nous sommes enfermés, esclaves du péché et de notre culpabilité. Le rôle de la loi est de nous faire rester dans la prison et nous enlever tout espoir d’en sortir par nous-mêmes.

– Verset 24 : la loi est comme un précepteur ou un gardien. On traduit aussi parfois « pédagogue », mais la traduction est sujette à incompréhension car ce pédagogue n’a aucune pédagogie. À l’époque, le pédagogue (surveillant) était un esclave qui était chargé de conduire les jeunes garçons à l’école et de faire respecter les règles de la maison. Il disciplinait souvent les enfants sous sa garde. La loi punit nos transgressions et nous fait prendre conscience que nous sommes des transgresseurs de la loi, des pécheurs.

Est-ce que Dieu serait trop dur ? Non, car la loi nous conduit à Christ, à la grâce. Paul l’écrit ainsi : « Quant à la loi, elle est intervenue pour que le péché prolifère. Mais là où le péché a proliféré, la grâce a surabondé. » (Rom 5.20, Semeur)

La loi permet que le péché soit encore plus grand, plus net… pour que nous courrions dans les bras de Christ. La loi nous révèle notre incapacité totale de plaire à Dieu par nous-mêmes.

Le réformateur Luther écrivait à ce sujet : « Le but principal (…) de la loi (…) ne consiste pas à rendre les hommes meilleurs mais pires ; c’est-à-dire, qu’elle leur révèle leur péché, afin qu’en en devenant conscients, ils soient humiliés, terrifiés et brisés, et qu’ainsi ils puissent être poussés à chercher la grâce à venir à la Postérité bénie (au Christ). »

Cette prise de conscience est valable non seulement au début de la vie chrétienne, mais aussi par la suite. Nous recevons tout par grâce et nous ne pouvons rien faire valoir devant Dieu ; nous n’avons aucun mérite particulier.

Nous pouvons tirer quelques applications de cette vérité.

1) Chaque fois que je pense mériter quelque chose de la part de Dieu, je me trompe. Nous prononçons parfois de telles phrases : « Qu’ai-je fait pour mériter cela ? » ou : « Qu’ai-je fait à Dieu pour que telle catastrophe me touche ? » Nous insinuons que, si le malheur nous touche, c’est que nous avons dû faire quelque chose de mal ou de faux.

Bien sûr, Dieu peut parfois envoyer telle ou telle épreuve pour nous parler et même nous ramener à lui. Bien sûr, si je méprise toutes les lois de Dieu et que je me mets dans des situations périlleuses à cause de ma mauvaise conduite, il m’arrivera probablement des ennuis.

Mais il n’y a rien d’automatique. Le premier principe avec Dieu est celui de la grâce. Je ne peux pas entrer dans un « donnant-donnant » : je vais au culte tous les dimanches et tu exauces mes prières ! C’est du marchandage, ce n’est plus la foi chrétienne.

2) Nous pourrions croire que notre conduite peut nous faire mériter telle ou telle bénédiction de Dieu. Or, la réalité et la gravité de notre péché nous conduit à rejeter une telle conception de la vie chrétienne.

« C’est parce que je suis fidèle que Dieu me bénit » : voilà une pensée typique de l’évangile de la prospérité ! Si tu es fidèle et que tu donnes de l’argent à l’offrande, Dieu fera prospérer tes biens. Plus subtile encore : « si tu pries bien et si tu pries assez, Dieu exaucera. » De telles pensées mettent l’accent sur l’homme et lui attribuent une partie de la gloire qui revient à Dieu.

Prions, sans nous lasser ; persévérons dans la prière, que ce soit pour louer, nous décharger de nos soucis ou pour supplier Dieu d’agir. Mais ne nous permettons jamais de croire que l’exaucement est dû, même en partie, à notre action. Ce qui ne signifie pas que nos prières soient inutiles. Dieu accomplit parfois sa volonté à travers nos prières et se plaît à exaucer nos demandes conformes à sa volonté.

3) Certaines actions, pensées et paroles sont condamnables. Mais si nous jugeons les autres personnes, nous leur refusons la grâce qui est au cœur de l’Écriture.

En jugeant les autres, nous oublions notre propre besoin de grâce et de pardon. Lorsque nous reconnaissons premièrement notre péché, nos faiblesses et notre besoin de pardon, nous apprenons concrètement ce que signifie la grâce de Dieu.

Le premier sens de la loi est de nous condamner pour que le péché ressorte et que nous recevions pleinement la grâce de Dieu. Nous courons vers Christ pour qu’il nous pardonne, nous purifie pleinement, nous restaure, nous relève. Sans retour à la loi et à nos œuvres pour mériter le salut, même après coup !

2. La loi limite le péché

« (La loi) a été donnée (…) à cause des transgressions. » (Gal 3.19)

La loi a aussi été donnée pour encadrer le mal, pour limiter les pratiques mauvaises. La loi fait ressortir le péché et elle introduit l’idée de sacrifice pour couvrir la faute (expiation).

La loi est aussi donnée à un peuple d’esclaves qui n’a jamais connu la liberté et qui se trouve brusquement livré à lui-même. Ceux qui sont sortis d’Egypte sont non seulement le peuple d’Israël, mais aussi d’autres personnes étrangères au peuple qui en ont profité pour partir (Ex 12.37-38).

La loi permet donc au peuple de s’organiser et de réprimer le mal, de dire ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Les aspects civils de la loi mosaïque (notamment tout ce qui concerne les condamnations judiciaires de comportements éthiques contraires à la volonté divine) ne sont plus applicables pour l’Église. Les chrétiens ne sont pas rassemblés dans un État et les règles de discipline d’église sont différentes de celles d’une nation.

Nous pouvons pourtant être attentifs à une application de ce passage. Cette loi vient de Dieu. Seul Dieu peut dire ce qui est bien ou mal. On peut toujours discuter sur l’un ou l’autre aspect de la loi et peut-être ne pas comprendre comment l’appliquer aujourd’hui. Mais l’origine divine de la loi rappelle que seul Dieu peut dire ce qui est juste et ce qui ne l’est pas.

3. La loi conduit à obéir par amour (Gal 5.1,1-13)

Notre obéissance ne peut participer à notre justification devant Dieu. Je ne viens pas au culte, je ne pratique pas telle ou telle action, je ne passe pas du temps dans la prière pour que Dieu me favorise dans la vie, dans mes circonstances. Il s’agirait alors d’une religion païenne : j’apporte un sacrifice à la divinité et « les dieux » me seront favorables.

Mais je ne suis pourtant pas « sans loi », même en tant que chrétien. La loi de Dieu garde toute sa pertinence, comme l’écrivait le prophète Jérémie : « Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Éternel : je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. » (Jér 31.33, texte repris en Héb 8.10).

Le Nouveau Testament confirme l’importance de la loi de Dieu. C’est par le Saint-Esprit présent en chaque enfant de Dieu que la loi peut être mise en pratique.

Jésus annonce que la loi ne passera pas. Il n’est pas venu l’abolir, mais l’accomplir (Mat 5.17-20). Jacques demande aussi d’obéir à la loi (Jac 1.25 ; 2.8-13).

Alors que la loi seule conduit à une obéissance extérieure, le Saint-Esprit transforme le cœur, ce que la loi ne peut pas faire. Dans le « Sermon sur la Montagne », Jésus a d’ailleurs montré le véritable sens de la loi de Dieu et la manière, exigeante, dont le chrétien est appelé à la vivre (Mat 5.21-48).

Je reconnais que si je laisse libre cours à mes passions charnelles, ma convoitise, mon désir de posséder, ma rébellion, toutes ces choses qui font partie de la nature de l’homme non régénéré par le Saint-Esprit (Gal 5.19-21), je retombe en esclavage.

Les nombreuses dépendances qui touchent les êtres humains nous mettent en garde contre une recherche du sens de notre vie ailleurs qu’en Dieu. Quelques exemples :

– La dépendance à la pornographie concerne des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, des non-chrétiens et des chrétiens.

– La dépendance au jeu, au sport, au travail, etc.

– La cupidité qui conduit à un esclavage de vouloir toujours posséder plus de choses matérielles ou d’argent sans jamais trouver la paix.

– La recherche du sens de notre vie dans les loisirs et le regard tourné vers soi. On devient esclave de soi, esclave du regard des autres.

Il y a souvent une bonne chose à l’origine… mais pervertie par notre adversaire, le diable, qui tire profit des faiblesses de notre chair pour donner à ces choses une trop grande place.

4. Conclusion

Pour conclure, soulignons deux usages (ou offices) de la loi de l’Ancien Testament, que le réformateur Jean Calvin mentionnait :

1) L’usage pédagogique : la loi révèle le péché, montre notre incapacité à faire le bien et nous pousse vers Christ.

2) L’usage moral : la loi nous révèle comment progresser dans la sainteté et accomplir ce qui plaît à Dieu. Il ne s’agit pas de punir ou de brimer, mais de reconnaître que la loi de Dieu est bonne. Cette loi de liberté nous permet de vivre pleinement notre vocation d’enfant de Dieu en accomplissant la volonté de Dieu qui est bonne, agréable et parfaite.

La loi morale apparaît donc comme le guide qui permet aux enfants de Dieu de ne pas retomber dans l’esclavage des passions humaines.

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  1. Gal 2.16,21 ; 3.2,11,18 ; 5.4 ; etc.
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Charvin Olivier
Olivier est né à Annecy (France). Il est ingénieur en sciences des matériaux, diplômé de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Il a ensuite suivi la formation de l’Institut Biblique de Genève. Il est pasteur d’une église Action Biblique des Montagnes neuchâteloises.