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Quand Dieu a parlé aux hommes de Paul Wells

Chronique de livres

Titre: Quand Dieu a parlé aux hommes (186 pages)
Auteur: Paul Wells
Editeur: LLB Guebwiler, 1986

Livre d’un auteur contemporain qui confirme dans une expression moderne et un style différent, ce que L. Gaussen et d’autres après lui ont écrit sur l’inspiration des Ecritures, Wells bat en brèche le pluralisme théologique qui a jeté dans la confusion et dans la faiblesse la plupart des Eglises réformées du 20è siècle. Son livre remet en honneur l’absolu de la foi sans rien concéder aux prétentions de la raison ni aux hypothèses de la science. E est complété par deux annexes, la première sur l’inerrance biblique (Déclaration de Chicago du 28 octobre 1978), la deuxième sur l’herméneutique biblique, c.-à-d. l’interprétation des textes (Déclaration de Chicago du 13 novembre 1982). Ces déclarations sont magistrales de clarté et de fermeté.

Ce livre tranche avec tout ce qui est neutre dans le monde évangélique et ose affirmer que la Bible juge de tout et ne peut être jugée par personne.

Le livre de P. Wells est non seulement des plus remarquables au point de vue de la foi en l’inspiration plénière de la Bible, mais aussi de la façon dont il s’y prend pour expliquer la place que l’Ecriture tient dans le plan de Dieu et «comment elle doit être lue par le chrétien». Dans un langage qui reste accessible à ceux qui possèdent déjà des éléments solides sur le christianisme, l’auteur désire que soient discernées les valeurs permanentes afin que les hommes «en vivent concrètement jour après jour». Son ouvrage est de tout premier plan.

Résumé du livre

Le livre s ‘ouvre par un résumé en forme de liminaire qui récapitule à la fois la matière de l’ouvrage et l’essence des convictions de l’auteur. Inutile de vouloir résumer ce qui l’est déjà. J’en viens donc aux sujets des huit chapitres couvrant les pages 22 à 169, chapitres suivis des deux annexes sur l’inerrance biblique et sur l’herméneutique, de la Déclaration de Chicago des 28 octobres 1978 et 13 novembre 1982.

Avec le chapitre 1 nous entrons dans l’histoire de ce que l’auteur appelle «la crucifixion de la Parole de Dieu dans l’Eglise». Après avoir exposé en quoi consiste la position classique où Dieu est reconnu comme l’Auteur des Ecritures et les écrivains comme des instruments par la bouche desquels le Seigneur a parlé, sous l’inspiration et le contrôle du Saint-Esprit, WeIls montre le point de départ et le développement du rejet de la position classique sous l’impulsion des théologiens influencés par l’humanisme. Devant l’insuffisance des thèses libérales qui fleurissent au 19C siècle apparaît la proposition néo-orthodoxe de Karl Barth (20C siècle) qui tend à «revaloriser la révélation et l’autorité de la Bible» tout en n’identifiant pas la Bible avec la Révélation (dans le sens absolu et exclusif du terme) et tout en relativisant son autorité. C’est la rabaisser «à un témoignage humain à la révélation de Dieu» et prétendre que «Jésus-Christ est la seule révélation qui manifesterait l’union du divin et de l’humain».

A la fin du premier chapitre, Wells traite de la situation actuelle qui résulte de l’effondrement de la théologie néo-orthodoxe et se caractérise par le «pluralisme». C’est avec raison qu’il note: «Lorsqu’il y a dissociation entre Ecriture et Parole de Dieu, la révélation ne peut plus être perçue. par le lecteur de la Bible, que de façon subjective.» La conclusion du chapitre introduit le sujet du deuxième: «Il vaut mieux écouter ce que la Bible dit d’elle-même.»

L’approche des Ecritures selon ce qu’elles disent d’elles-mêmes est la bonne longueur d’ondes nous permettant de capter son message et l’intention de ce message. Captivant sujet faisant l’objet des vingt pages du chapitre 2.

La Bible rend témoignage à son inspiration et il y a complémentarité entre la foi en Christ et la foi en l’Ecriture. L’attitude de Jésus envers l’Ancien Testament, dont il affirme l’origine divine de plusieurs manières et son inspiration, ainsi que «l’authentification prophétique du NT par Jésus» (ses paroles et ses promesses énonçant «le principe fondamental à la base de la formation du canon par l’inspiration de l’Esprit») sont le fondement de la fiabilité du message de «toute Ecriture», AT et NT compris.

Le chapitre 3 distingue entre ce que l’inspiration n’est pas et ce qu’elle est.
 Il importe de comprendre que «la Bible est un document rédigé dans le cadre de l’alliance qui unit Dieu à son peuple. Dans ce pacte Dieu est le souverain et l’homme le serviteur qui répond, ses réponses se situant à l’intérieur de l’alliance.»

Sur le rôle de Dieu dans l’inspiration, l’auteur développe trois pensées:
– il est l’auteur des Ecritures;
– il fournit le témoignage cohérent de sa révélation;
– il suggère aux écrivains les paroles de leurs écrits.

Vient ensuite le problème des difficultés de la Bible dont la cause première réside dans une mauvaise approche où les présupposés humains ressemblent à des clés qui ne conviennent pas à la serrure que l’on voudrait ouvrir.

Le chapitre 4: «Dieu a parlé» établit la relation entre la Personne de Dieu, sa capacité de parler et le fait qu’il parle effectivement. En même temps que la notion de relation est affirmée, celle de la distinction entre Dieu et ses attributs est énoncée. La Parole «exprime l’identité de Dieu en tant que personne. Pourtant, si cette Parole est l’expression de l’être divin, elle n’est pas toute la réalité de la personne de Dieu, à la fois Un et Trine».

Une question appelle tout le développement du chap. 5. La voici: «Cette Parole divine et humaine, est-elle dans le monde comme dans un milieu étranger? Donne-t-elle une information sur Dieu qui serait en opposition avec ce que l’on connaît par ailleurs sur le monde?» Vient alors cette réponse lapidaire dont dépend toute la démonstration subséquente: «Toute relation personnelle avec Dieu et la confiance qu’on peut avoir en lui dépendent de son contrôle des réalités qui nous entourent.» Les pages 100 à 117 traitent de la révélation générale (le Dieu de grâce se manifeste dans la nature), de son but et de ses limites, puis d’un nouveau principe de connaissance que constitue la révélation spéciale et le fait que la Bible considère la révélation générale et la révélation spéciale comme complémentaires. «Le fondement de la connaissance de Dieu est la révélation créationnelle et rédemptive.»

Sous le titre «L’autorité de la Bible». Wells consacre le chapitre 6 à définir quel est son fondement, la façon dont s’exprime cette autorité, comment recevoir cette autorité (en relation avec son centre christelogique et de dessein de la rédemption), en renonçant à faire obstacle à la révélation qui est limpide, alors que le coeur de l’homme est tortueux et méchant.

Le chapitre 7, «La vérité de l’Ecriture», définit ce qu’est l’inerrance, insiste sur l’importance de la doctrine de l’inerrance et l’élève contre tout «ce qui voudrait réduire le champ de l’inerrance». Ensuite l’auteur examine les objections à l’inerrance qui sont de plusieurs ordres mais ne résistent pas à l’analyse.

En abordant le point trois de ce chapitre, «Caractéristique de l’inerrance biblique», l’auteur montre comment et pourquoi l’inerrance et l’infaillibilité sont des notions très proches l’une de l’autre.

La suite du chapitre (points 4, 5 et 6) rejette la notion d’une inerrance partielle où la vérité de l’Ecriture ne concernerait que les enseignements moraux et spirituels. «La Bible est sans erreur et apte à permettre de comprendre les réalités spirituelles et matérielles.» Par conséquent, si la Bible est suffisante dans le domaine de la foi, elle l’est aussi «pour régir aujourd’hui la vie quotidienne.»

Enfin, puisque la vérité est un tout qui couvre le temps et l’éternité, elle dévoile tout ce qui se rapporte à la fin des temps et atteste que la nouvelle création a déjà commencé sous l’action de l’Esprit Saint.

Reste la question de l’interprétation de l’Ecriture, exposée dans le dernier chapitre du livre.

Que Dieu ait confié la vérité aux hommes est une chose. Mettre en relief cette vérité, c’est-à-dire l’interpréter, en est une autre. Pour le faire correctement, sans imposer au texte notre sens, il est nécessaire de respecter un ensemble de règles et de phases «en reconnaissant la complémentarité des caractères d’ordre divin et humain de la Bible».

Le travail exégétique est indispensable, mais s’il fait l’économie de l’action de l’Esprit, s’il oublie «que la Bible se rend un témoignage à elle-même.., qu’aucune preuve humaine n’existe pour nous convaincre», alors l’interprète apportera aux autres son propre message et non celui que Dieu a voulu communiquer à l’homme pour son salut.

Jean-Jacques Dubois
Pasteur, Action biblique Genève
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