Dossier: La justice
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Quand une erreur théologique alimente une aversion ethnique injuste

Un contexte culturel particulier

« Mais enfin mon fils, est-ce que je suis en train de te parler hébreu ? » C’est une remarque que j’ai souvent entendue lorsque, enfant, j’avais désobéi à une directive paternelle. Mon père sous-entendait : « Je te parle dans une langue intelligible, une langue autre que l’hébreu, tu devrais écouter, comprendre et donc obéir. »
Je suis né au Moyen-Orient, au Liban, pays situé au nord de l’actuel État d’Israël. Ma famille était de tradition chrétienne, grecque-orthodoxe du côté paternel et maronite (catholique romaine) du côté maternel.
J’ai suivi des études dans des collèges de tradition chrétienne. Je me pensais chrétien, me disais chrétien, mais, au sens biblique du terme, je ne l’étais pas. Dans ce tableau ressortait un sujet épineux : le peuple juif.
Ou plus généralement : « le Juif ».

Une aversion ethnique injuste

Le peuple juif était considéré comme déicide, celui qui avait « tué Dieu », en référence à la mort de Jésus-Christ sur la croix (Act 2.23).
Cette pensée latente impliquait de la méfiance à l’égard de ce peuple.
Toutes sortes d’histoires de mauvais goût circulaient à son propos. Par exemple, lors d’une discussion à propos d’un événement impliquant une personne juive, il était courant d’entendre, en conclusion : « Il est juif ! », ponctué par un geste de la main et un signe de la tête.

À contexte égal, à situation similaire, les réactions différaient, selon que la personne était juive ou non.
Donc, il y avait effectivement une aversion ethnique injuste envers le peuple juif. J’ai baigné dans cette ambiance, alimentée d’informations incomplètes ou erronées.

La Parole éclaire la pensée

Mon regard a changé lorsque l’Évangile m’a été annoncé et que je me suis converti au Seigneur.
En lisant et étudiant la Bible, j’ai eu accès pour la première fois au récit biblique complet. Les versets bibliques suivants m’ont particulièrement éclairé :« Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi–même ; j’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre ; tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père. » (Jean 10.17-18)
« Cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez crucifié, vous l’avez fait mourir par la main des impies. » (Act 2.23)
Ma compréhension des événements entourant la mort de Jésus a été clarifiée. En voici quelques points :

1. Le pouvoir de Jésus de donner et de reprendre sa vie

La croix n’aurait jamais eu lieu, si Jésus, le Fils de Dieu, n’avait décidé de donner volontairement sa vie, en parfait accord avec Dieu le Père (Jean 10.17-18).

2. La souveraineté de Dieu concernant la croix

Jésus est livré selon le plan de Dieu, qui en avait décidé ainsi et qui avait prévu que cela arriverait (Act 2.23a).

3. La responsabilité des Juifs

Une fois Jésus en leur pouvoir, ils l’ont tué en le faisant crucifier par la main des impies (Act 2.23b).

4. La responsabilité des non-Juifs

Jésus a été crucifié par la main des impies, les non-Juifs, qui le savaient innocent. Pilate avait dit ne rien trouver de coupable en lui, s’était déclaré innocent du sang de ce juste, mais l’a quand même fait crucifier (Act 2.23c, Mat 27.24, Luc 23.24).

En synthétisant ce qui précède, je comprenais que Dieu avait décidé à l’avance de livrer Jésus-Christ, afin qu’il accomplisse l’œuvre de la rédemption. Les Juifs et les païens se sont emparés de lui, et, tout en sachant qu’il était innocent, l’ont crucifié.
Vue sous cet angle, la responsabilité humaine de la mort de Jésus-Christ est commune aux Juifs et aux païens. À l’étude de la Parole, il n’était plus question pour moi de considérer, avec les lunettes de ma culture traditionnelle chrétienne, le peuple juif comme seul « déicide ». Je devais admettre que tous, Juifs et païens, étaient responsables de l’exécution d’un innocent, du Messie, de l’agneau de Dieu, sur la croix. À ce point de ma réflexion, mon âme était révoltée au plus profond de moi de ce que ces hommes, en ce temps, avaient fait au Seigneur.
Il me semblait impossible que des personnes dotées de bon sens puissent agir de la sorte. Mais, il est souvent plus facile de détecter un problème chez autrui que de se rendre compte de la présence et de l’étendue du même problème chez soi.

La Parole révèle le cœur

Par la suite, en méditant sur ces événements, à travers la Parole, des questions me sont venues à l’esprit, à propos de moi-même :
« Et toi, si tu avais été résident à Jérusalem, au moment de l’entrée de Jésus dans la ville, qu’aurais-tu dit ? N’aurais-tu pas acclamé Jésus avec la foule ?
Et au moment du procès de Jésus, qu’aurais-tu demandé avec la foule ? Sa libération ou sa crucifixion ?
Et si tu avais été parmi les disciples qui l’ont suivi tout le long de son ministère terrestre, si tu l’avais vu guérir ceux qui avaient le cœur brisé, annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, proclamer aux captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, renvoyer libres les opprimés, et proclamer une année de grâce du Seigneur, qu’aurais-tu fait lors de son arrestation ? Ne te serais-tu pas enfui, à l’instar de tous les disciples ?
Et si tu avais été dans cette cour, entouré des serviteurs et servantes du souverain sacrificateur, qu’aurais-tu répondu à la remarque « Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen » ? N’aurais-tu pas objecté « Je ne sais pas ce que tu veux dire ; je ne connais pas cet homme », en faisant des imprécations et en jurant ? N’aurais-tu pas nié, même dix fois, le connaître ? »
Oui, connaissant mon cœur, la dureté dont il est capable (Jér 17.9), je reconnais que j’aurais agi comme tous ceux-là et peut-être même pire. Ma main aurait pu être de celles qui plantaient les clous dans les mains du Seigneur ! En définitive, je me suis rendu compte que j’avais les mêmes capacités à pécher que les contemporains de Jésus. Malgré les deux millénaires qui me séparent d’eux, il n’y a aucune différence entre moi et eux (Rom 3.23). Je réalisais que j’étais tout aussi profondément atteint par le péché que n’importe quel autre homme ayant vécu, hormis Jésus.

L’aversion remplacée par l’amour

En comprenant ce que la Bible relate des événements autour de la croix, ma haine du peuple juif, cette injuste aversion que j’avais du Juif a disparu d’elle-même. Pour la première fois de ma vie, j’ai rencontré des frères et sœurs juifs croyant en Jésus, et développé avec eux une amitié profonde, fraternelle et durable.
J’ai aussi pris plus exactement conscience du besoin vital de tout être humain, Juif ou non-Juif, du salut offert par Dieu en Jésus-Christ seul. Un amour est né dans mon cœur pour le peuple juif et pour les autres peuples. Un amour qui suscite le désir de voir de nombreuses personnes graciées, pardonnées, justifiées, adoptées, restaurées par Dieu, comme je l’ai été moi-même, par « l’Évangile [qui] est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec. » (Rom 1.16)

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Akl Fadi
Fadi Akl est marié à Marceline. Ils sont parents de deux garçons. Il a suivi le cursus de formation de l'Institut Biblique de Genève, où il a ensuite servi un temps. Il est maintenant impliqué dans son église locale à Annecy, ainsi que dans la conduite d'un groupe de chrétiens de sa ville, et dans l'enseignement biblique.