Dossier: Le paradis et l'enfer
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Quel Au-delà ?

  1. Une quête universelle

L’homme tient au monde qui l’entoure par des liens qui lui pèsent parfois plus que des chaînes : sa famille, son milieu, ses amis ou ses ennemis, son métier, ses hobbies, ses passions, ses problèmes, ses vices peut-être. Il n’est donc pas surprenant qu’il rêve d’être ailleurs, d’être autre (ou d’un Autre), en particulier lorsqu’il s’ennuie, sent quelque malaise le gagner ou sombre dans le découragement. Cette quête d’un au-delà, terrestre ou céleste, se révèle souvent décevante : « On ne part pas », disait Rimbaud après avoir tenté les plus folles évasions hors de l’écœurant quotidien. Mais y renonce-t-on jamais vraiment ?  Désirer mieux, désirer plus : en même temps que les ressorts de l’action, ce sont là deux constantes de notre pensée qui laissent croire, à juste titre, que l’au-delà nous est nécessaire.

  1. Une offre déroutante

Quel au-delà ? Il ne suffit pas de n’importe quelle fantaisie, de n’importe quelle fable, bien que la mentalité contemporaine ait coutume de préférer l’agréable au vrai.  Une conception juste et saine de l’au-delà doit répondre aux attentes profondes de l’homme, tout en l’amenant à vivre pleinement dans le présent. Elle ne doit pas se réduire à une échappatoire facile, synonyme de refuge imaginaire pour gens frustrés ou demeurés. Nous aimerions montrer que la conception que nous avons choisie, celle de la Bible, satisfait largement de telles conditions.

Tout d’abord, l’au-delà biblique ne peut s’expliquer comme une banale reprise du mythe de l’âge d’or, même si l’Écriture annonce le retour de Christ et son règne sur la terre pendant mille ans. Jésus lui-même avait averti : « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jean 18.36), désirant par là nous garder d’une espérance purement terrestre. N’abaissons donc pas l’au-delà biblique au niveau d’un projet politique. Ne pensons pas que le « paradis » soit une image évoquant le stade ultime de l’évolution humaine, comme l’ont fait certains « prophètes » des derniers siècles : A. Comte (positivisme), K. Marx (communisme) ou P. Teilhard de Chardin (évolutionnisme religieux). Comme le font aujourd’hui les tenants du Nouvel Âge et du (faux) « messie » qu’ils appellent de leurs vœux, ou encore les partisans d’un Nouvel ordre mondial anti-chrétien. L’âge d’or, en fait, commence lorsque Christ, en réponse à la repentance et à la foi, vient habiter en l’homme par son Esprit.  La vraie vie débute, non après la mort, mais après le premier pas de la foi : « Celui qui a le Fils a la vie. » (1 Jean 5.12)

L’au-delà biblique ne peut pas non plus se définir uniquement comme un lieu où nous pourrons enfin accomplir ce dont nous avons toujours été incapables ici-bas. Car la forme de notre existence après la mort se détermine ici et maintenant. Jamais la Parole ne laisse entendre qu’une nouvelle occasion de se perfectionner, de se purifier ou de se réaliser sera offerte dans l’autre monde : « II est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement. » (Héb 9.27) La purification que procure au croyant le sang de Christ mort pour lui (Rom 8.1) est la seule dont on puisse jamais bénéficier, et c’est au corps, à l’âme et à l’esprit que nous possédons maintenant qu’elle s’applique. Pas question donc de remettre l’essentiel à plus tard, ni en se réincarnant d’aucune façon (hindouisme), ni en passant à travers quelque hypothétique purgatoire (catholicisme, islam).  La porte que Jésus nous ouvre, suffit au salut : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jean 5.24)

Pas question non plus d’éluder notre responsabilité envers un Dieu personnel en postulant qu’entre toute réalité extérieure et nous, il y a continuité d’être. En déclarant que l’homme est une parcelle de Dieu (panthéisme), que notre identité personnelle finira par se dissoudre dans le brahman (la Réalité suprême, dans l’hindouisme), que notre individu cesse d’exister dès que les atomes qui le composent sont « redistribués » pour former une nouvelle structure (matérialisme), les adeptes de ces positions volent à Dieu et à chacun le droit de subsister en tant qu’être libre et distinct. Pour les chrétiens qui ont reçu l’Esprit de Dieu par leur conversion à Christ, il n’y a qu’un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous  (cf. Éph 4.6) ; il n’y a pas pour autant dissolution de leur individu dans un grand Tout indifférencié.

L’au-delà biblique ne doit pas se confondre, même si certains prédicateurs débonnaires le proclament, avec le lieu où, entre Dieu et les hommes, tout finit par s’arranger. On n’y retrouve pas automatiquement les disparus qui nous étaient chers, de même que Dieu n’y passe pas l’éponge sur le péché de ceux qui se sont, pendant leur vie terrestre, détournés de son Fils et de sa grâce. De telles hypothèses (dites « universalistes ») ont parfois été de mode au sein de la chrétienté : d’Origène (IIIe siècle) à nos jours, l’idée d’un happy end facile a tenté ceux qui refusaient l’enseignement biblique au sujet du paradis et de l’enfer  (cf. Dan 12.2).

Enfin, le paradis biblique n’est pas, essentiellement, un lieu meilleur où les jouissances terrestres sont plus intenses, plus raffinées, plus durables. Rien de comparable aux paradis des mythologies (Champs-Élysées, Terres-sans-mal des Indiens d’Amérique du Sud, Prairies éternelles des Indiens d’Amérique du Nord) ou de certaines grandes religions (islam, mazdéisme). La Bible n’offre rien de meilleur à désirer que Dieu. Comme le souligne Augustin d’Hippone (354-430) : Dieu lui-même après cette vie est notre lieu  (cf. Apoc 21.22-22.5). Pour le reste, la Bible est très sobre dans ses descriptions de la gloire du Ciel (et des tourments de l’enfer).

  1. Le bon choix

Voilà l’enjeu clairement démarqué, nous osons l’espérer. Vers quel au-delà chemines-tu, ami qui nous lis ? As-tu fait de Dieu ton « lieu » ? A-t-il fait sa demeure en toi et inauguré sa vie éternelle dans ta vie d’aujourd’hui ? Au-delà de ton moi insatisfait, as-tu découvert l’extraordinaire puissance et la grâce sans limite de celui qui, sur la Croix, a promis au brigand à l’agonie, mais repentant : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » ? (Luc 23.43)

 

 

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Dossier : Le paradis et l'enfer
 

Pfenniger Claude-Alain
Claude-Alain Pfenniger, marié, père de trois (grands) enfants, est professeur de langues retraité. Il a exercé des fonctions pastorales en Suisse et a collaboré à la rédaction de diverses revues chrétiennes. Il est membre du comité de rédaction de Promesses depuis 1990.